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Le vieil homme surpris et effrayé de l'arrivée de cet homme nu et couvert de sang, lâcha ce qu'il tenait en main : la bourse de Rékaël. Les pièces d'or s'échappèrent de la poche de cuir et se répandirent sur le sol. Le vieillard se mit à trembler, surtout lorsque l'adversaire s'avança vers lui. Car il remarquait les yeux d'argent teinté de rouge et devinait que l'arrivant n'avait d'humain que l'apparence. Il s'en voulait d'être revenu au village, tombant à genoux, il se prosterna à terre et supplia :

— Pitié ! Ne me tuez pas !

Le vieillard s'adressait à lui en Népali. Bien sûr, le dragon n'eut aucune peine à comprendre. Il eut un sourire carnassier et répondit :

— Donne-moi une seule bonne raison ne pas occire sur le champ, le voleur que tu es ?

— Ma famille a faim Seigneur, soyez indulgent ! Mon fils a eu un accident, il ne peut plus nourrir sa femme et ses enfants et ...

Rékaël l'interrompit :

— Silence !

L'intrus obéit et s'aplatit plus encore, sur le sol. Rékaël soupira en contemplant le chapardeur. lI s'interrogea, que faire de lui ? Le tuer ? Il craignait que cela ne soit pas opportun, mais le laisser vivant, non plus. L'une ou l'autre solution, trahirait sa présence dans cette région du monde. Il lui ordonna :

— Relève-toi.

Le népalais s'empressa d'obéir. Le dragon lui jeta ensuite :

— Ramasse mon or et range-le dans ma bourse !

Le vieil homme obtempéra encore. La voix du dragon s'adressa une troisième fois à l'intrus :

— Approche !

Il se plia à l'ordre de Rékaël. Ce dernier tendit la main, en tremblant, le vieillard posa le petit sac au creux de la paume du dragon qui referma sa main griffue sur le cuir de l'objet, en intimant au vieux la recommandation suivante :

— Tu vas filer d'ici sans te retourner, et en jurant de ne plus y revenir, car je te le promets, si tu reviens, je te retrouve et je te tue, est-ce clair ?

— Oui seigneur, je le jure !

— Va-t'en !

Le vieil homme sortit et détala, aussi vite que ses jambes pouvaient le porter. Seul à présent, Rékaël savait qu'il était plus prudent de ne pas s'attarder. Avant cela, il se nettoya, s'habilla et, en dernier, fixa sa bourse à sa ceinture. Enfin, il quitta la maison. Dehors, des bourrasques de neige le frigorifièrent, il resserra sa houppelande prit la route de l'ouest, direction l'inde...


Europe - France - Allègre

Après le dîner, la jeune fille et son aïeule s'installèrent au salon. Odette alluma son antique télé, aux programmes des plus limités. Odette du canapé zappa sur une chaîne.

— Une émission de variétés, cela te va ?

Ainsi jeta-t-elle un pont entre elle et Penny. La jeune fille semblait perdue dans ses pensées. Elle caressait distraitement Noisette, qui, lovée sur ses genoux, s'endormait déjà. Cependant l'adolescente leva la tête en demandant :

— C'est quoi des "Variétés ?"

— Une émission avec des chanteurs, de la musique, etc.

— Ah ! D'accord.

Odette prit place près d'elle. Le programme débutait, elle se focalisa sur lui. Penny par contre avait déjà la tête ailleurs...


Chaîne de l'Himalaya - Népal

Rékaël poursuivait sa descente, il veillait cependant à rester à l'écart des habitations humaines. Sa rencontre inopinée avec le vieillard le rendait prudent. Pour l'heure, il ne neigeait plus et le dragon appréciait cette accalmie. Le soir descendait sur les montagnes, les ombres s'allongeaient et le froid s'accentuait.

L'adversaire songea qu'il allait devoir trouver un abri pour la nuit qui s'annonçait. Il stoppa sa marche. Longeant à cet instant une paroi rocheuse, le dragon y nota quelques anfractuosités. Il supposa que l'une d'elles, pourrait dissimuler une cavité assez vaste pour l'accueillir. Levant les yeux sur la plus large, il se dit : "Celle-ci devrait convenir !"

Rékaël se dévêtit, se transforma, et emportant ses effets entre ses griffes, s'envola d'un coup d'aile puissante, vers la grotte supposée et convoitée.

Il s'y glissa sans mal, comme il l'espérait, la crevasse s'ouvrait sur une voûte suffisamment grande pour qu'il s'y sente à l'aise. Rékaël reprit sa forme humaine, et s'installa. Il parvint à se détendre, sourit et se dit : "Si j'allais rendre visite à ma petite Penny ?"

Ainsi ferma-t-il ses yeux de sang et d'argent, son visage se figea et son esprit s'envola...


Europe - France - Allègre

Odette éteignit le téléviseur. Il était vingt-trois heures. Elle pivota vers le canapé. La jeune fille, la tête sur l'accoudoir, et les jambes recroquevillées, dormait. Noisette, pelotonnée près d'elle, sommeillait également.

La vieille femme sourit avec attendrissement. Elle s'avança ensuite, et doucement caressa la joue de la jeune fille, en même temps, elle murmura :

— Penny ? Le programme est fini, il est temps de monter dans ta chambre.

L'adolescente bougea un peu. Un léger soupir s'échappa de ses lèvres, elle ouvrit les yeux. Noisette leva la tête, s'étira et bâilla avant de sauter sur le sol et de s'éloigner d'une démarche lente et posée.

Penny par contre, tourna le dos à sa grand-mère et se rendormit. Odette un peu contrariée, avança sa main afin de la secouer avec un peu plus de force. Quand soudainement elle se figea. Une fine buée s'échappa de ses lèvres, la température chuta brusquement.

La vieille femme frissonna, pas vraiment de froid, mais de peur ! Elle se domina, ferma les yeux et évalua par petites touches le climat spirituel de la pièce à vivre. Elle n'eut plus de doutes, une entité ancienne et malveillante s'était introduite dans sa maison. Sa stupéfaction n'avait d'égal que sa détermination à chasser ce mauvais esprit.

Que cherchait-elle ? Elle l'ignorait, mais elle devinait que c'était en rapport avec sa petite fille. Odette écarta les bras, se rapprocha du canapé et effectua plusieurs mouvements rotatifs au-dessus de Penny. Quelques étincelles bleutées s'échappèrent de ses doigts. Une sorte de cocon d'énergie entoura la jeune fille qui dormait toujours.

La vieille dame, à voix haute, s'adressa à l'entité :

— Qui es-tu et que veux-tu ? Tu n'as rien à faire chez moi !

Elle attendit une réponse, celle-ci tardait. Soudain une énergie rouge sang, parcourue d'étincelles argentées se matérialisa non loin d'elle. Une sorte de terreur se saisit de la vieille femme. Elle n'avait jamais vraiment rencontré ce type de manifestation, mais la druidesse qui l'avait formée lui en avait parlé. Ainsi, elle la reconnut, elle s'exclama :

— Un dragon ? Je croyais que tous ceux de ton espèce avaient disparus ?

La réponse lui parvint, elle résonna dans son esprit :

- Et moi je pensais que les religions humaines monothéistes brûlaient sur des bûchers ton engeance, sorcière !

La frayeur d'Odette s'accentua, tandis que Penny se réveillait en sursaut...

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