Faire du surplace

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24 Retour au point de départ

Depuis quelques-temps déjà, je repensais souvent à M. Je ne sais pas pourquoi. Chaque fois que j’essayais de l’oublier, les sentiments que j’avais pour elle semblaient me revenir plus fort encore. Je n’avais plus jamais de nouvelles d’elle. De plus, son amitié et sa présence me manquaient. Je lui écrivis pour essayer de réanimer notre amitié, mais je ne lui avouai en rien mes sentiments. Je m’étais promis de ne jamais le lui dire. Je n’eus pas de réponses directement. La confusion entrait de plus en plus en moi.

Je ne savais plus que faire, car malgré tout j’aimais Aurélia comme jamais. Mais je souffrais de plus en plus. La souffrance arrivait à son paroxysme. J’écrivis encore quelques poèmes sur elle sans qu’aucune des deux ne le sache : ni Aurélia, ni M. Personne d’ailleurs n’était au courant. Je décidai de partir à Clervaux quelques jours avec mon grand-père et je dis cela à mon médecin traitant qui approuva, pensant que ça allait arranger beaucoup de choses.

Quelques jours plus tard, mon grand-père et moi partions pour l’Abbaye. Là, je rencontrai un autre dépressif, Stéphane. Il me fit découvrir des musiques dépressives, comme Slint. J’écoutai de plus en plus KoRn, tout comme Kurt Cobain. Cette musique me soulageait un peu dans ma souffrance. Pendant tout un temps, je réussis à contenir mes angoisses grâce à leur musique, en chantant du KoRn avec mon bide (mais au fur et à mesure que le temps passait, cette technique ne suffit plus).

Le soir, avec Stéphane, on buvait comme des trous. J’avais acheté une bouteille de vodka et lui une de rhum brun. Mais ce garçon était aussi très mal. Il tentait un sevrage à l’héroïne. Par contre, vers 11 heures du soir, lorsque je me retrouvais seul, ça n’allait à nouveau plus. La journée, je passais mon temps à écrire cette histoire, et ce n’était pas de tout repos. Avec Stéphane, lorsqu’on était ensemble, ça allait encore, il y avait de l’alcool, j’étais angoissé, mais c’était encore supportable. Mais la nuit, je hurlais toutes les larmes de l’enfer qui brûlaient en moi, je cherchais n’importe quoi qui puisse me faire mal physiquement pour essayer d’enlever cette douleur. Je n’en pouvais plus, toutes sortes de pensées venaient en moi, je ne savais plus quoi faire, j’étais malheureux, je souffrais comme aucune personne normale n’avait souffert.

Nous fûmes rentrés le vendredi 12 juin 1998. Le lendemain c’était l’anniversaire de M., et préalablement je lui avais envoyé une carte pour en lui souhaiter un bon, un heureux anniversaire. Le bonheur, être heureux ! C’est ce que je souhaitais à tout le monde et à moi-même, mais je n’avais jamais pu réellement y goûter !

Lorsque ma mère vit l’état de mes bras et de mon ventre, avant de partir à Clervaux, elle se dit qu’il y avait un gros problème et commençait à me surveiller sans cesse de peur que je refasse une tentative de suicide. Ces doutes s’avérèrent bien réels.

Le mardi 16, ma mère devait aller à Wavre pour y faire des courses. Je l’accompagnai pour me changer les idées et pour aller voir François, Marie et les autres personnes de ma classe. Tout se passa bien. François lorsqu’il me vit, sauta même dans mes bras. On discuta un peu et puis je vis Alex. On partit à deux boire un verre et discuter, mettre les choses au point. Il me raconta un tissu de conneries, bien sûr : que le fait de ne pas me rappeler pour ces médocs était pour me rendre service. Il occulta aussi les moqueries que les gens de ma classe m’avaient rapporté. Bref, rien n’avait changé, la rage que j’avais pour lui s’était un peu juste apaisée. Je repris le bus et je rentrai à la maison à midi et demie.

Une fois à la maison, je fis une grosse connerie. Je me sentais mal, je souffrais horriblement. Je ne voulais pas faire souffrir Aurélia à cause de moi. Je décidai de rompre. Je lui écrivis une lettre. Lorsque je fus rentré après l’avoir posté, j’étais vraiment mal, j’aimais Aurélia, je ne voulais pas me séparer d’elle. L’angoisse suite à cet acte devenait de plus en plus forte.

Comme un robot, je me dirigeai vers mon bureau, je pris le cutter et commençai à me tailler les veines. Enfoncer le cutter dans ma chair encore et encore. L’entaille dans mon bras et d’ailleurs mon avant-bras tout entier étaient tels qu’ils auraient pu faire partie d’un film d’horreur bien gore. Mais je l’avais mal fait, le sang coulait, mais pas assez vite. Les veines étaient intactes.

J’essayais de le cacher, mais j’avais absolument besoin d’être recousu. Je le montrai à ma mère qui m’envoya sans plus tarder chez le médecin traitant. Après qu’elle eut fermé les plaies, elle téléphona à mon psychiatre pour que je le voie d’urgence. Je le vis le lendemain, en l’occurrence le mercredi, et le résultat fut que j’allais à nouveau être hospitalisé. Je contactai donc le docteur Schaffer, qui me donna rendez-vous à l’hôpital la Ramée le vendredi de la même semaine pour un entretien et visiter la clinique.

Le lendemain, jeudi, Aurélia rentrait de son internat car elle avait fini ses examens de fins d’études. Elle reçut ma lettre dès qu’elle posa ses affaires. Elle me téléphona directement après l’avoir lue. On s’expliqua au téléphone, tous les deux en pleurs. Je lui dis que j’avais fait une TS à cause de ma décision, mais elle passa l’éponge. Je lui expliquai aussi que je devrais probablement retourner en clinique, car ça ne pouvait plus continuer comme cela. On décida que je passerais la nuit chez elle avant d’aller à la clinique. Je m’arrangeai avec ma mère pour aller la chercher le lendemain à la place De Brouckère au centre-ville et de cet endroit, se rendre à l’hôpital. Ma mère fut d’accord et je pris le premier bus pour Leuven, afin de me rendre à Bruxelles, près d’elle, au plus vite.

On se retrouva, Aurélia et moi, à notre endroit habituel. On parla un peu. Ses yeux étaient tellement tristes que je regrettais mon geste, lui demandant je ne sais combien de fois pardon. Puis ce que j’avais fait fut oublié. On alla chez son père. On passa le début de la soirée chez lui, avec qui je discutai un peu. Il me passa un petit savon sur mon geste. Puis on alla fêter la fin de ses examens à deux. Première et dernière sortie en amoureux le soir. Nous allâmes dans différents endroits boire quelques verres. Nous voulions aller au cinéma, mais il n’y avait rien d’intéressant à l’affiche. Bref, on passa une fort bonne soirée et on rentra avec le dernier tram. Ce fut ma dernière soirée libre avant un mois et demi.

25 La Ramée

Je quittai donc au matin Aurélia pour aller chercher ma mère place De Brouckère. De là, je refis le trajet de tram en sens l’inverse avec maman pour aller à l’hôpital. En effet, le père d’Aurélia habitait tout près. Nous arrivâmes un quart d’heure en avance. Le médecin, lui, arriva un quart d’heure en retard. Il nous fit entrer dans un bureau de consultation. À un certain moment, il demanda à ma mère de sortir. Je parlai un peu avec lui, et lorsque ma mère revint, il nous annonça qu’il me gardait. Moi, qui ne venais que pour une visite puis réfléchir, j’étais directement hospitalisé. En plus, je n’avais aucune affaire avec moi ! J’allai remplir les formalités avec ma mère, puis une éducatrice vint me chercher et nous montâmes au deuxième étage, qui allait être ma nouvelle résidence.


Note : je reprends l’écriture maintenant, en 2015, après une petite tentative d’écriture en 2003 (pour le chapitre sur la Ramée jusqu’à la rentrée scolaire 1998.). Ne soyez donc pas étonné que le style change fortement, ou que je raconte les choses avec un plus grand recul, même si je vais faire tout faire mon possible pour écrire comme je ressentais les choses à l’époque.


La Ramée, pour vous situer un peu, est une clinique privée. Elle est composée de trois étages, le rez-de-chaussée destiné aux visites avec une petite cafétéria et un petit parc. Les jeunes se trouvent tous ensemble au deuxième, dans une section qui leur est un peu propre, et leurs activités sont à part du reste de l’établissement. Ils ont leur propre réfectoire, font certaines activités en commun, dont le mardi, où nous préparions nous même notre repas. Il y avait aussi à cet étage-là une salle d’informatique. On m’installa dans ma chambre, de deux personnes. Sur le lit d’à côté, mon voisin de chambrée dormait. Il s’appelait John. C’était un gars qui était là pour des problèmes d’alcool, et était aussi un peu simple d’esprit, je dois dire. Mais c’était un gars somme toute sympathique, malgré le défaut que je décrirai plus tard.

Bref, il était une heure lorsque je m’installai, et à peine mes affaires déposées, je dus me rendre au réfectoire, pour la réunion des jeunes. J’eus ma première stupéfaction durant cette réunion : la familiarité, à La Ramée, on ne connaît pas. Les patients et le personnel médical se vouvoient, même si une infirmière a le même âge que le patient. Malgré plusieurs tentatives où je demandais que l’on me tutoie, je dus m’y faire, c’était la règle, point barre. À cette réunion, on devait dire quelles étaient nos activités de l’après-midi. La Ramée était beaucoup plus stricte comme établissement, nous étions beaucoup plus contrôlés. Bref, je fis le tour des activités ce jour-là pour voir ce qui était proposé. Je migrai rapidement vers l’atelier peinture et informatique, je passais la plupart de mes activités à ces deux endroits.

Le soir-même, je fis la rencontre de Max, un « vieux » rocker, qui approchait la quarantaine. Il me faisait penser à Lemmy de Motorhead, le même type de look et des traits du visage vraiment identiques. La première fois que nos regards se croisèrent, il me dit toi « tu taffes ». Je répondis que oui, même si je n’avais plus touché un pétard depuis bien longtemps. Aurélia avait la beuh en horreur, son ex en fumait. Elle ne voulait pas que je fume devant elle, et je n’y avais plus touché.

On commença à parler de musique, jusqu’à ce que le parc soit refermé et qu’il remonte dans son unité. Max était pour là pour un gros problème d’alcool et à l’heure où j’écris ces lignes, cinq ans après, il a encore du mal à s’en sortir1. Bref, dès qu’il y avait moyen, on était à deux dans le parc, souvent avec ma guitare classique. Il nous arrivait de fumer des joints et boire quelques bières qui passaient en fraude. D’ailleurs, le résultat ne se fit pas attendre. Thierry fut renvoyé à cause d’une prise de sang. Ils le transférèrent à Fond Roy, qui est un hôpital nettement moins sympathique, dirons-nous. Il devait être ensuite transféré dans un autre établissement, à Thuin, nommé l’Espérance.

Une des activités des jeunes était de tenir un petit journal de l’hôpital. Avec les connaissances en informatique que j’avais à l’époque, je passai rédacteur en chef du journal. Cette activité me branchait bien. De temps à autre, pendant que j’étais dans la salle d’informatique, j’aidais les gens qui essayaient de se mettre au pc, plus particulièrement au traitement de texte. Je monopolisais assez bien le pc le plus puissant, le réservant dès que possible, surtout pour la rédaction du journal, qui nécessitait un programme un peu plus performant et uniquement installé sur cette machine-là.

Après une semaine ou deux sur place, Aurélia partit quelques jours. Je fis une gaffe. Il y avait à l’hôpital une fille que je connaissais de vue. Elle s’appelait Anabelle, habitait à Louvain-La-Neuve, était de la même école que moi, mais elle était de l’année des vieux briscards que j’avais cotoyé une époque. Nous étions fort attirés l’un par l’autre, et nous nous fîmes quelques bisous-bisous pendant ces quelques jours. Cela a duré je crois trois jours l’amourette avec Anabelle. Je pense qu’elle et moi étions simplement en manque d’affection, moi loin d’Aurélia, et elle dans cet établissement qui se sentait seule. J’appris d’ailleurs plus tard que systématiquement, lorsqu’elle était hospitalisée à la Ramée (elle y a été quelques-fois), elle cherchait un homme avec qui passer le temps. Mais lorsqu’Aurélia revint, je n’avais toujours d’yeux que pour elle, notre relation rentra dans l’ordre, plus amoureux que jamais. Tout se déroulait comme avant. Je pouvais sortir les week-ends et elle venait chez moi durant ce temps.

Finalement, Aurélia vint un après-midi me rendre visite juste avant son départ pour des vacances en Espagne. Elle m’annonça que c’était fini entre nous. Je commençai à trembler devant elle. Pour finir, nous ne nous sommes pas séparés. On allait profiter de ces vacances pour s’éloigner un peu et réfléchir. On ne se donnait presque plus de nouvelles. J’étais persuadé que cela ne donnerait rien de bon, le fait de prendre de la distance avec Aurélia. Mais il n’en fut rien.

Pendant qu’Aurélia était en Espagne, on fit une combine avec une fille du troisième étage que Max m’avait présenté. On connaissait tous les deux un gars qui bossait la journée et revenait à l’hosto le soir. Il voulait du shit, et une femme du premier pouvait en avoir. Le problème, lui rentrait trop tard, lorsqu’on ne pouvait plus se déplacer dans les autres unités. Donc, la fille faisait l’échange entre les deux. C’était trop tentant, l’envie de fumer, avec ce petit morceau entre nos mains, nous a submergés. Nous nous sommes gardé un beau morceau. Et bref, on fuma un petit ensemble, et je fumais seul, le soir dans le parc de l’hôpital avant que le personnel ne le ferme.

Mais la semaine suivante, ma mère m’annonça qu’il y avait une deuxième convocation à la gendarmerie. Pris de panique, je lui racontai donc l’histoire. Ça me pesait de pas sortir de l’hosto. À Erasme, si je voulais aller me balader, je pouvais le faire, en plus c’était à l’extérieur de la ville, je pouvais même aller dans les champs. Pas à la Ramée. On ne pouvait sortir seul que si l’on était majeur. Je m’ennuyais comme un rat mort. Je n’avais aucune liberté à l’endroit même. Ma mère, bien sûr, alla raconter ma petite aventure au toubib et cette convocation à la Gendarmerie.

Normalement, c’était l’expulsion du centre, avec possibilité que La Ramée porte plainte. Mais le docteur Schaffer fut assez compréhensif. Je n’eus droit qu’à une semaine de sortie interdite, ce qui équivalait, pour mon cas, à ne pas rentrer chez moi le week-end. Il me dit qu’il comprenait, que c’était en soi normal, mais il devait quand même sévir face à la situation. Le plus dur était que ça tombait pile un week-end de trois jours, et qu’il n’y avait quasi personne à l’hôpital. C’était la joie, je ne vous raconte pas.

La nuit, malgré les médicaments, j’avais beaucoup de mal à dormir. Tout d’abord, la nuit est le moment où je pense le plus, surtout avant d’aller dormir. Cela a toujours été comme cela, et même encore maintenant, malgré des somnifères, il m’arrive parfois de ne dormir qu’une heure ou deux sur la nuit2. Mais il n’y avait pas que ça. Mon voisin de chambrée, avec qui je m’entendais assez bien, était infernal la nuit. Il dormait toute la journée. Mais de plus, il ronflait assez bruyamment. Et des fois, Monsieur John ne sachant plus dormir, à 3 heures du matin, faisait sa toilette, se rasait, lisait… C’était assez frustrant je dois dire. Je m’endormais avec mon walkman sur les oreilles.

J’ai écrit aussi quelques poèmes sur place. Un ou deux sur M. je pense. D’ailleurs, elle vint me voir à l’hôpital ! Ce fut une grande première. Elle n’était pas venue à Érasme. On parla pas mal de son chef pionnier. Il m’avait écrit une lettre quelques jours plus tôt. Il avait rejoint un groupe catholique extrémiste. Dans cette lettre, il me traitait de suppôt de Satan, que j’écoutais de la musique satanique (c’est bien connu, Nirvana, Korn et Biohazard chantent des odes à Satan et consort), que je me vouais au mal… Je coupai les ponts entre lui et moi. J’appris bien plus tard qu’il s’en était sorti, et que le groupe dont il faisait partie était bien recensé comme secte.

On augmentait aussi à mort ma médication. L’équipe médicale trouva que c’était une bonne idée de prendre du Trazolan en journée. J’étais constamment en pleine vape. Dès le réveil, on me refourguait un bon petit antidépresseur-sédatif. Il n’y a rien de tel pour être en pleine forme. C’était assez infernal, le soir j’étais sous neuroleptiques. Je prenais du Dominal. Dès que ça allait encore moins, hop un petit Temesta ! Le Temesta, lui fut un médicament que je pris encore régulièrement par après. Ce fût la pire des crasses que j’ai jamais prises, il me fallut des années pour m’en défaire, tellement la dépendance à ce truc est sévère. Finalement, après un mois et demi de médicaments intensif, je sortis de l’hôpital, le médecin jugeant que j’étais un peu plus apte à affronter le monde.

26 Retour dans la « vraie vie »

Je sortis le 5 août 1998 de la Ramée. Je passai le premier soir de liberté chez Aurélia. Je dormais sur place, car j’avais rendez-vous chez mon psy le lendemain, pour parler de la suite des événements et faire une sorte de debriefing de mon séjour à l’hôpital. Quelques jours avant ma sortie, sa mère m’appella. Aurélia se demandait pourquoi je ne donnais pas de nouvelles, mais avec cette petite brouille avant son départ, et les coûts astronomiques des appels téléphoniques en Espagne, c’était dur de l’appeler. Elle rentrait justement de vacances le jour de ma sortie de l’hosto. On décida de lui faire la surprise, et j’accompagnai sa mère la chercher à l’aéroport. Elle sauta tout de suite dans mes bras. On ne se lâcha plus du reste de la journée.

À ma sortie, je prenais encore des neuroleptiques à action anxiolytique, je ne sais plus leur nom, mais je devais en prendre matin, midi et soir. Je ne voulais pas retourner à la maison. Je ne voulais pas rester sans rien faire chez moi, comme les mois auparavant. Alors, je pris un job d’étudiant dans le bâtiment, et comme c’était à Bruxelles, que je devais être sur place à 7 h du matin, je logeais chez mes grands-parents. Eh bien, je vécus deux semaines plus qu’éprouvantes.

Dès le premier jour, je n’aimais pas le boulot. Le travail était extrêmement physique, souvent dehors avec une chaleur de tous les diables, et sous médicaments, je devais puiser dans mes réserves. Lorsque je rentrais chez mes grands-parents le soir, je ne bougeais plus, je ne pouvais rien faire, j’avais mal partout. Je ne suis pas du tout manuel, comme garçon, ni même sportif. Je pestais tous les jours pour aller bosser, je ne voulais pas y aller, mais je me forçais.

Pendant les deux semaines où je bossais, j’eus la visite d’un de mes cousins. Nous allâmes discuter en ville. On parla de nos galères en voiture et en fumant un petit joint, puis en buvant quelques bières au DNA. On discuta encore quelques heures sur place, pour revenir vers minuit à l’appartement de mes grands-parents. Bien sûr, avec les médocs, j’étais proche d’être bourré. Le lendemain fut dur pour le réveil !

Le dernier jour de travail, le nouvel album de Korn sortait. Comme j’avais une avance sur salaire, je fonçai l’acheter avec Aurélia qui venait passer le week-end à la maison. Ce serait le dernier. La soirée se déroula normalement, jusqu’à ce qu’on aille se coucher. Elle était indisposée, alors je pris mes médocs. Mais chose inattendue, elle voulut faire l’amour et au beau milieu de l’acte, mes médicaments ont commencé à faire effet. Je n’en étais donc vraiment plus capable. C’est là que tout se mit à foirer. Elle commença à pleurer, car cela lui rappelait de mauvais souvenirs. On discuta encore un petit moment, moi, ayant les idées de moins en moins claires à cause des médocs. Elle disait qu’elle ne savait plus trop où elle en était.

Le lendemain, je voulus reprendre la conversation. C’est là qu’elle m’annonça en pleurant presque que c’était fini. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi elle avait décidé de rompre. Après l’avoir ramenée à la gare, je ne quittai plus ma chambre. Je me sentais perdu, j’avais perdu mon âme sœur, ma confidente, et pendant longtemps, je n’ai pu éprouver des sentiments aussi puissants envers quelqu’un, c’était comme si une partie de moi s’en était allée.

Nous nous revîmes quelques jours plus tard nous rendre nos affaires respectives, et là elle me dit qu’elle-même ne savait pas très bien pourquoi elle avait rompu. J’étais encore plus bouleversé, car elle se le demandait elle-même, mais ne voulait pas reprendre notre histoire. Je perdis le contact avec elle à ce moment-là. Elle m’avait demandé quoiqu’il arrive qu’on reste amis, c’est ce qu’elle voulait à fond, mais c’est elle-même qui a coupé les ponts. Je reviendrai là-dessus un peu plus tard, parce que dans un sens, et je m’en suis toujours voulu, j’ai pensé, et pense encore maintenant, que c’était de ma faute.

Le dernier week-end d’août, j’allai me changer les idées. Xavier m’emmena avec son cousin au festival Pukkelpop. Il y avait Deftones qui jouait. On passa un super week-end, ça me fit pas mal du bien, ça m’évitait de penser à Aurélia, mais ce qui m’effrayait le plus était la rentrée scolaire qui se profilait.

J’allais déjà mieux, mais ce n’était toujours pas la forme. Mes angoisses étaient encore très présentes, mais à ce moment-là j’arrivais plus ou moins à les surmonter. Je me préparais à la rentrée scolaire. Au départ, je pensais changer d’école, car je pensais que changer d’environnement serait le plus propice. Quitter Wavre. Mais l’inconnu me faisait extrêmement peur. Je me suis donc réinscrit en cinquième à la Providence. Ce fut une belle erreur.

27 La dernière rentrée

Début septembre, me voilà à nouveau sur les bancs de classe. La plupart des personnes avec qui j’étais en première commençaient leurs études universitaires, et les autres étaient en Rhéto, hormis quelques rares qui avaient doublé. La rentrée ne se passa vraiment pas bien. Je me suis vite senti à nouveau mal, le temps de midi j’étais souvent seul, des rares fois avec les rhétos. Je passais la plupart de mes temps libres à la Brasserie du Commerce. Le patron de l’établissement était quelqu’un d’extraordinaire. J’ai un excellent souvenir de lui. Lorsque j’y allais avec ma famille, mes petites sœurs étaient traitées comme des reines. Je ne suivais plus des masses les cours, je n’y arrivais toujours pas. Mon laxisme reprenait le dessus.

Je ne me sentais à ma place nulle part. Je n’arrivais pas à me mêler aux autres élèves de ma classe. Avec ce que je venais de vivre, ma vision de la vie, mes préoccupations n’étaient plus du tout les mêmes que les autres élèves. Je trouvais beaucoup de leurs préoccupations gamines, superficielles. Et l’isolement, même si j’en suis le premier responsable, me fit beaucoup de mal. J’ai encore du mal à aller vers les autres, même en 2015. J’ai comme une gêne. Lorsque je dois présenter mes projets, mes écrits, je les minimise, ou je dis simplement que c’est mauvais. Mais je me soigne, comme le dit si bien l’expression, même si je manque souvent de répondant, dans les conversations, cela va nettement mieux. Un avantage, aussi, est que comme je parle moins, j’écoute beaucoup. Il me faut parfois digérer ce que j’entends, lorsqu’on parle d’informations, mais on me dit souvent que j’ai une oreille attentive. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

Mes blessures n’avaient pas cicatrisé. Revoir certaines personnes, surtout M., mais aussi Isabelle, m’était extrêmement douloureux. Chaque fois que je revoyais M., mes sentiments passés me revenaient en pleine poire le temps d’un instant. Et je n’arrivais plus à lui parler. On discutait, mais plus rien n’était comme avant. Je ne pouvais plus me confier à elle, lui dire ce que je ressentais. Ce n’était plus une amie, elle était devenue une simple copine, et cela me faisait mal.

L’ambiance à la maison n’était pas au beau fixe non plus. En plus de devoir gérer la dépression et l’anxiété de son fils, ma mère devait gérer le combat du divorce, et s’occuper de mes deux petites sœurs encore en maternelle.

L’attitude de mon père me répugnait. Il dénigrait ma mère, mon grand-père. Par moment, il ne payait pas les pensions alimentaires, voulant à tout prix se lancer dans des affaires que je trouvais irréfléchies3. Je voulais savoir ce qui se passait. Ma mère me fit lire les déclarations et témoignages dans le dossier du divorce. J’étais révolté. On traînait ma mère dans la boue, que ce soit mon père ou mes oncles et tantes, avec des tissus de conneries et mensonges. Ils disaient que ma mère ne s’occupait jamais de moi, ce qui était totalement faux ! Mon père n’était jamais à la maison, et lorsqu’il y était ne pensait qu’à son propre bien être, sans s’occuper de nous (ou alors pour me gueuler dessus).

Je décidai alors de témoigner, de rétablir la vérité et d’expliquer mon vécu et ce que je ressentais. La réponse ne se fit pas attendre : j’étais manipulé, on m’avait demandé de répondre de cette manière, et j’en passe. Pourtant, c’était bien ma propre initiative. Je trouvais totalement injuste toute cette histoire, cela me mettait hors de moi.

La cocotte minute qu’était Greg était à nouveau sur le point d’exploser. Malgré tous les médocs, le Temesta pris constamment et les neuroleptiques du soir, mes crises d’angoisse commençaient à reprendre le dessus. Je recommençais à ne plus tenir sur ma chaise en classe. C’était impossible de rester assis des heures à écouter le professeur ou me concentrer.

Le soir, dans cette grande chambre à l’écart de toute la maison, je me sentais seul et vraiment mal. Mon cutter n’avait pas disparu, il était toujours là avec des traces de vieux sang séché sur la lame. Je recommençai à me tailler les bras. Je pensais beaucoup à M. Mes sentiments revenaient, par moment. Un soir je me suis taillé un M. Sur mon avant-bras droit. Je le masquais avec une ligne en plus, pensant naïvement que ce ne serait pas flagrant.

La situation ne pouvait plus durer, et mon psy me fit reprendre contact avec la Ramée. Seulement, le docteur Schaffer n’y travaillait plus. Ce serait un autre médecin qui s’occuperait de moi durant l’hospitalisation. L’entrée fut planifiée pour le 18 octobre. Entre temps, je ne savais plus rester à l’école. Je restais de nouveau à la maison.

Il y a cependant quelques événements à souligner avant de rentrer à l’hôpital. Un jour, M et moi allâmes prendre un verre pendant qu’elle n’avait pas cours. Ce fut notre dernière longue conversation avant un bon moment. Elle vit la marque sur mon bras. Elle ne dit rien, mais je voyais bien qu’elle avait compris. Pourtant, je ne lui parlais pas des sentiments que je croyais avoir pour elle à ce moment-là.

Quelques jours avant de rentrer à l’hôpital, je reçus un coup de fil. C’était Aurélia, en pleurs. Alexis, son frère, venait de décéder. Il était en traitement pour se soigner, son corps n’avait pas supporté. Cette annonce me fit comme un gros coup de massue. J’étais complètement sonné, je n’arrivais pas à trouver les mots pour la réconforter. En plus, il était tard, il m’aurait été impossible d’aller jusque Bruxelles pour la soutenir. Elle voulait que je vienne à l’enterrement. Malheureusement, celui-ci était planifié pour le jour où je devais rentrer à l’hôpital. On tenta de négocier avec le médecin, pour que je puisse d’abord aller à la cérémonie, refus catégorique de sa part. Je venais à l’heure prévue ou je ne venais pas du tout. Je n’avais pas le choix. Je m’en suis voulu pendant des mois, car après cela, j’ai totalement perdu le contact avec Aurélia. Je m’en veux encore maintenant. Si seulement j’avais été là, je me demande si bien des choses ne se seraient pas passées différemment4.

Quelques jours ou la veille de mon hospitalisation, je ne saurais plus dire, les souvenirs sont devenus flous plus de quinze ans après ces événements, ma mère m’emmena à la Brasserie du Commerce. Valentino nous demanda ce que nous prenions comme apéro. Je demandai une vodka orange. Valentino, toujours prévenant, me dit que je n’avais pas dix-huit ans. Ma mère insista pourtant, disant qu’elle était avec moi. Elle dit d’emblée que je rentrais à l’hôpital, qu’on ne savait pas quand je sortirais. Je me rappelle encore sa réponse : « Raison de plus pour que je ne te la serve pas !, mais quand tu auras ta majorité, ton verre t’attendra ». J’étais estomaqué. Quand on partit, il me prit dans ses bras, me souhaita bonne chance.

28 Retour à la Ramée

Me voilà donc de retour à l’hôpital, avec le docteur No5, à la place du docteur Schaffer. Dès que j’arrivai à l’accueil, je reconnus une tête familière. Cécile, ma première conquête à Erasme, m’accueillit donc pour ma deuxième hospitalisation. On fit les paperasses, puis on me conduisit à ma chambre, composée de quatre lits. Lorsque j’installais les affaires avec ma mère, quelqu’un sortit de la salle de bain : c’était John, mon ancien voisin de chambrée ! On était à nouveau dans la même chambre. Le plus drôle, c’est lorsqu’on allait sortir de la voiture, ma mère et moi, elle me dit :

« Chiche que tu seras dans la même chambre que John.

— Peut-être », avais-je répondu en n’y croyant pas vraiment.

Eh bien, oui, c’était le cas ! On rit un bon coup ma mère et moi, puis je discutai à mon aise avec Fabrice sur les raisons de mon retour et lui du sien lorsque ma mère fut partie. Il y avait deux autres personnes dans la chambre, mais je ne sais plus pourquoi ils étaient là. Il y a avait Michel, qui allait devenir plus tard un futur collègue, et Mohamed. L’ambiance était bonne dans la chambre, on s’entendit tous tout de suite très bien.

On était à peine le premier soir qu’une fille vint me trouver : Mélanie. Elle était dans la chambre de Cécile, qui voulait me dire quelque chose qu’elle n’osait pas m’avouer. Les sentiments qu’elle avait éprouvés à Erasme envers moi refaisaient surface. Cela me revint en tête. Ces quelques jours où l’on s’était échangé des bisous-bisous, qui s’étaient soldés par un arrêt de ma part lorsqu’elle s’était à nouveau tailladé les bras. Je ne pouvais pas dire oui. Je continuai cependant à parler avec cette fille, Mélanie, et on fit plus ample connaissance. Elle avait sept ans de plus que moi, était là pour des problèmes d’anorexie-boulimie et de dépression. Malgré son problème, elle n’avait pas de réel surpoids et était vraiment très jolie. On commença à passer beaucoup de temps ensemble, au grand dam de Cécile qui m’adressa à peine la parole à partir de ce moment-là.

Je repris tout de suite ma place de rédacteur du journal. L’équipe n’avait pas eu de journal de meilleure qualité après mon passage, et tous les jeunes demandèrent que je mette en page les suivants. J’étais en quelque sorte chapeauté par un éducateur. On travaillait à deux sur le journal, et on s’enfermait des heures dans le local informatique en mettant la musique à fond. C’est d’ailleurs lui qui me fit découvrir Placebo. Nico m’avait déjà fait écouter, mais je ne m’étais pas attaché aux paroles ni à quoi que ce soit, je trouvais en plus leur musique trop calme. Pendant un petit temps, les disques de ce groupe n’ont pas arrêté de tourner, surtout le soir avant de dormir.

Cependant, la relation avec le psy se passait très mal. Elle était incapable de comprendre quoi que ce soit de ma personne. Elle n’était jamais à l’écoute. Si je me sentais mal, je devais batailler pour la voir, et généralement elle me gavait de Temesta plutôt que de m’écouter. La relation empira lorsque Mélanie et moi découvrîmes que nous avions des sentiments très forts l’un pour l’autre. Quelques jours après mon entrée, on commença à sortir ensemble. Mais les relations entre patients étaient interdites dans l’établissement. Nous nous cachâmes, mais cela arriva vite aux oreilles de l’équipe soignante. Et ce ne fut pas le seul problème. Mélanie m’avait caché un de ses problèmes, elle était cleptomane. Elle ne pouvait s’empêcher de chiper des choses à ses voisines de chambrée. Le résultat fut sans appel, elle fut virée de l’hôpital.

J’étais furieux, car rien ne prouvait qu’elle avait volé ces choses. Je faisais part de mes griefs, et chaque fois que j’étais en entretien avec le psychiatre, que ce soit à ce propos, pour moi-même ou d’autres questions sur les soins, cela finissait en joute verbale entre le docteur et moi. Elle ne me faisait en plus absolument pas confiance. Pouvant sortir le week-end de l’hôpital, chaque lundi je me faisais réveiller pour un test d’urine. Elle restait persuadée que je profiterais des sorties pour prendre de la drogue.

Rester dans l’hôpital ne m’aidait pas, ne servait à rien. Je voulais sortir. Mon anniversaire approchait, j’allais fêter mes dix-huit ans. Je commençais à prendre conscience que légalement j’étais majeur et que quoi qu’on en dise, je pourrais prendre mes décisions tout seul sans que personne ne puisse s’y opposer à moins d’un passage au tribunal.

29 Dix-huit ans

6 novembre 1998. Le jour de mon anniversaire. Dix-huit ans, je rentre dans la cour des grands. Généralement, on fête ça en grande pompe. J’étais toujours à l’hôpital, mais j’eus cependant une dérogation : je pouvais aller dîner au restaurant avec la famille. Ce fut un repas tranquille : mon père et ma mère rangèrent leur guéguerre le temps d’une soirée pour qu’on soit tous ensemble. Je reçus également un cadeau assez rare encore pour un jeune de mon âge à l’époque : un GSM6. Mes parents me dirent que maintenant, comme j’étais souvent en vadrouille, c’était important que je puisse appeler en cas de problème. Le restaurant se trouvait à moins de cent mètres de chez le père d’Aurélia. Je ne pouvais m’empêcher de penser à cela durant tout le repas, j’avais peur de la croiser. Mais globalement le repas se passa bien. Après un bon dîner, retour à l’hosto, jusqu’au lendemain, où je pourrais sortir pour le week-end.

Ce fut une des rares fois où l’on fêta mon anniversaire. Je n’aime pas trop être le centre de l’attention. En fait, ce n’est pas que je n’aime pas, c’est que ça me gêne. J’ai encore et toujours l’impression énorme de ne pas mériter une telle attention. Pourtant, ma mère avait bien préparé le coup : Mélanie, avec qui je filais le parfait amour nous attendit à la sortie de l’hôpital, et venait passer le week-end à la maison. Ma mère avait préparé une fête surprise à la Brasserie du Commerce. Mes quelques amis du secondaire étaient là : Marie, François et Maria (mais bien sûr, pas de M.). Comme promis, alors que j’étais toujours hospitalisé, Valentino m’accueillit avec mon verre de vodka. C’était une super soirée.

Bien sûr, le lundi matin, le pot pour le test d’urine était là à m’attendre. Mon sang ne fit qu’un tour : je demandai à signer une décharge pour sortir illico de l’hôpital. Le médecin me demanda de patienter un peu, de réfléchir à la question et d’en parler avec mes parents.

Il fallait aussi réfléchir à un autre problème : que faire de ma vie, maintenant ? Je ne me sentais pas apte à retourner à l’école. De plus, j’étais majeur. On ne pouvait plus m’obliger à y retourner. Mais que faire ? Avant de sortir, je rencontrai donc l’assistante sociale qui travaillait à l’hôpital.

Je me disais que ce qui me plairait, avec tout mon vécu, serait d’aider d’autres personnes. Beaucoup de monde m’avait aidé d’une manière ou d’une autre, il était normal que je rende la pareille. L’AS me parla de ses études. Elle m’expliqua qu’il était possible de commencer les études sans avoir son CESS, diplôme du secondaire supérieur, moyennant la réussite d’un examen d’entrée. Elle me donna diverses adresses d’écoles, dont plusieurs à Bruxelles. Seulement, en début d’année scolaire, il était encore un peu tôt pour s’inscrire pour la rentrée qui serait dix mois plus tard. Mais arrêter l’école entraînerait des complications pour mon statut : perte des allocations familiales, je n’aurais pas droit au chômage comme je n’avais pas fini mes études. Je n’étais pas forcément apte à rentrer directement dans la vie active. On décida donc de me mettre sous certificat médical jusqu’à ce qu’on trouve une solution.

Je ne pouvais cependant plus rester dans l’hôpital. Comme je l’ai dit un peu plus haut, ça ne servait à rien. Discuter avec la psy devenait impossible. Je devais faire des pieds et des mains pour la voir. N’en pouvant plus, je dus faire un sitting dans le hall de l’étage où j’étais hospitalisé, devant les ascenseurs pour qu’elle daigne me recevoir. L’équipe soignante voulait me déloger, que j’aille à table avec tout le monde. Mais je refusai. Cela faisait des heures que j’attendais que le médecin daigne me recevoir, prétextant chaque fois qu’elle devait traiter des cas plus urgents. Ce fut l’avant-dernier entretien. On décida que je sortirais quelques jours plus tard, exactement un mois jour pour jour après mon entrée à l’hôpital.


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