Chapitre 25 - 29 avril, Malibu

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En début d’après-midi, Shaina avait reçu un nouvel appel de la police. De l’autre côté de la table, Stan lui fit signe de ne rien dire au téléphone. La jeune femme comprit le message et proposa à son interlocuteur de passer un peu plus tard à Malibu. Elle perçut un peu de dépit à l’autre bout de la ligne mais resta ferme sur sa position. Après avoir raccroché, elle expliqua à ses amis que les enquêteurs du LAPD viendraient à la villa vers 17h00.

— OK, dit Stan, je ne pense pas que Vargas pourra se libérer aussi rapidement, mais je vais rester et les recevoir avec toi. De toute façon, à ce stade, ils n’ont rien contre toi et tu peux refuser de répondre à toutes les questions délicates.

— Ils vont sûrement vouloir savoir pourquoi Sam a appelé et pourquoi Shaina s’est rendue là-bas aussi vite, répondit Ange.

— C’est certain, mais à ce stade, elle n’a pas à répondre à ce genre de questions.

— Vous croyez qu’ils vont chercher des informations sur le financement de la clinique, s’inquiéta John ?

— Oui, bien sûr, ils connaissent leur métier, ils ne tarderont pas à faire un lien entre Pacific Page Inc. et nous, mais ce n’est pas la peine de leur faciliter le travail, et il n’y a rien d’illégal. Une société d’investissement propose d’apporter du capital pour un projet immobilier, c’est une opération tout ce qu’il y a de plus banale. Ce qui est plus intéressant, c’est ce qui se cache éventuellement derrière PPI, mais ce n’est pas nous qui allons le leur dire, et de toute façon, moi je l’ignore.

— Moi aussi, ajouta Shaina, mais c’est justement ce dont Sam voulait me parler, ou au moins me faire comprendre.

Julie intervint à ce moment, elle venait de rejoindre le groupe.

— J’ai contacté un collègue, Walter Prescott, du Los Angeles Times, il connait bien ces milieux et a écrit quelques papiers très documentés, ça ne lui a pas rapporté le Pulitzer, mais je lui fais confiance. Il va se renseigner sur PPI. Il m’a promis des infos pour demain.

— Parfait, dit Stan, on a un plan de bataille. Maintenant, chers amis français, je ne veux pas vous chasser, mais je pense qu’il serait plus simple pour tout le monde que vous ne soyez pas ici quand les policiers se présenteront.

— En effet, dit Philippe, nous avons réservé des chambres à Venice Beach, il est temps d’aller y déposer nos affaires. Vous pouvez nous appeler après leur visite ?

— Bien entendu, dit John, je suppose qu’on se reverra demain. J’ai un programme un peu chargé à la clinique mais on peut se retrouver en soirée. D’ici là, profitez un peu de la région.

Les Français partis, John reprit la conversation sur les projets d’investissements.

— Je n’ai pas pour habitude d’intervenir dans les dossiers financiers, mais est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir concernant la société de Sam ? Comment est-ce que PPI est arrivée dans le tour de table ?

— Rien de bien compliqué en fait, en discutant avec Sam de l’agrandissement de la clinique, elle m’a juste glissé que ce pourrait être une affaire intéressante pour Pacific Page Inc. Elle ne se s’occupait pas de la vie de la société mais connaissait quand même les grandes lignes de ses activités. Elle a organisé une rencontre avec Phil Blankart et je lui ai présenté notre projet. Il l’a trouvé très prometteur et m’a assuré qu’il serait en mesure de participer sous forme d’une augmentation de capital à laquelle PPI et ses partenaires pourraient participer.

— Une augmentation de capital, dit Stan, ce n’est pas rien, tu aurais du m’en parler, ainsi qu’à John et aux autres associés.

— Bien sûr, je l’aurais fait, mais j’attendais d’en savoir un peu plus.

— Je ne crois pas que ça aurait plu à mes confrères, ajouta John, nous ne souhaitons pas partager le contrôle avec des financiers.

— Je sais tout cela, se défendit la jeune femme, je voulais juste avoir une autre option à comparer aux montages habituels. Ce n‘était pas mon idée au départ.

— OK, temporisa John, je ne te reproche rien, c’est ton rôle après tout. De toute façon, tout cela est à oublier maintenant.

— La seule question qui reste en suspens est de savoir si cette opération peut avoir un lien avec la mort de Sam, dit l’avocat. Ça m’étonnerait que la police ne cherche pas un peu de ce côté s’ils n’ont rien d’autre. Je suis curieux de voir ce que cette journaliste va trouver.

Comme le temps passait, Shaina était plus anxieuse. Stan s’en aperçut et la conforta.

— Laisse-moi mener la conversation avec les policiers. Si on te demande de quoi voulait parler Sam, tu n’auras qu’à dire que c’était un problème intime, qu’elle voulait l’évoquer avec toi, tu n’as pas à entrer dans les détails. Je ne pense pas qu’ils insisteront.

— Et s’ils parlent de PPI ?

— Alors je répondrai que nous sommes en contact avec eux dans le cadre d’une opération de financement de la clinique. Ce n’est pas confidentiel.


À l’heure prévue, Charlie Mortansen et Joe Cardoni se présentèrent chez les Freeman. John les fit entrer et présenta Shaina et Stan. Les policiers eurent un moment de dépit en constatant la présence de l’avocat qui dût être perceptible puisque ce dernier prit la parole.

— Je suis l’avocat de John et Shaina Freeman. Nous vous recevons par politesse, mais vous savez que ma cliente n’est pas tenue de répondre à vos questions.

Charlie Mortansen prit la parole.

— Nous le savons parfaitement et à ce stade, nous n’avons que des questions de pure routine. Vous savez que nous avons trouvé le corps sans vie de Samantha Page ce matin et il semble que Madame Freeman a été une dernière personne à la voir en vie. Confirmez-vous vous êtes rendue à Pacific Palisades chez Samantha Page hier après-midi ?

Shaina regarda Stan avant de répondre. Celui-ci lui fit un petit signe.

— En effet, j’étais chez Sam hier, d’ailleurs la femme de ménage m’y a vue.

— Samantha Page vous a appelée et vous êtes arrivée très vite. Qu’y avait-il de si urgent ?

— C’était un problème de femme… elle voulait en parler avec moi, j’étais son amie proche. Je pense que vous pouvez comprendre ça, répondit Shaina, s’adressant directement à Charlie.

— Vous n’avez vu personne d’autre chez Madame Page, demanda Joe, elle était seule lorsque vous êtes repartie ?

— Non, personne et elle était bien en vie lorsque je l’ai quittée.

— Où étiez-vous pour discuter ? Au bord de la piscine ?

— Non, dans le salon. C’est là que Soledad, la femme de ménage nous a vues.

— Avait-elle son téléphone avec elle ? demanda Joe.

— Oui, bien sûr, il était posé sur la table, elle ne le quittait jamais.

— À quelle heure avez-vous quitté Madame Page ?

— Il devait être à peu près 16h30, je suis arrivée ici un peu avant 17h00. Nous avions des invités à la maison, je n’ai pas trainé.

— Que savez-vous de la société Pacific Page Inc., demanda Charlie Mortansen ?

Stan intervint.

— C’est moi qui répondrai à cette question, sans rapport avec ce qui vous amène ce soir.

— Sans rapport, ça reste à démontrer, dit Mortansen, Samantha Page était toujours l’actionnaire principale de cette société et la clinique Sunny Vale cherche des financements, on peut faire le lien non ?

— Madame Page n’avait pas de rôle actif dans la société Pacific Page Inc. et c’est généralement moi qui suis l’intermédiaire entre la clinique et les investisseurs, précisa l’avocat.

— Madame Freeman est directeur financier de Sunny Vale, je crois. Elle doit donc également être au courant de ces éléments.

— Comme je l’ai précisé, c’est moi qui répondrai sur ce sujet. Nous avions en effet envisagé une collaboration avec la société de Madame Page, mais rien ne s'est concrétisé. Je ne vous en dirai pas d’avantage.

— Madame Freeman, votre amie vous avait-elle fait part de menaces la concernant ?

— Non, pas du tout, Sam avait beaucoup d’amis et de relations mais elle ne n’avait jamais parlé d’ennemis.

— Savez-vous si elle buvait beaucoup, si elle prenait des médicaments ou des drogues ?

— Nous n’avons pas à répondre à ces questions, dit Stan. Si vous n’avez rien d’autre, alors je vais vous raccompagner.

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