Chapitre 7: La poterne

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Le quai d’Orsay était tel que nous l’avions quitté deux jours plus tôt. Des troupes, en nombre toujours plus grand, de l’équipement, des canons, des convois. On nous prêta à peine attention lorsque nous émergeâmes sur la chaussée. Tout juste un caporal d’artillerie m’adressa-t-il un regard étonné en me voyant apparaître subitement. Sans me déstabiliser, je lui expliquai par signes que nous nous étions écartés pour subvenir à un besoin impérieux. Il haussa un sourcil, nous toisa puis nous lança un sourire complice. Avait-il bien compris mon message ?

Sans demander notre reste, nous nous éloignâmes à grands pas du militaire, nous fondant dans la masse des unités montant vers le palais. Je profitai d’une courte halte pour nous observer en détail. Il n’était plus possible de reconnaître nos uniformes de l’école tant ceux-ci étaient souillés, déchirés en plusieurs endroits. Ils conservaient toutefois une allure relativement martiale, qui nous permettrait de nous infiltrer, je l’espérais sans trop de problèmes, au milieu des soldats.

Une forme d’organisation s’était mise en place, les colonnes montantes et descendantes se croisant presque sans heurts. Aussi, en moins de dix minutes, nous atteignîmes le pont de l’Alma. Je m’arrêtai, tirant Charles par le bras pour nous écarter du flux qui continuait sa progression vers le Champ-de-Mars.

— Qu’est-ce qu’il y a ? m’interrogea mon ami. On est presque arrivés, c’est pas le moment de traînasser !

— On va traverser ici, répondis-je.

Depuis notre sortie du sous-marin, j’avais réfléchi au meilleur moyen de pénétrer dans le palais. L’entrée principale nous serait à coup sûr refusée. Nous n’avions pas de laissez-passer, n’appartenions à aucune unité affectée à la défense des lieux. Ce serait une perte de temps, et pire encore, nous prendrions le risque d’être repérés et arrêtés par des hommes de Duroc.

Charles m’adressa un regard d’incompréhension, indiquant de la main les toits du palais, à deux cents mètres à peine.

— Qu’est-ce qu’on va aller foutre dans le quartier protégé ? grogna-t-il. T’en as pas eu assez de ce foutu coin ?

— Du quartier, certainement, rétorquai-je. Mais pas d’une poterne où nous nous sommes fait un ami.

Le visage de mon compagnon s’illumina. Il se rappelait à présent ce sergent de la garde qui avait manqué nous tuer, lors de l’escorte de Madame de T. Lui aussi avait noté l’attitude exemplaire de la comtesse à son égard, la surprise du militaire puis ce dévouement dont il avait fait preuve.

— C’est notre seule chance, repris-je. S’il est toujours en poste et qu’il nous reconnaît, peut-être qu’il acceptera de nous laisser rentrer.

Charles opina, convaincu, et nous franchîmes la Seine, là même où nous l’avions traversée avant toute cette horreur.


Le quartier protégé n’avait pas encore pansé ses plaies. Le gros des troupes s’était retiré, ne restaient que les effectifs chargés de sa surveillance. Les cadavres des émeutiers brûlaient, rassemblés à la hâte sur une grande place avant que la vermine et les épidémies ne s’en délectent. Une fumée opaque et nauséabonde recouvrait toute la zone, les vents dominants la repoussant avec difficulté vers le nord de la cité. Je m’empêchai de l’observer, refusai d’imaginer combien d’hommes et de femmes, combien d’enfants, finissaient dans ce panache noirâtre. La puanteur nous obligea à protéger notre visage à l’aide d’une pièce de tissu imbibée d’eau. Au moins, personne ne risquera de nous reconnaître.

À deux reprises, le cœur battant à tout rompre, nous dûmes nous dissimuler dans des ruines, laissant passer des soldats. Nous entendîmes à une occasion des coups de feu. Nous nous précipitâmes dans un magasin dévasté, les sens aux aguets, dans la crainte de nous retrouver au milieu d’un nouveau combat. Le calme revenu, nous reprîmes notre chemin, craignant une mauvaise rencontre au détour de chaque rue.


La poterne est se dressait devant nous. Je l’observais depuis deux minutes déjà, dissimulé derrière une voiture renversée, hors du champ de vision des gardes. Je repérai l’emplacement des militaires défendant son accès, tentai sans succès de discerner des visages connus.

— C’est maintenant que tout se joue, murmurai-je, inquiet.

— On passe ou on finit dans la fumée, là-bas, ironisa Charles malgré la situation.

— On va essayer de s’en tenir à la première solution, ça te dit ?

Il approuva d’un vif signe de tête, une grimace en guise de sourire.

— Bon, reprit mon ami. On la joue comment ? Je te préviens, mon caleçon n’est plus assez blanc pour servir de drapeau parlementaire.

— Dommage, rétorquai-je, ironique. De toute façon, pas moyen de savoir si les effectifs ont tourné. On s’en rendra compte au premier coup de feu, conclus-je, résigné.

— Je suis prêt, se contenta de répondre Charles, à nouveau sérieux. Maintenant ou jamais.

— Maintenant ou jamais, répétai-je.


Une forte poigne s’abattit sur mon épaule, le canon d’une arme s’enfonça entre mes omoplates. Une main épaisse couvrit ma bouche, m’empêchant d’émettre le moindre son.

— Ben mon petit, maintenant ou jamais quoi ? ricana une voix éraillée dans mon oreille.

Elle avait des relents d’ail et de mauvais vin, empestait le corps de garde, les nuits de beuveries et une hygiène à jamais enfuie. J’esquissai un mouvement, plus pour tester mon assaillant que pour réellement m’échapper. La pression s’accentua dans mon dos, tandis que la main couvrait désormais également mes narines, dans le but de m’asphyxier.

— Bouge pas, mon joli. Toi et ton copain, on vous tient comme des lapins de garenne. Un geste de trop, et je te transperce la poitrine. Compris, ou tu veux qu’on rajoute un coup ou deux, en guise d’explication ?

Incapable de parler, désormais maintenu par les poignets par deux autres inconnus, je me contentai de hocher la tête.

— J’savais que tu allais être compréhensif. Les gars, rejoignons le lieutenant et mettons-nous dans un petit coin tranquille, s’agirait pas qu’on vienne interrompre notre jolie rencontre.

On nous tira en arrière. Mes pieds traînaient sur les pavés, inutiles. Je testai par instants la résistance de mes agresseurs, sans autre succès que de voir leur étreinte se resserrer encore un peu plus. Asphyxié, mes poumons étaient sur le point d’éclater, des éclairs irradiaient mon champ de vision. Ma tête tournait, comme si j’avais abusé de l’alcool, et mes pensées, lentement, se brouillaient. Je voulais me débattre, lutter, me rebeller, mais peu à peu mes forces m’abandonnaient. Un nuage cotonneux obscurcit mon esprit, ma conscience se rétrécit en un long tunnel de plus en plus sombre. Des sons parvenaient encore à mes oreilles bourdonnantes. Des voix, peut-être ? Des rires ? Des chants ? Étais-je déjà en train de délirer ? Un ultime éclair de lucidité. J’allais mourir. Était-ce là la sensation du noyé avant d’avaler sa dernière goulée d’air ? La mer. L’océan. Une pensée, jetée comme un trait par-delà les frontières, en direction d’Hortense. J’aurais voulu la revoir, au moins une fois. Son visage s’imprima dans ma rétine, devenant aussitôt flou, voilé derrière un nuage opaque.

Une violente gifle me sortit de ma torpeur.

— Ben gamin, t’allais pas claquer comme ça, sous nos yeux ? Enfin, je veux dire, pas si vite, quoi.

Des rires gras se joignirent à celui de mon tourmenteur. J’ouvris des yeux douloureux, rougis par le manque d’air. On m’avait jeté contre un mur, dans le hall d’un immeuble d’habitation en partie dévasté. J’étais entravé, un morceau de tissu m’empêchant d’émettre le moindre son. Charles se trouvait à l’autre bout de la pièce, les mains liées, également bâillonné. Il adressait des regards de rage à nos agresseurs, mêlés d’une terreur similaire à la mienne. Je comptai six hommes, debout autour de nous. Des militaires en arme. Ils nous tenaient en joue, et, à voir leur visage, il s’en serait fallu de peu pour qu’ils nous tirent dessus.

Celui qui venait de me frapper était un lieutenant d’infanterie. Vétéran de nombreux affrontements, il portait sur lui tout la hargne et la cruauté d’un homme nourri de violence et de combats. Face à moi, les mains sur les hanches, il me toisait, un sinueux sourire fendant sa barbe de trois jours. Derrière la crasse et la fatigue, je reconnus enfin l’officier qui m’avait recueilli, libéré des geôles du ministre Baroche, au sortir de la maison.

Duroc. C’étaient donc ses hommes, qui nous avaient capturés. Je ne sentais plus la lettre contre mon flanc, ils avaient dû la trouver en me fouillant. Tout était perdu. Nous n’avions pas pu atteindre le palais, prévenir l’empereur. Le professeur était mort pour rien, son sacrifice allait s’achever dans ces ruines.

Le militaire avait noté ma déconvenue, souriant de plus belle à ma mine défaite. Il avait abandonné les manières civilisées dont il avait fait preuve, à l’époque de notre première rencontre. Même son phrasé s’était modifié, plus proche à présent des cantonnements de la troupe que des salons de l’état-major.

— Maintenant qu’on est un peu tranquilles, on va parler, tous les deux. Heureusement qu’on t’a rattrapé à temps, tu sais ? Sans quoi t’allais, avec ton petit copain, faire la plus grosse bourde de votre vie. Et ça, notre ami commun n’aurait vraiment, mais vraiment pas apprécié.

Je m’agitai, mâchonnant sans succès mon bâillon déjà plein de salive. J’en profitai pour tester mes liens. Làs ! Ces marauds s’y connaissaient en nœuds. Plus je me débattais, plus je les sentais se serrer autour de mes poignets.

— Qu’est-ce que tu dis, petit ? interrogea le militaire. Tu marmonnes, tu marmonnes, mais moi je comprends rien à ton charabia. Fais un effort, que diable ! L’homme se frappa le front, avant de reprendre, faussement contrit. Ah mais bien sûr ! Ton foulard. C’est ça, qui t’empêche de parler ? Mais fallait me le dire tout de suite, voyons.

Il s’approcha de moi, se pencha, tirant un long couteau de boucher de sa ceinture. Il plaça sa lame contre ma gorge, grimaçant de plaisir.

— Si tu me promets de pas gueuler comme un porc qu’on égorge ou une pucelle qu’on perce, je te libère. Par contre, si t’essayes de chanter l’opéra pour attirer du monde, ta langue servira de hors-d’œuvre aux rats. Ça te va, comme accord ? Et si t’es pas sage, c’est ton braquemart qui fera office de plat de résistance, ajouta-t-il d’un air amusé.

J’opinai du chef. C’était ma seule chance de comprendre ce qui venait de nous arriver, et qui étaient ces militaires. L’homme hésita un instant, passa la pointe de son couteau sur mon cou, de droite à gauche, puis trancha finalement le morceau d’étoffe d’un coup sec. Enfin libéré, j’avalai une gorgée de salive âcre, utilisant ce temps pour choisir mes mots. Je décidai d’y aller à l’artillerie lourde.

— Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez, articulai-je du mieux que je le pouvais.

Perdu. Un coup de pied fusa, heurtant ma cheville avec force.

— Naaan, ne joue pas à ça, s’il te plaît, se lamenta le lieutenant. Il sait tout, et donc je sais tout également. Il nous a envoyés à tes trousses, dès ta sortie de l’école. Un de nos hommes t’a repéré sur le pont de l’Alma, on vous a filé discrètement pour attendre le bon moment, tu vois. Pas facile à rattraper, le petit lapin, mais on a fini par t’avoir.

— Il ? demandai-je, connaissant parfaitement la réponse.

— Je ne vais pas citer de nom, voyons, trancha le soldat. Tu sais qui je suis, nous nous sommes déjà rencontrés, il y a quelques mois de ça, tu ne peux pas l’avoir oublié. Sur le coup, j’aurais tué de mes mains ce ministre et ses hommes pour t’avoir capturé. Avec le recul, je me demande si je n’aurais pas préféré te laisser moisir là-bas, ça m’aurait évité une course-poursuite. Il haussa les épaules, feignant la déception. Mais voilà, je ne décide pas. Il a ordonné à ce qu’on te rattrape, et on t’a rattrapé. Et tu sais, il a vraiment hâte de discuter avec son cadet préféré. Au moins une dernière fois, conclut-il dans un rictus.


Des coups de feu éclatèrent dans le lointain. Les militaires s’agitèrent, échangèrent des regards inquiets. L’officier se tut, tendant l’oreille. Il s’entretint brièvement avec un des soldats puis quitta la pièce à grands pas. Au-dehors, les bruits de la fusillade augmentaient, amplifiés par les murs sur lesquels ils se répercutaient. Je me sentis défaillir. J’ignorais l’heure qu’il était, mais aucun doute n’était permis : l’assaut sur le palais venait de commencer. J’adressai à Charles un regard désespéré, vidé de toute énergie. Il m’observait, tout aussi angoissé. J’aurais voulu m’approcher de lui, lui retirer son bâillon, pouvoir échanger quelques mots rassurants, mais notre garde ne me quittait pas des yeux, fronçant les sourcils d’un air menaçant à chacun de mes mouvements. Il n’aurait pas hésité à tirer au moindre signe de rébellion.

Le lieutenant revint au bout d’une dizaine de minutes de cette insupportable attente. Je ne voulais pas prêter l’oreille aux bruits de combat dans le lointain, aux hurlements de la foule rassemblée aux portes du palais, servant de diversion aux troupes qui devaient s’infiltrer jusqu’à l’empereur.

— Toujours là ? se contenta de nous lancer l’officier, pavoisant. Encore un peu de patience, je crois que notre petite affaire est en train de se terminer. Après cela, nous pourrons nous mettre en route et le rejoindre, un chariot de l’armée nous attend un peu plus loin.

Des bruits de cavalcade, venant de la rue. Des groupes s’enfuyaient, s’éloignant du palais. Soldat ? Émeutiers ? Conspirateurs ? Impossible de le savoir. Le lieutenant posa un index sur ses lèvres, m’intimant de garder le silence, son couteau appuyé sur ma gorge.

— L’empereur ! cria une voix paniquée au-dehors. Ils ont tué l’empereur !

Ma tête, sans force, cogna violemment contre le mur. J’aurais voulu m’enfoncer dans cette pierre froide, m’y réfugier, trouver un lieu de repos dans ce chaos. Des larmes montèrent à mes yeux, tandis que d’autres cris apeurés venaient conforter l’horreur absolue : le complot avait réussi. Le prince Louis Napoléon Bonaparte, Duroc et les militaristes, étaient parvenus à leur fin.

— Tu vois, mon petit gars ? s’amusa le lieutenant. Je t’avais bien dit que ça allait bientôt se finir. Patientons encore un peu, pour laisser les lâches et les paniqués quitter ce navire en perdition, puis nous pourrons nous en aller.

Il porta la main à l’intérieur de sa veste et en ressortit une feuille de papier, tachée de sang séché. Je le reconnus du premier coup d’œil. Le militaire déplia lentement la lettre, comme s’il en prenait connaissance pour la première fois. Il fit mine de parcourir ses lignes, fronçant les sourcils par instant, esquissant des grimaces de surprise à d’autres. À la fin de sa pantomime, il me regarda d’un air amusé. J’enrageais, tirant sur mes liens à m’en taillader les poignets.

— Je vois à ton expression que tu connais ce message, n’est-ce pas ? Quel dommage que tu n’aies pas pu l’apporter à temps ! Tu aurais été un héros.

L’homme se frotta le menton, nous toisant, Charles et moi, comme on le ferait de chevaux menés à l’abattoir.

— Bien sûr, reprit-il, pour vous, la fin de l’aventure va être un peu écourtée. Mais vous aurez au moins le mérite d’avoir vécu des moments historiques. Là où vous serez, vous ne pourrez pas les raconter, mais qu’importe, n’est-ce pas ?


Un grondement, dans le lointain. Une clameur prenant peu à peu de l’ampleur, repoussant tous les autres cris. Elle augmentait, dévalait les rues pour arriver jusqu’à nous. Je me souvins du bruit de la foule en masse, le premier jour des émeutes, de la charge furieuse de nos troupes à la barricade. Le vacarme devenait assourdissant, gagnait encore en force. Des coups de feu, à nouveau, des tirs de canon, sans ordre aucun. Un des militaires du lieutenant pénétra en toute hâte dans le hall où nous nous tenions, le visage tordu par une grimace d’effroi. Il se précipita vers son officier, échangea quelques mots à voix basse avec lui. Il blêmit, serra les poings. Son sourire devint un rictus de colère et de peur mêlées.

— Non ! Ce n’est pas possible ! s’exclama-t-il. Ils ne peuvent pas...

Il me fixa d’un regard noir, leva la lame de son couteau. Il allait se jeter sur moi, m’égorger là, au milieu des décombres, aux côtés de mon ami. Après tout, n’était-ce pas préférable ? Il s’avança d’un pas, menaçant, quand le soldat près de lui posa une main sur son épaule.

— Mon lieutenant. Nous n’avons pas le temps. Ils vont arriver d’un instant à l’autre.

L’homme s’immobilisa, son regard passa de son arme à mon cou. Ses muscles étaient tendus, il luttait contre deux pensées opposées.

— Mon lieutenant, l’implora le soldat.

L’officier hésita encore un instant puis rengaina son couteau d’un geste sec, me menaçant d’un index accusateur.

— Je te retrouverai, Sauvage ! cracha-t-il. Toi et ton copain, on n’en a pas fini !

Sans un mot de plus, il s’éloigna et sortit en toute hâte dans la rue en compagnie de ses hommes, pour disparaître de notre vue au bout de quelques secondes.

J’observai Charles, tout aussi perdu et effrayé que moi. Que venait-il de se passer ? Pourquoi nos geôliers s’étaient-ils enfuis ainsi ? Nous étions seuls, ligotés, dans un lieu inconnu. La clameur était tour près de nous. Elle s’approchait, sur le point de nous rejoindre et de nous engloutir.

À mes pieds gisait, inutile, la lettre confiée par le professeur Descart.

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