28 - Damian 

4 minutes de lecture

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Damian

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   J'entends des voix. Il y a du bruit autour de moi, beaucoup de bruit. Je n'arrive pas à bien discerner ce qui m'entoure, comme si ma tête était immergée sous l'eau.

Une main caresse ma joue, repousse mes cheveux vers l'arrière.

— … Damian... ?

C'est une femme qui me parle. Je ne reconnais pas la voix.

J'ai froid. Mon ventre se contracte violemment, la douleur se répand en moi comme un poison.

— … on a un gamin en bradycardie. 40 par minutes, Glasgow à huit.

Je sens des mains me toucher, mon corps se contracte à nouveau, les rejette. On tire sur ma veste, je me débats un peu. Une lumière éblouissante m'aveugle d'un coup.

— Pupilles aréactives, mais anormalement dilatées. On a quelque chose sur une prise de stupéfiants... ?

— Je demande une analyse sanguine. On a besoin de l'intuber ?

— Pour le moment non, il respire normalement.

J'ai la tête en vrac. Des bribes de souvenir, embrouillées, qui ne riment à rien.

Des mains me saisissent et me déposent sur un lit, je sens la dureté du matelas sous ma tête.

— D'après la sœur, il y a eu stupéfiants, lance une voix au loin.

Sœur... ?

— Ok donc ça explique son état. Overdose ?

— Étonnant. Il a deux côtes cassées, un poignet foulé et des contusions aux jambes. Marques de coups au visage, brûlures de cigarette dans les paumes. Quelqu'un pourrait s'entretenir avec sa sœur ? On n'a rien dans le dossier là !

La personne qui vient de faire l'inventaire de mon état semble sur les nerfs.

Je respire lentement, tente de comprendre où je suis, et pourquoi j'y suis.

Où est Ariana... ? Et Sam... ?

Une porte claque au loin, j'entends de nouvelles voix, on me manipule, je n'ai pas la force de réagir.

— Ok donc agressions physiques... ? On a vérifié pour... ?

— On y arrive, on y arrive.

On me retire mon vêtement, le seul que je porte, et le froid me coupe le souffle. Je sens qu'on me colle des patchs au niveau du torse, sous le bras... je comprends rien.

Soudain, un flash, une image rapide me foudroie. Trois hommes sont assis devant moi, m'examinent.

— L'ECG ça donne quoi ?

— Normal.

Le bruit sec d'un claquement m'interpelle, avant que des mains n'écartent mes genoux, et que d'autres n'attrapent mes jambes.

L'homme en face de moi me bloque d'une main appuyée sur mon torse, et attrape l'une de mes jambes de l'autre.

On me tire au bord du lit, doucement, avant que mes pieds ne se posent dans des étriers en métal glacé.

Le coup de pied dans les reins a le don de me clouer au sol, immobile, la douleur me tétanise.

— Sa sœur est à l'accueil. Elle fait un compte-rendu à Dave.

— Pratique, et ils comptent nous l'envoyer ou... ?

Mon corps a un soubresaut lorsque des doigts écartent mes fesses avant de se glisser en moi. Je me contracte, gémis de douleur, avant qu'une main ne vienne me caresser le visage, douce et aérienne.

— Allez mon grand, ça va aller...

Mon corps se cambre malgré la douleur, des mains me tiennent en place, on me fore à rester couché sur le lit.

— … alors ?

— Bon sang, elle a intérêt d'avoir une explication sa frangine, c'est un carnage là-dedans.

Mon cœur bat plus fort, je veux qu'on me lâche.

Je hurle, me débats, l'un des molosses s'approche de moi et m'enfonce une pilule blanche au fond de la gorge avant de me faire boire.

Je bats des cils, la lumière m'aveugle, le monde réapparaît autour de moi.

Aussitôt, une main se repose sur ma joue, et la voix de femme s'élève à nouveau.

— Damian, tu es avec nous... ?

J'essaye de planter mes yeux dans les siens, dont je discerne la forme au-dessus de moi. C'est compliqué.

Elle continue de caresser mon visage, tandis qu'on me replace correctement sur le lit.

J'inspire fort, serre les draps au creux de mes poings.

Les souvenirs me reviennent tous à mesure que je reprends pleinement conscience.

Mes genoux écorchés à force de frotter contre la moquette.

Les clefs de bras bien trop violentes des chiens de garde de l'hôtel lorsque l'envie leur en prenait.

Les coups, les menaces.

Donni.

Charlie, le petit français.

Le claquement de hanches contre les miennes.

Un grondement franchit la barrière de mes lèvres, je veux qu'on m'enlève ces images de la tête ! Je veux que ça s'arrête ! Je veux Ariana, je veux Samuel, je ne veux plus avoir aussi mal, être déchiré en deux à chaque inspiration, tétanisé de douleur à chaque mouvement de jambes.

— Il s'agite un peu trop là, non ?

Je sens mes larmes déborder, tente de me tourner sur le côté, de me redresser, de quitter cet endroit. Mes gestes sont flous, ne sont pas coordonnés.

La chute ne dure qu'un bref instant, mais la douleur lorsque mon corps heurte le sol de l'hôpital me fait hurler.

— Il faut le sédater.

— C'est peut-être pas une bonne idée après la prise de...

— Il va se blesser là !

On m'attrape à nouveau, des mains puissantes qui me soulèvent sans aucune difficulté pour me clouer sur mon lit.

— NON ! je brame en me débattant avec la force du désespoir.

« Moins tu bouges, plus vite ce sera terminé... », murmure une voix sale dans ma tête.

Mes dents grincent tandis que ma mâchoire se crispe.

— Lâchez-moi !

Ma respiration s'accélère, ma tension aussi : le ''bip bip'' régulier sur ma droite a augmenté d'un coup. On s'agite autour de moi, on me demande de rester calme, puis c'est la sensation de l'aiguille qui s'enfonce dans mon bras, vive et sans hésitation.

Un liquide se répond dans mes veines, des mains me maintiennent contre le lit.

Je veux Ariana.

— Je veux ma sœur !

Le visage de l'infirmière penchée au-dessus de moi se floute, puis disparaît.

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