Chapitre 49 - 3 mai, Glendale

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Joe arrêta la sirène un peu avant d’arriver à l’adresse de Steve McLay. Le quartier était typique de l’urbanisme américain, une succession de belles maisons, toutes similaires, chacune au milieu d’une pelouse bien tondue avec garage attenant. Wisteria Lane, se dit-il, en revoyant la série culte pour sa femme et sa fille aînée. Il fit le tour du quartier à faible vitesse, satisfait de voir qu’à cette heure, il n’y avait pas d’enfants dans les rues. Il ne s’attendait pas à une intervention violente, mais voulait à tout prix éviter un incident fâcheux. La Camaro blanche du médecin était stationnée devant le garage fermé. Tout était calme dans le voisinage, personne dans les jardins, pas de personne âgée promenant son chien.  Il demanda à l’équipe du SWAT de rester hors de vue en attendant qu’il ait terminé sa reconnaissance. Il repéra la Ford Crown Vic des agents du Bureau, garée à une distance raisonnable de la maison. Une jeune femme était au volant. Son partenaire devait être descendu pour inspecter les alentours. Joe s’arrêta à proximité et descendit de voiture pour se présenter.

— Bonjour, je suis le détective Joe Cardoni du LAPD. Je travaille sur cette affaire depuis le début.

— Agent spécial Baxter, FBI. Montez à côté, ce sera plus discret.

Joe contourna le véhicule et s’installa à la place passager. Baxter devait être une nouvelle recrue, il ne lui donnait pas plus de 25 ans. Elle portait une tenue stricte, l’uniforme du Bureau, tailleur pantalon gris sur un chemisier blanc boutonné très haut. Elle avait à portée de main une paire de jumelles et un émetteur radio miniaturisé relié à une oreillette.

— L’agent spécial Flint, mon partenaire a fait le tour de la maison. Il n’a pas remarqué de mouvement à l’intérieur. Il a également interrogé les voisins, ils n’ont pas vu l’occupant depuis deux jours. Les personnes interrogées nous ont dit que l’homme vit seul ici et qu’il ne reçoit pratiquement pas de visites. Tout le monde connait la Camaro blanche et on ne lui connait pas d’autre véhicule.

— OK, voilà ce que je propose. Je vais appeler les gars du SWAT pour sécuriser le périmètre, on ne sait pas si notre client est armé et il pourrait se défendre. Entre temps, je vous suggère de rappeler votre collègue. Dès que le SWAT est en place, on entre dans la maison.

Joe regarda les hommes en noir se déployer. Lorsque le chef d’équipe lui fit signe qu’ils étaient prêts, il s’avança vers la porte, accompagné des deux agents du FBI. Tous avaient l’arme au poing. La porte s’ouvrit sans résistance sous l’impact du bélier. Deux policiers pénétrèrent immédiatement, scrutant tous les angles de la grande pièce sans provoquer de réaction. Joe entra à son tour, les Fédéraux sur ses talons. Le rez-de-chaussée fut rapidement investi. Le séjour était ordonné mais laissait percevoir des signes d’activité normale. Dans la cuisine, une bouteille de vin était ouverte, deux verres posés sur le plan de travail. Dans le bureau, un ordinateur était ouvert, Joe appuya sur une touche et la page d’accueil s’afficha sur l’écran verrouillé.

Un petit groupe avait pris possession de l’étage. En pénétrant dans la chambre principale, une voix interpella Joe.

— Par ici, Cardoni. Il y a un homme sur le lit, je pense qu’il est mort.

— N’entre pas plus loin, ne touche à rien.

Joe monta l’escalier aussi vite qu’il pouvait et examina la scène depuis le seuil de la chambre. Le lit faisait face à la porte, entre deux fenêtres dont les rideaux étaient tirés. Des vêtements d’homme étaient dispersés sur le sol, signe d’un déshabillage rapide. Plusieurs sex-toys étaient disposés sur l’un des chevets. L’homme, que Joe reconnut comme Jan Van Oït alias Steve McLay, était allongé nu sur le dos, les poignets attachés à la tête de lit par des cordelettes blanches. Il avait un plug anal profondément enfoncé entre les fesses.


Joe s’approcha avec précaution. Il ne put que constater l’absence de signes vitaux. Le corps était froid.

— Il est mort depuis un moment déjà. Vérifiez qu’il n’y a personne d’autre dans la maison. J’appelle l’équipe scientifique.

Au côté de Joe, l’agent Baxter semblait fascinée par le cadavre.

— Bienvenue dans la monde réel, ma jolie. Tu n’avais pas vu cela à Quantico ?

Une fois redescendu, Joe remercia l’équipe du SWAT et les libéra. En attendant l’équipe technique, il appela Charlie pour la mettre au courant. Elle était encore sur l’I-5, engluée dans le trafic malgré le gyrophare et la sirène.

— On a trouvé McLay mort chez lui, attaché nu aux montants du lit. Je ne peux pas dire pour le moment si c’est une mise en scène ou s’il s’est envoyé en l’air une dernière fois, mais ça pourrait ressembler au mode opératoire de Joan Smith.

— Je vais appeler le Bureau pour voir où ils en sont avec elle. Je suis encore au moins à un quart d’heure de San Fernando. Peux-tu appeler le Docteur Lane et lui demander de vérifier en urgence si McLay a été drogué au Propofol ?

— Je m’en occupe tout de suite.

Comme il raccrochait, il remarqua que les deux agents du FBI emballaient divers objets, dont l’ordinateur de McLay.

— Ecoutez, il a été bien convenu avec le Bureau que McLay était à nous. Laissez-nous nous occuper de tout ça. L’équipe scientifique est en chemin.

Flint reposa les objets en maugréant.

— Dans ce cas, on vous laisse continuer seul.

— Pas de problème, dans l’état où il est, il ne pourrait pas aller bien loin.


Les Fédéraux partis, Joe appela le légiste.

— Docteur Lane ? Joe Cardoni du LAPD. Nous nous sommes rencontrés pour l’autopsie de Madame Page, il y a quelques jours.

— Je m’en souviens très bien, vous étiez avec Charlie.

Joe fut surpris de la familiarité du médecin. Il rappela rapidement les derniers rebondissements de l’affaire en insistant sur le rôle supposé de l’anesthésiste.

— Vous allez recevoir très prochainement le corps de Steve McLay, Jan Van Oït plus précisément. Nous l’avons trouvé chez lui dans des conditions qui laissent penser que Joan Smith pourrait être impliquée. Nous aimerions que vous puissiez procéder à une analyse toxicologique et que vous nous disiez si vous retrouvez les mêmes substances que chez Samantha Page. Pourriez-vous également rechercher des traces d’injection ?

— Normalement, je ne choisis pas mes clients, mais je vais en parler au Coroner. Dans ces circonstances, je ne pense pas que ça pose problème. Demandez aux livreurs de me faire appeler à leur arrivée. Comme je sais ce qu’il faut chercher, ça ira très vite.

— Merci Doc.

— C’est la moindre des choses. Transmettez mes amitiés à Charlie.

— Je n’y manquerai pas.

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