Épisode 6 - Rien ne va plus ! (Partie 2)

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— Mais putain, c’est quoi encore cette merde ?! s’exclama le petit chat qui les avait rejoint.

Il se planta près de Lars et fixa la parodie de mioche devant eux, l’air plus agacé qu’étonné. Il leva ensuite ses deux pistolets devant lui et les braqua sur leur nouvel ennemi. Très mauvaise idée, car ce dernier ne manqua pas de réagir au geste menaçant. Dans un grognement vicieux, il se propulsa aussitôt vers eux, toutes griffes dehors.

Et le gamin pressa sur la détente. Sans la moindre hésitation.

Ce ravissant petit psychopathe n’avait apparemment aucun problème à tirer sur un enfant. Possédé, certes, mais un enfant quand même.

Charmant, songea Lars, alors que tout devenait à nouveau du grand n’importe quoi autour de lui.

C’est l’air complètement blasé qu’il regarda Liv se jeter sur le blond pour dévier son tir. La jeune femme criait que c’était Sander et qu’il ne fallait pas lui faire du mal. Pendant ce temps, sa fille poussait des hurlements stridents à faire exploser des vitres. Les mains plaquées sur sa bouche dans une attitude théâtrale, elle fixait l’autre marmot foncer droit sur elle avec de grands yeux épouvantés.

Il ne manquait plus que la petite musique d’ambiance pour accompagner toute cette mise en scène des plus ridicules et qui se déroulait comme au ralenti sous ses yeux.

C’était tout simplement affligeant.

Mais pourquoi moi ? se demanda Lars en se pinçant l’arrête du nez avec exaspération. Le pire c’était que cette farce durait depuis maintenant quatre siècles. Il se retrouvait toujours dans les situations et les problèmes les plus improbables. Rocambolesques même. A croire que la chance se faisait un malin plaisir de le lâcher aux moments les plus critiques… Et à chaque fois, il se lamentait sur son sort ! Depuis le temps, il devrait pourtant s’y être habitué ! Ou mieux, s’y être adapté. Mais non ! Pathétique.

Enième soupir et le jeune homme tendit un bras, paume levée vers le petit Sander : dans la seconde suivante, des stalagmites d’une blancheur immaculée émergèrent du sol enneigé. Elles surgirent tout autour du mioche qui s’écrasa contre les barreaux improvisés. Puis la glace s’étendit aussitôt, tel un parasite, sur tout son corps pour l’envelopper dans un cocon gelé et l’immobiliser en plein élan. Ses mains griffues se retrouvèrent suspendues à quelques centimètres du visage de mini-Liv. Juste à temps.

Complètement figée sur place et les yeux écarquillés comme des soucoupes, la gamine ne comprenait clairement rien de toute cette avalanche de malheurs. Il était plus qu’évident qu’elle n’avait pas été initiée par sa mère… étrange quand même.

Oh et puis quelle importance après tout ! Lars haussa les épaules, ce n’était vraiment pas ses affaires. Pour l’heure, ses priorités étaient l’anneau et Déchet. Sans oublier les sales cabots des enfers que ce dernier avait réussi à libérer et qui allaient bientôt se réveiller.

Comme Sander.

Lars reporta d’ailleurs son attention sur ce dernier. Seule sa tête et ses mains dépassaient du cocon de glace dans lequel il était prisonnier. Il fixait son geôlier de ses iris jaunâtres en s’agitant et crachant de rage, ses crocs luisants dans la nuit. Tout simplement affreux.

— Mais qu’est-ce que vous faites ?! s’écria Liv alors que Lars se plantait devant l’enfant possédé, une petite moue dégoûtée sur le visage. Elle relâcha aussitôt le petit chat pour se précipiter vers Lars, ce qui lui valut un regard noir de la part de celui-ci.

— Frappez-moi et je vous jure que je laisse le mioche dans cet état, persiffla-t-il en agitant un doigt menaçant vers la jeune femme. On verra si son âme tiendra jusqu’au petit matin.

L’avertissement calma aussitôt les ardeurs de sa charmante hôte. Elle croisa les bras en le fusillant des yeux avant de s’occuper de sa fille qui affichait une tête toujours aussi ahurie.

— Mais qu’est-ce qu’il a le gosse ? demanda le petit chat en s’approchant, les cheveux et les vêtements en bataille après sa confrontation surprise avec Liv.

Lars avait remarqué que le gamin ne s’était pas défendu, ou plutôt, il n’avait pas rudoyé la jeune femme lorsqu’elle s’en était prise à lui. Il s’était juste contenté de la repousser puis de l’esquiver… Il lui jeta quand même un regard méfiant en passant près d’elle. Bizarre...

— Il est possédé ou quoi ?

— C’est exactement ça, répondit Lars d’un ton nonchalant. Le marmot est possédé par un démon de classe Upsilon. Une bestiole dégoûtante qui fait office de chien décérébré dans les enfers de Dante…

Tout en parlant, il se mit à farfouiller dans la poche de son manteau, à la recherche de son étui à cigarettes. Il avait besoin d’en fumer une ou il allait craquer. Il ne manquerait plus qu’il désintègre le village entier parce que ses nerfs avaient fini par lâcher.

— Et donc, tu vas lui faire quoi ? L’exorciser ? demanda encore l’autre enquiquineur, alors que Lars trouvait enfin ce qu’il cherchait. Il y récupéra une tige qu’il s’empressa de coincer entre ses lèvres d’une main légèrement tremblante, puis d’allumer en claquant des doigts.

— Ai-je l’air d’un prêtre exorciste ?! rétorqua-t-il avec humeur en tirant une longue bouffée.

Il ne put retenir un petit soupir de contentement. Bon sang, comme ça faisait du bien ! Et le jeune homme décida qu’il méritait quelques secondes supplémentaires pour savourer sa cigarette avant de revenir à ses obligations “professionnelles”.

C’est ce qu’il fit, les yeux mi-clos, mais les grognements de l’autre bête enragée le ramenèrent bien vite à la réalité. Et c’est avec mauvaise grâce que Lars reporta son attention sur le garçonnet – ou plutôt sur ce qui restait de lui.

Le magicien était parfaitement calme. Le visage fermé, il ne laissait rien transparaître devant les trois autres. Et pourtant, l’aura nauséabonde qui se dégageait de cet espèce de canidé infernal lui donnait la nausée. Elle l’oppressait. Tout comme la souffrance du possédé, celle de son âme, écrasée par la présence indésirable en lui. Ils étaient beaucoup trop prêts l’un de l’autre et Lars ressentit soudain tout. La douleur irradiait en lui comme si elle était sienne.

C'était insoutenable. Il fallait que ça s’arrête.

Les lèvres pincées, Lars se rapprocha de la bête, puis leva un index décidé vers son front. Les iris jaunâtres suivirent sa progression et l’autre fit claquer ses mâchoires d’un air menaçant, tout en agitant pathétiquement ses griffes. Un grondement caverneux s’échappa de sa gorge lorsque le magicien le toucha enfin. Ce dernier resta de marbre, et ce, malgré le long frisson écoeuré qui traversait sa colonne vertébrale.

Toucher cette chose était un véritable supplice.

Gå vekk, murmura le jeune homme, les dents tellement serrées que sa cigarette finit sectionnée en deux. Zut alors, il ne pouvait même plus fumer tranquille !

Lars laissa tomber le bout resté dans sa bouche d’un claquement de langue agacé, tandis que ses yeux s’embrasaient, ainsi que l’extrémité de son doigt. Son aura dessina un cercle de lumière sur la peau grisâtre avant de se propager en minces filaments partout sur le visage tordu de haine. Et soudain, les fils lumineux se transformèrent en fissures d’où suintèrent des lueurs aux teintes jaunes et violettes entremêlées.

Le pitbull des enfers rejeta la tête en arrière en poussant un rugissement d’animal blessé. Le cocon de glace qui l’enveloppait explosa ensuite en mille morceaux, Sander tomba à genoux sur le sol. Son petit corps également zébré de lumière était agité de convulsions.

Face à lui, Lars avait les deux mains tendues en avant, le symbole magique désormais devant ses paumes : tel un trou noir, il se mit à siphonner l’essence jaunâtre qui émanait du petit Sander. Les deux auras fondaient l’une dans l’autre dans un combat féroce. Celle du chien formait une vague silhouette de canidé et s’agitait dans tous les sens, pendant que celle de Lars s’enroulait tout autour de lui, tel un serpent, prêt à dévorer sa proie. Et pendant ce temps, le petit Sander hurlait à la mort d’une horrible voix dédoublée.

— Strøm ! Qu’est-ce que vous faites ? Vous allez le tuer ! Arrêtez !

Lars ignora les supplications de Liv, poursuivant impitoyablement son œuvre, les lèvres étirées en une grimace contrariée. Il n’avait ni le temps et encore moins l’envie d’écouter ses jérémiades. Cette forme de magie était particulièrement éprouvante et demandait beaucoup d’énergie. Le jeune homme ne savait même pas pourquoi il faisait tout cela. Qu’est-ce qu’il en avait à faire de ce mioche, franchement ?

Surtout que cet Upsilon était pire qu’une sangsue. Il avait beau être dépourvu de cervelle, il avait le foutu réflexe de s’accrocher férocement au corps de Sander. A son âme.

Saleté de cabot, sors de là ! ragea intérieurement le magicien en crispant les poings. Cela eut pour effet d’embraser encore plus son aura. Les tons violets s’assombrirent jusqu’à devenir presque noirs, tandis que le cercle devant ses paumes doublait de taille. Lars ramena ensuite ses mains vers lui avec difficulté, tirant cette immondice hors du pauvre mioche.

La tête rejetée en arrière et les yeux exorbités, le petit hurlait à s’en briser les cordes vocales. Son corps était arqué à l’extrême, comme s’il allait se casser en deux.

La situation était aussi douloureuse pour Lars que pour lui. Le cœur au bord des lèvres, le jeune homme avait la désagréable impression de participer à une épreuve de tir à la corde avec un adversaire vraiment récalcitrant. Mais il était hors de question que cet espèce de parasite prenne le dessus sur lui. Il était Lars Strøm, bon sang ! Ce n’était pas un pathétique chien des enfers qui allait lui mettre des bâtons supplémentaires dans les roues !

— J’ai dit : sors.de.là ! gronda le magicien d’une voix tremblante de rage.

Et pendant un bref moment, son aura devint alors complètement noire. Elle fondit avec férocité sur celle de l’entité infernale, anéantissant ses dernières tentatives de résistance. Le chien se retrouva englobé, noyé… puis dévoré par les volutes ébène, avant de disparaître, libérant enfin Sander. Dans un ultime hurlement d’agonie, l’enfant s’écrasa dans la neige, à nouveau inconscient. Liv et sa fille se précipitèrent aussitôt vers lui, l’air affolé.

Aucune ne fit attention à Lars dont les jambes flageolantes menaçaient pourtant de le lâcher. La respiration sifflante, le jeune homme maudit leur ingratitude. Il ferma ensuite les yeux, luttant de toutes ses forces contre le flot d’énergie qui bouillonnait en lui et menaçait d’exploser. Respire, Lars, respire, se morigéna-t-il. C’était lui qui décidait de sa véritable nature. Et non cette chose, cette malédiction qu’il traînait comme un boulet. Cadeau génétique de son très cher parent. Mère ou père, peu importe ce qu’iel était réellement !

— Ça va l’Aristo ? demanda le petit chat au moment où Lars retrouvait enfin le contrôle de sa magie. Il vit avec satisfaction que son aura avait repris sa couleur habituelle.

— Bien sûr que je vais bien, répondit-il aussitôt en se redressant pour toiser son interlocuteur avec arrogance. Les yeux verts le fixèrent un instant avec une curiosité non voilée. Avec intérêt plutôt. Et Lars se tint aussitôt sur ses gardes. Le gamin cogitait clairement quelque chose. Il se détourna cependant en haussant les épaules.

— Bah, tant mieux, parce que d’autres Upsimachintruc arrivent.

Bien sûr. Les festivités de tout à l’heure n’avaient pas manqué de réveiller les autres cabots à proximité. La clique de moutons au complet s’avançait désormais vers eux à quatre pattes, la tête aussi affreuse que celle de Sander lorsque le chien avait investi son corps. Ils s’approchèrent en grognant et claquant des mâchoires. Aucun ne semblait cependant vouloir les attaquer. Ils se contentèrent de leur tourner autour sans les quitter des yeux, ni cesser de grogner d’un air menaçant. Comme s’ils attendaient un signal. Mais lequel ?

Encore et toujours plus de problèmes sur les bras. C’était parfait tout ça. Impeccable !

Bon, très bien. Il était hors de question de réitérer l’expérience avec Sander et encore moins avec toute cette foule. Ne lui restait donc plus qu’une option… Lars poussa un petit soupir puis tendit une main impatiente vers le petit chat, ou plutôt vers ses deux pistolets prêts à faire feu sur cette nouvelle horde d’ennemis enragés. Ses yeux brillaient à nouveau d’une excitation malsaine comme à chaque fois qu’il était question de massacre…

Vraiment charmant. Sans parler de son intérêt pour les démons. Limite s’il ne prenait pas des notes lorsque Lars daignait lâcher la moindre petite info sur ces affreuses créatures. Etrange tout de même. Et très intéressant…

Pour la première fois depuis longtemps, Lars éprouva une pointe d'intérêt pour quelqu’un, et non parce que le travail l’exigeait. Ce ravissant petit chat commençait franchement à titiller sa curiosité. Que faisait-il dans ce trou perdu à chasser le démon alors qu’il n’avait de toute évidence aucune expérience dans le domaine ? Que cherchait-il exactement ?

Il fallait vraiment que Lars le garde en vie pour pouvoir le cuisiner un peu après cette nuit. De préférence dans un lit, tout nu… L’idée lui arracha de délicieux frissons d’excitation, avant que la réalité ne le rattrape. Les sales cabots se mirent en effet à gronder comme s’ils le rappelaient à l’ordre. Oui bon, ce n’était pas le moment de s’égarer. Plus tard !

— Tes armes, petit chat, ordonna alors le magicien en agitant sa main tendue avec irritation.

— Pourquoi faire ? Tu sais tirer au moins ? demanda l’autre d’un ton ironique.

Petit sourire au coin des lèvres, il ne fit pas le moindre geste pour donner ses pistolets et Lars le fusilla des yeux avant de les lever au ciel. Mais quel enquiquineur franchement !

— Aha, très drôle ! Donne-moi juste ces fichus breloques qui te servent d’armes ! cracha-t-il en essayant de les lui prendre de force, mais le petit chat l’esquiva très facilement, la tête toujours aussi moqueuse. Lars n’avait cependant pas dit son dernier mot : il leva une paume en l’air et l’un des pistolets s’y matérialisa dans une vaporeuse fumée violette.

— Hey, mais tu fous quoi, l’Aristo ?! s’écria le petit chat avec colère alors que Lars refermait les doigts sur l’arme, l’air triomphant. Rends-moi mon flingue tout de suite ou je te jure que…

Blablabla. Le principal intéressé ne lui prêta aucune attention. Il se contenta de lever un doigt autoritaire pour faire taire le gamin avant de reporter son attention sur son “précieux”.

C’était une très belle pièce tout en acier, à première vue fabriquée sur mesure comme en témoignait la surface finement ouvragée et gravée de symboles celtiques… Lars n’y connaissait absolument rien aux armes à feu, mais celle qu’il avait entre les mains dégageait une étonnante impression de puissance… et de virilité. Comme un certain petit chat…

Aaah zut, voilà que son esprit s’égarait à nouveau ! Concentration, Lars. Concentration !

Le jeune homme secoua la tête en se traitant mentalement d’idiot. Bon, retour aux choses sérieuses. Il fit courir le bout de ses doigts sur le métal qui était agréablement tiède sous sa peau. Ses iris s’illuminèrent et il souffla doucement sur le pistolet. Une bouffée de son aura violine enveloppa celui-ci, puis elle fit brièvement scintiller les gravures avant de se fondre dans la structure et disparaître presque avec langueur.

— Qu’est-ce que… ? balbutia le gamin, la tête ébahie, alors que Lars échangeait leurs armes de mains. Il répéta le même rituel sur l’autre pistolet avant de le rendre à son propriétaire qui, passé l’étonnement, se mit aussitôt à inspecter son arsenal d’un air suspicieux.

Lars lui répondit par un petit sourire supérieur, avant de faire un signe de tête dédaigneux vers les Upsilon qui les encerclaient.

— Et maintenant, petit chat, fais-toi plaisir. Vise la tête.

Hello ! De retour pour vous jouer un mauvais tour ! hehe désolée du retard, mais j'espère que j'ai su me faire pardonner avec cette longue suite de l'épisode 6 ! ^o^ Comment avez-vous trouvé cette seconde partie ? L'exorcisme de Sander a été particulièrement difficile à écrire, est-ce que c'est bien décrit et visuel quand même ? Je suis impatiente de lire vos commentaires, comme d'habitude, je vais guetter en mode stalker XD Bisous !

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