Chapitre 2 - Calixte

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Le Caire, Égypte - quelques heures avant l'enlèvement.

Non, mais je n'en reviens toujours pas. Il m'avait promis que je pourrais profiter de mes vacances sans être « baby-sitter » par l'un de ses Cerbères. Alors pourquoi est-ce que Frank, se trouve à quelques tables de moi? Faisant semblant de lire le journal. Pathétique. Et surtout pas très discret.

Bon ok, ça fait déjà plusieurs jours, que je sais qu'il est là. Mais en fait, ça me fait marrer de le voir galérer à trouver des moyens de se faire petit et discret. Au final, c'est tout le contraire.

Par exemple l'autre jour, j'étais dans la piscine de l'hôtel et monsieur a changé pas loin de cinq fois de chaise longue pour m'avoir toujours à l'œil. Le moyen que j'ai trouvé pour me débarrasser de lui à ce moment là? Je me suis rendue aux toilettes et j'ai attendu d'être sûre qu'il se trouve devant la porte d'entrée, pour sortir par la fenêtre présente dans la cabine de toilette où je me trouve. Et j'ai pu me rendre dans ma chambre en toute tranquillité. C'était à mourir de rire de le voir retourner à la piscine pour voir si j'y étais. Bien fait. Il n'avait qu'à tenir parole et ne pas me mentir.

Mais ce petit jeu n'a que trop duré. Il faut que j'y mette un terme. Toute de suite. Alors je lève et me dirige droit à la table où il se trouve. Frank fait genre de rien et fait semblant de continuer de lire le journal. Journal qui se trouve être à l'envers. Je m'assois face à lui, le plus naturellement du monde.

-Je ne savais pas que tu savais lire à l'envers, Frank. Ça doit être un peu compliqué quand même.

-Mademoiselle, soupire-t-il blasé, en posant son journal sur la table. J'ai des ordres. Je ne peux faire autrement. Croyez-moi, je préférerais ne pas avoir à jouer au chat et à la souris avec vous.

-Alors dans ce cas, rentre.

-J'ai des ordres mademoiselle, et une famille. Je ne peux pas me permettre de perdre mon travail.

-Je vois. Dans ce cas, je suis désolée. Ça risque d'être drôle.

-De quoi parlez-vous?

-Tu le sauras bien assez tôt Franck.

-Mademoiselle, s'il vous plaît...

Mais, je ne l'écoute déjà plus tant la colère inonde mon corps et mon esprit. Des années que je me coltine des gardes du corps, tout ça parce que je suis fille d'ambassadeur. Des années qu'on m'en rabat les oreilles. C'est pour ma sécurité. On ne sait jamais. Et des années que personne n'a rien tenté. Pourtant, j'ai été docile, acceptant la situation. Ne faisant aucune vague. Jamais.

La seule et unique fois où je demande à ce que cette satanée surveillance soit levée, mon père me sourit et acquiesce. J'étais tellement heureuse. Libre. J'étais libre. Je pourrais profiter de mon voyage en Egypte en toute liberté. Tu parles.

Il m'a menti en me souriant et me regardant dans les yeux. Foutu politicien. Foutu paternel. Il va m'entendre. Non, je vais faire pire. Qu'est-ce qu'un politicien déteste le plus? Une mauvaise presse. Je vais lui en faire voir de toutes les couleurs. On va voir s'il ne le rappelle pas son foutu service de sécurité. Bonjour, frasques et compagnie. Me voilà.

Et je sais très exactement par quoi je vais commencer. Le type de l'accueil n'arrête pas de me draguer depuis mon arrivée. Je crois qu'il est plus que temps d'accepter ses avances. C'est donc d'un pas décidé que je me rends à l'accueil.

Le type en question se trouve être au téléphone, je lui fais un petit signe pour lui faire comprendre que je souhaite lui parler. Il lève un doigt, me signifiant de bien vouloir patienter quelques instants, ce qui m'agace d'autant plus, que je sens le regard désapprobateur de Franck dans mon dos. On parie combien, qu'il a déjà le téléphone en main, prêt à appeler mon très cher père.

Le garçon de l'accueil repose enfin le téléphone, il me regarde et un petit sourire se dessine sur son visage. Sourire, auquel je réponds sans réelle conviction. Mais bon, j'ai un père à faire enrager !

-Mademoiselle Winter, que puis-je pour vous?

-Et bien, je me disais qu'une fois votre service terminé, nous aurions pu aller prendre un verre ensemble ou sortir. J'adore danser.

-Je... euh...

-Ou... peut-être me suis-je... méprise sur vos intentions?

-Non, pas le moins du monde. Mais j'avoue que vous me prenez de court.

-Vraiment?

-Oui. Je ne pensais pas que vous accepteriez un rendez-vous.

-Vous vous êtes trompés. J'en suis ravie.

-Une fille comme vous...

Oh la, mon pote. On se calme là.

-Je ne suis pas un monstre.

-Non. Mais, vous êtes la fille d'un ambassadeur et je ne suis qu'un simple employé d'hôtel.

-Et alors?

-Est-ce que ça change quelque chose? minaudé-je.

Une vraie greluche. Qu'est-ce que je ne ferai pas pour faire payer à ce cher papounet son gros mensonge.

-Non. Non. Euh... Je vous appelle dès que je quitte mon service vers 22h. Et on se retrouve dans le hall, ça vous convient ?

-Super ! Alors, à tout à l'heure.

Puis, je repars, direction ma chambre. Ce soir, je me lâche ! Mais d'abord, petits préparatifs de quoi faire faire une crise cardiaque à mon père. Je crois que j'ai la tenue idéale. Passage obligatoire à la douche d'abord ! Allez hop !

L'eau chaude me délasse. Une fois sèche, j'enfile des sous-vêtements en dentelle noire très sexy, on ne sait jamais. Si mon père aperçoit ne serait qu'un petit bout de dentelle, il va faire une syncope c'est sûr. Et je ne doute pas que Franck lui envoie des photos. Je paierai cher pour voir sa tête ! Allez maintenant la robe. Une petite robe noire très près du corps qui s'arrête à mi-cuisse. Avec un décolleté qui met en valeur ma poitrine. Ma paire de Louboutin et mon perfecto noir par-dessus et tout y est. Maintenant, coiffure et maquillage. Un chignon style coiffé décoiffé et un smoky eyes. Et voilà le travail ! Papa, agrippes-toi bien à ton fauteuil ! Ça t'apprendra à ne pas tenir tes promesses et engagements ! Je vais faire comme toi ce soir. Oublier que je suis une petite fille sage d'ambassadeur.

Je sors de ma chambre, petit sac en cuir en bandoulière, après l'appel du petit réceptionniste et me dirige vers l'ascenseur pour le rejoindre dans le hall de l'hôtel. Il attend déjà en faisant les cents pas dans l'entrée. Serait-il nerveux?

Je le détaille en me dirigeant lentement vers lui. Il ne m'a pas encore vue. Il est plutôt mignon. Pas d'une beauté ravageuse, mais pas mal. Assez grand, je te dirais environ un mètre quatre-vingt. Les cheveux courts sur les côtés, un peu plus longs sur le dessus et plaqués en arrière d'un noir profond. Son teint mat, contraste avec sa chemise blanche. Il s'est changé lui aussi pour l'occasion. Il a mis un jean noir qui lui sied à merveille, épousant ces cuisses musclées. Ok, j'aurais pu faire un plus mauvais choix.

Du coin de l'oeil, je repère Franck qui me suis d'un regard ahuri. Et oui, mon grand ! Papa ne va pas être content ! J'espère qu'il lui enverra des photos de ma tenue. Je le vois saisir son téléphone. Bingo !

Je continue d'avancer vers mon rencard, quand ce dernier finit par m'apercevoir. Et ce qu'il voit semble lui plaire. Un sourire se dessine sur son visage et son regard de jais se balade langoureusement sur mes courbes. Profites-en coco ! Je ne suis pas l'écervelée que je parais être ce soir.

-Tu es superbe, me doit-il lorsque je le rejoins.

-Merci. T'es pas mal non plus, minaudé-je. Quel est le programme ?

- Tu as dit aimer danser hein? Alors j'ai pensé : boîte de nuit. Un de mes amis est propriétaire d'un club assez sélect en ville, ça te dit?

-Super ! sauté-je sur place en frappant dans mes mains. Je te suis, ajouté-je en lui passant mon bras sous le sien.

Allez coco, ce soir, c'est monsieur l'ambassadeur qui régale ! Le pauvre Franck, une boîte de nuit ! J'espère que ça va pas lui faire trop. À son âge, on n'a plus les mêmes réflexes ! Je me retourne discrètement, pour lui faire un clin d'oeil, qu'il comprenne bien le message.

Sous le regard furieux de Franck, je sors bras dessus, bras dessous avec le jeune réceptionniste dont j'ignore même le prénom, direction sa voiture.

Un fois, arrivée devant le club, je me rends compte qu'il ne sait vraiment pas fichu de moi. C'est blindé de monde. La file d'attente est impressionnante. Je commence à me dire qu'on ne pourra jamais rentrer, quand le jeune, qui s'appelle Ilyès, me prend la main et m'entraîne vers les deux vigiles de l'entrée. Il leur parle quelques instants, avant que les deux titans nous laissent passer.

L'endroit est immense. Des miroirs ornent tous les murs, excepté celui derrière le bar, vers lequel m'entraîne Ilyès.

Après quelques verres de tequila, je décide qu'il est temps d'aller danser. Malgré le monde, mon Cerbère de Franck a quand même réussi à entrer. Il est posté un peu plus loin, adossé à un mur et tire la gueule. Ce qui, je dois bien l'avouer, me réjouit.

Je danse depuis je ne sais combien de temps, mais je suis bien, détendue. Ilyès ne m'a pas lâchée d'une semelle, sauf pour se rendre au bar.

Lorsqu'il revient, la musique change et désinhibée par l'excès d'alcool, faut-il préciser qu'en jeune fille obéissante, je ne bois jamais, j'entame sur le rythme langoureux de la chanson, une danse sensuelle au plus près du corps de mon jeune réceptionniste, qui n'a pas l'air de s'en plaindre. Dos à lui, je me déhanche tout en collant mon buste et mon bassin au sien. Il ne peut rien cacher de l'excitation qui le gagne et qui déforme maintenant son pantalon. Je me laisse aller et accentue mes déhanchements, jusqu'à ce qu'on soit bousculé et qu'un verre se renverse sur ma robe. Merde. Je suis trempée. Ilyès alpague le mec et lui demande de s'excuser, pendant que je me faufile à travers la foule en direction des toilettes.

J'éponge tant bien que mal, le haut de ma robe. Puis, je prends le temps de m'observer quelques instants dans la glace. Pas trop de dégâts. Ouf !

Au moment où je sors des toilettes, on me ceinture brusquement par derrière et m'attire violemment contre un torse avant de me planquer un bout de tissu sur le visage. L'odeur est forte. Je vois flou. Je pense un instant à Franck. Puis, c'est le noir total.

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