47 - Samuel 

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Samuel

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   Ma valise est presque prête. De toute façon, je n’emmène pas grand chose, quelques vêtements et un ou deux livres, c’est tout. La shérif a insisté sur le fait qu’il s’agissait effectivement d’une prison, mais qui œuvrait dans un but éducatif, afin que les jeunes délinquants qui s’y trouvent, ne récidivent pas après leur période de détention.

La bonne blague.

Rageusement, j‘enfouis un sweat dans ma valise, celui de Damian. Je ne pourrais pas le mettre bien sûr, mais comme ici, il me servira à tenir le coup le temps que je le retrouve. La simple pensée de le quitter dans moins de six heures me brise le cœur. Ma gorge se noue, je ferme les yeux en inspirant par le nez pour retrouver un semblant de calme. Ce n’est pas le moment de craquer.

Je n’aurais pas dû tirer il y a trois jours. Ou alors, j’aurais dû viser ailleurs, les jambes ou les hanches peut-être, un endroit qui aurait pu l’arrêter sans le tuer. Mais j’ai eu tellement peur, j’ai ressenti une telle horreur en le voyant tout d’abord tirer sur Damian, puis sur son père, pour enfin s’avancer vers Ariana que je n’ai pas réfléchi. J’ai repoussé Rafaël, violemment, et ai tiré avec une précision qui m’a moi-même étonné. Directement dans le cou, pas moyen d’éviter le décès.

Je frissonne, regarde un instant les paumes de mes mains pourtant parfaitement propres, mais qui me semblent pourtant encore glacées du métal de l’arme qu’elles ont tenues. Mes doigts tremblent légèrement alors je ferme mes poings pour briser cette vue insoutenable de mon état plus que pitoyable.

On toque à ma porte. Lentement, je relève la tête pour lance un ‘’entrez’’ peu engageant.

Aucune surprise, lorsque Rafaël passe la porte pour me rejoindre, les mains dans les poches.

Son air en dit long, sans mots, sans gestes. Il me fixe simplement quelques instants, avant que doucement, pour ne pas le brusquer, je vienne me nicher contre lui. Comme un automatisme, ses bras se referment autour de moi, me resserrent en leur emprise, me contiennent. Toujours aucune parole, seulement son souffle chaud dans mes cheveux, son soupir tremblant lorsque j’enfuis mon nez contre son torse.

— Je suis tellement désolé, je répète pour la cinquantième fois depuis que j’ai pressé la gâchette.

— Je peux pas te répondre que c’est pas grave Sam mais... ça va aller, ok ? C’est un peu de ma faute aussi. Surtout, de ma faute en fait.

À ces mots, je me recule pour l’observer, plante mes yeux dans les siens. Il ne cherche pas à détourner le regard, droit dans ses baskets, il soutient mon regard avec assurance.

Je sais quelles mesures il a enclenchées pour récupérer Damian et les jumeaux. Je ne pourrais jamais assez le remercier pour ça. Il pourra ainsi combler le vide immense, abyssal, que Ariana vient de laisser en agissant comme elle l’a fait.

Ce serait hypocrite et franchement ridicule de rejeter la faute entièrement sur elle, j’ai essayé d’en parler avec Rafaël : elle aussi, a agi sous le coup d’une flagrante instabilité mentale. J’ai envie de dire, notre rue entière pue la décadence psychique et la dépression, ce n’est pas un secret. Les Cortez sont flingués, mais Rafaël et moi le sommes tout autant. Nous le sommes juste dans une moindre mesure.

— J’aurais dû t’éloigner de tout ça avant que ça parte en couille.

— C’était déjà en miette lorsqu’on est arrivé en septembre, je rétorque mollement. Juste, les miettes sont devenus poussières, si on peut dire ça comme ça.

— Belle métaphore.

— Merci.

D’un œil attristé, il avise mon bagage, note la présence du sweat de l’équipe de cheerleading, hausse un sourcil.

Du menton, il m’indique la maison des Cortez à travers la fenêtre.

— J’ai prévenu Ariana que tu passerais voir Dami. Leur assistante sociale passe les prendre à quinze heure trente.

— Raf ?

Il me fait signe de poursuivre, tout en s’asseyant sur le rebord de mon lit.

— Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?

— Aviser, répond-t-il simplement. Tu seras sorti fin juin, et normalement, j’aurais récupéré les petits à ce moment-là. Ariana sort en août mais je ne suis pas sûr qu’elle récupère la garde.

Je viens m’asseoir à côté de lui, pose ma tête contre son épaule. Doucement, il passe ses doigts dans mes cheveux avant qu’un soupir synchronisé ne franchisse nos lèvres. Nos regards se croisent, un rire nous secoue.

— Tu vas lui pardonner un jour tu crois ?

Il ne me répond pas, alors je n’insiste pas. Il a le droit d’être en colère, comme Damian et les jumeaux ont le droit d’être furieux mais, rester figés dans la colère ne nous fera pas revenir en arrière. Et, très sincèrement, je ne pense pas que ce soit la bonne chose à faire que de mettre Ariana en quarantaine sous prétexte que son explosion a été bien plus forte que les nôtres.

Mais ce n’est pas le moment d’en parler à Rafaël alors je préfère rester silencieux, et juste profiter de sa présence et sa chaleur avant d’en être privé pour les six mois à venir.

C’est long, six mois. Je vais loupé tellement de choses : la St Valentin, Pâques, le lycée, j’arriverai pour le début des vacances d’été.

— Je vais aller voir Dami, je lance en me redressant.

Il hoche la tête, me laisse quitter notre bulle, avant que par-dessus mon épaule, je ne lui lance un long regard, puis un sourire :

— Tu es vraiment prêt à être tuteur de trois jeunes ? Quatre quand je serai revenu.

— Il est possible que je finisse par vous enfermer dans une cave avec de l’eau et du pain sec mais... oui, assurément.

J'opine, et descends les marches, pour quitter ma maison, traverser la rue et rentrer chez les Cortez avec une habitude déconcertante. Les jumeaux m'assaillent presque aussitôt. Danny s’agrippe à ma jambe gauche, Mikky à la droite, et chacun s’y cramponne avec la force du désespoir.

— Sam va pas en prison s’il te plaît, me lance Mikky, la voix enrouée. C’est pas mal ce que tu as fais, tu as tuer un méchant donc...

— Mikky ?

Le petit redresse la tête vers moi, les yeux humides.

— Tu aimes bien Batman ?

— Humhum.

— Et bien un jour, Batman a dit : « Si tu tues un tueur, le nombre de tueurs dans le monde reste le même », tu comprends ?

Il hoche négativement la tête, se raccroche un peu plus à ma jambe. Je comprends que malgré mes explications et mes tentatives de relativiser la chose, je n’arriverai pas à faire diminuer la tristesse des jumeaux. Après tout, ils viennent de se prendre une claque monumentale dans la figure. Ils vont être séparés de leur sœur, de leur frère, ont perdu en moins de deux semaines leur grand frère et leur père. Je trouve ça beaucoup trop pour des enfants de leur âge, je n’aurais personnellement jamais réussi à me relever après ça.

Danny me demande si je pourrais leur écrire des lettres et s'ils pourront venir me voir au parloir. Je ne sais même pas s’il y a un parloir. Alors je me contente de hausser les épaules, évasif.

L’un et l’autre me demandent d’attendre, et foncent dans leur chambre pour récupérer quelque chose, avant de revenir à mes côté au pas de course.

Danny me tend un lapin en peluche jaune, et Mikky un bleu. Je les regarde un instant, avant de leur sourire, et les étreindre, leurs nez dans mon cou.

— Quand vous aurez finis de monopoliser mon petit ami, vous m’appellerez hein ?

La voix amusée de Damian me tire de ma torpeur. Je redresse la tête pour croiser ses grands yeux braqués sur nous.

— On lui a donné des peluches pour la prison, se défend Danny.

— Bonne idée, il va pas du tout se faire prendre pour une truffe comme ça.

Un sourire narquois lui étire le coin des lèvres. Ses frères s’insurgent, me défendent corps et âme - je les en remercie. Remontés à bloc, ils courent rejoindre leur chambre, me laissant ainsi champs libre pour attraper les épaules de Damian.

Ses mains passent derrière ma nuque, il vient caler sa tête au creux de mon cou tandis que je marche, le faisant reculer petit pas par petit pas jusqu’à sa chambre.

Sa valise est grande ouverte sur son lit, ainsi que deux cartons d’objets divers, de livres et de chaussures.

Au top de sa valise, il y a mon sweat bleu qu’il m’a volé un jour et qu’il aime à porter comme une sorte de gros pull par-dessus ses jeans ou ses shorts ras les fesses.

— Promets-moi que tu mettras des pantalons longs au foyer, je murmure contre son oreille.

— Bien sûr que oui.

Mes mains descendent, caressent le rebondi de ses fesses à travers son jogging. Il sursaute, plante ses yeux dans les miens, avant de sourire, les sourcils haussés.

— Tu sais si tu as un parloir... ?

— Tu m’apporteras des oranges ?

— Oui, entre autre. Je pourrais t’apporter d’autres choses si tu veux...

Ses dents délicatement, mordent la peau de mon cou, y laissent une trace.

Je vais avoir l’air fin ce soir en arrivant au centre pour mineurs, s’il me couvre de marques.

— Notre gang est assez connu pour que les mecs en prison sachent qu’il ne faut pas s’en prendre à un Cortez. Alors, tu leur diras bien avec qui tu couches, histoire qu’ils te laissent tranquille.

— T’es sûr ? Si je leur dis, ils vont être jaloux...

Il rit légèrement, avant de me faire basculer sur son lit pour s’asseoir sur mes hanches.

Tranquillement, il se penche en avant, vient s’allonger sur moi, caler son visage dans mon cou, inspirer mon odeur.

— Non sans déconner Sam tu... tu feras attention à toi d’accord ?

Je hoche péniblement la tête, sentant petit à petit le noeud dans ma gorge revenir au galop. Comme si les parois se rétrécissaient à chaque inspiration, je me sens me crisper, me tendre, contre un Damian qui lui aussi, vient d’abattre le masque.

On rit, on essaye de passer outre mais la réalité est là : ce soir, je serai seul dans une cellule du centre pour mineurs tandis qu’il sera seul dans un foyer pour gamins brisés, sans famille. Ce soir et pour six mois, nous serons séparés, à des centaines de kilomètres l’un de l’autre. Alors que, depuis notre rencontre en octobre, nous n’avons été séparés au maximum, que quelques jours.

Mes yeux me piquent, se remplissent de larmes que je tente tant bien que retenir alors que je fixe son visage, que je m’en imprègne, en note chaque détails, chaque courbe. Ses yeux se mettent à briller à leur tour, alors il préfère les fermer, et détourner le visage.

C’est une nouvelle douleur qui me pince l’intérieur de la poitrine, contraint mes poumons. Et c’est atroce de penser qu’elle est plus virulente, plus destructrice que celle que j’ai d’être séparé de mon propre frère.

— Comment on va faire... ? murmure t-il finalement, la voix étranglée.

— Comme on a toujours fait : on va se démerder et faire avec.

— Je vais pas pouvoir je vais pas...

Il se redresse brusquement, se rassoit sur mes hanches, s’essuie les yeux du revers du bras. Un sanglot déchire le silence de la chambre, je me redresse à mon tour, attrape son visage entre mes mains, le force à me regarder.

— Ça va aller, je murmure en caressant ses pommettes de mes pouces. Ça va aller mi cariño, c’est que six mois c’est...

Je ne pense pas un mot de ce que je dis, et Damian doit le ressentir car du simple sanglot isolé, il se met à trembler, le visage trempé.

— Sam je vais pas pouvoir..., déjà Ariana et là toi je... c’est juste pas possible !

Je le sais bien. J’aimerais le lui dire, mais comment après pouvoir gérer la bulle atroce de tristesse qui m’obstrue la gorge, tout en tentant de calmer celle de Damian, qui a déjà explosé ?

Ses mains s’agitent, il tente de repousser mes doigts, de se défaire de ma prise.

— Dami je...

Ses dents s’enfoncent dans sa lèvre pour calmer ses pleurs, il ne réussi qu’à s’ouvrir. Mon cœur bat plus fort, la bulle enfle, enfle. J’ai de plus en plus de mal à trouver mon air, à me mouvoir pour garder ma moitié près de moi.

— Dami je t’en pris, il faut que tu te calmes et que...

Ses paupières se rouvrent, et me découvrent son regard transcendé par la plus pure et la plus violente des peurs, mêlée à la tristesse.

Et alors je réalise que lui comme moi, depuis tout ce temps, avons partagés une peur commune, entretenue par le lien si puissant qui nous a réunis : la peur d’être seul, d’être abandonné, laissé derrière.

Lorsque je l’ai rencontré, il n’avait plus de parents, et se retrouvait à passer de bras en bras pour se sentir entouré. Lorsqu’il m’a rencontré, je n’avais plus de parents, et me maintenais à la surface en tentant d’ignorer les codes et les habitudes relatives à nos âges, afin de combattre l’idée de solitude par la solitude elle-même. Sauf que depuis ce jour, nous avons appris à faire avec le plein, à éviter le vide, à ne plus avoir cette peur car jusqu’à il y a quelques jours encore, jamais nous ne serions séparés.

Sauf qu’aujourd’hui, je vais partir dans une voiture, dans une certaine direction, et Damian ne me suivra pas.

On dit que l’abandonnisme est à la base de beaucoup de maux, nous en sommes les preuves  tangibles.

Mes mains se crispent sur les siennes, mon cœur tambourine contre le sien tandis que, torse contre torse, front contre front, nous tentons chacun à notre manière de faire oublier ce vide, de le remplir un maximum pour amoindrir la cassure.

— De toute façon, j’y resterai pas au foyer c’est... c’est hors de question.

Mon souffle se bloque dans ma poitrine, j’effleure son nez du mien, attire son attention.

— C’est pas une option mon cœur c’est... Rafaël va tout faire pour vous sortir de là.

— Et quoi ? Et on vivra heureux avec Rafaël en attendant que Ariana et toi sortiez de taule ? Ça aurait jamais dû se passer comme ça. Ça aurait jamais du finir comme ça, c’est pas juste !

Ses derniers mots me cassent en deux. Je m’en veux mais, je suis obligé de détourner le regard là, maintenant, pour ne pas hurler comme il le fait. Là où il n’a plus aucun mal à cracher sur la vie, j’ai encore un certain mal à avouer que cette dernière ne nous a rien épargné.

En un claquement de doigt, il a quitté mon étreinte, et est en train d’attraper sa valise ouverte, qu’il vide par terre avec un rugissement, avant de la jeter contre le mur. Le fracas me tétanise, trouble ma façon de penser et de comprendre ce qui se produit autour de moi.

— C’est hors de question !

Le premier carton se vide, se fait exploser à coup de pied. Le second suit le même schéma.

— Parce que je sais ce qui va se passer, rugit-il en revenant vers moi. Je vais me retrouver au foyer ce soir, tout seul, et ça va encore mal vriller. Je veux dire, à chaque fois que je me retrouve seul, j’arrive à me faire cogner dessus, à me faire malmener, à me faire humilier, à me violer par des putains de mexicains alors... La vie est une pute Sam. À quoi ça sert ? Pourquoi je m’obstine ? Et pourquoi toi tu t’obstines ? Cette vie de merde sert à rien, elle pue et tu veux un scoop, c’est pas près de s’arrêter. Je refuse d’encore souffrir ou te voir souffrir à cause d’elle.

Ses paroles à la façon d’une dernière complainte avant le geste irréparable, m’obligent à me relever pour aller lui attraper les poignets.

La porte s’ouvre au même moment sur sa sœur qui visiblement alarmée par le boucan que vient de produire mon petit ami, est venue s’assurer de notre état.

Et, à la simple vue du carnage, elle blêmit, serre les dents.

— Parfait, comme ça on est tous là, ricane Damian en allant attraper sa valise vide.

Il la jette à Ariana qui non préparée à son geste, se prend la valise en plastique contre le nez. Un geignement de douleur lui échappe, et son frère gronde à nouveau.

— Ça te fait mal ? Bah tant mieux ! Tu la donneras à Kaya, c’est ma putain de valise pour le foyer ! Tu as vu, j’emmène tout ce que j’ai avec moi !

Il hausse un sourcil, rit à nouveau, amer et désespéré.

— Oh, mais que c’est bizarre, elle est vide !

Ariana est décontenancée, ne sait visiblement pas comment réagir.

— La tienne doit être aussi remplie que la mienne non ? Parce que, à priori, tout ce que tu aurais pu mettre dedans va se barrer loin d’ici, dans deux foyers différentes, alors qu’on pourrait être loin, tu le sais ça Ari ?

Tout à coup, je ne me sens plus à ma place. Sentant le règlement de compte fraternel venir, je fais un pas de côté pour contourner le duo, mais Damian m’arrête, le regard brûlant.

— Reste.

Ce n’est pas une proposition.

Et Ariana qui ne répond rien... Elle ne sait sans doute pas quoi répondre.

— Et puis, on a si bien commencé, ce serait dommage de s’arrêter sur une si belle lancée ! Déjà Lina, et Hugo, et papa... le caveau familial peut contenir combien de personnes déjà ?

— Rigole pas avec ça, murmure Ariana.

— J’ai une tête à plaisanter Ariana ? J’ai une tête à rire ? Tu trouves ?!

— Dami s’te plaît, j’essaye de le calmer en passant ma main sur son bras.

Il se dérobe, fait un pas sur le côté, nous observe sa sœur et moi d’un regard atterré par la tristesse.

— Si je vous ai plus, ça sert juste plus à rien.

Il semble calmé. Ses mots sont juste soufflés, juste avoués, avec ce déchirement dans la voix qui m’achève, et paralyse Ariana.

Elle bascule son visage en arrière, tourne les talons, avant de soupirer.

— Et bien il va falloir trouver parce que je ne sais pas comment faire non plus figure-toi !

— C’es ton rôle de trouver, c’est à toi de gér...

— Non ! Non, je peux pas je peux juste plus gérer parce que comme tu me l’a si bien dit il y a deux jours, tout ce que j’ai fait, c’es précipiter la chute alors...

— Je t'avais demandé de ne pas y aller, Ariana !

« Raf au secours, ça se passe pas bien du tout là » - Samuel.

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