11h15

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Pour la première fois, j’entends le son de sa voix. Enfin, j’essaie de l’entendre parce qu’il est tellement essoufflé qu’il ne parvient que difficilement à s’exprimer.

- Ex... Excuse-moi pour… pour… mon retard, finit-il par articuler.

Mon sourire répond pour moi, j’ai déjà oublié qu’il était en retard. Une gêne s’installe entre nous. Est-ce que l’on doit se serrer la main ? S’embrasser ? Juste se dire bonjour comme ça, avec un petit sourire ? Nous prenons finalement la décision en même temps ; moi, lui tendant la main et lui, avançant son joli minois pour me faire la bise. Nous rions de notre empotement et finissons par nous embrasser. Mes lèvres sur ses joues… Ses lèvres sur mes joues… Un premier contact physique que je ne pourrai pas oublier. Un contact éphémère, c’est certain, mais tout de même électrisant.

Nous ne savons quoi nous dire, je lance un timide « ça va ? », conscient que le plus difficile est d’entamer la discussion. On a vraiment l’air de deux gamins qui se tournent autour, n’osant pas aller l’un vers l’autre pour jouer ensemble. Alors qu’on a attendu ce moment depuis lundi (enfin, moi, j’ai attendu, lui, je ne sais pas après tout) ! « Très très bien » sont les seuls mots qu’il ait le temps de me prononcer avant le retour en fanfare de la pluie. Un signe du destin peut-être pour nous obliger à réagir devant notre embarras réciproque.

Je lui prends alors le bras pour le tirer à l’intérieur de la Fnac, avant de nous retrouver trempés. Deuxième contact physique entre nous. Pas celui dont je rêvais dans mes pensées les plus secrètes mais je me contente de tout ce qu’il m’offre au fur et à mesure. Une bouffée de chaleur nous atteint au moment où on franchit les portes du magasin. Toujours autant surchauffé, ici… Une invitation à nous dévêtir ? Non, nous n’irons pas jusque là ! Sans mot, nous arpentons le rez-de chaussée de la boutique, nous frayant un passage parmi tous les visiteurs ayant eu la même idée que nous pour se protéger de la pluie. Nous nous retrouvons enfin dans un coin du magasin un peu plus calme, au rayon des livres spécialisés en philosophie et psychologie. Vous m’étonnez qu’il n’y ait personne ici…

Enfin, nous prenons le temps de vraiment nous regarder, la gêne de notre rencontre passée, sans élément climatique perturbateur. J’observe quelques instants le garçon que j’ai tant revu dans mon cerveau toute cette semaine. Mon souvenir était bon, l’image restée gravée dans ma mémoire est conforme à celle que j’ai sous les yeux en cet instant. A la différence près qu’il est là, devant moi, en chair et en os… J’y pense, je ne vous l’ai même pas encore décrit ! Son portrait est tellement ancré en moi que vous le décrire ne m’était même pas venu à l’idée. Il est magnifique. Je sais, c’est un peu mince comme renseignements mais c’est ce que je retiens en premier. Bon, je vais tout de même faire un effort pour que vous vous imaginiez autre chose qu’un top modèle quelconque sorti d’une couverture de magazine. Oui, il est magnifique, mais ce n’est pas un grand blond efféminé dont la photo a été retouchée pour gommer les imperfections… Non, mon Gabriel (oui, j’ai dit « mon », et alors ?) n’est pas comme ça. Il a une taille normale, aux alentours d’un mètre soixante-quinze, ne présente pas de signes d’anorexie et n’exhibe pas une musculature hors normes. Un visage angélique surplombé par des cheveux châtains clairs manquant de discipline. De superbes yeux verts rieurs, pétillant de bonheur. Un joli petit nez en trompette qui me fait craquer. Une bouche aux lèvres fines et sensuelles qui ne demandent qu’à être embrassées. Rasé de près, pas de piercings. Il est magnifique… Ses mains aussi me font craquer. De belles mains aux doigts longs et fins que j’aimerais tant sentir se promener sur mon corps. Au poignet, une montre. Pas terrible d’ailleurs, cette montre. Ça peut être une idée de cadeau pour plus tard… Si plus tard il y a. Oh, voilà que mon pessimisme reprend le dessus…

Son blouson ouvert, je me rends compte qu’il porte un tee-shirt rouge moulant, au col en V, laissant donc à ma vision le haut de son torse que je rêve de bisouiller. Il a le teint hâlé, traces des premiers rayons de soleil ayant inondés la région la semaine dernière. Moi qui rougis à la moindre exposition au soleil et qui le reste du temps suis blanc comme un linge, je rêve d’être comme lui. Tout en lui est extraordinaire. Et ce sourire qu’il me lance en voyant que je l’observe… Je craque complètement. Je pourrais le suivre n’importe où s’il me le demandait là, maintenant. Son pantalon clair repose sur des baskets noires à l’apparence toutes neuves. Même ce genre de chaussures lui va à ravir. Je ne suis peut-être pas très objectif en même temps. Mais personne n’arrivera à me prouver le contraire. J’en suis raide dingue. Ses yeux m’hypnotisent véritablement, je n’arrive pas à dégager mon regard de son visage. Je ne pense plus à rien d’autre qu’à lui, je suis sur mon nuage.

J’en redescends brutalement, suite à l’intervention d’un vendeur qui vient me demander si j’ai besoin d’un renseignement. Saloperie de vendeur. On peut jamais être tranquille dix minutes ? Comme si on avait besoin de renseignements dans le rayon philosophie… Toujours est-il que la magie retombe complètement…

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