Chapitre 1 suite 1

10 minutes de lecture

Pendant que le chauffeur de son père les reconduisait à la maison, Daisy rapporta toute sa conversation à Sonia, en n’omettant aucun détail. Le sourire espiègle de Matt et sa façon de la regarder. Elle confia à son amie qu’il était à l’opposé de l’idée qu’elle se faisait de lui. Elle le trouvait gentil, cultivé en plus d’être très sexy. Elles partirent d’un rire complice et Sonia ajouta :

- Je suis sûre que vous allez vous revoir très vite.

- D’où te vient cette certitude ? demanda Daisy.

- Le fait que vous vous dévoriez du regard comme si vous étiez seuls au monde.

- C’est de Matt Keller dont on parle. Il a sûrement dû vivre ce genre de situation plusieurs fois au cours de la soirée. Mais quoi qu’il advienne, j’aurais passé une excellente soirée.

Elle essayait de minimiser cette rencontre même si elle avait eu du mal à gérer les battements de son cœur tout au long de leur conversation. Parce qu’elle était consciente que s’amouracher de Matt Keller serait comme acheter un aller simple pour le pays des ennuis.

De leur côté, dès que Matt et Enzo, son meilleur ami, quittèrent la soirée et rejoignirent leur chauffeur qui les attendait, le jeune homme ne put s’empêcher de parler de la fille qu’il venait de rencontrer.

- Comment tu la trouves ? s’enquit Matt.

- C’est une bombe atomique, cette nana. Mais le plus bizarre, c’est que tu sois allé lui parler. Je ne t’ai jamais vu faire ça et je ne savais pas comment réagir. D’habitude, ce sont les filles qui viennent vers toi, Matty.

- Je ne sais pas, répondit Matt. Il y avait quelque chose en elle qui m’intriguait. Elle n’a pas arrêté d’esquiver mon regard depuis que je l'avais remarqué. Ce qui n’arrive pas souvent. Sans fausse modestie, en général, ce sont les filles qui me cherchent du regard. Elles n’essaient pas de m’éviter. Et quand elle m'a pris la main, j’ai cru que j’avais mis les doigts dans une prise électrique ou quelque chose comme ça. Peut-être qu’elle a des cheveux électriques. Va savoir. Je ne me suis pas ennuyé une seconde avec elle. Elle est canon, drôle, très cultivée. Ses goûts musicaux sont très variés. Quand elle m’a dit qu’elle adorait lire et que je l'ai questionné sur son dernier livre, je m’attendais à tout sauf à ce qu’elle me dise qu’elle a relu Sun Tzu « l’art de la guerre ». ça change des nanas qui parlent continuellement de télé réalité et des derniers régimes à la mode. Elle a de la repartie et…

Enzo se mit à rigoler, coupant son ami dans sa lancée.

- Pourquoi tu rigoles ?

- Tu te rends compte que ça fait plus d’une demi-heure que tu me parles de cette fille ?

- Et qu’est-ce qu’il y a de rigolo en cela ? On parle tout le temps de filles.

- Non, pas de cette façon. Jamais tu n’as passé autant de temps à énumérer tout ce qui te plaît chez une fille. D’abord tu es allé lui parler. Et maintenant tu me dis qu’elle est jolie, drôle et intelligente. Ah oui j’oubliais le courant électrique. Mec, tu es foutu.

- Tu peux traduire ?

- Tu le sauras bien assez tôt, murmura son ami. D’habitude, j’ai pitié des filles qui s’approchent de toi. Cette fois, c’est de toi dont j’ai pitié, parce que mon pote, tu viens d’être marqué au fer rouge.

- Je ne suis pas un taureau, Enz. Arrête avec tes élucubrations.

- Tu as craqué complètement pour cette fille.

- Non. Qu’est-ce que tu racontes? Je la trouve très intéressante. Et elle n’est pas vilaine à regarder. Bien au contraire.

Il se tut. Il avait remarqué que son ami se contentait de le fixer. Il détestait quand il faisait ça parce que c’était sa manière de l’obliger à dire la vérité quand il avait l’impression qu’il racontait des bêtises.

- Bon d’accord. Peut-être que je craque un peu pour elle.

- Merci de ne pas me prendre pour un idiot, Matty. Et c’est quoi la suite ?

- J’en sais rien. Je lui enverrai peut-être un message ce soir.

- Non. Ça ferait trop désespéré. Mais peut-être que ça te ferait du bien après tout. Tu n’as jamais été désespéré avant.

- Tu sais que tu es un crétin, répondit Matt avec un large sourire.

Il avait passé une soirée géniale. Les taquineries d’Enzo n’avaient aucune prise sur lui ce soir.

Quand Daisy s’apprêtait à aller au lit, elle reçut un message d’un numéro inconnu. Elle l’ouvrit et dès qu’elle commença à lire, elle sourit malgré elle.

Unknown : Merci d’avoir rendu ma soirée très agréable.

Daisy : Avec plaisir.

Unknown : Content de t’avoir rencontrée.

Daisy : Moi aussi.

Unknown : À très bientôt, Daisy.

Daisy : À bientôt, Matt.

Après les messages, elle n’avait plus très sommeil. Elle appela Sonia. Dès qu’elle commença à lui dire que Matt lui avait écrit, sa copine se mit à crier et elle dut éloigner le téléphone de son oreille. Les élans de joie de Sonia étaient parfois très douloureux. Elle préféra actionner son haut-parleur. Ce serait mieux pour ses pauvres oreilles.

- Je le savais, je le savais, n’arrêtait pas de répéter Sonia. Je savais qu’il allait te contacter.

- Tu veux savoir ce qu’il a dit ou tu veux continuer à faire le perroquet ?

- D’accord, je me tais. Vas-y, raconte-moi et n’oublie aucun détail.

- Tu sais, c’était juste un message poli.

Daisy lui parla du message. Après avoir décortiqué son contenu, les filles continuèrent à évoquer le sujet Matt pendant au moins une heure avant de raccrocher.

La jeune fille passa une nuit agitée, rêvant d’yeux sombres qui la scrutaient et d’un sourire ensorceleur.

Elle se tourna et se retourna, se demandant comment elle allait se sortir Matt Keller de la tête.

Au bout d’un moment, elle abandonna tout espoir de dormir, se pencha et prit le Nicholas Sparks qui trainait sur sa table de nuit. Un peu de lecture lui changerait peut-être les idées.



Ce matin, elle s’était installée sur la terrasse, sa tablette sur les genoux. Elle s’apprêtait à mordre dans son pain au lait quand Sonia fit son apparition, toujours aussi belle.

Elle portait une tunique transparente rosée Sonia Rykiel avec des leggings noirs, un sac à main et des sandales Marc Jacobs. Avec son mètre cinquante, Sonia ressemblait à une poupée de porcelaine et c’est naturellement que Daisy l’avait toujours surnommée poupette.

- Ma puce, qu’est-ce que tu fais ? Tu n’es pas encore habillée ?

- Je vais passer quelque chose rapidement. J’ai eu une nuit difficile. Impossible de fermer l'œil et dès que j'y arrivais, je faisais des rêves bizarres.

- Je suis sûre que tes rêves avaient à voir avec un certain bad boy au sourire énigmatique et au regard sombre, s’exclama Sonia.

- N’importe quoi. Arrête de jacasser et viens m’aider à m’habiller.

Elles prirent la direction de l’aile réservée à Daisy depuis que ses deux sœurs avaient quitté la maison.

Dans son dressing gigantesque, elles choisirent une robe rose fleurie Jenny Packam pour assortir sa tenue à celle de Sonia, des sandales compensées dorées et un petit sac d’été Guess.

- Il faudrait d’abord que j'achète un gloss en chemin, je n’en ai plus.

- Tu bois ton gloss ou quoi ? S'écria Sonia.

- Non, j’en abuse. Mais contrairement à toi, je ne suis pas maquillée. Je ne mettrais que ça.

- Je me demande comment tu peux sortir visage nu comme ça, ma puce. Tu exagères.

- Non, je ne serai pas visage nu, j’aurai un gloss brillant aux lèvres.

Pendant qu’elles se dirigeaient vers l’ascenseur, Daisy précisa à son amie :

- On prend ta voiture. Ce matin je suis trop vannée pour conduire.

- Ok, ma puce. Je comprends, tu as eu une nuit torride.

Daisy lui fit les gros yeux et monta dans la voiture. Dans l’Audi R8 spyder noire de Sonia, les deux filles continuèrent de se taquiner joyeusement. Daisy possédait la même Audi, mais de couleur grise. Les filles aimaient beaucoup avoir les mêmes choses.

- Je pense que tu devrais appeler Matt, dit Sonia de but en blanc.

- Pas question, répondit Daisy. Il fera le premier pas s’il veut qu’on se revoie. Mais vu la horde de filles qui le poursuit, je ne pense pas qu’il ait le temps de se faire de nouveaux amis.

- De nouveaux amis, hein… tu parles. Tu n’as pas envie d’être amie avec lui. Tu as envie de faire des choses pas très catholiques avec lui. Ne m’embobine pas. Tu sais que je suis ta conscience. Je sais, j’entends et je vois tout. Je te parie mon dernier Hermès que tu adores, qu’il va t’appeler. Deal ?

- Deal, répondit Daisy. Je sens que je vais avoir un beau sac Hermès.



Une semaine après sa rencontre avec Matt, Daisy n’avait plus eu de nouvelles. Elle mit ça sur le compte d’une jolie rencontre et essaya de passer à autre chose. De toute façon, Matt et elle ne jouaient pas dans la même cour. Elle était le genre à avoir une relation durable et lui, il multipliait les conquêtes. Elle allait juste s’embarquer dans une histoire qu’elle n’aurait pas pu gérer.

Ce soir-là, après avoir pris une douche, revêtu un débardeur Hello Kitty et un bas de pyjama, elle décida de se vautrer devant la télé. Elle consulta Netflix pour voir quelle série elle pouvait regarder. Daisy était une sérivore. Elle avait évidemment ses préférées mais en général, elle en essayait de nouvelles pour se faire une idée.

Elle arrêta son choix sur The « bold type » qu’elle adorait, le sujet principal était le milieu de la mode. Toutefois, des thèmes plus sérieux étaient abordés. Elle trouvait ça à la fois éducatif et divertissant. Exactement ce qu’il lui fallait ce soir pour chasser un peu son blues.

Son téléphone sonna au moment où elle appuyait sur play. Elle remit sur pause et vérifia son écran. Un numéro qu’elle ne connaissait pas s’affichait. Elle décrocha :

- Allo ?

- Salut Daisy, c’est Matt. Je ne te dérange pas ?

Une fois revenue de sa surprise, elle répondit :

- Pas du tout, Matt. Comment vas-tu ?

- En pleine forme. Et toi ?

- Pas trop mal non plus. Je ne pensais pas que tu allais réellement appeler. Mais ça me fait plaisir.

- Tu vois, je tiens toujours mes promesses. Qu’est-ce que tu fais de beau?

- Rien de spécial. J’ai passé la journée dehors, alors ce soir, je reste tranquillement devant la télé. Je vais regarder une série.

- Et qu’est-ce que tu vas regarder ?

- Je te le dis si tu promets de ne pas te moquer.

- Promis !!

- C’est « the bold type ».

- Et pourquoi tu pensais que j’allais me moquer ? Elle est géniale cette série.

- Tu la connais ? Ça m’étonne.

- Je trouve qu’il traite de sujets sérieux tout en étant divertissant.

- C’est ce que je dis aussi. Quand trouves-tu le temps de regarder des séries ?

- J’adore les séries. Je n’ai pas beaucoup de temps mais je saisis la moindre occasion pour en regarder. Justement, il se trouve que j'ai un moment libre. On pourrait peut-être regarder quelques épisodes ensemble ? Tu penses que je peux passer la voir avec toi ? dit Matt

- Tu veux venir chez moi ? s'étonna Daisy.

- Oui, à moins que ça te gêne. Je ne voudrais pas m'imposer.

- Pas du tout. Je suis juste un peu surprise. Agréablement, je te rassure. Tu es toujours aussi spontané, Matt Keller ?

- Toujours.

- Tu n’es pas un serial killer, au moins ?

- Non. Je te promets, dit-il en riant.

Daisy se disait qu’elle était vraiment une gourde. Qu’est-ce qui lui arrivait? D’habitude elle se montrait plus futée que ça. Quel intérêt de lui poser cette question? Elle était prise de court. Elle aimerait bien le voir, mais après tout, elle ne le connaissait pas. Son envie prit le pas sur sa prudence.

- D’accord, je t’envoie un texto avec l’adresse.

- Ok. À tout de suite, miss Daisy.

Après avoir raccroché et envoyé le texto, Daisy se sentit très nerveuse. Elle écrivit rapidement un message à Sonia.

Daisy : Tu as gagné ton pari. Matt arrive chez moi dans quelques minutes. Je porte un pyjama Hello Kitty. C’est la loose.

Sonia : Contente de savoir que je garde mon sac. Respire ma puce. Joue-la cool. Hello Kitty, c’est pas la loose. C’est mignon et sexy sur toi. Ne me fais pas honte. Je compte sur toi. Je t’envoie des ondes positives.

Daisy : Merci. Ça va aller. Je gère. Ou pas. Et si j’avais donné mon adresse à un serial killer. Je suis seule à la maison.

Sonia abandonna les messages et l’appela. Elle décrocha à la première sonnerie.

- Ma puce, là tu paniques simplement parce que c’est Matt Keller. C’est tout. Ta résidence est gardée comme une forteresse. Le service de sécurité saura qui est venu. Et le concierge le verra aussi avant qu’il monte. Au pire si c’est un serial killer, ce sera facile de le retrouver. Tu seras sûrement déjà morte mais je te promets que justice sera faite, dit Sonia pour essayer de la détendre.

- Ouais bien sûr. C’est gentil. Je sais que je peux toujours compter sur toi. Tu me vengerais.

- Sois en certaine. Tu es la fille d’Andrew Nod. Tu as connu des situations plus stressantes dans ta vie que recevoir Matt chez toi. Au moins, ce rendez-vous n’est pas organisé par nos parents.

- Bon point. Ça va mieux maintenant. Je contrôle.

- Je sais. Tu me tiens au courant. Si jamais il ne se comporte pas bien, tu me bipes, et je suis là en deux minutes.

- Compris, chef. À plus

- À plus.

Elle se demandait toujours pourquoi Matt voulait-il venir chez elle

Annotations

Vous aimez lire thalina4 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0