33. Résolution

4 minutes de lecture

Je titubai à présent. Ma course folle était impossible à maintenir plus longtemps. Je levai à grand peine mon bras pour tirer sur les trois premiers zombies de la horde. J'avais retiré mon silencieux, le bruit des détonations résonna dans la ruelle. Ils s'effondrèrent et le reste de la horde continuait de se rapprocher. Je jetai un coup d'œil aux environs. J'avais tourné dans une autre ruelle que celle où j'avais laissé les autres. Enfin, c'était plutôt Jared qui m'avait laissée là. Il avait gagné cette manche le salaud. Je secouai la tête, je devais passer la journée, pour mieux m'occuper de lui plus tard. Aucune échelle ne permettait de se réfugier sur un toit dans celle-ci. Les bâtiments n'avaient que des fenêtres très étroites qui ne permettaient pas de rentrer à l'intérieur. Je pestai intérieurement. C'était quoi cette ruelle ? J'avisai une petite poubelle près d'un mur. S'il cela avait été une benne à ordures, j'aurai pu me cacher dedans. Enfermée à l'intérieur, j'aurai pu attendre que les zombies se désintéressent de moi et s'éloignent.


Je tirai à nouveau sur les cinq premiers zombies. Derrière eux, certains trébuchèrent sur les corps de leurs prédécesseurs et s'étalèrent par terre. Bien. Ça me donnait quelques secondes supplémentaires. Je remis rapidement mon pistolet dans son étui et attrapai la poubelle pour la déplacer. Je grimpai en équilibre précaire dessus et sautai jusqu'à atteindre le balcon du premier étage. Je saisis les barreaux au bout de bras et luttai pour me hisser en sécurité. Les muscles de mes bras étaient à chaud et tendus au maximum. Mes jambes gigotaient dans le vide. Des bras décharnés se tendaient vers mes pieds. Je pris appui sur une tête et en une traction épuisante, je me hissai enfin sur le balcon. Haletante je jetai un regard en dessous. Il devait bien y avoir une soixantaine de zombies dans la ruelle maintenant. Quelques-uns reniflaient la cervelle de leurs congénères sur le sol avant de s'en désintéresser. Rien ne valait la chair fraîche. Ils grattaient les murs en dessous de mon balcon, attirés par mon odeur mais j'étais inaccessible pour l'instant. Continuant toujours à essayer de reprendre mon souffle, je remis mon silencieux sur le canon de mon arme, à présent, il fallait que je sois discrète. Je pris un instant pour vérifier mon chargeur. Je venais de tirer huit balles, il m'en restait sept.

Je me redressai difficilement et m'approchai de la fenêtre. C'était un appartement mais il semblait vide. J'essayais de soulever le battant, elle n'était pas verrouillée. J'ouvris la fenêtre et me glissai à l'intérieur. Le soleil baignait la pièce de lumière, il n'y avait personne à part moi. Une épaisse couche de poussière recouvrait tous les meubles, deux portes se trouvaient au fond et menaient probablement à une chambre et une salle de bain. Je me dirigeai d'un pas traînant pour fermer les portes sans même vérifier si les pièces étaient vides. Epuisée, je revins vers la cuisine ouverte et commençai à fouiller maladroitement les placards. Je trouvai un pot de fruits au sirop. Je luttai avec mes maigres forces pour ouvrir le couvercle. Je me laissai glisser à terre et mangeai lentement. Ça aida un peu mon estomac mais j'avais envie de dormir une semaine entière vu comment j'étais fatiguée. Je me remis sur mes pieds, je devais me dépêcher de rentrer, pendant que la horde était toujours dans la ruelle.

J'ouvris la porte d'entrée pour tomber nez à nez avec un revenant. Il pointa ses doigts vers mon cou, je tentai de le repousser mais j'avais le souffle court et quasiment plus aucune force. Le zombie m'apparut comme surpuissant. Nous tombâmes sur le sol, luttant toujours étroitement. J'avais lâché mon pistolet dans la bataille et il avait glissé à quelques mètres de là. Son haleine fétide me caressait le visage. Dans un dernier effort, je le repoussai alors que ses doigts étaient sur ma gorge. Je me jetai vers mon arme et me retournai alors qu'il m'empoignait la jambe. Je lui tirai dessus et la lutte cessa.

Une étrange sensation me démangea la peau, je passai ma main dans mon cou. Elle était tâchée de sang. Un son s'étrangla dans ma gorge. Je me précipitai dans la salle de bain, frottai le miroir d'un revers de la main pour m'observer. J'avais une griffure longue de cinq centimètres. Cette réalisation me coupa les jambes. Je m'effondrai sur le sol, incapable de penser. J'allais me transformer. J'allais devenir l'un d'entre eux. Je m'étais juré que ça n'arriverait pas.

Résignée je fouillai la pièce principale à la recherche de papier et d'un stylo. J'écrivis une lettre d'adieu à Gretha, lui disant que je l'aimais, que j'avais échoué en tant que grande sœur, qu'il fallait qu'elle soit forte en mon absence. J'écris quelques lignes pour Shirahoshi, lui disant qu'elle était devenue comme une seconde petite sœur pour moi. J'adressai également quelques mots pour Max pour lui dire d'être fort. Je n'écrivis rien à propos de Jared mais nous pensions tous la même chose à son sujet. Je laissai la lettre en évidence, m'assis sur le canapé. Je fermai les yeux et plaçai mon pistolet contre ma tempe. Le visage baigné de larmes, je pressai la détente.

Annotations

Vous aimez lire Shagya ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0