Chapitre 40 - La famille de Cendrillon

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Sonia, son regard vert transperçant le visage en larmes de sa fille, arpente le couloir qu’éclaire la douce lumière du chandelier.

— Ta sœur est morte.

— Je n’y crois pas ! Il faut y retourner ! s’exclame Javotte.

Sa mère lève les yeux au ciel.

— Nous avons déjà essayé de la récupérer. Nous sommes allées au château et Circella nous a permis de fouiller chaque recoin de sa demeure. Elle nous avait pourtant prévenues. Anastasie a tenté de s’enfuir. Elle a chuté et sa tête ayant heurté une pierre, elle est morte sur le coup.

— Dans ce cas où est son corps ?

— Pff, Circella l’a fait disparaître. Elle n’allait pas s’encombrer du cadavre de ta sœur.

— Je n’y crois pas. Je suis certaine qu’elle a dû cacher Anastasie à l’aide d’un sort, et c’est pour ça que nous ne l’avons pas trouvée.

Les lèvres mauves de Sonia se rétrécissent sous l’effet de la contrariété.

— Il faut faire un trait sur ta sœur. De toute façon, elle n’était pas vraiment intelligente… ni une réelle beauté d’ailleurs.

La méchante femme semble réfléchir et ajoute :

— Tout de même, elle aurait mieux fait de nous enlever Cendrillon, je hais cette enfant.

Sa fille aînée préfère ne pas répondre. Elle n’apprécie pas sa demi-sœur, mais de là à la vouloir piégée entre les mains de Circella !

Alors que les deux femmes rejoignent le salon, elles entendent un miaulement venant du dehors. Hâtant le pas, elles découvrent devant une fenêtre un chat rond, au pelage bleu clair tacheté de rose.

— Le chat de Cheshire ! s’exclame Javotte.

— L’animal de compagnie de la petite Alice, constate Sonia méprisante.

— Quel accueil ! jubile l’intéressé.

— Que fais-tu ici ?

— Oh, je passais dans le coin et j’ai eu envie de venir faire un coucou.

— Cesse de faire de l’humour, tu devrais savoir que je n’en ai pas, déclare la marâtre de Cendrillon.

— Ça… nul ne l’ignore. À la vérité, j’ai une nouvelle qui pourrait t’intéresser.

— Dis-moi ! ordonne Sonia.

Cheshire glousse. Cela donne un bruit bizarre, presque incongru.

— Si tu n’as pas d’humour, moi je n’ai pas l’âme charitable… il me faut une raison pour te révéler ce que j’ai découvert.

— La vie sauve peut, sans doute, être une motivation.

— Si j’avais peur de toi oui, mais ce n’est pas le cas. Que pourrais-tu me faire ? Tu es une simple mortelle, juste plus méchante que la moyenne, c’est tout.

Sonia n’a pas l’habitude qu’on lui tienne tête. Le port altier, les mains serrées l’une contre l’autre, elle n’a pas un frémissement, mais ses yeux verts se teintent d’un reflet glacial.

— Bien, dis-moi ton prix.

— Qu’Alice puisse venir autant qu’elle veut dans les jardins du palais de Cendrillon.

— Pardon ? Sonia s’attendait si peu à cette requête qu’elle manque s’étrangler.

— Ta belle-fille vit dans un endroit magnifique avec son prince. Ils ont un parc inondé de fleurs aux senteurs de miel. Les pommiers ont des fruits bien rouges et sucrés, les chênes aux troncs noueux projettent une ombre bienfaisante et la rivière qui coule entre les roses est, paraît-il, des plus désaltérantes. Alice a grandi dans un lieu semblable… aujourd’hui, c’est à peine si elle a la place de faire pousser un fraisier dans son jardin. Voilà mon prix : l’accès à cet endroit.

— Cendrillon et moi ne sommes pas en très bon terme.

— Moi si ! les interrompt Javotte.

Sonia darde sur cette dernière un regard aussi glacé qu’une banquise.

— Tais-toi !

— Non. Je suis certaine que ce qu’il a à annoncer concerne Anastasie. Cendrillon, contrairement à nous, a du cœur, je suis sûre qu’elle nous aidera.

— Alors, je fais quoi ? s’impatiente le chat d’une voix suave.

— Dis-nous tout, répond Javotte sans un regard pour sa mère.

— Circella retient Anastasie prisonnière dans son château. Vous ne l’avez pas vu lors de votre précédente visite, car la sorcière l’avait transformée en rosier. Visiblement, Circella veut faire de votre parente, sa nouvelle sœur.

— Quoi ?! Mais c’est n’importe quoi ! Et pourquoi Anastasie ?!

— J’ai ma petite idée là-dessus, s’interpose Sonia. Ta cadette à la taille et la couleur de cheveux flamboyante de Pétunia. Et il faut bien dire que si cette dernière était sotte, Anastasie, l’est toute autant. Je peux comprendre le choix de Circella, mais tout ça est ridicule… se créer une nouvelle sœur… même si la mort de Pétunia lui a causé un choc, sa réaction est disproportionnée.

— Hum, en tout cas moi je n’ai plus rien à faire ici. Je vais rejoindre Alice.

Le chat exhibe une petite mimique pouvant passer pour un aurevoir et disparaît dans un bruit de succion.

Javotte et sa mère échangent un regard.

— Trouve Cendrillon, dit Sonia.

Sa fille acquiesce d’un signe de tête et quitte la maison.

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