10h10

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Propre et bien habillé, me voilà au volant de ma vieille Polo blanche, rachetée d’occasion à Denis, mon cousin, quelques jours après avoir eu le permis. Elle n’est pas toute jeune, c’est vrai mais qu’est-ce qu’elle roule bien ! Elle démarre au quart de tour, quel que soit le temps, hiver comme été. Elle n’est pas au top de la modernité et ne fait pas rêver les gamins mais les voitures, pour moi, c’est un objet purement pratique dont l’esthétique m’importe peu… Pendant que je pense à ça, j’évite de trop stresser pour mon rendez-vous qui a lieu dans cinquante minutes précises. Et voilà que j’y repense…

Le son médiocre sortant de l’autoradio annonce que la pluie tombe fort dans la partie nord du pays. Je n’avais pas remarqué, merci Météo France… Elle m’oblige d’ailleurs à ralentir l’allure cette satanée flotte. J’ai envie d’arriver en entier devant mon bel ami, tout de même… Heureusement, il n’y a pas trop de circulation un dimanche matin, je ne vais pas perdre trop de temps et devrais arriver relativement tôt.

Je suis maintenant sur la rocade qui va me mener directement dans le centre ville d’Amiens. Je passe sans encombres le radar automatique, et pour cause puisqu'avec la pluie qui continue de s’abattre, je roule à vitesse bien réduite. Enfin, j’atteins la sortie Centre ville / Gare, une route que j’emprunte quasi quotidiennement pour aller travailler. Sauf qu’en semaine, la circulation est autrement plus dense. Les places de parking gratuites étant une denrée rare ici, je ne cherche pas à comprendre et vais stationner directement dans le souterrain se trouvant sous le nouveau cinéma aux 12 salles. Quelques minutes de marche, même sous la pluie, me feront du bien pour calmer ma nervosité. J’ai de toute façon du temps devant moi, il est à peine 10h30 maintenant.

Je disais que ça allait me faire du bien, je n’avais pas bien jugé l’intensité des averses… Malgré ma veste imperméable, je suis vite trempé. Je me réfugie quelques minutes dans le premier magasin ouvert rencontré sur ma route, un magasin de fringues pour vieux… Je fais un peu tâche parmi les deux ou trois clients discutant avec la vendeuse qui elle, ne déroge pas à la moyenne d’âge des visiteurs de la boutique. Je souffle quelques minutes, le temps de me réchauffer un peu et repars à l’assaut des éléments naturels déchaînés. J’ai la bonne surprise de voir que les divers dieux que j’ai implorés m’ont écouté, l’averse est, au moins momentanément, terminée. Comme par enchantement, une vie semble se reconstituer dans les rues d’Amiens, les riverains devant se tenir prêts à sortir dès l’arrêt des giboulées.

Me voilà arrivé devant la FNAC, lieu du rendez-vous, avec 10 bonnes minutes d’avance. La nervosité me gagne à nouveau, le grand moment approche. Je fais les cent pas dans la rue piétonne, m’attendant à voir s’avancer vers moi le garçon qui hante mes nuits depuis bientôt une semaine.

10h54, on m’interpelle, fausse alerte. Simplement un petit bonhomme distribuant des tracts pour je ne sais quelle manifestation culturelle.

10h55, rien ni personne à l’horizon. Enfin si, il y a des dizaines de passants mais pas celui que j’attends…

10h56, 57, 58, 59, mon cœur bat de plus en plus fort, les cloches de la cathédrale toute proche ne vont pas tarder à sonner.

11h00… Toujours pas là. Aurait-il oublié ? Se serait-il foutu de moi ? Je transpire sous ma veste, la température n’est pourtant pas très élevée… Je ne tiens plus en place, la colère montant doucement mais sûrement en moi. J’essaye de me raisonner, il est peut-être tout simplement en retard. Peut-être… ou pas… Fébrilement, je sors une nouvelle fois mon portable, au cas où il m’aurait envoyé un message s’excusant pour son retard. Mais rien du tout.

11h05, j’ai pris un chewing-gum pour me calmer. Je mâche vigoureusement la pate caoutchouteuse, j’ai peur de ne pas le voir…

11h07, j’ai rageusement craché ma sucrerie dans la poubelle à côté de la Maison de la Presse. Je doute de plus en plus de sa venue.

11h08, je me dis mentalement « encore deux minutes après je me barre ».

11h10, les deux minutes sont passées. Je ne peux me résoudre à « me barrer »…

11h13, un sourire se forme sur mes lèvres. Je le vois, à l’autre bout de la rue, courant en ma direction. Je suis certain que c’est lui, je le reconnaîtrais entre mille. Je ne l’ai pourtant vu que quelques secondes dans le couloir de ma boîte d’informatique. Je ne lui en veux déjà plus de son retard.

11h14, il arrive enfin à ma hauteur…

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