Chapitre 5 - Commandant Miller

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Base secrète du gouvernement, 15 jours plus tard :

-Êtes-vous sûr qu'il va finir par se réveiller? demandé-je.

-Bien évidemment. Le lieutenant Macgregor était très mal en point, répond la jeune femme. Mais, c'est une force de la nature. Un soldat. L'un des meilleurs que je connaisse. La preuve, il a survécu à la morsure d'un méta Anubis. D'après le docteur Owen, son métabolisme, sa structure moléculaire et son ADN sont en train d'évoluer. Il faut juste un peu de temps pour que son corps encaisse.

-Ce qui veut dire?

-Qu'il aura probablement certaines capacités.

-Cela donnerait un nouveau tournant fort intéressant au projet Luxor.

-En effet.

-Ce qui veut également dire que vous pouvez étudier à votre convenance, son évolution vers sa forme définitive de métamorphe, n'est-ce pas ?

Elle hoche la tête pour toute réponse.

-J'imagine que c'est très instructif? Scientifiquement et médicalement parlant? Avec ses données, ajoutées à celle dont nous disposons déjà, créer une toute nouvelle armée ne devrait plus être un problème pour vous, Mademoiselle Tate?

-Monsieur, pardonnez ma franchise, mais cela est une mauvaise idée.

-En quoi, je vous prie?

-Et bien, certes les données recueillies sont intéressantes, mais nous ignorons encore comment il a pu survivre au venin. Aucun être humain jusqu'ici n'avait réussi. Macgregor a survécu, mais ça ne sera sûrement pas le cas des autres. Et...

-Ne vous en faites pas, nous n'avons pas l'intention de faire des expériences mégalomaniaques sur nos soldats. Nous ne sommes pas des monstres, nous les combattons.

-Monsieur...

-Tout se passera bien, Mademoiselle Tate.

-Si vous le dites, Mon commandant.

-Autre chose?

-Et bien l'équipe du lieutenant Macgregor aimerait le voir. Ils harcèlent littéralement le service. N'arrêtent pas d'envoyer des mails, auxquels je ne réponds pas, comme vous me l'avez expressément demandé. Mais hier, deux soldats de son unité se sont déplacés et nous ont menacé de ne pas bouger si on ne leur permettait pas de voir le lieutenant.

-Bien. Je vais m'en occuper. Et pour la fille de l'Ambassadeur?

-Le docteur Owen et moi avons pratiqué quelques tests et je dois dire que nous n'avions jamais vu cela avant.

-Que voulez-vous dire?

-Et bien, pour tout dire, nous ignorons pourquoi, et encore moins comment c'est possible, mais tout en elle est différent. Le sang, l'ADN, le génome... Nous n'arrivons pas à comprendre de quoi il s'agit.

-Donc, elle ne serait pas humaine? Comment est-ce possible?

-Et bien si, en partie.

-Moitié humaine et moitié méta ?

-Nous l'ignorons. Humaine en partie. Pour le reste,
ça ne ressemble à rien de connu.

-Intéressant. Vraiment intéressant. Cependant, il va falloir trouver. Et vite. Remettez-vous au travail.

-Bien, mon Commandant.

Sur ce, il fait demi-tour et part d'un pas raide. Ces nouvelles l'ont réjoui, bien qu'il ait le chef d'État Major sur le dos, ainsi que l'Ambassadeur Winter. Ce dernier exerce une pression sans commune mesure pour avoir des nouvelles de sa progéniture. Il menace d'appeler le Président, s'il n'a aucune nouvelle d'ici 24h. Le chef d'État Major l'a déjà appelé trois fois aujourd'hui pour le sommer de trouver une issue à ce problème délicat. Si Winter fait intervenir le Président, Luxor pourrait être compromis.

En effet, s'il découvre l'état dans lequel se trouve sa fille, c'est-à-dire dans un coma artificiel depuis près de quinze jours, et ce sans raison apparente, il se pourrait que Luxor soit menacé. Mais avais-je vraiment le choix?

J'ai 24h pour trouver une solution, ou pour réveiller la fille et falsifier les comptes-rendus médicaux.

Pour l'instant, je vais m'occuper de la Team Six. Ils sont coriaces, mais la menace est ma spécialité. Leur confinement sur la base devraient les calmer quant à leurs exigences de voir MacGregor.

S'il avait su à quel point il se trompait...

-Sous-lieutenant Parker.

-Mon commandant.

-Etes-vous idiot?

-Je vous demande pardon mon Commandant?

-Comment expliquez-vous avoir désobéi à un ordre direct?

-Je...

-Je vous ai formellement interdit de prendre contact avec le service dans lequel se trouve MacGregor. J'ai été informé du harcèlement dont votre équipe fait preuve envers le personnel. Vous ne me laissez pas le choix Parker. La Team Six est confinée sur la base pour un temps indéterminé.

Le sous-lieutenant serre la mâchoire, mais ne répond rien.

-Vous pouvez disposer.

-Mon Commandant.

Je regarde le sous-lieutenant se diriger vers la porte de son bureau et sortir sans un mot. Une bonne chose de régler. Peut-être vont-ils enfin comprendre qu'on ne remet pas en question les ordres. Cette unité a toujours était la plus difficile. Et c'est d'autant plus le cas, depuis l'arrivée de cette femme. Putain, une femme chez les SEAL et sous mon commandement. Si seulement, mes supérieurs m'avaient écouté, cette plaisanterie n'aurait jamais eu lieu.

Maintenant, il faut trouver une solution pour Winter. Que faire? Réveiller la fille reviendrait à anéantir les recherches. On ne sait toujours pas ce qu'elle est. Ni quel danger elle représente. Mais ne pas le faire, équivaut à mettre le projet Luxor en péril. L'ambassadeur Winter est un proche du Président. S'il le contacte pour lui expliquer la situation, nous risquons nos miches. Surtout, si je ne trouve pas une bonne raison à ce manque d'informations de ces quinze derniers jours, que ce soit auprès de la famille Winter ou de ma hiérarchie.

La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées.

-Oui?

-Commandant, la Maison Blanche en ligne, me lance ma secrétaire.

Merde. Winter n'a pas traîné.

-Passez-moi la communication.

-Bien Commandant.

Plus le choix.

-Commandant Miller?

-Monsieur le Président.

-Expliquez-moi comment la famille d'un de nos diplomates peut ne pas avoir de nouvelles, ni aucune information concernant l'état de santé de leur fille depuis son sauvetage il y a quinze jours. Expliquez-moi également pourquoi ils n'ont pas été autorisé à la voir ou encore pourquoi vos supérieurs ignorent tout de son état?

-Monsieur le Président, je...

-Commandant Miller, dit-il d'une voix autoritaire, vous allez immédiatement raccrocher ce téléphone et vous allez vous enquérir de l'état de santé de cette jeune fille. Ensuite, vous allez appeler l'ambassadeur Winter pour lui faire un rapport complet des quinze derniers jours. Quant à moi, je vais convoquer vos supérieurs pour éclaircir cette situation. Et croyez-moi, il va falloir que ce soit limpide.

Je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'il a déjà raccroché. Je n'ai plus le choix. Je raccroche et compose le numéro.

-Commandant.

-Mademoiselle Tate, faites tous les prélèvements et analyses dont vous avez besoin. Vous avez deux heures. Passé ce délai, modifier les conclusions et réveillez-la.

-Mais Monsieur...

-C'est un ordre Mademoiselle Tate.

-Bien Commandant.

Je raccroche sans ménagement. Me pinçant l'arrête du nez, je ferme les yeux, histoire de reprendre un semblant de calme. Et dire que cette putain de journée avait si bien commencé. Pourquoi est-ce que je n'ai pas écouté ma femme et pris des vacances?

Ah oui c'est vrai, je n'écoute jamais ma femme. Mais peut-être que cette fois j'aurais dû. L'idée de lui dire qu'elle puisse avoir raison, me file de l'urticaire. Grand dieu, jamais je ne l'admettrai. Si mon père me voyait, il me flanquerait sûrement une correction digne de ce nom. Putain.

En attendant, on est dans une belle merde. Comment s'en sortir ? Pour l'instant, je l'ignore. Merde.

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