Chapitre 19 - L'enlèvement

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Agatha ferme le portillon blanc du petit potager où salades vertes et courges d’un brun orangé murissent. Un sac en osier à la main, elle part à la recherche d’asperges sauvages. Elle marche quelques minutes, longeant un cours d’eau, puis pénètre dans une garrigue qu’écrase un soleil brûlant. Se penchant pour ramasser les délicates tiges couleur jade, elle perçoit du bruit derrière elle. Quelqu’un piétine des feuilles sans se soucier d’être entendu. Agatha se retourne et se trouve face au loup qui la regarde en souriant de toutes ses dents acérées.

— Tu es la fille du chasseur ? Celui qui a sauvé le petit chaperon rouge et Blanche-Neige ?

— Oui, confirme calmement l’adolescente. Tu es le fils du grand méchant loup ?

— Exact.

Une goutte de sueur glisse le long du dos d’Agatha.

— Tu vas me manger ?

— Non… je vais t’enlever.

Et avant que Agatha ait pu esquisser le moindre geste, Sacha lui lance un vieux sac de pommes de terre la dissimulant toute entière et la jetant sur son épaule, court en direction du château des sœurs Sinistrel.

Pétunia, de la haute fenêtre de sa chambre, guette le loup et sa proie.

Circella, partie suivre sa formation ne les gênera pas.

Détectant la présence de Sacha, grille et porte d’entrée de la demeure s’ouvrent automatiquement, permettant à l’animal de s’engouffrer. Allant jusqu’à la pièce secrète (en fait, un cachot au sous-sol du château), il dépose Agatha sur le carrelage en marbre noir. C’est à ce moment que la bête remarque un détail assez inquiétant concernant cette salle.

— Euh, mais c’est quoi ça ?!

Pétunia tourne la tête dans un geste qui semble fastidieux et observe ce qui surprend tant Sacha.

— Oh, ça, c’est Christobal… notre dragon.

— Mais qu’est-ce qu’il fait là ? gémit Sacha.

— Disons que c’est une sorte de tortionnaire, le gardien des prisonniers, explique la sorcière en jetant un rapide coup d’œil à Agatha qui se contorsionne à l’intérieur du sac.

Le loup visiblement mal à l’aise tend brusquement une patte vers l’ensorceleuse tout en bredouillant.

— Ben moi je reste pas là. Les dragons c’est pas mon truc. Donne-moi mon diamant et je m’en vais.

— Tiens. Pétunia lui pose dans la paume une pierre énorme, dont chaque facette brille d’un éclat des plus purs.

Sacha admire son trésor, puis, sans demander son reste, ni même lancer un coup d’œil pour l’adolescente qu’il a kidnappée, s’en va… ou plutôt prend la poudre d’escampette.

La sorcière s’approche d’Agatha et d’un mouvement sec ôte le sac en toile de la tête de la jeune fille. Cette dernière, enfin à l’air libre, respire bruyamment puis s’apaise et, les mains toujours liées dans le dos, contemple les objets autour d’elle. Son regard se pose sur l’ensorceleuse puis sur le dragon à la peau luisante et rouge, dont les yeux en fentes noires l’observent férocement.

— Pourquoi suis-je là ? demande Agatha tentant de cacher sa peur aux deux monstres qui lui font face.

Pétunia décide de ne pas mentir.

— Parce que tu es l’enfant du chasseur.

— Et alors ?

— Et alors j’ai un vieux compte à régler avec ton père.

La sorcière se dirige vers la porte, tenant la poignée en cuivre ronde, elle ajoute à l’adresse de sa prisonnière.

— Pas de bêtise, je ne voudrais pas que Christobal te fasse rôtir, puis après un instant de silence, je n’ai jamais aimé manger les petites filles.

Et claquant la porte derrière elle, elle laisse Agatha seule avec son geôlier.

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