Chapitre 1

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En cet après-midi printanier assez chaud, la 5ième Avenue était noire de monde. New yorkais et touristes déjà en vacances prenaient d’assaut les cafés pour se reposer et se rafraîchir après une matinée de visite et de shopping. Parmi ces vacanciers privilégiés se trouvaient Daisy et ses amis.

Les trois copains avaient pris leur quartier sur la terrasse du Bluestone Lane, l’un de leurs endroits préférés.

Même s’ils avaient du mal à s’entendre dans le brouhaha du café bondé, Daisy, sa meilleure amie Sonia et Steven leur meilleur pote portèrent un toast avec leurs tasses de latte glacé.

- À une nouvelle année universitaire qui s’achève et aux bons résultats obtenus, clama Steve.

- Aux soirées géniales qui nous attendent et aux rencontres surprises, ajouta Sonia.

- À nous, compléta Daisy.

Dès qu’ils déposèrent leurs tasses, Sonia revint sur son toast :

- Ma puce, s’adressa-t-elle à Daisy. Tu sais que je pensais à toi en parlant de rencontres surprises ?

- T’inquiètes pas, j’avais capté le sous-entendu.

- Nous sommes officiellement en vacances. Tu n’as plus l’excuse du manque de temps et du boulot par-dessus la tête pour refuser de sortir avec quelqu’un. Ça fait six mois que tu es officiellement célibataire et tu refoules tous les garçons qui t'approchent. Il faut que tu t’amuses un peu, la sermonna Sonia.

- Je n’ai pas les mêmes attentes qu'eux. C’est une perte de temps. J’ai déjà donné dans la pseudo-relation.

- Toutes les histoires n’ont pas à être comme celle avec qui tu sais. Je te parle de quelqu’un avec qui tu aurais vraiment envie d’être.

Steve darda un regard sur Daisy. Elle connaissait son opinion sur le sujet.

- Je sais déjà ce que tu en penses, Steve. Que toi et moi on formerait un joli couple. Mais au risque de me répéter, Je pense qu’il vaut mieux que l'on reste amis, dit-elle en lui prenant la main. Tu es mon meilleur ami et ça compte beaucoup. Ne prenons pas de risques inutiles.

Steve lui prit la main à son tour et la porta à ses lèvres. Il avait bien compris le message et n’insistait plus. Ses deux amies lui étaient très précieuses.

Mais Sonia n’en avait pas fini avec Daisy.

- Je te promets qu’avant la fin des vacances, tu vas sortir avec un garçon, même si je dois le créer, ajouta-t-elle.

- Changeons de sujet avant qu'elle ne débite plus d’idioties tout droit sorties de sa boule de cristal, se moqua gentiment Daisy.

Comme chaque fois qu’ils se retrouvaient tous les trois, ils passèrent un bon moment à bavasser, se chamailler et rirent de bon cœur. Mais il était temps de rentrer car les filles avaient une sortie prévue dans la soirée.

Ils repartirent bras dessus bras dessous, en continuant de se taquiner. Tout en rigolant avec eux, Daisy repensait également à leur conversation d’un peu plus tôt et à la difficulté d’avoir une relation sérieuse, surtout avec les choix de vie qui étaient les siens.

La sortie de la soirée était un gala de charité organisé pour récolter des fonds en faveur des enfants atteints de leucémie auquel les filles devaient se rendre. N’ayant pas pu se libérer, le père de Daisy l’y envoyait en son nom.

Issue d’une famille de l’élite new yorkaise des quartiers huppés de Manhattan, à vingt ans, elle était déjà habituée à la vie privilégiée des grandes fortunes fermées.

Son père était un investisseur et sa mère la créatrice d’une ligne de cosmétique de luxe qui rencontrait un immense succès.

Andrew et Katherine Nod, un couple aux valeurs traditionnelles, s'étaient mariés vingt-sept ans auparavant et avaient eu trois adorables filles dont elle était la benjamine. Cette petite tribu avait élu domicile dans un penthouse au dernier étage d’un immeuble avec vue sur la 5ième Avenue.

Elle incarnait cette jeunesse dorée américaine qui donnait l’apparence de ne vivre que de champagne et de caviar, de mœurs légères, d’insouciance, de superficialité poussée à l’extrême.

Elle avait l’image de la « it girl » gâtée. Pourtant Daisy ne pouvait pas être plus éloignée de ce portrait caricatural qu’on dresse de ces fils et filles à papa qui défrayaient les chroniques.

Loin des excès, elle menait une vie équilibrée. C’était une jeune fille intelligente, drôle, sensible, le cœur sur la main avec des principes de vie complètement à l’opposé des jeunes de son âge et de son milieu.

Elle venait de finir sa deuxième année de droit et se destinait à être avocate.

Fashionita dans l’âme, la mode n’avait plus de secret pour elle. Elle était accro.

Elle avait un physique que beaucoup de femmes lui enviaient. Une taille dans la moyenne, très mince, une poitrine naturellement généreuse, de longs cheveux d’un noir de jais qu’elle coiffait avec une raie au milieu ou avec une frange selon les tendances du moment. Elle prônait la beauté naturelle. Sa seule touche ultra glamour était son gloss très brillant dont elle usait et abusait.

Le gala avait déjà commencé quand Sonia et Daisy arrivèrent. C’était un cocktail dinatoire et la plupart de gens s’étaient réunis en petits groupes. Elles retrouvèrent les organisateurs et les parrains pour remettre le chèque destiné à soutenir la cause. Ensuite, leur verre à la main, elles s’intégrèrent aux invités. Pourtant elles finirent par se retrouver à deux, c’était plus facile pour parler de certains sujets.

Elles avaient remarqué la présence de Matt Keller, la pop star sulfureuse. À seulement vingt-trois ans, c’était l’artiste le plus en vogue du moment. Depuis son premier single « I’m still waiting for you » il y avait quelques années, il avait connu une ascension fulgurante et était devenue une référence dans son domaine.

- Tu as vu Matt Keller, demanda Daisy à son amie.

- Comment le rater, minauda Sonia.

- Je ne pensais pas qu’il pourrait se trouver là.

- C’est un des parrains, c’est normal qu’il soit là, renseigna Sonia.

- Tu sais toujours tout sur lui.

- Ça s’appelle être fan, ma puce.

- J’aime aussi sa musique, mais je ne le suis pas à la trace.

- Tu es une demi fan.

- Non, je suis fan, vous les autres, vous êtes des harceleurs, assura Daisy.

- Il est trop craquant. Beaucoup plus qu’à la télé, précisa Sonia.

- Je confirme.

Elles tournèrent discrètement la tête pour le regarder à nouveau. Elles le trouvaient « canonissime ».

Brun, ténébreux, sexy dans son luxueux smoking noir agrémenté d’une chemise à la blancheur immaculée et d’un nœud papillon, il avait l’air de sortir tout droit d’une publicité Armani.

Daisy avait constaté qu’il l’avait suivie du regard à plusieurs reprises au cours de la soirée, mais elle détournait les yeux chaque fois d’un air gêné, faisant mine de ne rien voir. Pourtant, elle était sous le charme.

Elle pouvait toujours compter sur Sonia pour dire à haute voix ce qu’elle essayait de cacher.

- Il n’arrête pas de te regarder.

- Non.

- Menteuse. Tu rougis, l’accusa Sonia.

- Bon d’accord, j’ai vu. Mais ça ne veut rien dire. On tourne d’un groupe à l’autre. C’est normal que nos regards finissent par se croiser.

Elle continuait d’affabuler face à Sonia. Elle s’aperçut que son amie avait un regard étonné en fixant quelque chose. Comme elle était de dos, elle se tourna pour voir ce qui surprenait sa copine ainsi. Elle vit Matt Keller qui se dirigeait droit sur elles et se retourna pour dire quelque chose à Sonia, mais cette dernière avait disparu.

Elle n’avait plus d’autre choix que de faire face à l’ouragan qui venait à sa rencontre. Arrivé à son niveau avec un sourire irrésistible, il lui murmura un bonsoir.

Elle ne jouait pas les modestes en se disant qu’elle était étonnée qu’il vienne lui parler. Certes, elle savait qu’elle attirait les regards ce soir dans cette magnifique robe bustier vintage Givenchy qui mettait sa poitrine en valeur. Mais il y avait beaucoup d’autres jolies filles à cette soirée.

Quand il lui tendit la main, elle se figea un instant.

Bon, Daisy se sermonna-t-elle, « arrête de sourire bêtement. D’accord, il est très beau, mais ce n’est pas le premier beau gosse que tu rencontres, alors, fais preuve de savoir-vivre ».

- Je m’appelle Matt, enchaîna-t-il.

Elle reprit rapidement contenance en se rappelant de quelques règles du bouquin de la parfaite petite bourgeoise, et lui tendit la main à son tour.

- Je m’appelle Daisy.

- Ravi de te connaitre Daisy. Puis-je me permettre de te dire que tu es sublime ?

- Tu dis ça à toutes les filles que tu rencontres ?

- Pas ce soir, en tout cas. Tu es la seule.

- Tu réponds ça à chacune?

- Jolie et drôle.

Ils continuèrent à discuter, comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. Ils parlèrent de musique, de tout et de rien, sans cesser de sourire. L’ami de Matt qui était avec lui plus tôt les rejoignit et lui murmura quelque chose à l’oreille. Matt s’excusa auprès de Daisy. Il devait prendre congé pour aller honorer d’autres impératifs.

- Ce fut un plaisir de te rencontrer. Tu as rendu cette soirée délicieuse, souligna Matt.

- Tu n'arrêtes jamais, on dirait, répondit-elle.

- J’aimerais te revoir, Daisy.

- Ça pourrait se faire.

La jeune femme lui prit son Iphone des mains, lui demanda de le déverrouiller et tapa son numéro.

- Maintenant, tu peux m'appeler si tu en as envie.

- Compte là-dessus, Miss Daisy.

- À bientôt, alors, Monsieur Keller.

Daisy le regarda s’éloigner et repensa à cette sensation d’électricité qui avait traversé tout son corps quand elle lui avait pris la main. Ce fut à ce moment que Sonia se matérialisa.

- C’était quoi ça ? demanda-t-elle à Daisy.

- Petite lâcheuse, il fallait rester si tu voulais tout savoir.

- Ne me fais pas languir. Tu sais que ma curiosité est maladive, se plaignit Sonia

- Allez viens, petite curieuse, rentrons. Je te raconterai tout en chemin.

Elle prit la main de sa copine et toutes deux quittèrent la soirée, se demandant toujours ce qui venait de se passer.

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