Séverine

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Deux semaines plus tard, je quitte l'hôpital de Grasse en ambulance pour le centre de rééducation fonctionnelle de Nice qui fit sa renommée après guerre. Il a en effet accueilli tous les mutilés, rescapés et amputés de l'horreur humaine pour les transformer en semblant d'hommes, avec plus ou moins de succès. J'y reste encore deux mois, deux longs mois pendant lesquels je dois apprendre à me resservir de mon corps. Mais ce corps est récalcitrant, il s'applique à me faire souffrir. Il se venge ainsi de mon esprit qui a voulu le supprimer. J'ai beau lui expliquer qu'il ne s'agit que d'un malentendu, un coup de blues dû à la découverte de Francesca avec son amant dans une position que j'évoquerais sans équivoque, il ne veut rien entendre. Il est encore plus têtu que moi. Alors je prends mon mal en patience.

 Il me parle d'un suivi psychologique. Maniaco-dépressif à tendances suicidaires, dangereux pour moi et aussi pour les autres. N'ai-je pas collé une beigne magistrale à cette salope de Francesca qui s'est présentée chez les flics avec un beau coquard ? N'ai-je pas défenestré son amant. Si fait, Monsieur le juge, mais il l'avait cherché. Sincèrement, Monsieur le juge, on ne baise pas la femme d'un autre, même si c'est une belle salope !

 Hélène a cédé le pas à Séverine, jolie rouquine toute en formes généreuses et en sensualité, gironde comme je les aime et toujours disposée à parfaire ma rééducation d'exercices pas toujours au programme établi par le médecin chef mais, oh combien, délectables. Mes plus belles nuits sont celles où elle est de garde. J'ai encore du mal à bouger par moi-même, elle s'occupe de tout. Sa bouche pulpeuse connaît des soins et des applications qu'aucun médecin ne serait capable d'exercer. La façon qu'elle a de m'aider à me doucher est en tout point salvatrice au traumatisme que j'ai subi, et je ne parle pas que de l'accident. Quand elle colle contre mon torse ses seins pointés en obus, je sens l'unique muscle de mon corps encore capable de bouger seul se dresser comme l'obélisque de la concorde.

 Ça a commencé lors de ma toilette. Elle a pris le gant, simplement, charnellement, et m'a lavé, partout, insistant sur les endroits qu'Hélène n'osait pas approcher. Séverine l'a trouvé à son goût. Elle a ôté le gant de sa main et a pris mon membre entre ses doigts experts et m'a branlé. Il y avait de le compassion dans cette branlette. Jamais Francesca ne m'a aussi bien branlé. J'ai levé aussitôt. Son plaisir, elle l'a pris en m'écoutant gémir. Et puis elle m'a prise dans sa bouche, avec la même douceur, et m'a sucé. Le plaisir qu'elle m'offrait annihilait toutes les douleurs de mon corps. J'ai éructé dans un cri rauque, lui emplissant la bouche d'un nectar qu'elle avala sans en perdre une goutte. Ses yeux brillaient, sa bouche ronde me jetaient des mots muets, des mots d'amour et d'avenir. Rien n'était fini. L'accident n'avait été qu'un tournant, un virage à 360° qui allait m'emmener loin, très loin.

 Je crois que j'ai aimé Séverine dès cette première turlute.

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