À l'étage

2 minutes de lecture
  • Votre journal, « Maître », plaisanta la jeune fille avec légèreté en lui tendant Le Quotidien de Paris.
  • Méli, par pitié, ne m'appelle pas comme ça, soupira Loup en attrapant le journal d'un geste leste avant de la remercier d'un demi-sourire, un de ceux dont lui seul avait le secret. J'aurais pu aller le chercher moi-même, tu sais...
  • Ne soyez pas ridicule. J'étais déjà en bas, répondit-elle en haussant les épaules, vêtue de son tablier de mercière.
  • Dans ce cas..., conclut l'artiste, avant de se concentrer sur sa lecture.

Les sourcils froncés, il se pencha pour lire le reste de l'article qui décrivait l'assassinat d'un jeune ouvrier de dix-huit ans : Jules Andrieuc, un type tout ce qu'il y avait de plus normal, mort par strangulation. Le corps avait été découvert trois jours auparavant par un gendarme, mutilé en plusieurs endroits et en partie écorché.

  • Montmartre... C'est à quelques rues d'ici, s'inquiéta Melinda. Et puis, ce n'est pas le premier meurtre de la semaine.
  • Tu parles de la jeune femme d'il y a cinq jours ? Elle se trouvait au quartier de la Goutte d'Or, ça ne ressemble pas beaucoup à celui-ci, rétorqua Loup en lui tapotant la tête. Ne te fais pas de mauvais sang, peu de meurtres se produisent en pleine journée. Tu ne risques rien.

Elle se tut, joua un moment avec son pendentif, l'air nerveux.

— Attention, tu vas te blesser...

  • Aïe !

Trop tard. Il soupira et saisit son poignet pour observer la plaie marquant la peau encore douce du bout de ses doigts : elle était superficielle, mais large et saignait visiblement beaucoup.

  • Merde, merde, merde ! s'écria Melinda, le visage blême.
  • Pas de ce langage-là chez moi, jeune fille ! Viens, je vais te faire un bandage, reprit-il plus doucement tandis qu'il lui attrapait le bras avec fermeté, se dirigeant vers la salle de bains.

***

Tout l'après-midi fut chargé de clients, de ventes et de nouvelles commandes. Comme d'habitude, Loup s'absenta pour des courses, répara quelques bijoux, prépara le déjeuner.

Pourtant, l'atmosphère avait changé. Il lui semblait presque que son maître était absent.

  • Le souper est servi ! lança-t-elle, alors qu'elle posait la casserole de cuivre sur la table de la salle à manger.
  • J'arrive.

L'apprentie l'observa, confuse, tandis qu'il se servait du potage de légumes de la veille. Il n'avait jamais été du genre très ouvert, on pouvait même dire le contraire, mais ce soir-là, son visage était particulièrement fermé.

  • Est-ce qu'il y a un problème ?
  • Non, aucun.

Il lui sourit avant de porter la cuillère d'argent à sa bouche, le regard pensif.

Inutile... Décidément, Loup ne lui dirait rien ce soir. Tant pis, se résigna Melinda, peut-être se confierait-il plus tard ? Il valait mieux ne pas le forcer.

C'est alors qu'on sonna à la porte.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 44 versions.

Vous aimez lire Agapé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0