Stupéfaction

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Roland fut réveillé par Trique et Traque, qui dans leur éternelle poursuite n’hésitaient pas à l’escalader tout en chantonnant une rengaine. ♪ Réveille-toi voyeur, ♫ tu peux te rincer l’œil. ♪ Réveille-toi voyeur, ♫ tu peux te rincer l’œil. Il se redressa. « On joue encore avec mes souvenirs », Amaelle Loubière de Jolimont, de l’eau jusqu’à la taille prenait son bain, Roland resta figé, mais il réalisa vite qu’elle n’avait pas de nattes, et surtout elle était coiffée d’un tambourin écarlate. Il tourna la tête et vit les vêtements de Silaid, manifestement lavés, étalés sur l’herbe, séchant au soleil. Roland tendit la main, elle arriva sur le dos de Miou qui s’interposa entre elle et le ruban.

« Que fais-tu ici toi ? s’exclama Roland. »

Cette interjection fit se retourner Silaid, qui, voyant l’homme et le félin face à face tourner la tête dans sa direction, d’un geste matérialisa une cape dont elle se couvrit pour sortir de l’eau. S’approchant, elle identifia le matou qui ronronnait sous les caresses.

« Mais c’est le chat de Gaël ! s’étonna la princesse.

– Il lui ressemble effectivement, mais je ne pense pas que ce soit lui, comment serait-il venu d’Historia jusqu’ici ?

– Gaël prétendait régulièrement que Miou, c’est comme cela qu’il l’appelait, nous suivait.

– Je me demande comment un chat, Miou ou un autre, fait pour parcourir la sente du fol. »

Roland observa le Coursprofond pendant que Silaid se vêtit, puis ils reprirent leur route. Silaid héla Miou qui chassait les écureuils qui se précipitèrent dans un trou dans le tronc du noyer, qui leur servait de refuge.

« Miou, viens avec nous ! »

Tous trois se mirent en route vers Bannières. Ils n’étaient plus que deux en arrivant au poste de garde, le mistigri les ayant abandonnés pour une quelconque proie.

Silaid usa de magie pour convaincre les sentinelles qu’il était inutile qu’elle soulève sa voilette et que son compagnon ôte sa capuche pour pénétrer dans Bannières. Ils dînèrent et dormirent à la taverne de Saint-Georges. Roland regretta que Ryana n’y séjournât pas.

Ils allèrent ainsi de ville en ville, sans que jamais l’un ne tente de voir ou même ne s’interroge sur le visage de l’autre.

Ils visitèrent :

La sombre Thanateron.

Le Pays imaginaire, où ils saluèrent Nibs, qui les mena, à la demande de Roland, à l’immense chêne qui déployait l’ombre de son intense feuillage sur le terrier qui fut l’entrée de Wonderland. Roland y conta comment le ka-tet de ThiSBeth en avait provoqué l’effondrement.

Les Marches du Légendaire, où Silaid se sentit chez elle.

Mediatika, où l’on s’activait à réassembler la tour droite de la porte du sud au mur d’enceinte, qui avait mystérieusement disparu, puis non moins étrangement réapparu.

Lors de leurs pérégrinations, ils n’identifièrent aucune autre cause, à la progression de la dislocation tectonique vers le Pays imaginaire, que l’émergence ou la chute du temple dans lequel ils avaient dormi.

De retour à Historia, au poney fringant ils retrouvèrent Yanick, Kay et Shirley récemment revenues de Mediatika, ainsi que Gaël sur les genoux duquel était installé Miou.

« Regarde-le, Silaid ! Ce chat n’a pas quitté la ville, affirma Roland.

– Je ne sais pas, mais depuis votre départ, il n’avait pas remis une patte ici avant ce matin, intervint Airt.

– Et Mir, il n’est pas rentré avec vous, demanda Silaid aux deux ribaudes.

– Nous ne l’avons pas vu pendant notre séjour à Mediatika, nous pensions qu’il avait voyagé avec Gaël, mais il nous a détrompés, déclara Kay, approuvée d’un hochement de tête par Shirley.

– Alors nous festoierons sans lui, conclut Roland. »

Le lendemain Roland proposa à Silaid de l’accompagner dans le couloir entre les mondes, lui exposant que dans les jours qui suivaient ce monde allait se pétrifier, ainsi que tous ceux qui s’y trouveraient à ce moment-là. La princesse répondit qu’elle tiendrait compte de l’avertissement, mais déclina l’invitation, affirmant qu’elle allait reprendre la mer espérant regagner la Perse.

Roland rejoignit les sous-sols de la bibliothèque et franchit la faille.

Silaid se rendit à Legendarium. Au chaudron du leipreachán, point de Lailoken ni de disciple. Le jour même, elle embarqua sur une nef marchande qui levait l’encre.

Le jour suivant alors qu’ils faisaient voile vers le large, le vent cessa brusquement de souffler, comme touché par une onde venue de la terre et progressant vers la pleine mer, les vagues s’immobilisaient. La mer se figeait, elle ne gelait pas, elle ne se solidifiait pas, la houle restait en suspens. Le temps s’arrêtait, c’était comme si le monde se transformait en tableau. Tandis que l’onde avançait vers le navire, un arc-en-ciel apparut devant celui-ci.

Le plus étrange arc en ciel qui ne se fut jamais formé.

Le plus petit arc-en-ciel de tous les mondes, mais le plus grand porche, car il avait la forme d’un portail pouvant être traversée par la nef.

Alors que privé de vent, le vaisseau courant sur son erre approchait de l’arc tous restèrent bouche bée. Un arc-en-ciel est un phénomène lumineux sans aucune matérialité, pourtant un chat était assis à son sommet.

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