Papy ! Une histoire... S't'plait !

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                          Une histoire ! Papy ! S'te plaît !

Le petit-fils : "Papy ! Papy ! Tu devais me raconter une histoire."

Le grand-père : "Il faut que je range mes outils dans le garage. Mamie va me rouspéter si je ne le fais pas."

Le petit-fils : "Tes outils, depuis que je suis né, ils sont en désordre ! Ça peut attendre demain. Non ?"

Le grand-père : "Ça te fait rien si je me fais engueuler ?"

Le petit-fils : "Mais non, je dirais que c'est moi qui t'en ait empêché."

Le grand-père : "T'as pas pitié de moi."

Le petit-fils : "Allez ! S'te plaît !"

Le grand-père : "Bon, d'accord, qu'est-ce que tu veux que je raconte ?"

Le petit-fils : "Une histoire avec des pouvoirs magiques, des animaux qui se transforment, des extra terrestres. Tu vois ?"

Le grand-père : "Une princesse, ça irait si j'y ajoute une princesse ?"

Le petit-fils : "Bof ! Enfin, si tu y tiens. Mais alors il faut qu'elle soit belle et sympa. Pas comme la dernière fois où elle était craignos."

Le grand-père : "Bien ! Installes-toi ! Il était une fois. Non, ça fait ringard. C'était, il y a longtemps. Non, il faut que je démarre mieux."

Le petit-fils : "Ça fait rien, tu commences n'importe comment, ça ira quand même."

Le grand-père : "Et le style petit ? Il n'y a que ça qui compte. Si t'en as pas, personne ne t'écoutera. Allez, je me lance pour de bon.

L'histoire commence quand monsieur et madame Colomb, qui se désolaient de ne pas avoir d'enfants, apprennent que l'heureux événement est pour dans quelques mois."

Le petit-fils : "La mère Colomb est enceinte, quoi ?"

Le grand-père : "Oui, enfin si tu veux. Mais c'est moi qui raconte ! Toi, tu écoutes. Pigé ? Bon, je poursuis. Donc, la mère Colomb…Mais, qu'est-ce que je raconte…Donc, la maman du futur bébé, ainsi que son mari, sont enchantés. Un peu plus tard ils apprennent par l'échographie que se sera une fille. Une fille ! Une petite princesse dans leur foyer ! Quelle joie !

La Mère : comment nous l'appellerons notre petite princesse ?

Le Père : petite princesse.

La Mère : mais pour l'état civil ? Il lui faudrait un nom de reine.

Le Père : c'est pas bien compliqué, il n'y a qu'à regarder dans le dictionnaire. C'est plein de rois et de reines.

La Mère : j'aimerais bien Elisabeth, ou Caroline.

Le Père : ah non ! On va croire qu'on a choisi son nom dans une revue people. Je préférerais Blanche.

La Mère : Blanche Colomb ? Ça va être dur à porter.

Le Père : au contraire, c'est plein de poésie, c'est léger, aérien. On sent que son destin ne peut être qu'exceptionnel.

La Mère : écoute Joseph, je sais que les pères sont souvent dingues de leurs filles, mais là tu fais fort, elle n'est pas encore née, attend de la voir au moins. Suppose qu'elle ait le teint foncé, comme moi ?

Le Père : non, elle aura un teint délicat, je suis sûr qu'elle aura ton allure, ton visage, et mon teint clair avec des yeux bleus. Ceux de ma mère.

La Mère : espérons qu'elle aura l'air moins tarte qu'elle !

Le Père : quoi ? Ma mère a l'air tarte ? Ma mère est une personne très intelligente. D'ailleurs je tiens d'elle de ce côté.

La Mère : elle est peut être, je dis bien peut être, intelligente, ça n'empêche qu'elle a l'air…Bon, on arrête !

Le Père : c'est décidé, on l'appellera Blanche, Blanche Colomb.

La Mère : d'accord, on l'appellera Blanche. Mais, Caroline, c'était bien aussi, ou Elisabeth.

C'est ainsi qu'à sa naissance, leur petite princesse fut prénommée Blanche Elisabeth Caroline Colomb. En abrégé, B.E.C. Colomb. Tu peux voir que son destin était sur des rails. Son avenir tout tracé. Elle était sûre que les quolibets pleuvraient quand ses camarades de classe voudraient se moquer d'elle. Ce qu'ils firent, abondement. Déjà, à la maternelle, l'institutrice ne pouvait retenir un sourire chaque fois qu'elle s'adressait à elle. Qu'on l'appelle Blanche Colomb, ou Colomb Blanche, la classe éclatait de rire. La maîtresse avait renoncé, en remplissant le cahier de présence, à la nommer. Elle regardait si elle était là, point. Plus tard, dans les grandes classes ce fut pire. Les initiales de ses nom et prénom se prêtaient à de nombreuses variantes. Allô ! C.B. vous m'entendez ? Fais gaffe à Colomb, tu vas tomber sur un B.E.C. Et ainsi de suite. J'en passe et des plus tristes. Chaque cours de sciences ou d'histoire, était un calvaire. Elle maudissait ses parents qui ne s'apercevaient de rien et la chérissaient, l'idolâtraient, surtout le père, parce que la mère avait quand même plus les pieds sur terre, et pensait, quelques fois, la nuit, qu'elle aurait dû insister davantage,  en ce qui concerne le prénom de sa fille, pour imposer son point de vue. Elle avait failli ne pas se marier avec Joseph, justement à cause de son nom de famille. Bien sûr, il était prestigieux, mais quand on est ordinaire, pour ne pas dire moins, il faut avouer que ça le fait un peu trop. Enfin avec le temps…Les gens qu'ils côtoyaient s'étaient habitués. Personne n'y faisait plus attention. Sauf, sauf cette infortunée enfant, cette pauvre Blanche qui traînait son état civil comme un boulet. Ça virait à l'obsession. Elle s'isolait, se refermait sur elle-même, ne parlait plus qu'à sa seule amie, une voisine, qui par malheur déménagea et partit pour le sud de la France parce que ses parents en avaient marre de la grisaille et du froid. Les Colomb, malgré leur origine probablement méditerranéenne, avaient su s'acclimater et s'accommodaient parfaitement du mauvais temps. Il y avait un avantage à l'absence de soleil, notre héroïne gardait un teint pâle, tel celui des princesses d'antan. En grandissant, elle était même devenue jolie. Seulement son caractère renfermé n'incitait pas les jeunes gens à la courtiser."

Le petit-fils : "Tu veux dire, Papy, qu'elle ne sortait pas avec des garçons. C'est carrément nul ça ! T'es sûr que ça peut exister ?"

Le grand-père : "On voit bien que tu regarde que les dessins animés et les films d'actions, à la télé, si tu zappait sur les réality show…Mais qu'est-ce que je raconte…On passe…Donc, pour faire court, la gamine cafardait sec. Ses parents, Joseph et Marie, surtout Marie, sa mère, parce qu'elle avait plus les pieds sur terre, envisageaient de lui faire consulter un psy. Le père, lui, était complètement toqué de sa fille. Il paraît que c'est courant. C'est ce que j'ai lu dans une revue spécialisée que ta mère m'avait passé."

Le petit-fils : "Toi aussi, Papy, t'es toqué de maman ?"

Le grand-père : "Non, je suis du genre réaliste, moi…Quoique…Bon, on continue, et tu m'interromps pas tout le temps, je vais perdre le fil de l'histoire. En résumé, la petite broyait du noir et les parents se faisaient du mouron."

Le petit-fils : "C'est quoi ce charabia ?"

Le grand-père : "Ça veut dire que personne n'était content de son sort. La jeune fille parce qu'elle s'ennuyait à longueur de journée, ses parents parce qu'elle n'était pas joyeuse, et qu'elle ne vivait pas comme les filles de son âge. Elle réussissait bien à l'école, elle avait passé son bac avec mention, tout aurait dû être OK. Mais non ! L'ambiance était pourrie. Elle lisait toutes les revues que sa mère achetait sur la vie des rois et des reines, même sur la vie de celles et ceux qui ne l'étaient pas, mais qui se faisaient photographier chaque semaine dans les cocktails mondains."

Le petit-fils : "C'est quoi, les cocktails mondains ?"

Le grand-père : "Ben, c'est comme les anniversaires chez Mac Do avec tes copains, mais dans des palaces pour les adultes. Je continue…En plus elle y croyait. Elle en rêvait la nuit, le jour. Elle se voyait en robe de bal, tu sais les robes qu'on voit sur les mannequins qui défilent pour les collections à la télé."

Le petit-fils : "J'en ai vu des défilés à la télé comme tu dis. Ben, les robes, faut être drôlement givré pour mettre des trucs pareils."

Le grand-père : "Justement, elle était complètement givrée, comme tu dis, la petite Blanche. Elle se voyait descendant les marches avec un prince charmant, du genre jet set, avec château, piscine, et yacht devant Saint Trop…L'été à la neige, l'hiver au soleil."

Le petit-fils : "Tu te trompe, l'été, c'est au soleil, et l'hiver à la neige."

Le grand-père : "C'est à cause d'une vieille chanson que les moins de dix ans ne peuvent pas connaître…Je délire…Suivons l'histoire plus sérieusement. Donc, la pauvre Blanche avait pété les plombs. Voilà qu'une nuit elle rêvait, comme d'habitude de sa lecture de la veille, un violent courant d'air ouvre la fenêtre de sa chambre. Tout s'envole dans la pièce, même son dessus de lit. Une forme translucide apparaît."

Le petit-fils : "C'est quoi translucide ?"

Le grand-père : "Une forme comme un fantôme, parce qu'en fait, tu vois, c'était un fantôme. On voyait à travers, mais pas vraiment, c'était, comment je dirais, c'était comme du brouillard blanc épais. On aurait pu passer la main dedans. Un fantôme quoi ! Tu sais quand même bien ce que c'est qu'un fantôme ? Tu en as tué des milliers dans ta jeunesse."

Le petit-fils : "Sûr que j'en ai tué un max ! Une fois…"

Le grand-père : "Stop ! Je poursuis, donc le fantôme n'en était pas réellement un, c'était une fée.

La Fée : Blanche, ma petite Blanche, tu es malheureuse, je le vois bien. Je viens à ton secours. Si j'arrive si tard, c'est parce que je suis novice, je débute, je sors juste de l'école des fées, j'ai malheureusement redoublé deux années, c'est ça qui m'a mise en retard. Mais t'inquiète, je suis là maintenant. Tu dis ce que tu veux que je fasse, et hop ! Ça sera fait. D'ailleurs j'ai amené ma baguette magique avec moi. Dis, que veux-tu ?

Blanche : ça, tu tombe à pic ! Il me faut un prince charmant. Mais vite ! Alors, voilà, il doit être…

La Fée : Je t'arrête, je peux te fournir un prince charmant, mais avant, il faut que je regarde dans mon dico. Parce que j'ai pas tout en mémoire. La mémoire, c'est pas mon point fort. Voyons…Prince charmant…On a le choix, soit, tu reçois un "bon sort" qui te permet de le découvrir toute seule, soit, je te le livre demain, par chrono poste. Qu'est-ce que tu choisis ? Le sort, ou le colis ?

Blanche : le colis demain, mais tu reviendras pour vérifier, ou alors tu me donne ton numéro de portable, que je t'appelle si des fois ça foirait.

La Fée : J'ai pas encore de portable, ça me fait penser qu'il faut que je m'équipe. C'est que je débute, tu es ma première cliente. Je repasserai demain. De toute façon, y a pas de raison que ça foire. A plus !

Et la fée disparaît comme elle est venue, dans un bruit de tempête qui réveille toute la maison. Le père et la mère se précipitent dans la chambre de Blanche qui s'est rendormie sur ses deux oreilles. Ils pensent que c'est un coup de vent non annoncé par la météo.

La Mère : si elle avait fermé sa fenêtre, mais non, c'est toujours pareil avec elle. Elle fait attention à rien.

Le Père : demain je téléphone, on a pas idée de ne pas prévoir un coup de vent, ça aurait pu causer des dégâts. Tu vas voir le savon que je vais leur passer à ces incapables. Sur ces sages paroles, ils retournent se coucher.

Le lendemain, Blanche se lève aux aurores. Je veux dire qu'elle tombe du lit avant que ses parents ne soient debout. Et pas pour se brancher sur la télé comme toi, non, pour faire le guet à la fenêtre. Elle est persuadée que le prince charmant va pointer son nez gracieux à la grille d'entrée. Elle a avalé un bol de lait et quelques céréales sans sucre pour la ligne. Elle surveille son allure et son poids depuis qu'elle est ado. Si on veut taper dans l'œil du futur amour de sa vie, faut pas se laisser aller."

Le petit-fils : "Ça c'est bien vrai, Papy, toutes les grandes filles du collège d'à côté, elles se maquillent comme des stars, même, j'en connais qui sont en CM2, ben, elles se mettent du rouge le mercredi."

Le grand-père : "Je ne te le fais pas dire. Mais les garçons aussi, s'arrangent pour être au top, quand ils voient une fille, pas toi ?"

Le petit –fils : "Ben oui, enfin moi, je me maquille pas quand même !"

Le grand-père : "Pas comme les filles, mais regarde bien, fais attention autour de toi, ça peut venir. Bon, je continue…Où j'en étais…A oui, elle fait le poireau à sa fenêtre comme la femme de Barbe Bleue. Comme elle, elle ne voit rien venir. Des autos, des motos, des scooters, des vélos, des retraités qui vont chercher leur pain et leur journal, mais pas de prince charmant. Remarque, à cette heure, il doit bosser à son bureau. Ou, il est pilote d'avions, et il plane au-dessus des nuages, ou…Enfin, je sais pas moi, il vaque à ses occupations. Dix heures, toujours rien, onze heures, une voiture de la poste s'arrête devant leur pavillon. Un homme en uniforme en descend, il est du genre pas très jeune et bedonnant. Blanche a un coup au cœur. Ce type, c'est quand même pas lui le prince charmant ? Mais non, c'est le facteur, il tient dans ses bras un colis volumineux. Il n'a pas le temps de sonner que notre héroïne est déjà dans l'allée du jardin.

Blanche : c'est un colis pour moi ?

Le facteur : Vous êtes mademoiselle Blanche Colomb ? Hi ! Hi ! Excusez-moi. Mademoiselle Colomb ?

Blanche : Oui, oui.

Le facteur lui remet le colis après qu'elle eut signé le reçu. Rouge d'impatience, elle se précipite dans sa chambre et défait frénétiquement le paquet. Sous le papier, une boite, dans la boite…Une panoplie de prince charmant, avec le chapeau haut de forme, tu sais comme ceux des magiciens, des gants blancs, un nœud papillon, une veste de cocktail, des chaussures vernies un pantalon noir taille quarante deux, et pas de chaussettes."

Le petit-fils : "Pourquoi, pas de chaussettes ?"

Le grand-père : "Tu voudrais que j'ajoute des chaussettes ? Je sais pas. Les chaussettes c'est personnel ! Enfin, je le vois comme ça. Mais si tu tiens. J'ajoute les chaussettes, après tout, on fait comme on veut, c'est nous qui inventons l'histoire.

Je continue, elle est complètement effondrée. C'est quoi cette bouffonnerie ? Elle a demandé un prince charmant, pas un costume, le prince, il va pas venir tout nu !"

Le petit-fils : "Ça serait rigolo, voir arriver un type tout nu. Et, comment elle le reconnaîtrait son prince charmant, s'il est comme tout le monde ?"

Le grand-père : "Tu touche là du doigt l'important de la chose. Comment reconnaître quelqu'un qui n'est pas habillé ? Tu as raison petit, c'est bien l'habit qui fait le moine. Un prince tout nu, c'est un vulgaire pékin. Il vaut pas mieux que toi et moi. Une personne ne vaut jamais plus qu'une autre, c'est exactement ce que je pense. On est pas pareil, on a des défauts, jamais les mêmes, mais on vaut tous autant les uns que les autres…Donc, en déballant son cadeau, si l'on peut dire, elle se souvient que la fée doit repasser pour savoir si son vœu est exaucé. Et justement, dans un coin sombre de la pièce, à côté du placard à vêtements, une forme claire se manifeste. C'est elle !

Blanche : C'est quoi cette merde ? T'as vu ce que tu as fait ? C'est pas des fringues que je t'ai demandées, c'est le prince himself. Tu comprends le français ?

La Fée : Te fâches pas ! Je débute dans la profession. Je m'excuse, ça te va ? Et puis, j'ai droit à l'erreur. Si je fais des impairs, faudra que je repasse mes exams, mais c'est pas ça qui va me tuer. Alors, calmos la petite. C'est pas de ma faute si t'es pas fichue de te débrouiller toute seule. Non mais des fois, voyez cette impertinente ? Un mot de plus, et tchao ! Tu vas te faire voir ailleurs ! C'est pas possible, cette jeunesse !

Blanche : Dis, t'en fais pas un peu trop ? C'est toi qui m'as promis de me sortir de ma crise du début de l'âge adulte. Alors tu te débrouilles comme tu veux, mais tu fais ce qu'il faut, et vite !

La fée réfléchie un instant. Il y a un os, elle ne peut réaliser que deux souhaits. Le premier ayant foiré, il faut que le deuxième colle. Si elle se trompe une fois de plus, on pourra rien faire d'autre. Alors elle cogite… Elle cogite…Mais c'est bien sûr ! Au lieu d'agir sur l'environnement de Blanche Colomb, il est plus simple d'agir sur son mental. Comme ça elle viendra plus lui casser les pieds avec ses jérémiades, puisqu'elle ne pourra pas se rendre compte du changement. Elle fera d'une pierre deux coups. Un la petite trouvera son prince toute seule, deux elle n'aura pas l'idée de se plaindre, trois de toute façon on aurait pas pu faire autre chose, c'est pas dans les statuts de la profession."

Le petit-fils : "J'ai rien compris."

Le grand-père : "Ben, la fée en a marre de la drôlesse. Elle va lui jeter un sort, ça ira plus vite que d'essayer de lui fournir son prince sur un plateau. Et, c'est là, petit, que tout bascule dans le mélo. Peut être dans le sordide, ça dépendra de mon invention.

Je poursuis…Blanche ne comprend pas ce qui lui arrive. La fée vient de disparaître et elle reste toute seule, bêtement, avec sa panoplie inutile sur les bras. Si elle n'avait pas le paquet devant elle, elle croirait qu'elle a rêvé. A  propos de rêve, celui de la rencontre avec un prince charmant est des plus compromis. Elle se demande comment elle pourrait le rencontrer. Elle ne voit que les amis de ses parents et ses copains de classe, qui sont nuls à…Passons !"

Le petit-fils : "T'allais dire un gros mot ?"

Le grand-père : "Ça a failli m'échapper ! Je poursuis, elle en était là de ses tristes pensées, quand son père rentrant du travail s'aperçoit que sa fille n'a pas été en cours ce matin. Il s'inquiète, l'interroge.

Le père : t'es malade ? Y a quelque chose qui va pas, dis ma petite  princesse ?

Blanche, entendant le mot princesse s'effondre en larmes.

Blanche : Ouin ! Ouin ! C'est affreux ! Jamais je ne rencontrerai le prince charmant de mes rêves. Pourtant les princes charmants ça existe, il y en a plein les revues que maman achète. Mais ils sont tous pour d'affreuses guenons même pas bien sapées.

Le père : tu devrais  pas lire toutes ces âneries. Allez, calme-toi. Tiens, dimanche on va faire une ballade en Normandie. Il fait beau, ça te changera les idées.

C'est ainsi que le dimanche suivant, le père, la mère et leur princesse chérie, Blanche, montent dans leur auto, direction la campagne.

La mère : regarde Joseph, un panneau indique une ferma modèle à visiter. Ça me rappellera mon enfance. Quand j'allais en vacances chez mon grand-père. Je donnais du grain aux poules, j'adorais ça. Le père, freine un bon coup, tourne à gauche et s'enfile dans un chemin de terre cahoteux. Au bout d'une centaine de mètres, ils découvrent une ferme qu'on dirait sortie tout droit d'un dessin animé américain. Le toit est en chaume, la fumée sort de la cheminée et la fermière, en tablier à carreaux, lance des poignées de grains à une vingtaine de poules caquetantes. En entendant la voiture, le fermier sort de l'étable, au fond de la cour, et s'approche des visiteurs.

Le fermier : bonjour m'sieur dames, vous aviez pris rendez-vous ?

Le père : bonjour monsieur, non, mon épouse a vu votre panneau ça nous a donnés l'envie de venir voir.

La mère : surtout que mon grand-père était paysan. Heu ! Je veux dire fermier, comme vous, alors ça nous ferait plaisir de nous retremper dans l'ambiance. Et puis notre fille, Blanche ne connaît pas le travail de la terre…

Le père : si vous pouvez nous faire visiter ? Si non, on repassera une autre fois.

Le fermier : j'ai fini pour ce matin, si ma femme est d'accord. Hein ! Germaine, qu'est-ce que t'en dis ?

Germaine jette les graines qui restent dans la bassine à ses poules, s'essuie les mains à son tablier, et invite notre trio à la suivre."

Le petit-fils : "C'est quoi un trio, Papy,"

Le grand-père : "Ben, c'est parce qu'ils sont trois. Trio…Trois ! Je poursuis…La visite commence par les poules, la mare avec ses canards, les vaches blanches et noires made in Normandie…Stop ! C'est une vieille chanson du temps d'avant, d'avant toi. On continue, dans un coin du bâtiment, Blanche entend un bruit inhabituel. Grouin ! Grouin !

Blanche : c'est quoi ce Grouin ! Grouin !

La fermière : c'est les cochons. La truie vient d'avoir des petits. Voulez la voir ?

Blanche : Oui ! Oui ! S'il vous plaît !

La fermière : et bien venez, mais ne faites pas de bruit. Il faut qu'elle soit tranquille et au calme, la truie, quand elle allaite ses petits.

Blanche n'en revient pas. Devant elle, un tableau idyllique, digne d'une image d’Épinal."

Le petit-fils : "C'est quoi, une image d’Épinal ?"

Le grand-père : "C'est comme des posters. Épinal est une ville, dans l'Est, où l'on imprimait, dans le temps des tableaux que les colporteurs vendaient dans les campagnes."

Le petit-fils : "C'est quoi des colporteurs ?"

Le grand-père : "C'est, ou plutôt c'était, car ça n'existe plus, des marchands ambulants qui allaient de villages en villages, portant dans une hotte, sur leur dos, des marchandises diverses qu'on ne fabriquait qu'en ville. Des aiguilles, du fil à coudre, des rubans, et les fameuses images d’Épinal…Qui représentaient des scènes de la vie courante et des reproductions de tableaux de maîtres."

Le petit-fils : "Comme le Picasso dans le bureau de papa ?"

Le grand-père : "Oui, sauf que Picasso n'était pas né à cette époque. Bon…Je continue, Blanche tombe en extase. Elle est scotchée devant tant de beauté, devant tant de douceur. Parmi les porcelets, un a l'air plus dégourdi que les autres. Il grimpe sur ses frères pour atteindre la tétine et se goinfrer d'une ration supplémentaire. Blanche contemple la scène sans dire un mot. Elle ne bouge pas. Le porcelet rassasié de lait dégoulinant de son groin rose et frais, se retourne, examine Blanche, et brusquement se précipite vers elle en poussant des cris perçants. La fermière le repousse vers sa mère, mais il revient en criant de plus belle. Blanche, alors, se penche par-dessus la barrière, prend le porcelet dans ses bras. La bestiole se calme aussitôt. Il se met à ronronner, comme un chat. La fermière n'en revient pas, elle n'a jamais vu ça. Au bout d'un moment, Blanche repose le petit cochon dans l'enclos. Il se remet à hurler de plus belle ! Blanche est obligée de le reprendre pour qu'il se calme. Le fermier, accompagnés par les parents, vient voir de quoi il en retourne. Son épouse lui conte, en riant, la réaction bizarre de la petite bête. Le père est ému, la mère regarde avec tendresse sa fille avec son cochon dans les bras.

Le fermier : bon, c'est pas tout ça, messieurs dames, mais on a du travail. Je vous invite à boire un petit calva maison, ou un thé pour les dames, avant votre départ.

La visite est terminée. Blanche repose le porcelet qui pousse des cris à arracher l'âme d'un chrétien, ou même d'un croyant de n'importe quelle religion. Moi, qui suit athée, je t'assure que je n'aurai pas pu rester sans rien faire. Une grosse larme coule sur les joues de Blanche. Elle ne peut pas se résoudre à quitter ce petit être qui est tombé amoureux d'elle."

Le petit-fils : "Le petit cochon est amoureux d'elle ?"

Le grand-père : "Le coup de foudre ! Tu as déjà entendu parler du coup de foudre ? C'est inattendu, et soudain. On ne peut rien y faire. C'est le destin. C'est comme ça. Tu verras, quand tu seras plus vieux, dans quelques années. Pourquoi ça n'arriverait qu'aux humains ? Le cochon, est génétiquement près de l'homme, c'est bien connu, enfin je crois… Alors, pourquoi il n'aurait pas des émotions comme toi et moi.

Donc, le cochon tombe amoureux de Blanche.

Blanche : papa, je voudrai qu'on emmène le petit cochon chez nous.

La mère : ça va pas, non ? Et où on le mettrait ce cochon ?

Le père : bof ! C'est pas plus encombrant qu'un chien. Il pourrait dormir dans le garage.

Blanche : pourquoi dans le garage ? Il va avoir froid.

Le père : il faudrait d'abord que les fermiers soient d'accord.

Le fermier commence à penser que ces gens des villes ne sont pas très normaux. Il a du travail, cette visite qu'il n'avait pas prévue l'a mise en retard. Il donne son accord. On discute du prix. Le père fait un chèque. La fermière donne un carton pour y installer le porcelet. Blanche est aux anges. Elle serre le paquet sur son cœur.

Pendant le trajet du retour le petit cochon ronronne comme un moteur. La famille Coulomb s'arrête pour acheter des bouteilles de lait. Le fermier leur a vendu une botte de paille qui rempli le coffre de la voiture. Tout est prêt pour le nouveau pensionnaire.

Le soir, Blanche prépare la litière, donne du lait à la petite bête affamée. Repue, cette dernière s'endort dans les bras de Blanche qui la berce un instant avant d'aller, elle aussi, se plonger dans une débauche de rêves peuplés de châteaux, de chevaliers et de gentes dames.

Pendant huit jours Blanche s'occupe de son petit cochon. Elle lui change sa paille, le nourri au lait de vache en bouteille, le promène dans le jardin du pavillon, et, quelques fois, le laisse galoper dans la rue où il ne passe jamais personne, car c'est une voie sans issue. Elle a repris ses cours à la fac et, c'est avec des démonstrations de joie, comme en ont les chiens, que le goret accueille sa nouvelle amie à son retour de classe. Il lui fait des yeux tendre et langoureux, lui lèche les mains, se frotte à elle en ronronnant. Un dimanche, elle le prend en photo avec son polaroid. Le dimanche suivant, elle refuse de faire une ballade à la mer pour ne pas le laisser seul. Le dimanche d'après, elle prétexte le beau temps pour faire chaise longue dans le jardin pendant que la bestiole batifole autour d'elle. Ainsi, elle s'isole du monde, elle ne fait plus de courses au sup'. Elle quitte ses cours sans traîner avec ses amies à la cafétéria. Elle parle à peine à ses parents qui ne s'inquiètent pas pour autant, ils y sont habitués. Elle n'a jamais été très bavarde. Un observateur attentif aurait remarqué un changement dans l'éclat de ses yeux. Ils devenaient de plus en plus brillants. Elle avait une expression nouvelle sur le visage qui la faisait ressembler aux vierges des tableaux d'églises."

Le petit-fils : "Elle naviguait dans la cinquième dimension ?"

Le grand-père : "C'est tout à fait ça. Elle avait une tronche d'illuminée. Un psy l'aurait trouvée bonne pour l'asile. Mais il n'y avait aucun psy dans son entourage, et comme elle était du genre calme, personne n'y prêta la moindre attention. D'ailleurs, avait-on déjà prêté attention à elle, s'était-on déjà soucié de ses pensées et de ses émotions. Ses parents, parfois, et seulement quand elle était en crise visible ou gênante pour l'entourage."

Le petit-fils : "En clair, pour décoder ton charabia, elle avait pété les plombs, et ça ne se voyait pas."

Le grand-père : "Dès que tu sauras écrire couramment, c'est toi qui rédigeras les histoires, et même c'est toi qui les inventeras. Moi, je me contenterai de les lire et de te dire ce que j'en pense. Mais tu n'en tiendras pas compte, parce que je serai trop vieux pour donner un avis valable. Je pourrai juste te dire si tu invente du nouveau, ou si ça s'est déjà fait. Bon…Je continue…Tu as raison, elle était devenue folle. Elle vivait avec sa bête comme on vie avec un humain. Elle lui parlait, lui racontait ses journées, lui commentait les émissions de télé, lui faisait la lecture des magasines people, lui montrait les photos des princes charmants qu'elle trouvait, subitement, tartes.

Elle avait même, la certitude qu'il lui répondait. Elle n'avait pas tort, quand il approuvait, il disait Grouin ! Grouin ! Quand il n'était pas d'accord, il crachait et raclait du sabot en montrant les dents.

Quelques semaines plus tard, elle eut une nouvelle lubie. Elle voulait qu'Arthur, c'est le nom qu'elle lui avait donné, et qu'il avait accepté sans rechigner, elle voulait qu'Arthur couche dans sa chambre. Veto des parents, surtout la mère qui poussa des hauts cris. Le garage, passe, déjà que les voisins les prenaient pour des originaux, certains disaient, par derrière, qu'ils étaient carrément fadas, mais la maison, ça non ! Blanche s'en foutait, ou elle ne faisait plus attention à son entourage, ou elle vivait sur une autre planète. Toutefois, elle se rendit à l'argumentation de ses chers parents."

Le petit-fils : "Tu veux dire qu'elle lâche du lest ?"

Le grand-père : "Elle n'aime pas entendre crier, surtout sa mère, le père, lui, ne disait jamais rien, pas une parole plus forte que l'autre, il n'était pas du genre contrariant. Ne crois pas que c'était une bonne pâte, il n'était pas gentil plus que la moyenne pour autant, mais il ne faisait pas de bruit. Et Arthur, me demanderas-tu ? Lui, il vivait sa vie de goret, il dormait sur sa litière, il avalait sa pitance avec appétit, il galopait avec entrain dans le jardin, il poussait de petits Grouin ! Grouin ! Il avait l'air parfaitement heureux, il adorait, visiblement, Blanche qui lui rendait avec ferveur."

Le petit-fils : "Tu veux dire qu'elle en était complètement dingue, comme une fille amoureuse d'un prince charmant ?"

Le grand-père : "C'est exactement ça. Figure-toi, qu'un soir, elle refusa de manger dans le coin repas, elle pris son assiette, et s'installa dans le garage pour être à côté de son cher Arthur. La nuit, elle cogita, elle réfléchit intensément, si tu préfère, et le lendemain elle annonça à ses parents médusés, qu'elle allait se marier avec Arthur, que c'était l'amour de sa vie, qu'elle devait s'acheter une robe pour la noce, qu'il fallait passer à la mairie pour faire publier les bans, que pour Arthur, ce n'était pas la peine de prévoir un habit, la fée lui avait fourni le nécessaire par chrono poste et que le costume de prince charmant irait comme un gant à son futur époux.

Consternation ! Rien à faire pour qu'elle entende raison ! Les, ce n'est qu'un cochon, les, on n'a pas le droit d'épouser un animal, les, comment veux-tu te présenter à la mairie, on se fera mettre à la porte, les…Mais aucun argument n'avait prise sur sa détermination. Puisque ses parents s'y opposaient, ce qui est courant quand une jeune fille veut épouser un prince charmant, elle se débrouillerait seule. Avec Arthur, évidement.

A la mairie, elle ne put faire aucune démarche. L'employée fut très gentille et lui servi un bobard qu'elle avala sans se méfier. Elle pris donc la décision de se passer des autorités. L'état civil n'en mourrait pas s'il ne connaissait pas ses intentions. Ce ne serait pas la première à s'en passer. C'était une affaire strictement entre elle et Arthur. Le reste du monde pouvait aller se faire foutre ! Puisque Arthur était d'accord, puisqu'elle le voulait, ça se ferait, point !

Et ça se fit ! Un dimanche, parce qu'elle respectait les traditions, enfin quand ça l'arrangeait, un dimanche, elle se para de la robe qu'elle avait commandée, et que son père avait payé en rouspétant un peu, mais bon, elle posa sur Arthur le chapeau haut de forme qu'elle maintînt avec un élastique, elle lui accrocha autour du cou le plastron blanc et le nœud papillon.

Ils se mirent, tous les quatre, le père, la mère, Arthur et elle devant la table de la salle à manger, elle demanda à Arthur s'il voulait être son époux devant la divinité adéquate, il répondit Grouin, elle dit oui, ils furent unis pour le pire.

Le petit-fils : "D'habitude, on dit pour le meilleur et pour le pire."

Le grand-père : "D'habitude, les jeunes filles ne se marient pas avec des cochons ! Ne crois pas qu'elle était stupide, ou idiote, elle savait très bien qu'Arthur était un cochon. Mais elle savait aussi que la fée s'était arrangée pour qu'elle rencontre un prince charmant, et que ce prince charmant c'était Arthur à qui une affreuse sorcière avait jeté un sort ignoble et l'avait transformé en porc. Seul un mariage avec une humaine pourrait lui redonner son aspect présentable pour notre société un peu trop ancrée dans ses traditions."

Le petit-fils : "Et, une fois marié, il se changea en beau jeune homme comme la citrouille s'était mutée en carrosse !"

Le grand-père : "Eh non ! Même un cochon transgénique ne peut pas se changer en humain, tout du moins en apparence."

Le petit-fils : "Alors, il resta cochon, et elle resta mariée à un cochon ?"

Le grand-père : "Pour tout le monde, les voisins, ses parents, oui…Mais pas pour elle. Elle était persuadée que la magie avait eu des effets. Elle ne voyait plus un gentil goret, elle marchait aux côtés de son prince. Elle mangeait avec son prince. Elle dormait avec son prince."

Le petit-fils : "Mais tout le monde devait croire qu'elle était devenue cinglée ?"

Le grand-père : "Tout le monde, sa mère, et même son père, en étaient persuadés. La petite était folle ! A force de croire à la venue d'un prince charmant, son mental avait lâché. On essaya bien, à l'aide de photos, de vidéos, d'enregistrements sonores, de lui démontrer son erreur. Peine perdue ! Elle se mettait en colère, cassait des assiettes, brisait des verres, jetait à la tête des psys tout ce qui lui tombait sous la main. Sa fureur ne cessait que si l'on acceptait son point de vue. Il fallait accepter Arthur comme un membre de la famille. Il mangeait à table, enfin plutôt dessous, il pissait partout, mais il ne fallait pas le dire, il bouffait les moquettes et défonçait la pelouse. En grandissant il prenait du poids, de l'assurance, il ne fallait pas le contrarier. Il mordait tout le monde, sauf, et c'est assez étonnant, sauf Blanche qu'il adorait.

Le père était effondré, mais ne réagissait pas plus que d'habitude. La mère prit le taureau par les cornes."

Le petit-fils : "Ah ! Parce qu'il y a un taureau en plus, maintenant ?"

Le grand-père : "Non, c'est une expression pour dire qu'elle prend la décision que tout le monde hésite à prendre, parce que personne n'a assez de courage pour le faire. Donc, un matin, Blanche était allée faire quelques courses, de la litière, des croquettes, du mercure au chrome pour les coups de dents, et d'autres pansements, donc, la mère, pris de la mort aux rats qu'elle avait acheté au cas où, elle en remplie l'écuelle du porc qui avala le poison sans s'en rendre compte, tellement il était sûr de lui. Quand Blanche revint de ses emplettes, elle ne put que constater le résultat. Arthur gisait sur le carrelage de la cuisine, mort, tout ce qu'il y a de mort.

Arthur parti au paradis des rêves brisés, le père, la mère, cette hypocrite, et Blanche, firent des obsèques dignes, et portèrent l'infortuné bestiole qui n'avait rien demandé à personne, mais qui avait subit la folie des humains, au crématorium.

Blanche avait un caractère fort. Elle s'enferma dans sa chambre. Elle pleura en silence. Pendant huit jours elle ne mangea que quelques biscottes et ne bue que de l'eau en bouteille. Sa mère frappait en vain à sa porte, son père la suppliait de sortir et d'essayer de revivre, de retourner à ses études abandonnées depuis qu'elle avait eu l'idée saugrenue de se marier avec Arthur. Blanche ne répondait pas. Elle sortait la nuit pour accéder au frigo, et s'en retournait pleurer seule en soupirant après un destin bien cruel. Elle maudit la fée incompétente qui avait voulu la sortir de sa solitude pour, en définitive, l'y replonger plus profondément.

Au bout de cette semaine elle pris la décision d'en finir avec la vie en société. Elle qui n'avait jamais réellement vécu avec ses semblables en dehors de sa famille, n'avait plus qu'un désir, fuir tout. Partir…Partir…Mais pour où ? Pour là où on s'perd, pour le Pérou…Ah ! Voilà que ça recommence, mes souvenirs poétiques, une chanson d'Anne et Gilles, je te ferai écouter le disque, quand tu seras plus grand…Non, elle ne part pas pour le Pérou, elle veut s'enfermer dans un cachot sans lumière, sans bruit, sans personne, sans vie…Elle frappe à la porte d'un couvent. On la reçoit. On l'accueille. Elle s'y enterre. Elle a pris le soin, avant de se présenter de déposer le carton de vêtements de prince que la fée lui a fait parvenir, dans le conteneur d'une association caritative. Elle se sent en règle avec la société, en règle avec sa famille, en règle avec sa conscience.

Elle restera dans cette congrégation jusqu'à ce qu'elle retrouve, au paradis des désaxés son unique amour, Arthur le cochon malchanceux.

Moralité."

Le petit-fils : "C'est quoi, Papy, la moralité ?"

Le grand-père : "Ben…Dans le temps, on ajoutait toujours une remarque à la fin d'une histoire. Pour que ça serve de leçon, en quelque sorte. Pour que celui qui écoute le conte, fasse attention et ne fasse pas la même erreur que l'héroïne. Ici, c'est pour dire que les animaux de compagnie doivent se méfier, et ne pas accorder leur amour à un humain sans le connaître mieux. Et aux jeunes gens et jeunes filles à ne pas croire tout ce qu'on raconte dans les magazines. Parce que les journalistes ont tendance à nous Paul Loup Sulitzer, à nous Barbara Sheeffer, comme dirait Alain Souchon."

Le petit-fils : "Qui ?"

Le grand-père : "C'est un poète moderne. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !"

Les leçons de morale, c'est jamais bien gai.

Fin de : "une histoire, Papy, s'te plaît !"

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