Chapitre 10 - Parker

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Putain de bordel de merde, c’est quoi ce bordel ! Mon pote et chef ressemble à un putain de dingue tout droit sorti d’un putain d’asile. 

Quelque chose d’étrange, de primal et d’ancien émane de lui. Et le truc en moi le comprend, l’accepte. Tout comme Silas, j’ai envie de sauter à la gorge du Docteur Belle Gueule. Il pue les emmerdes à plein nez. Mais je me retiens. Un dingue, c’est suffisant. Si jamais je m’y mets aussi, on risque l’isolement, et ce pour une durée indéterminée. Voire pire.

Le commandant aboie des ordres que je distingue à peine, trop concentré sur mon pote. Pendant une fraction de seconde, je tourne la tête et regarde Silver. Cette dernière hoche la tête et regarde de nouveau Silas. 

Je fais un pas en avant et lève les mains pour lui signifier que je ne tenterais rien contre lui. Au contraire, je suis là pour l’aider. Mais avant que je ne l’atteigne, il tombe lourdement au sol. Merde.

- Silas !!!!!!!!!!

Avant que je ne m’en aperçoive, je me trouve accroupi aux côtés de mon pote. Ce qui me rassure, c’est de constater que sa cage thoracique monte et descend. Dieu merci, il est encore en vie. La fille de l’ambassadeur se tient agenouillée de l’autre côté de mon pote et nous observe, Silver et moi. Elle semble très inquiète pour mon pote. J’hoche imperceptiblement la tête pour qu’elle comprenne qu’il va bien. Enfin ça, c’est avant que quelque chose de brillant n’attire mon attention. Je porte ma main droite à la nuque de Silas et en retire un morceau d’aiguille cassé. Les deux femmes à mes côtés ont le même réflexe que moi et tournent leur regard vers le Docteur Belle Gueule. 

Putain, c’est qui ce mec? Avec son regard noir et son sourire en coin, il pue l’arrogance. Son aura est aussi noire que ses yeux. Et les ondes qui émanent de lui sont colériques, voire carrément belliqueuses. Pourtant, rien ne m’échappe dans sa posture. Il planque un truc dans l’une des poches de sa blouse. Il y a fort à parier que c’est la seringue. Putain, le bâtard a injecté un truc à mon pote. Cette fois-ci, c’est plus fort que moi, je laisse la colère s’emparer de moi. 

Je me relève et pousse un rugissement de colère, qui ressemble à celui d’une bête sauvage, avant de foncer sur Docteur Belle Gueule et de le décoller du sol. Ma main autour de sa gorge, je resserre l’étreinte afin de sentir son pouls s'accélérer et le plaque contre le mur sous le regard surpris des personnes présentes dans la pièce. Je le fixe avec une envie féroce de lui arracher la tête et lui demande :

- Putain, qu’est-ce que vous lui avez injecté? 

Au lieu de me répondre, ce connard me sourit. Il relève juste sa lèvre supérieure et me laisse entrevoir des canines bien pointues, identiques aux miennes. Enfin à celles que nous nous sommes découvert l’équipe et moi, depuis notre retour d’Egypte. C’est clairement un avertissement. S’il pense me déchiqueter la gorge en moins de trois secondes, il se goure. Ma colère augmente encore d’un cran. Et je resserre donc un peu plus ma prise sur sa gorge jusqu’à être à deux doigts de lui broyer la trachée : 

- Sans la parole, ta belle gueule ne suffira pas à emballer la petite, soufflé-je en désignant la fille de l’ambassadeur d’un p’tit coup de tête. Dernier avertissement, qu’est-ce que vous lui avez injecté? 

- Parker, lâchez-le immédiatement, aboie le commandant. 

- Non, le coupe l’ambassadeur. Il semble qu’il ait agressé ma fille et aussi un de vos hommes qui tentait de la protéger. Ce soldat ne fait que son devoir. En revanche, je n’en dirai pas autant de vous Commandant Miller. 

- Mais je…

- Ne prenez pas la peine de vous justifier maintenant. Le Président sera ravi de connaître vos pitoyables excuses.

La fille de l'ambassadeur s'approche de moi, alors que je resserre encore ma prise et que son père est aux prises avec le Commandant. Docteur Belle Gueule la fixe intensément comme s'il allait la bouffer. 

- Que lui as-tu injecté? Lui demande-t-elle avec aplomb.

- Oh, ma chérie s'inquiète pour son chien de garde, comme c'est touchant. Tu ne devrais pas, grogne-t-il. Ou peut-être que si, ajoute-t-il avec un sourire carnassier et un regard noir. Je suis leur maître après tout, lâche-t-il en la fixant du regard. Et si tu n'es pas à moi Imentet, tu ne seras à personne, crache-t-il.

- Imentet? Répété-je surpris. Notre maître? Je crois que tu rêves connard.

- Lâche-moi immédiatement, aboie-t-il, alors que ses yeux virent au noir complet. 

Sa transformation semble avoir des effets sur moi, mais pas ceux escomptés visiblement. Ma prise se resserre sur sa gorge et il semble surpris. Un grognement puissant et menaçant sort de ma tranchée de manière incontrôlée et ma vision devient beaucoup plus performante, tout comme mon ouïe et mon odorat.

- Qu'est-ce que… balbutie l'ambassadeur en me regardant ahuri.

- Arrêtez-le, ordonne le Commandant Miller et conduisez-les, lui et le lieutenant MacGregor au niveau -2.

Je plonge mon regard dans celui du Docteur Belle Gueule avant qu'on ne m'attrape par les épaules et qu'on ne me force à les suivre. Je pourrais aisément me soustraire de leur emprise, mais il faut que nous comprenions ce qu'il se passe ici. La fille de l'ambassadeur saisit ma main et la serre en m'adressant un regard que je ne saurais définir, avant d'être écartée par le Docteur Belle Gueule. Putain, mon instinct me hurle qu'elle n'est pas en sécurité. Alors j'adresse un signe à Silver restée en retrait, un qu'elle seule peut comprendre. L'équipe veillera sur ce petit bout de femme. C'est ce que veut Night et c'est que me crie mon instinct.

Les soldats de l'unité Delta me traînent jusqu'à la sortie. Enfin ça, c’est ce que j’ai cru jusqu’à ce que je vois le van noir nous attendre à la sortie. Ce putain de van noir qui ne veut dire qu’une seule et unique chose : ces enculés nous emmènent, Night et moi, en zone noire. Celle d’où personne ne revient jamais. C’est une base secrète et expérimentale du gouvernement. Là où ils étudient et dissèquent du métamorphe. C’est exactement ce qui va nous arriver. On va devenir leurs rats de laboratoire. Putain.

Le petit doudou de Buzz ouvre la portière, si ce bâtard croit que je vais monter de mon plein gré, il se met le doigt dans l’œil bien profond. Rien de plus pour attiser le feu qui brûle en moi. Sachant que je suis déjà bien énervé. me sentant me raidir, Buzz qui se trouve à ma droite pousse un soupir et balance :

- Parker, fais pas le con. J’ai des ordres. Alors tu montes dans cette putain de caisse.

Je tourne la tête et le regarde. 

- Un bon petit soldat, Buzz. Un vrai petit toutou bien obéissant. Tu lui lèches les couilles aussi à ton maître? asséné-je en le défiant du regard. 

Après quelques secondes, à le fixer, je lui lance : 

- Je sais pourquoi tu fais ça. 

Il soutient mon regard et me répond :

- Ah ouais et pourquoi à ton avis?

J’éclate de rire.

- Putain Buzz, t’es con à ce point là? Vraiment? Tout le monde sait dans l’unité que tu veux la place de Night. Que tu es prêt à tout pour ça.

- Je ne m’en suis jamais caché.

- T’as pas les épaules mec. Je le sais. L’unité le sait. Et pire, celui à qui tu lèches si consciencieusement les couilles le sait aussi. Alors s’il t’a promis la place de Night, fais-toi déjà à l’idée que tu t’es fait enculé bien propre et sans vaseline mec !

- Hmmm.

Je vois, cet enculé ne va pas lâcher le morceau aussi facilement. Peut-être que si je lui arrache le bras avec les dents, il sera plus loquace. 

- Putain Buzz, tu trahis des soldats, des mecs qui comme toi ont risqué leur vie pour ce putain de pays et tu ne les trahis pas juste pour la place dans l’unité. Alors qu’est-ce que t’a promis le Commandant bordel? 

- De devenir un super soldat. La prochaine génération de soldat génétiquement modifié, me répond-il avec un sourire carnassier.

Putain, je le crois pas. Alors c’est ça que prépare Miller. Merde. Mais il ne peut pas être seul à en décider. Il faut un sacré paquet d'accréditations pour avoir ce pouvoir. Pendant que mon cerveau surchauffe, Buzz me pousse dans le van où Night ne tarde pas à me rejoindre toujours inconscient. Putain, ce qu’ils veulent c’est créer une armée de supers soldats, pour faire face aux métas, pour les égaler, pour les dominer. Merde. Et Night et moi, on leur sert deux prototypes sur un plateau. Faut absolument qu’il émerge. Et qu’on se fasse la belle parce que là, ça craint. Mais avant que j’ai tenté quoi que ce soit, c’est le noir total.

Lorsque je me réveille, je suis sanglé à une table d’opération, des perfusions plantées dans les bras et j’ai un mal de crâne à tout rompre. La lumière est aveuglante, alors je garde les yeux clos. Je me concentre sur les bruits alentour. J’entends les bips des machines auxquelles je dois être relié. Je me concentre encore, fais le vide et mon ouïe se focalise sur des battements de cœur régulier, mais affaibli. Night. Il est probablement dans la salle à côté. J’entends également des voix. 

- Où en êtes-vous? 

- On a fait un premier bilan sanguin, positif au venin. Il faut maintenant déterminer quel facteur leur a permis de survivre. Aucun autre n’a survécu au venin de méta. D’autant qu’il est fortement dosé dans leur cas, ce qui peut avoir une incidence. Il faut que je fasse des tests et…

Mais avant qu’il ne termine, une putain d’alarme incendie me vrille les tympans. J’entends courir dans tous les sens. J’en profite pour essayer de me détacher, mais impossible, les sangles sont beaucoup trop épaisses. D’un coup, mon instinct se réveille. J’entends le cœur de Night battre un peu plus vite. Merde. Faut que je sorte de là. D’un coup, la porte s’ouvre en grand et je vois apparaître Silver, avec Martinez et Young. Williams et Jones soutiennent Silas. Silver, arrivée près de moi, plonge son regard dans le mien avec un sourire carnassier et met sa main devant son visage. Une rangée de griffes impressionnantes en sortent en un clin d'œil et elle déchiquette les sangles qui me retiennent prisonnier. Je la regarde ahuri, alors qu’elle se marre toute seule. 

- Ouais petit génie, y’a quelque trucs qui ont changé et dont on va devoir parler, lâche-t-elle amusée en m’aidant à me relever. 

- Night, demandé-je inquiet. 

- Il est shooté, mais ça va. Allez, le génie, faut pas traîner. On se tire vite fait.

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