Seltia

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D’un revers de main anxieux, Seltia de la Marche essuya la sueur qui l’aveuglait. Les sourcils froncés, elle attendait la suite des événements. Les deux bateaux de pirates approchaient à grande vitesse. Les membres de l’équipage gardaient un calme irritant. Le capitaine, à la manœuvre, ne prêtait pas le moins du monde attention aux féroces brigands qui se pressaient sur les ponts ennemis. Ils avaient surgi au petit matin, les prenant par surprise. La vitesse des chasseurs était bien trop importante pour les distancer. Le branle-bas de combat résonnait encore dans les coursives. Petit à petit les voyageurs prenaient connaissance du danger et se préparaient à une terrible bataille.

Seltia s’attacha les cheveux afin de ne pas être gênée pendant le combat. Un chaman se porta à ses côtés. Un seul ? Que faisaient les autres ? Elle n’en pouvait plus d’attendre. Les grappins volèrent vers eux et beaucoup accrochèrent le navire. La guerrière se porta en avant. Le bateau le plus proche n’était pas le plus dangereux. Il allait aborder en premier, avec un petit nombre d’ennemis. Par contre, sur le suivant on distinguait une masse impressionnante de malandrins. Elle se retourna vers le chaman :

  • Transmonde-moi sur le bateau le plus lointain.

Sans poser une seule question, le chaman étira son bras, appelant à lui l’eau de mer. Il traça en l’air une série de runes et l’instant d’après elle se matérialisa sur le pont arrière du vaisseau ennemi. Un claquement sec, comme une détonation, annonça son arrivée. L’attache de sa queue de cheval se rompit et ses cheveux auburn voletèrent au gré du vent salé du large. Les pirates se retournèrent, incrédules.

Ils restèrent ainsi, à se regarder, se jauger. Elle était seule. Eux, une multitude. Les féroces combattants des mers hurlèrent d’une même poitrine, et déchargèrent leurs pistolets sur elle.

Quand la fumée âcre de la poudre se dissipa, ce qu’ils virent les laissa médusés. Ils avaient lamentablement raté leurs tirs.

Seltia ajusta sa cotte de maille. Son regard noir, presque violet, dardé sur les ennemis, elle dégaina deux épées. La première fit éclater de rire ses adversaires. Elle était toute rouillée, ébréchée. Une véritable antiquité qui devait valoir son pesant d’or dans les marchés pour collectionneurs des bazars du continent des Empires. Encore une lame qui se briserait au premier choc. Il faudrait la tuer sans croiser le fer. La deuxième, par contre, les fit frémir : une lame parfaite, forgée dans un métal mauve, nimbée d’une aura pourpre. Elle respirait la magie et dégageait une puissance démoniaque.

La première vague chargea en vociférant des imprécations et des malédictions à faire rougir de honte le pire des soudards de l’armée des Territoires. Seltia en avait entendu d’autres dans son enfance. Le combat fut rapide et sanglant. Elle essuya ses lames sur les vêtements des cadavres et recula, laissant les corps devant elle, comme autant de mises en garde pour ceux qui oseraient l’approcher.

Un claquement sec.

Rorhak du Marteau, Sarann des Empires, Sulahi[1] d’Arcy et Dorine de Val apparurent à ses côtés. Le sourire de Seltia disparu.

  • Je suis la reine Seltia de la Marche du Sud. Nul n’attaque impunément le bateau sur lequel je navigue !

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