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« Physiologiquement, les ældiens (Felipethecus trollius majoris, également connus sous le vocable de « grand chat-singe sylvestre ») forment une espèce des plus bizarre, qui résiste à toute tentative de classification rationnelle. Ce sont des mammifères ayant certaines caractéristiques typiques de la biomasse solarienne.

S’ils étaient terriens, on aurait des difficultés, par exemple, à les départager entre la famille des hominidés et celle des félidés. Avec les premiers, ils partagent la station debout, la bipédie, l’extrême spécialisation des mains et l’importance du cortex par rapport au reste du corps. Des seconds, ils possèdent le squelette souple, les canines proéminentes, la nyctalopie, l’exacerbation de sens comme l’ouïe, le goût et le toucher, ainsi que la présence d’un appendice caudal leur permettant de bénéficier d’un sens de l’équilibre et d’une agilité phénoménaux.

La présence de glandes mammaires chez la femelle nous indique que les mères portent les petits comme les mammifères et qu’elles les allaitent, mais elles ne sont pas sujettes à l’oestrus ou à un quelconque cycle reproductif. C’est là l’apanage des mâles, une spécificité qu’on ne retrouve sur Terre que chez certaines espèces d’arthropodes, comme les araignées.

Les deux autres étrangetés qui rendent les ældiens inclassables en tant qu’espèce, si l’on s’obstine à suivre le tableau de Linné, tiennent au nombre d’yeux (quatre pour les « reines », trois pour les mâles, deux pour les femelles ordinaires) et, enfin, les caractéristiques uniques de leur myocarde, qui, justement, n’en est pas un.

Si ces créatures n’existaient pas tel que je viens de les décrire dans la nature, aucun homme n’aurait été assez fou pour les inventer : leur existence tiendrait plus de la farce de cryptozoologiste que de la thèse d’un savant digne de ce nom. »

Orton Oden, Mille milliards de peuples de la Voie.

La lecture de cette bible du savoir scientifique des premiers siècles de l’Holos, enfin débloquée par le SVGARD, ne nous fut d’aucune aide pour comprendre Stripe. En fin de compte, la seule chose qui me paraît fiable dans cet ouvrage, c’est cette formule d’Oden sur les ældiens : « une espèce des plus bizarre, qui échappe à toute tentative de classification rationnelle. »

Je pense que nous n’étions pas armés pour appréhender le spécimen. Si erreur il y eut, alors elle vint des instances supérieures de la République, pas de nous. Oui, je maintiens ce propos. Vous devez comprendre que nous n’avions quasiment aucune information sur eux. Tout ce qu’on a pu nous fournir n’était que fractionnaire et inexact, lorsque ce n’était pas de la spéculation pure et simple. Si c’est un coupable que vous voulez, convoquez donc ces folkloristes amateurs et ces pseudoscientifiques à l’Officio Inquisitorium. Nous, nous n’y sommes pour rien. Ni moi ni aucun autre de ces malheureux qui constituaient notre équipe.

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