19.

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- Et Ti… Fu… MI !

Ciseau contre pierre. Imo saute presque de joie. Un vrai gamin pour Sanchez, qui pousse un grognement et préfère fendre l’air de son poing. Pour ce que ça change au final, le résultat sera le même. Avec sa nonchalance coutumière, Imo va se planter à quelques mètres du Samouraï.

Grinçant des dents, le regard fermé, sa main droite serrée autour du pommeau de son sabre, le SuperZ a horreur d’être mis sur le banc de touche ou pire, d’être rabaissé comme un vulgaire va-nu-pieds. Ces arrogants vont payer. Certes, il ne peut tuer un immortel, les abysses savent qu’il a pourtant essayé. En revanche, rien ne l’empêche de le découper et ramener ses membres à sa patronne.

Son katana fonce vers la gorge d’Imo, qui glisse sur le côté et, souriant, lui envoit un violent coup de coude entre les deux yeux. Le Samouraï titube, puis se fait projeter contre la guérite, qui explose en morceau à l’impact, lorsqu’Imo lui écrase l’estomac d’un coup de pied. Il suffit d’une fraction de seconde au sabreur pour se rétablir et retourner à l’assaut, mais où qu’il frappe, aussi rapide soit-il, jamais sa lame n’arrive à effleurer l’immortel qui semble devancer chacune de ses attaques. Lui au contraire, contre-attaque à travers la garde laissée grande ouverte entre chaque estocade.

Finalement, après un emplâtre dans le bedon de trop, le Samouraï bondit en arrière, crachant un mollard rougeâtre sur le sol à présent détérioré.

- Pas mal, déclare-t-il en s’essuyant les lèvres avec une manche de son kimono. Mais si tu crois qu’avec de minables petites attaques tu vas me mettre à terre, tu te trompes.

- Pff… Sans blague Watson, réplique Imo, élargissant son sourire. En attendant, tu craches du sang et ne peux pas me toucher, mais continue donc ton esbroufe. J’ai l’éternité devant moi, peux-tu en dire autant ? J’en doute. Tu n’es qu’un épéiste en carton, tout juste habile à tailler du lard et plus faible que toi. L’invalide par excellence qui ne mérite pas son pouvoir.

- Insolent !

Le Samouraï s’élance à nouveau, lacérant l’air de sa lame à une vitesse dépassant l’entendement humain. Plus, si l’on en juge les coupures qui commencent à zébrer le corps d’Imo, malgré ses esquives. Pourtant l’immortel ne se départ nullement de son rictus moqueur. Il immobilise et attrape le poignet du Samouraï pour le projeter d’un mouvement d’épaule contre un mur, plusieurs mètres au-dessus du sol.

- Evidemment, dit Imo pendant que son adversaire se remet lentement sur ses pieds. Face à un SuperZ, aussi prétentieux soit-il, ma force seule ne suffit pas. Pas ici, ni maintenant.

De sa poche, il sort un flacon-injecteur emplie de la même substance grenat que Sanchez lui avait arraché quelques semaines auparavant en le détroussant. Un Mirage. Sans plus de cérémonie, Imo se l’injecte dans le bras et s’ébroue.

- Je n’ai rien contre un petit coup de boost moi aussi, se sent-il obligé de préciser en croisant le regard intrigué de Sanchez. Et puis je n’ai rien contre renouer avec la Terre une fois de temps en temps…

- Cesse de discuter et paie le respect que tu me dois !

La lame fend l’air, cisaille le vide. Elle tournoie, mais ne rencontre aucun obstacle. Le Samouraï enfiévré arrête ses moulinets, jetant des regards autour de lui. Aucune trace d’Imo.

Le SuperZ a connaissance de l’étrange présence de l’immortel. Pourtant, il ne sent rien, ne voit rien et n’entend aucune respiration autre que celle de son acolyte. Il s’apprête d’ailleurs à changer de cible, quand une douleur fulgurante explose près de son coeur. La seconde suivante, il se retrouve projeter au fond de la pièce, gondolant presque le mur en carboradium.

En s’écrasant, il entraperçoit Imo. Un voile écarlate occulte une partie de son champ visuel, mais le peu qu’il discerne suffit à le faire frissonner. En apparence, le jeune centenaire est inchangé. Seul son oeil gauche irradie d’un brasier céruléen, dont chaque mouvement semble laisser une trainée ardente dans les airs. Son aura, elle, est très différente, pratiquement palpable et en même temps, si indistincte… Et puis cette force… Au moins égale à celle du numéro 2.

Le Samouraï se relève lentement, brandissant son katana à deux mains, pointant l’estoc en direction de son adversaire. Il inspire profondément.

- Ah ! On devient enfin un peu sérieux ? s’enthousiasme Imo dansant d’un pied sur l’autre. Tu fais bien.

Le jeune homme sourit, faisant frissonner le sabreur. Trop calme et détendu. Voilà ce qui cloche. Lentement, il se met en garde, seulement…

Imo a disparu. Encore.

Le Samouraï cligne. Un dixième de seconde tout au plus. C’est pourtant suffisant.

Un étau glacial se referme sur sa nuque, l’écrase. Malgré sa vitesse, il a à peine le temps d’amorcer une taillade arrière, qu’un violent choc brise sa colonne. C’est comme recevoir un coup de masse, droit dans les vertèbres, qu’il sent craquer et s’encastrer dans ses muscles meurtris.

Il parvient cependant à se retourner, craquant et grimaçant pour à nouveau reprendre sa taillade en folie. Sa vision se trouble, pour autant il finit par sentir sa lame s’enfoncer dans quelque chose de plus solide.

- Je te tiens ! s’écrie-t-il, ricanant. Prends donc un échantillon de mes nanorob…

- Nope.

La paume d’Imo le cueille au menton, puis écrase son larynx, le faisant graillonner. Un nouveau choc plie sa jambe droite dans un angle baroque, puis le même coup de pied qui auparavant l’avait projeté contre la guérite, l’envoie avec plus de force encore, faire l’amour à l’ascenseur.

Impossible… Il est censé être le plus…

Son visage vient percuter la chambranle en titane massif. Un craquement lugubre se répercute dans son crâne, précédant une explosion de douleur, comme jamais il n’en a connue. Puis la botte crantée d’Imo vient appuyer sur la figure ravagée du SuperZ. Compressées, ses cordes vocales vibrent, s’agitent, ne produisant qu’un croassement baveux.

- Oh pardon, tu sembles vouloir ajouter quelque chose…

Si loin… La voix est si loin… passant à grand peine le mur cotonneux qui obstrue ses tympans en confiture. Il sent néanmoins son corps être soulevé comme un vulgaire chiffon et se retrouver suspendu à la seule force démesurée d’un bras pourtant si frêle.

- Qu… Qu’est… Qu’est-ce que… tu es ? crachouille péniblement le Samouraï.

Imo hausse les épaules, manquant au Samouraï de dégobiller tripes, boyaux et toute son anatomie à cause du soudain trou d’air.

- Un monstre, répond-il simplement avant de lui briser la nuque, puis jeter son corps comme un chiffon usagé. On peut y aller !

Sanchez ne bouge pas. Habitué des pugilats un peu borderline, l’issue de l’affrontement, dont il n’a pas parfaitement saisi l’enchaînement, l’a tout sauf laissé indifférent. Une chance qu’Imo n’ait pas usé de son Mirage, lorsque Leone et lui l’avait acculé. Les chances pour qu’il se tiennent en ce moment côte à côte, seraient tout simplement nulles.

L’oeil incandescent d’Imo va se ficher dans ceux du savant, qui, à son tour, ne peut s’empêcher de frémir. Tous les Mirages agissent ainsi ?

- Eh bien, Monsieur le Scientifique, dit Imo. On a perdu de sa flamme ?

- Qu’est-ce que… commence Sanchez avant de faire plus pragmatique : Vous êtes différent. Vous allez bien ?

- Je pète la forme, vous voulez dire ! s’exclame-t-il en effectuant un salto. Pas de quoi s’inquiéter, ça me fait toujours ça les jours de Mirages, oh ho oh !

Imo s’esclaffe d’un calembour qu’il est seul à comprendre. Sanchez émet un petit rire nerveux. Mieux vaut ne pas se mettre ce fou furieux à dos.

- Bien ! On y va maintenant ? Allez, allez ! On y va ! Let’s go, comme dirait l’autre. Le réacteur n’attend pas. Plus vite, Sanchez ! Yiha !

Oui, de toute évidence le Mirage lui a englué le ciboulot. Préférant éviter d’être transformé en origami, Sanchez quitte l’ascenseur et traverse la pièce. Il se retourne en direction du corps, potentiellement sans vie du SuperZ. Il est toujours immobile. Pas de surprise de ce côté-là.

Son attention ramené vers l’unique porte qu’il s’apprête à franchir, le visage d’Imo pope soudainement devant lui. Sanchez manque d’avoir un infarctus. Un de plus dans cette soirée des plus animées.

- Pas d’inquiétude ! claironne le jeune homme. Le SuperZ s’en remettra. Peut-être… En fait, je ne sais pas, je ne peux pas voir aussi loin, là, tout de suite. Ni de l’autre côté. Mais… qu’est-ce que je voulais dire déjà… Hum… Ah oui ! On y va ?

- Vous êtes sûr que vous allez bien ? demande Sanchez, une main sur le coeur, palpant discrètement le canon de son arme.

- Trèèèès bien ! Juste une petite montée d’épinapr… éprinépine… d’adrénaline, quoi !

- D’accord…

- Vous inquiétez pas je vous dit. Tout est normal… Le Mirage stabilise mon Lien ! Il n’y a rien de bien effrayant à cela n’est-ce pas ?

- Stabilisé ? Vous vous attendez vraiment à ce que j’aille dans votre sens ?

- Bah ! Oubliez ! Vous n’êtes rien qu’un humain après tout. Intelligent certes, mais ignorant. Passons déjà cette porte et direction le réacteur (20). Vous l’avez dit vous-même, on n’a pas toute la nuit. Allez zou !

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