Chapitre 50 - 3 mai, San Fernando

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San Fernando constitue l’un des rares points de sortie de l’agglomération de Los Angeles vers le nord et le trafic sur les deux autoroutes majeures qui s’y rejoignent est toujours important. Malgré le gyrophare et la sirène, Charlie avait du mal à se frayer un chemin dans la circulation. Elle appela le responsable du dispositif que le FBI était en train de mettre en place autour de la maison de Joan Smith.

— La maison est cernée et le périmètre est bouclé. C’est un quartier résidentiel tranquille. Si elle est là, elle ne peut pas nous échapper.

— Savez-vous si elle s’est présentée à la clinique ou si elle a donné de ses nouvelles ?

— Nous avons un agent à Sunny Vale et elle n’y est pas. Elle n’a pas appelé non plus.

— Je quitte l’autoroute, je serai là dans cinq minutes.

— Très bien, nous vous attendons.

Quelques minutes plus tard, Charlie s’engageait dans une zone pavillonnaire avant de s’arrêter en bordure du périmètre délimité par les agents. Un homme portant un blouson avec les lettres « FBI » imprimées en jaune la dirigea vers une fourgonnette stationnée à proximité. La porte latérale s’ouvrit et on l’invita à monter dans le véhicule. Le côté opposé était équipé de plusieurs écrans, affichant des images vidéos de la maison de Joan Smith vue sous différents angles, y compris du haut. « Un drone » se dit-elle. Une radio retransmettait les conversations entre les hommes sur le terrain. Elle se présenta au responsable de l’intervention.

— Détective Charlie Mortansen, du LAPD. Nous nous sommes parlés au téléphone il y a quelques minutes.

— Agent spécial Di Maggio, je coordonne le dispositif.

— Je vois que vous avez sorti le grand jeu.

— C’est la procédure standard pour ce genre d’individus. Nous ne nous attendons pas à une résistance armée, mais nous ne devons prendre aucun risque.

— Vous pouvez me briefer sur ce que vous avez déjà constaté ?

— Nous n’avons pas encore beaucoup d’éléments, nous venons tout juste de nous mettre en place. Nous avons le visuel, comme vous pouvez le constater, et nous avons placé quelques micros qui pourraient capter des conversations dans les pièces principales, mais pour le moment nous n’avons rien entendu. Les voisins pensent avoir vu de la lumière hier soir et ils n’ont pas remarqué de mouvement ce matin, mais elle a pu partir très tôt. Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas de voiture à l’extérieur, mais elle est peut être dans le garage. On va essayer de glisser une caméra pour y jeter un coup d’œil. Elle a une carte grise pour une Prius de 2015.

Charlie pouvait voir sur l’un des écrans un homme s’approcher du garage dans un angle mort et glisser une fibre sous la porte. Après quelques instants, le technicien à la console fit apparaître une nouvelle fenêtre sur laquelle était visible la silhouette d’un véhicule. Après quelques ajustements, le sigle Toyota apparut clairement.

— Nous avons pu trouver son numéro de portable, dit le technicien. Nous allons tout de suite savoir s’il borne dans le secteur.

Il lança une application sur un autre écran et une carte s’afficha. La zone de localisation se réduisit rapidement jusqu’à se concentrer sur San Fernando. Le technicien zooma et le point se positionna sur l’emplacement précis de la maison. L’image du garage avait maintenant disparu et à la place, Charlie pouvait voir un balayage de l’intérieur de la maison depuis une fenêtre du séjour. Personne n'était visible. Di Maggio demanda au technicien d’appeler le portable de Joan Smith. Charlie entendit l’appareil sonner dans les haut-parleurs. L’appel bascula sur messagerie après une dizaine de sonneries.

— On entre ! lança l’agent dans une radio portable.

Charlie vit les hommes se précipiter vers la maison et se répartir dans les pièces. Les messages se succédèrent au fur et à mesure que les pièces étaient investies. Tous rapportaient la même information. Il n’y avait personne dans la maison.

— On y va nous aussi.


Charlie suivit l’agent vers la maison. L’équipe d’intervention se regroupait dans le séjour pour rendre compte.

— Toutes les pièces sont vides. La maison est en ordre, pas de trace de lutte ni de départ précipité. Le téléphone portable était dans le bureau mais il est verrouillé. Les clés de la voiture sont sur la console de l’entrée.

— Vous avez trouvé un ordinateur dans le bureau ? demanda Di Maggio.

— Non, il y a un routeur internet et une imprimante, mais pas d’ordinateur.

— Pourquoi serait-elle partie en emportant son ordinateur, mais pas son portable ?

— Pour ne pas qu’on la piste, suggéra Charlie. Elle a sans doute un autre mobile, prépayé et intraçable. Un complice est passé la chercher ou elle a appelé un taxi. Vous avez le moyen de vérifier les compagnies du secteur ?

— Oui, bien sûr, on va les appeler tout de suite. De toute façon, elle peut être déjà loin. On va également alerter les aéroports et faire une recherche sur les compagnies aériennes. Venez, on retourne au PC.

S’adressant à l’équipe, il leur demanda de chercher tout ce qui pourrait donner une indication sur la destination et le moyen de transport de Joan Smith. Il demanda également que les voisins soient à nouveau questionnés sur le passage d’un taxi dans la rue. Sortant de la maison, il retourna au PC mobile, suivi de Charlie.

— Si elle a éliminé le chirurgien, elle devait se douter que l’on remonterait assez rapidement jusqu’à elle, commenta Charlie. Elle a planifié son départ et effacé ses traces, mais elle ne peut pas avoir beaucoup d’avance.

— Elle a déjà fait ça au moins cinq fois, mais elle n’avait pas le FBI à sa recherche. Je ne pense pas qu’elle puisse avoir une fausse identité. Ce genre de criminel n’a pas de réseau. On va mettre ses cartes de crédit sous surveillance, contacter les loueurs de voiture et l’AMTRAK. Je serais surpris qu’on ne trouve pas quelque chose rapidement.

Arrivé au camion, Di Maggio tendit le téléphone au technicien, en lui demandant s’il pouvait accéder à l’historique des mails et des appels.

— Je vais passer quelques coups de fil pour rendre compte au Bureau. Je pense qu’il n’y a plus rien à faire ici. Je vous propose qu’on se retrouve dans l’après-midi pour voir comment les choses évoluent et décider de la suite. Si j’ai du nouveau d’ici là, je vous appelle. 16 heures chez nous, ça vous va ?

— OK, je vais aller chez le Coroner pour voir si le corps de McLay est arrivé. Je repasserai ensuite au poste pour faire le point avec le capitaine Lamb et je vous rejoindrai avec Joe. À plus tard.

Charlie se dirigea vers sa voiture, déçue d’avoir raté l’anesthésiste de peu. Elle se demandait ce qu’elle aurait pu faire pour accélérer le processus. Elle repensa à l’identification des empreintes sur le verre qui aurait pu leur faire gagner un jour. Dès qu’elle fut engagée sur l’autoroute, elle appela Cardoni.

— Mauvaise nouvelle, le nid était vide. Le FBI lance des avis de recherche sur les frontières et les aéroports. Elle a sûrement quitté son domicile en taxi, sa voiture était dans le garage. Elle a laissé son téléphone mais a emporté son ordinateur. On fait un point avec le Bureau un peu plus tard. D’ici là, je vais manger un morceau puis passer par la morgue. Tu m’y rejoins ?

— OK, j’ai prévenu Lane, il s’occupe de McLay dès qu’il arrive.

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