Chapitre 22 - 29 avril, Pacific Palisades – Malibu

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Charlie Mortansen, détective attachée au bureau de Los Angeles Ouest du LAPD, reçut l’appel sur son portable juste en sortant de la douche. Elle était d’astreinte ce dimanche et espérait une journée calme. Lorsqu’elle reconnut le numéro de son équipier Joe Cardoni, elle se dit que ce ne serait sûrement pas le cas.

— Habille-toi ma belle, je passe te prendre dans un quart d’heure.

— Tu peux m’en dire un peu plus ?

— Non, pas vraiment, juste que l’on a reçu un appel du poste de Pacific Palisades. On en saura plus sur place.

Charlie sécha de son mieux ses longs cheveux blonds et les rassembla grossièrement sur l’arrière de la tête. Elle tenait de son grand-père scandinave un physique sportif et agréable qui avait pour effet de séduire ses partenaires de travail, juste assez pour qu’ils aient envie de travailler avec elle, mais sans leur laisser croire qu’ils pourraient aller plus loin. Elle choisit une tenue confortable et pratique, ne sachant pas quel terrain elle allait devoir arpenter. Quand elle sortit de chez elle, son partenaire tournait au coin de la rue au volant d’une voiture banalisée.

— Salut, tu as passé une bonne nuit ?

— Très bien merci, et toi ?

— J’ai connu mieux.

Charlie connaissait les problèmes de son équipier, mais ce matin, il avait vraiment mauvaise mine.

— Tu as dormi dans la voiture ?

— J’ai bu quelques verres avec des copains et quand je suis rentré à la maison, Judy avait tiré le verrou.

— On a le temps de s'arrêter sur la route, je n’ai pas pris de petit-déjeuner. Un café te fera du bien.


Une demi-heure plus tard, ils serpentaient vers les hauteurs de Pacific Palisades pour arriver devant une villa dont le portail était ouvert. Plusieurs véhicules de police ainsi qu’une ambulance stationnaient à proximité de la maison. Charlie fit une rapide recherche sur son ordinateur.

— La villa appartient à une certaine Samantha Page. Veuve, sans enfants.

— Qui va hériter alors ?

— Pourquoi dis-tu ça ?

— Si on nous appelle, c’est que quelqu’un est mort non ?

Les deux policiers se présentèrent à un agent en uniforme qui leur indiqua la direction de la piscine. La zone était délimitée par un ruban de plastique jaune. Un sergent en uniforme accompagné d’une femme en combinaison blanche vint à leur rencontre. Après les présentations, l’homme leur donna les premières explications.

— Nous avons reçu un appel de l’employée de maison, surprise de ne pas trouver sa patronne en arrivant ce matin. La porte n’était pas verrouillée et l’alarme était coupée. Elle a rapidement cherché à l'intérieur avant d’aller vers la piscine. C’est là qu’elle a découvert le corps qui flottait sur le dos. La femme en combinaison compléta avec quelques détails techniques.

— Le corps ne présente aucune blessure ou trace de lutte visible. La noyade est l’hypothèse la plus évidente mais on ne le saura qu’à l’autopsie. Il y a tout de même un détail troublant. La victime se baignait totalement nue, ce qui en soi n’est pas rare par ici, mais on n’a retrouvé ni vêtements, ni serviette, ni sandales à proximité. Vous connaissez beaucoup de personnes qui traversent leur pelouse à poil, pieds nus, sans prendre une serviette pour se baigner ?

— C’est pour cela qu’on vous a appelés, ajouta le sergent.

— Vous avez bien fait, répondit Charlie. On peut la voir ?

— Bien sûr, venez par ici. On l’a sortie de l’eau, mais on a pris des photos. Je vous les transmettrai tout à l’heure.

Le corps d’une très belle femme blonde reposait sur un brancard à proximité du bassin. Deux infirmiers fumaient un peu à l’écart, attendant qu’on leur fasse signe pour l'emporter. Un technicien rangeait son matériel.

— Jolie poupée, on dirait Pamela Anderson, dit Joe. Dommage qu’elle soit morte.

— Ta gueule connard ! dit Charlie.

L’officier précisa que le corps avait été formellement identifié par la femme de ménage comme étant celui de Samantha Page.

— On sait à quand remonte la mort ?

— Je ne peux pas répondre avec précision, mais je dirais, hier après-midi ou en début de soirée. Plus de douze heures en tout cas.

— Merci, je crois que ça nous suffira pour le moment. Sergent, est-ce que l’employée est toujours là ?

— Oui, je lui ai demandé de rester à votre disposition. Elle doit être dans la maison. Elle s’appelle Soledad Alvarez. Elle travaille ici depuis plusieurs années, son mari s’occupe du jardin et de la piscine.

Le sergent les ramena vers la cuisine, où une femme était assise à une table, l’air abattu.

— Détective Mortansen du LAPD, et voici le détective Cardoni. Vous êtes Soledad Alvarez ?

— Oui, c’est moi.

— C’est vous qui avez trouvé Madame Page dans la piscine ? Quelle heure était-il quand vous l’avez vue dans l’eau ?

— J’arrive vers huit heures le matin, je l’ai cherché un peu dans la maison, peut-être huit heure un quart.

— Quand vous êtes partie hier, Madame Page était chez elle ? Quelle heure était-il ?

— Je crois qu’il était à peu près quatre heures, oui Madame était là, elle était avec une amie. Une très belle femme brune, je l’ai déjà vue ici, mais je ne connais pas son nom. Elle a une grosse voiture noire, sans toit, mais je ne connais pas bien les marques.

— Savez-vous si elle attendait d’autres personnes ? Vous avait-elle demandé de préparer quelque chose de spécial ?

— Vous savez, Madame elle reçoit beaucoup de monde ici, il y a souvent des fêtes. Alors il y a toujours tout ce qu’il faut. Mais pour hier, elle n’a rien dit.

— Je vous remercie, ce sera tout pour le moment, mais on vous recontactera sûrement un peu plus tard. Votre mari était ici hier ?

— Non, le samedi et le dimanche il ne travaille pas. Il était au football avec les enfants.

— Une dernière question, vous savez où Madame Page laissait son téléphone quand elle allait à la piscine ?

— Elle l’avait toujours avec elle, même à la piscine. Mais ce matin, il était sur la table dans le salon. Je n’y ai pas touché.

— Merci Soledad, vous pouvez rentrer chez vous.

Joe était déjà parti vers le salon, il revint quelques minutes plus tard avec un IPhone de grande taille, dans une coque décorée de strass.

— Verrouillé.

— Essaie 1234.

— Non.

— 0000 alors.

— Bingo !

Joe parcourut rapidement l’historique des mails, des SMS et des conversations chat sans rien trouver de troublant.

— Les derniers appels téléphoniques ?

— Le dernier appel était à destination d’un contact identifié « Shaina », à 15h17.

Charlie prit le téléphone des mains de son équipier et composa le numéro.

Les quatre français étaient confortablement installés sur la terrasse, avec John et sa femme, pour un brunch un peu tardif. Ils avaient fait une promenade sur la plage avant de revenir à la villa. Le portable de Shaina sonna à l’intérieur de la maison. La jeune femme se leva pour aller répondre. Quelques minutes plus tard, elle était de retour, blême.

— C’était la police, Sam est morte. Ils veulent me parler.

*** Fin de la première partie ***

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