L'adversaire

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Depuis des temps immémoriaux, Rékaël surveillait l'espèce humaine. Des êtres si facilement influençables, mais qu'il aimait profondément. Au départ, il était là pour aider, soutenir et conseiller. Il le faisait avec joie et bonheur.

En cette lointaine époque, il parvenait encore à maintenir chez les hommes un certain équilibre. Sensibles à la magie la plupart respectaient les enseignements de Terre-Mère. Le monde restait beau. Hélas l'esprit humain conservait une nature belliqueuse et perfectible, en conséquence les guerres demeurait inévitables.

Les hommes se noyaient dans leur obscurité. Quand Rékaël les voyait mal agir, sa souffrance devenait insupportable. Un jour, la douleur et la déception furent trop fortes, il prit une décision aussi subite que malvenue, et totalement interdite : unir voire fusionner son âme pure, à celle d'un homme. Il visait un but admirable : faire comprendre à la multitude par cet intermédiaire, à quel point il était périlleux de succomber à leurs mauvais instincts.

Hélas, c'est lui qui fut contaminé. Dès lors inexorablement, l'humanité s'achemina vers son crépuscule !

Rékaël connut le jugement de ses pairs ; il fut sans appel, on le condamna à l'exil. La magie, peu à peu, se retira du monde des humains, les créatures fabuleuses quittèrent la terre pervertie par les ténèbres. La connaissance du merveilleux se perdit, il ne fut plus dans l'esprit des hommes qu'un lointain souvenir, et l'apanage de quelques personnes qui s'accrochaient encore aux croyances ancestrales de la nature.

Rékaël fut contraint d'assister à cette déchéance, et lui qui avait tant aimé les humains, se mit à les haïr profondément ; il se jura qu'il œuvrerait pour les conduire plus rapidement encore à leur perte.

Il devint l'adversaire de Terre-Mère, si fidèlement servie autrefois, celui qui susurrait à l'oreille des hommes de machiavéliques conseils, les poussant sur la voie obscure d'une technologie débridée et sans contrôle, les incitant à succomber au mercantilisme, jusqu'à ce qu'ils ne voient que le profit, les hommes commencèrent à scier la branche sur laquelle ils étaient assis.

L'adversaire avait atteint son but.

Un jour, s'éveilla en lui un besoin irrépressible, celui de revoir les siens. Il en avait assez d'influencer des créatures faibles et suffisamment stupides pour détruire sciemment leur monde, de ressentir la souffrance de Terre-Mère, de vivre en cette contrée viciée et sans espoir.

Rékaël contacta Lophalia et tenta de la décider pour qu'elle le conduise jusqu'à la dernière porte menant au monde de la magie.

Elle refusa, non parce qu'elle ne le voulait pas, quoiqu'il y eût de ça, mais parce que cette porte ne pouvait être trouvée et ouverte que par un être humain converti à l'appréhension du merveilleux.

L'adversaire ne la crut qu'à moitié. De là, il se réfugia dans une grotte obscure, au sommet d'une haute montagne et décida de se laisser mourir sans plus intervenir... Jusqu'au jour où il entendit l'appel de Lophalia.

La dernière licorne demandait de l'aide, et il perçut une réponse. Lophalia avait trouvé un humain sensible à la magie. Rékaël décida que ce serait lui et lui seul qui attirerait cet humain, ou plutôt cette humaine, dans sa direction. Oui, la jeune fille l'aiderait de gré ou de force. Un regain d'énergie sombre le parcourut, et à voix haute, seul dans sa grotte, il clama : "Penny, tu seras à moi."

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