Chapitre 8 - 14 mars, Versailles

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Brigitte et Julie regardèrent le portail se refermer sur les deux motards. Avec le départ des deux machines, le calme était revenu dans la villa. C’est Brigitte qui rompit le silence retrouvé.

— Puisque les garçons nous ont abandonnées, nous pourrions bien nous offrir aussi une journée de plaisir.

— Tu as raison, une sortie entre filles, un bon resto et puis shopping, ça te dit ? Ils en ont pour un bon moment.

— Il y a une adresse à Versailles près de la Cathédrale dont on m’a dit le plus grand bien, si tu veux je les appelle ?

— Je te fais confiance, de toute façon j’aime toutes les cuisines. C’est une chance pour moi !

Un quart d’heure plus tard, la réservation était faite et après un café, les deux amies roulaient vers la cité du Roi Soleil. La Mini garée sur la Place d’Armes, face au château, les deux femmes descendirent vers le quartier Saint Louis. Elles furent accueillies par un maître d’hôtel attentionné, peut-être un peu trop stylé pour un simple déjeuner. L’établissement était déjà bien rempli et elles durent se faufiler entre les tables occupées, faisant tourner quelques têtes, ce qui n’était pas pour leur déplaire.  Un garçon vint pour s’assurer qu’elles étaient confortablement installées et leur poposa de débuter le repas par un apéritif. Il leur fit quelques suggestions qu’elles écoutèrent poliment puis Brigitte commanda un Americano et Julie un Martini.


La salle était décorée de façon élégante, dans un style moderne qui contrastait avec l’architecture du quartier, le plus ancien de la ville. L’agencement se constituait de tables de bois clair, certaines rondes, d’autres carrées et de sièges enveloppants revêtus de velours bleu de France. Julie avait pris place dans un angle de la pièce, Brigitte tournait le dos à la salle.

Julie se pencha un peu au-dessus de la table et chuchota à l’attention de son amie.

— Ne te retourne pas tout de suite, mais il y a derrière toi une table avec deux charmants jeunes hommes. Et le blond n’a d’yeux que pour toi.

— Doucement ma belle, je suis une femme mariée, moi.

— Et alors, il nous arrive encore de faire l’amour toutes les deux, et même devant nos hommes.

— Oui, mais nous deux ça a commencé avant eux. Et toi, tu as des aventures de temps en temps ?

— Avec Ange, nous avons un contrat, la jeune femme figura des guillemets avec ses doigts, qui nous assure une grande liberté. Quand je pars longtemps en voyage, je ne me contente pas de me caresser. Les marins ont une femme dans chaque port, moi c’est un fixer dans chaque ville.

— Qu’est-ce que c’est qu’un fixer ?

— C’est une personne établie dans la région où tu vas, avec beaucoup de contacts, qui te facilite la vie. C’est indispensable dans certaines régions, surtout pour une femme. Bien entendu, ces gens là ne travaillent pas pour toi gratuitement. Alors parfois, oui, il m’arrive de prendre un moment de bon temps.

La conversation fut interrompue par le serveur qui apportait leurs plats. Une grande salade très colorée pour Julie, des filets de rouget, joliment présentés, pour Brigitte. Comme le sommelier leur servait à chacune un verre de vin, le blond prit le sien et le levant leur adressa un large sourire. Julie lui rendit son sourire et Brigitte se retourna.

— Je connais ce type, c’est un des substituts du Procureur. Charmant garçon mais un peu trop dragueur. Et puis par déontologie, avocats et procureurs ne devraient pas trop se mélanger.

Elle lui fit un petit signe de reconnaissance puis revint à son assiette.

— Je ne vais pas laisser refroidir une si jolie préparation.

Ayant un peu trainé à table à bavarder autour d’un café gourmand, les deux hommes avaient quitté le restaurant lorsqu’elles sortirent à leur tour. Elles prirent le temps de s’émerveiller en découvrant les façades dorées, brillant sous le soleil d’hiver, avant de prendre le chemin du grand centre commercial voisin. Brigitte dut tourner un moment dans les allées compliquées du parking pour trouver une place où garer sa Mini et chercha un repère pour la retrouver facilement. Les deux amies se dirigèrent vers l’entrée la plus proche, débouchant au niveau supérieur de la longue galerie marchande. Cette zone correspondait tout à fait à leurs centres d’intérêts, regroupant dans un même secteur les enseignes de vêtements, chaussures, lingerie et parfumerie. Le bricolage et l’électro-ménager n’avaient pas trop leur faveurs et elles se dirigèrent d’un commun accord vers la boutique MaxMara qui leur faisait face.


Lorsqu’elle était en reportage, Julie ne portait généralement que des vêtements pratiques et passe-partout, ne cherchant pas à se faire remarquer par des tenues trop voyantes. Elle appréciait donc de changer de look lorsqu’elle se retrouvait pour un moment à séjourner en France. Brigitte, pour sa part portait le plus souvent un tailleur-pantalon sous sa robe d’avocate ou quand elle recevait les clients à son cabinet. Sa tenue contribuait à conserver une certaine distance entre elle et les personnes qu’elle défendait, souvent peu recommandables. Dans le privé, elle optait pour un style plus chic, audacieux, si les circonstances le permettaient. Pour le moment, elles erraient, sans idée préconçue, de rayon en rayon, évaluant sans complaisance les modèles proposés. N’ayant rien trouvé à leur goût, elles visitèrent ainsi quelques échoppes avant d’entrer dans un magasin de lingerie.

— Ici au moins, on trouvera toujours quelque chose.

— Et ça fera aussi plaisir aux garçons.

Excitées comme des collégiennes, les deux amies se mirent en quête de dessous sexy. Comme une vendeuse venait leur proposer son aide, Brigitte expliqua qu’elles cherchaient quelque chose qui pourrait aussi plaire à leurs amants. La jeune femme saisit l’allusion et les entraîna vers le fond du magasin où un rayon discret proposait différents modèles de soutien-gorge dévoilant tout ou partie des seins. Plusieurs modèles de bustiers et serre-taille étaient également proposés. Après avoir évalué d’un regard professionnel la silhouette des deux femmes, l’employée leur suggéra différents modèles qu’elle leur proposa d’essayer. Tirant une lourde tenture opaque, elle les isola du reste de la boutique.


Brigitte se déshabilla la première, sous le regard brillant de la jeune vendeuse. Elle essaya quelques articles avant de porter son choix vers un corset de dentelle noire baleiné remontant les seins sans les emprisonner. L’employée prit plaisir à placer au mieux la charmante poitrine afin de la mettre en valeur avant de serrer le laçage dans le dos. Satisfaite de l’image que lui renvoyait le miroir, Brigitte se retourna vers Julie qui attendait, envieuse des formes de son amie. Elle caressa les seins ainsi offerts sans pudeur et déposa un baiser sur chacun.

— Madame, si je peux me permettre, vous avez des seins magnifiques.

— Merci beaucoup, vous pouvez les caresser aussi si vous voulez !

  • Oh, non, je ne permettrais pas.
  • Et pour mon amie, qu’allez-vous nous proposer ?

Julie ôta son tee-shirt dévoilant un joli soutien-gorge en dentelle blanche, protégeant une poitrine bien plus modeste que celle de l’avocate, mais au galbe parfait, avec deux tétons bien marqués.

— Je vous suggère de rester sur le blanc ou le champagne, ça contraste plus avec la couleur de la peau. Essayez-ce modèle.

Elle lui tendit un modèle relève seins, faisant saillir encore davantage les pointes, comme de petits crayons. Brigitte ne put s’empêcher de les pincer légèrement.

— Ange va être fou quand il te verra comme ça.

— Parle pour toi. On les portera ce soir ?

— Toi ma chérie, tu as une idée en tête.

Elles se rhabillèrent rapidement laissant la vendeuse emballer les articles, complétés par un shorty assorti au bustier pour Brigitte et un tanga blanc pour Julie. Comme elles sortaient avec leurs emplettes, Julie proposa d’aller boire un chocolat chez Lenôtre avant de rentrer.


L’après-midi était bien avancée quand elles arrivèrent à Gif-sur-Yvette.

Voyant que les hommes n’étaient pas rentrés, Brigitte laissa sa voiture dehors pour leur permettre de rentrer les machines.

— Tu n’as pas encore essayé notre salle de bien-être. Aimerais-tu une petite séance de sauna ?

Brigitte ouvrit la porte d’une pièce située à côté du garage. Un agréable espace avait été aménagé. Dès l’entrée, une kitchenette permettait de préparer thé et tisanes détox. En face, une agréable zone de détente constituée d’un vaste sofa et de nombreux coussins invitait à la relaxation. Sur la droite, une cabine de bois blond abritait le sauna proprement dit. Un petit coin douche complétait l’ensemble. Brigitte alluma des lumières tamisées, diffusa une musique d’inspiration taoïste, vaporisa des huiles essentielles et mit en marche l’installation.

— Nous avons un peu de temps avant qu’il soit chaud. Allons boire un verre à la maison.

Dans le salon, Brigitte alluma le feu qui était déjà préparé dans la cheminée, puis servit deux verres de chardonnay.

— Un chardonnay de Californie, pour nous mettre dans l’ambiance.

Après quelques minutes à déguster le vin, Brigitte entraina Julie vers un petit boudoir où elles échangèrent leurs tenues de ville pour un simple peignoir de satin. Le froid maintenant vif fit frissonner les deux femmes lorsqu’elles traversèrent le court espace séparant la maison du sauna. Elles se défirent rapidement de leur vêtement pour se réfugier dans la chaleur de la cabine. Brigitte déroula une grande serviette sur le banc supérieur et s’installa dans l’angle, dos à la chaude paroi de bois, un pied posé sur le banc du dessous. Assise face à elle, Julie pouvait admirer l’intimité de son amie, un buisson de la même couleur flamboyante que ses cheveux persistait au-dessus des lèvres protégeant le saint des saints. Julie avait bien souvent goûté au nectar délicat de son amie mais elle prenait toujours plaisir à admirer la coupe ainsi présentée.


Après une quinzaine de minutes, ruisselante de transpiration, Brigitte, habituée à ce traitement, se dirigea sous la douche glacée. Julie ne put se résoudre à l’imiter et préféra une eau plus tempérée malgré les quolibets de son amie. Sans se sécher, les deux femmes s’installèrent confortablement sur les grands coussins, Julie lovée entre les seins de Brigitte. Julie se laissait aller à une douce somnolence quand son amie se dégagea doucement.

— Il est temps de retourner de l’autre côté. Nous devons nous préparer.

En effet, elles étaient à peine revenues devant le feu qu’elles entendirent le vrombissement des deux motos. Peu de temps après, les deux hommes vinrent les rejoindre.

— Et vous les filles, qu’avez-vous fait de votre journée ?

— Nous avons pris du bon temps.

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