Dans le ventre de la bête

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Ça empeste le renfermé. L'odeur poisseuse de milliers de corps se pressant les uns contre les autres. La crasse recouvre les murs de la tour que la moisissure ronge de l'intérieur, veinant les couloirs d'un entrelac de lignes vert sâle. Des torches improvisées répandent une faible lumière qui empêche le bâtiment de tomber tout à fait dans l'obscurité. 

Un pas après l'autre, je descends un escalier de pierre usée en évitant les débris qui jonchent le chemin. Personne. En bas, j'entends la rumeur d'une foule et plus je m'enfonce dans l'escalier, plus le brouhaha composé de cris de rage, d'exultation et de rires bruillants me monte aux oreilles. Aux dernières marches, des hurlements de douleur s'ajoutent à la cacophonie ambiante.

Un grand portaille surmonté d'une dizaine de crânes humains se dresse à l'entrée d'une sorte de fosse entourée par une descente en spirale où la cohue c'est formée. Patchwork cauchemardesque de corps squelettiques, au visages tuméfiés, édentés, aux ongles noircis, pressé pour observer une cage sphérique accrochée au murs et au plafond par d'épais cables de métal. Au centre de la cage, un corps est étendu, couvert de sang qui vient s'écouler à travers les barreaux. Penché au dessus, un géant aux traits boursouflés et à la mine triste, les poings rougis. Un tambour retenti en hauteur et une voix éraillée résonne dans la fosse, elle provient d'un petit homme arnaché sur une chaise se balancant au bout d'une grosses corde enroulée autour d'une poulie fixée au plafond. 

— SAAAAMSOOOON ! Encore une fois vainceuuuur !

La foule exulte.

— Samson ! Samson ! Samson ! 

Le géant n'a pas un regard pour ses admirateurs. Il s'asseoit en faisant trembler sa cage. Le petit homme juché sur sa chaise vient déverouiller une trape et tire le corps ensanglanté qui tombe pour s'écraser en contrebas. Le nabot jette ensuite une gourde et un paquet en tissu sâle dégoulinant.

— Tien mon grand, tu l'as bien mérité. 

Je regarde ce géant morne. Un prisonnier condamné à se battre dans sa propre cellule pour survivre. Ses grosses mains se crispent sur la nourriture et il lâche un grognement bestial à son geolier. Je lève les yeux pour inspecter les cables retenant la sphère. Samson pourrait me servir. Je progresse lentement dans la foule qui commence à évacuer l'endroit pour rentrer dans des compartiment creusés dans la pierre du bâtiment. Il faut que j'atteigne le haut de la fosse. Je travèrse la marée humaine sans trop de problème, la pluspart sont trop amorphe pour remarquer quoi que ce soit. Quelques uns remarquent mes vêtements singuliers en se contentant de hausser les épaules, d'autres penchent la tête et s'arrêtent, un sourire d'abruti sur le visage avant d'être poussé par les autres derrière eux. Je continue mon ascension jusqu'à apercevoir une grille et tois gros bras arnachés de cuir au regard mauvais qui font le pied de grue devant. Vue l'allure des gourdins qu'ils portent à leur ceinture, je ferais mieux de trouver un moyen de les distraire. Je décroche la gourde d'eau prise au condamné de tout à l'heure et la lance en l'air après avoir légerement décapuchonné le bouchon. 

Toutes les têtes se tournent quasi instantanément vers le haut, la gourde décrit un arc de cercle dans les air, un peu d'eau s'en échappe, et le chaos commence.  

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