Chapitre 45 - Fin

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Crégor a replié son corps de centaure sous lui, fatigué et blessé. Le chasseur et le prince, eux, demeurent aux aguets, prêts à soutenir Merlin.

— Il ne reste plus grand monde, remarque Circella.

— Je suis là moi ! s’interpose Anastasie.

Et faisant un moulinet avec le bras, elle réussit non sans mal à envoyer un sort représenté par une bulle d’eau qui projette Circella, une nouvelle fois contre le mur, dont quelques morceaux s’égrènent sur le sol. Affaiblie, blessée, la sorcière, prenant appui sur une main tente de se relever, mais retombe lourdement à terre. De stupeur, la vaincue a un couinement apeuré. Elle lève des yeux à la couleur délavée par l’angoisse vers ses ennemis.

Anastasie, visiblement surprise d’avoir réussi son sortilège, a reculé de quelques pas. Elle observe stupéfaite, la défaite de sa kidnappeuse.

La Bonne Fée, qui s’est approchée, penche son visage vers Circella et dit :

— Ne t’inquiète pas, nous n’allons pas te faire plus de mal.

— Mais… et la prophétie ? balbutie la méchante femme.

— Elle est toujours d’actualité. Tu vas mourir aujourd’hui… cependant nous n’y serons pour rien.

Se relevant, Bédélia attrape doucement le bras d’Anastasie restée tout près, et qui la suit docilement, encore hébétée par tous les derniers évènements.

Elle réussit à murmurer :

— Je ne voulais même pas jeter ce sort-là, je me suis trompée.

La Bonne Fée a un soupir las :

— Ça n’a pas d’importance… plus maintenant.

Alors que les deux femmes franchissent la grille, un grondement assourdissant, semblable à un barrage en train de rompre, vient briser le silence d’après bataille. Se retournant, Bédélia et Anastasie retiennent le cri qui monte à leurs lèvres.

Circella à genoux, parvient à grande peine à se remettre debout. L’allure harassée, du sang coulant de ses blessures, elle tente de faire quelques pas, mais n’y arrive qu’en chancelant. Elle fait face à l’entrée du château et s’apprête à gravir les marches du perron afin de cacher sa défaite au monde que représente Tourloing. C’est à cet instant qu’elle aperçoit le mur de l’enceinte. Ce dernier dans un léger bruissement, déloge des gravats échappés des blocs de pierre. Déjà meurtrie par la fissure, la paroi s’écroule avec fracas ne laissant aucune chance à la sorcière qui voit avec épouvante, la façade s’abattre sur elle. Circella a à peine le temps d’émettre un faible gémissement qu’elle est écrasée par sa propre maison.

En cette fin de journée, les sœurs Sinistrel ne sont plus.

Tourloing est libéré… et la prophétie réalisée.

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