Elle, libre...

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Quand la musique résonne, quand tu entres sur scène, tous les regards se braquent vers toi. Je suis comme eux, je ne te quitte pas des yeux. Seulement là, où il ne voit qu’un spectacle excitant : celui d’une femme peu vêtue qui danse sur une barre, j’y perçois une signification beaucoup plus profonde.

J’entrevois le fruit de tes efforts : tes muscles gonflés par des heures d’entraînement, la souplesse de ton corps gagné durement, l’aisance dont tu fais preuve pour te mouvoir devant eux. Les figures se suivent sans se ressembler, me démontrant à quel point ton spectacle est pensé. J’admire ta maîtrise et ta grâce dans la fluidité de tes mouvements.

Des cris… Mais pauvres animaux, vous ne comprenez rien. Vous la croyez soumise à vos désirs. C’est d’un pathétique. Aucun d’entre vous ne pourra jamais toucher sa peau soyeuse. Aucun de vous ne connaîtra la chaleur de ses lèvres sur les vôtres. Imaginez, c’est tout ce qu’il vous reste.

Cependant, j’ai honte d’avouer que tu ne me laisses pas insensible, mon ange. Tes mouvements sensuels me provoquent des frissons de plaisir. C’en est presque douloureux, tant mon pantalon me serre. Il n’y a que toi qui me fais cet effet-là.

Se termine le spectacle et alors qu’elle salue, un homme lui tend des billets. C’est toi qui lui manges dans la main, pauvre merde. Tu pourras lui donner tout ce que tu veux, elle ne sera jamais à toi.

Mon ange disparaît de la scène. Fin du spectacle, retournez à vos vies mornes.

Je l’attends et nous rentrons ensemble. Quand nous quittons la boite, je marche toujours derrière elle, ainsi personne ne sait notre relation. Je ne veux pas lui causer de problèmes. Ce n’est que lorsque nous arrivons dans la rue de notre immeuble que je me rapproche. Sa main vient se glisser dans la mienne.

– Tu as faim ?

Elle me tend les billets que l’autre connard lui a donné.

– Tu veux quelque chose ?

Elle réfléchit. J’aime son petit air concentré quand elle le fait. Un sourire se dessine sur son visage dessinant ses fossettes. J’ai envie de les embrasser. Elle est si belle.

– On se prend un poulet rôti ?

– Je te ramène ça.

Alors que je vais pour m’éloigner, elle me rattrape par la manche et m’amène à elle, pour un baiser brûlant. Je n’ai qu’une envie, c’est l’attirer à moi, pour la découvrir encore plus profondément. Seulement, ce n’est pas le moment.

– On est dans la rue !

Elle me fait un petit clin d’œil mutin.

– Et alors ?

J’ai le double de ton âge mon ange, et ça se voit.

– Je reviens avec ton poulet.

Mon ange disparaît, happé par le hall.

Je ne devrais sûrement pas tant m’attacher. Quand elle partira, la chute sera dure seulement, j’aime être avec elle. Jamais personne ne m’a donné un millième de ce qu’elle me donne. Je ne peux m’empêcher d’être heureux quand je suis dans ses bras. Elle est exceptionnelle. Je veux tout faire pour qu’elle connaisse le bonheur.

Je rentre avec un sac embaumant l’air d’un délicieux parfum, à la main. Mon regard erre sur les voitures et les passants. Ils me paraissent pressés de rentrer chez eux. Sans doute parce qu’il ne fait pas très chaud et qu’on approche de minuit. D’habitude, mon ange travaille plus longtemps, mais là, elle s’est contentée de faire un passage rapide. Elle n’a sûrement pas la tête à ça.

J’entre à mon tour dans l’immeuble et gravit les quatre étages qui me séparent d’elle. Son appartement est le dernier un petit F2, mais avec une large terrasse. L’été, pendant les chaudes nuits, elle aime y danser jusqu’à en tomber de fatigue. Les autres ne comprennent pas. Ils la prennent pour une folle. Elle est juste perfectionniste, répétant inlassablement les mêmes gestes, jusqu’à attendre le niveau qu’elle souhaite.

Je pousse la porte qui n’est pas fermée. Cela me fait grincer des dents. J’ai peur pour elle.

– Voilà ton poulet !

Je la retrouve au milieu de la pièce, débarrassée de ses vêtements, ayant gardé le strict minimum pour travailler. Elle me regarde la tête en bas, suspendue à la barre par la simple force de ses jambes. Brusquement, elle se laisse tomber pour s’arrêter à quelques centimètres du sol. Comment fait-elle ça ?

– La porte était ouverte…

– C’était mieux pour que tu puisses rentrer.

Elle n’a pas tort.

– J’ai mes clés.

Se laissant tomber au sol, elle se relève avec un gracieux mouvement de jambes.

– Tu ne les as plus.

Je fronce les sourcils et fouille dans ma poche. Rien.

– J’en avais besoin pour rentrer. J’avais oublié les miennes.

– Quand les as-tu pris ?

Elle sourit. Je crains de comprendre sa réponse.

– Tu te ramollis, beau gosse.

Mon ange s’approche, magnifique. Sa main se pose sur ma chemise. Ses lèvres s’approchent des miennes.

– Tu veux quoi ce coup-ci ? Mon porte-feuille ?

Elle éclate de rire. C’est si bon de la voir ainsi. Je voudrais qu’elle puisse être aussi bien, à chaque instant.

Ses mains prennent les miennes, pour m’entraîner jusqu’au fauteuil faisant face à la barre qui trône au milieu du salon. Elle m’incite à m’asseoir. Je me débarrasse de mon manteau, le posant sur le dossier du siège. Quelques secondes après, elle est sur mes genoux, sa bouche sur la mienne. La caresse de ses mains sur mon visage, son souffle chaud qui se mélange au mien, elle me rend fou. Avec précaution, je l’enlace. Mes doigts remontent jusque dans ses cheveux, et effleurent sa nuque.

Je veux l’aimer. Je veux lui faire plaisir. Je veux la voir la plus heureuse possible. J’y pense depuis un moment… Et si j’osais. Mais si elle ne le souhaite pas… J’hésite.

Mon ange se détache de moi.

– Tu veux un show privé ?

– Tu as une nouvelle figure à me montrer ?

Ses mains glissent jusqu’à mon pantalon. Je retiens mon souffle, alors qu’elle déboutonne le vêtement. Je ne veux pas lui montrer l’état dans lequel elle me met.

– Comme ça, tu ne seras pas trop à l’étroit, rit-elle, avant de courir jusqu’à la barre.

Quand je la vois comme ça, elle me paraît si libre. Rien ne l’emprisonne…

À nouveau, elle me prouve à quel point elle est habile. Son corps danse, ondule contre la barre métallique. Ses mouvements langoureux ne me cachent rien de ses formes. Comment peut-elle ne pas s’aimer ? Jambes trop courtes et poitrines trop plates, m’avait-elle dit. À mes yeux, elle est la plus magnifique des femmes. J’aimerais qu’elle puisse me voir comme je la vois.

Son soutien-gorge ne tarde pas à tomber à ses pieds. Je fais de mon mieux pour ne pas lui dévoiler à quel point je suis séduit. Seulement mon corps commence à parler pour moi. Mon ange ne tarde pas à retirer le dernier rempart entre son intimité et mon regard. Abandonnant sa danse, elle s’avance vers moi, royale.

Debout, devant moi, elle se penche pour m’embrasser alors que ses doigts s’affairent sur les boutons de ma chemise. Alors j’ose.

– Attends !

Je me redresse. Ses yeux se lèvent vers moi, interrogateurs.

– Assieds-toi.

Le sourire aux lèvres, mon ange se laisse tomber sur le fauteuil. Je m’agenouille devant elle. Ma bouche se pose sur la sienne alors que mes mains effleurent délicatement l’aréole de ses seins. Je sens ses tétons se dresser de plaisir. J’embrasse lentement son cou, avant de laisser descendre ma langue sur ses petits dômes de chair qui m’appellent. Je la sens fébrile.

Après un instant de jeu, je reprends mon voyage. En glissant vers le bas, je ne me lasse pas d’embrasser chaque parcelle de son corps. Sa peau est si douce. Je m’approche dangereusement de son intimité. Elle le sent puisqu’elle m’interroge.

– Qu’est-ce que tu fais ? soupire-t-elle.

J’aime le désir dans sa vie. J’ai l’impression qu’elle a envie que je continue. Cela me conforte dans mon idée.

Ma langue caresse délicatement cette zone si intime de son corps. Je la sens frissonner, mais elle ne me demande pas d’arrêter alors je continue. Je la sens moite d’envie, la peau brûlante. Toutes mes pensées se tournent vers un seul et unique but : lui faire plaisir.

Un petit gémissement s’échappe de sa bouche lorsque je m’insinue en elle, pour y déposer un baiser humide. Je me laisse aller à quelques mouvements lents, alors que son corps m’accompagne.

Après quelques instants où je la titille avec délicatesse, ma bouche trouve un point sensible que je prends plaisir à effleurer tout en douceur. Je ne voudrais pas la blesser. Peu à peu, je sens sa chaleur envahir ma bouche. Son goût est sur mes lèvres, mon nom est sur les siennes et je me suis heureux d’avoir osé.

Je la sens sous l’emprise d’un désir intense qui ne demande qu’à être libéré en une explosion de bonheur. Ses mouvements me le prouvent alors que son corps se cambre. Je me décide à rester fixe, collé à ce petit renflement de chair si délicat.

– Je vais…

Je lui fais signe que c’est bon. C’est ce que je veux depuis le début.

Encore quelques gestes, et elle se contracte, avant de totalement se relâcher. Un soupire d’aise l’emplie. Elle est magnifique.

Je caresse son visage avec tendresse. Sa peau est humide de sueur, elle n’en reste pas moins désirable. Mes lèvres se nichent au creux de son cou, je hume son parfum sucré. Elle est si délicieuse. Je ne ferais cela pour aucune autre.

Je me redresse en souriant, la sachant heureuse du moment passé.

Mon ange se penche vers moi, tentant de me combler à son tour. Mais je boutonne mon pantalon.

– Cette nuit est la tienne. Je n’ai pas besoin que tu fasses ça, pour moi.

– Juste une nuit ? me demande-t-elle moqueuse.

– La première. Tu en auras beaucoup d’autres, mon ange. Je te le promets.

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