7 - Ariana

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Ariana

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   Le contact du canon glacé de l'arme contre ma tempe n'est vraiment pas agréable. L'odeur du type qui tient l'arme non plus d'ailleurs. Un mélange d'herbe et d'alcool à brûler.

Il porte une montre de marque au poignet droit, une Rollex, un beau bijou. Nul doute que ce gars-là ne doit pas être en bas de la chaîne alimentaire au sein de son gang.

Les King100 ne sont pas nos ennemis direct, et gèrent tout ce qui s'apparente aux quartier nord de la ville. Ils sont moins nombreux que nous, mais ont une plus grande force de frappe avec leurs nombreuses armes de guerre qu'ils se font livrer par je ne sais quel vétéran de la région. D'ordinaire, nous ne nous frottons pas à eux, et vice versa. S'affronter de la sorte est stupide, pour un camp comme pour l'autre. Je ne sais pas encore pourquoi H est allé leur chercher des poux, mais du temps où papa tenait les rênes des Cortez, un incident comme celui-ci ne serait jamais arrivé. Surtout au lycée, où les ''non-membre'' sont impliqués.

L'homme qui me tient tranquille avec son gros calibre ne remarque pas Damian en bas des gradins, qui vient de planter son regard sur nous. Rapidement, son camarade de classe – Duke je crois – se poste devant lui pour le camoufler à la vue de mon agresseur.

— Je sais pas où se sont barrés les petits qui t'accompagnaient, mais t'inquiètes pas qu'on va les retrouver.

— Wouah, vous tuez même les gosses maintenant ? Toujours plus respectables. Bravo.

Il me donne un coup de crosse dans la nuque, et je retiens un gémissement de douleur.

Julio vient de renvoyer Damian et Duke vers le parking. Je croise une dernière fois le regard de mon petit frère avant qu'il ne disparaisse dans la foule, et j'inspire profondément par le nez : pourvu qu'il gagne une voiture avant de se faire repérer.

Je me tortille légèrement, et me fais ramener à l'ordre par le mouvement de l'arme dans mon champ de vision.

Et ce putain de flingue qui n'était pas chargé... s'il l'avait été, je serais déjà avec les jumeaux et Damian sur le chemin de la maison. À la place de quoi, je me tortille la cervelle depuis tout à l'heure pour savoir comment attraper la lame à ma ceinture sans me faire repérer par le ''gros dur'' qui me menace de son arme.

La bonne nouvelle, c'est qu'ils n'en ont pas vraiment après moi, sinon ils m'auraient déjà descendue.

— Ils ont quand même du bol les Cortez, d'avoir des jolies nanas comme ça chez eux...

Sa main libre, celle qui ne tient pas son arme, court le long de ma cuisse, et je retiens l'insulte qui me pique le bout des lèvres.

— Nous on en a pas..., ça te dirait pas de changer de camp ?

— Je n'appartiens à aucun camp, je murmure avant d'ajouter, plus fort : mais pourquoi pas, je pourrais avoir une paire de ces jolies baskets que tu portes ?

Interloqué, je le sens bouger derrière moi, sûrement en train d'inspecter ses pieds. Alors, profitant des quelques secondes que j'ai devant moi, j'attrape la lame que je garde toujours avec moi pour la lui enfoncer dans la cuisse. Elle peine à rentrer, mais finis par percer le muscle et lui arracher un hurlement de douleur. Sous le choc, il en lâche son arme, que je rattrape au vol avant de me retourner pour lui décocher une balle dans la même cuisse. Une gerbe de sang gicle sur mon pantalon, et je gronde de colère.

H, en haut des gradins, me félicite d'un pouce en l'air, avant d'à son tour tirer dans le corps maigrelet d'un type qui accourt vers moi.

Le mec à mes pieds pleure comme un enfant en se tenant la jambe, de laquelle j'arrache tout de même ma lame avant de commencer ma descente vers le terrain de football, où la majorité des mecs de King100 se sont regroupés. Ils ne s'attendaient sûrement pas à ce que H en personne rapplique avec ses meilleurs tireurs, et encore moins que l'alerte soit donnée si rapidement.

— Ariana !

H me rejoint en courant, et s'essuie rapidement les mains dans son pantalon avant de les plaquer sur mes épaules.

— T'as pas perdu la main.

— Il y a une différence entre quitter le gang, et se laisser faire par ces enculés.

Je tends le bras, tire dans la jambe d'un homme qui s'apprêtait lui-même à me coller une balle dans la tête, et soupire.

— Les flics vont pas tarder, tu devrais replier tes gars, je marmonne.

— Où sont Dam et les jumeaux ?

— En sécurité. Depuis quand ça t'intéresse ?

— Quand Dam sera officiellement des nôtres, il aura son arme. Il pourra se défendre. Mais pour le moment, c'est pas le cas alors...

Je me retourne, folle de rage qu'il puisse remettre le sujet sur la table un moment pareil. Il ne baisse pas les yeux, et soutient mon regard avec un aplomb qui me donne envie de lui tirer dans le pied.

— Ari, vas dans notre sens. Tu es l'une des meilleures d'entre nous. Avec ton aide, Dam sera préparé pour tous les cas de figure. Il faut que tu reviennes.

Je souris, de la façon la plus détachée dont je suis capable, et tire une balle à quelques centimètres de ses pieds, avant de darder mon regard dans le sien avec défi.

— Oups, on dirait bien que j'ai loupé ma cible.

— Tu es ridicule.

— Ce qui est ridicule, c'est de ne pas voir qu'un gamin de quinze ans a pas besoin de baigner là- dedans ! Imagine si ces mecs l'avaient chopé ?

— L'expérience de terrain, ça te dit quelque chose ?

— Alors pour toi, se faire flinguer est une expérience ?

— Sans parler de ça...

Je m'apprête à lui répondre, lorsqu'une balle me traverse l'épaule. Je ne ressens tout d'abord qu'un pincement, avant que le sang ne se mette à jaillir pour s'écouler à flot à travers mon tee-shirt gris, qui peu à peu devient pourpre.

H décoche deux balles sur l'homme qui vient de me tirer dessus par derrière, et me pousse vers la sortie des gradins.

— Je passe demain. Barre-toi.

Je plaque ma main sur la blessure fraîche qui me paralyse l'épaule, et hoche la tête avant de déguerpir. Rapidement je rejoins les quelques rares personnes qui n'ont encore pas quitté les lieux, et tente de leur camoufler le sang suintant de plus en plus à travers le tissu.

— Merde...

Je me dirige du mieux que je peux à travers la foule, mais constate avec peine que la pression enfin relâchée, mes jambes se transforment en coton.

J'avale ma salive, m'appuie sur un poteau électrique sur le trottoir, et baisse la tête. Il y a encore des mecs de King100 qui traînent dans la rue. Si ils me repèrent, ils me finiront.

— Ari !

Je relève à peine les yeux pour distinguer la voiture de Rafaël en train e faire demi-tour sur le trottoir d'en face avant de s'arrêter devant moi.

— Monte.

Il m'ouvre la portière, et je grimpe en tenant toujours fermement l'impact qui suinte sous mes doigts.

— Urgence ?

— Non, non. Je sais soigner ça. Tu as ramené mes frères à la maison ?

Il hoche la tête et déloge une mèche de cheveux de mon visage pour mieux pouvoir m'observer.

— Oui, ils sont en sécurité. J'ai envoyé un message à Jay, il surveille que personne n'entre ou sorte de chez vous.

Je soupire de soulagement, et me laisse aller contre le siège passager tandis que Rafaël redémarre.

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