Chapitre 4 - 19 février, Paris 14e

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Ange sentit son portable vibrer dans sa poche. Il hésita un instant avant de lire le message qui venait d’arriver et choisit de s’éloigner un peu du groupe bruyant.

Voyant affiché le sourire de Julie sur l’écran d’accueil, il prit le temps de lire et de répondre :
« OK 20h chez Mimi ».

Quinze secondes plus tard, il recevait la confirmation de Julie.

De retour dans la salle commune, où de nouvelles bouteilles commençaient à circuler, des boissons plus sérieuses, Ange comprit qu’il lui fallait filer rapidement.

— Ce n’est pas que je m’ennuie avec vous, mais j’ai un rencart.

Les blagues fusèrent.

— Elle est jolie ?

— On la connait ?

— Oui, très jolie, et peut-être bien que la soirée va durer longtemps.

— Vas-y, on ne fait pas attendre une dame.

En conduisant vers Paris, Ange repensa à la conversion avec Dupré. Il espérait bien sûr, comme tout un chacun, continuer à monter les échelons de la hiérarchie policière, mais il savait aussi que cette promotion signifiait la fin de sa carrière de flic de terrain. Il passerait désormais l’essentiel de son temps derrière un bureau ou en d’interminables réunions, à moins qu’on ne lui confie un commissariat d’arrondissement déprimant à en mourir. L’action et les contacts humains lui manqueraient évidement, mais en contrepartie, il aurait une vie plus stable et pourrait passer plus de temps avec Julie, quand elle ne serait pas en vadrouille à l’autre bout du monde.

En attendant, il avait hâte de partager cette nouvelle avec sa compagne et de discuter des prochaines vacances annoncées.

En arrivant rue d’Alésia, Ange comprit qu’il ne trouverait pas de place où se garer dans les formes.

Au mépris des règlements, il laissa sa voiture sur une place de livraison et rabattit le pare-soleil pour laisser apparaître l’inscription « Police ».

Après une courte marche, il poussa la porte de la Maison Créole où Julie l’attendait au bar en discutant avec une belle antillaise.

Mireille Lafleur tenait cet établissement à la suite de ses parents et offrait un petit coin de Caraïbes au cœur de Paris. Julie et lui étaient tombés sur l’adresse un peu par hasard en se promenant dans leur quartier. Avec le temps, les deux femmes avaient découvert une lointaine parenté.

Le bistrot, qu’ils appelaient familièrement « Chez Mimi », était devenu leur table favorite lorsqu’ils avaient la paresse de cuisiner à la maison.

Dîner chez Mimi était aussi l’assurance d’échapper à la tentation de s’installer devant la télévision ou l’ordinateur et la promesse d’une fin de soirée câline ou torride.

Ange embrassa familièrement les joues de Mimi avant de plaquer ses lèvres sur celles de Julie.

— Eh, les amoureux, attendez d’être à la maison ! Vous n’avez même pas commandé.

Mireille les orienta vers une table un peu isolée, au fond de la salle où dinaient déjà pas mal de convives. Connaissant leurs habitudes, elle apporta d’autorité une bouteille de vin blanc qu’elle fit goûter à Julie.

— Dis-moi ce que tu en penses, ma jolie, c’est un Pinot Grigio qui vient tout droit de la région de Venise.

— Il est sec et frais comme je l’aime.

— Si vous ne finissez pas la bouteille, vous pourrez l’emporter à la maison.

— Il n’y a pas de risque.

La cuisine servie était toujours inventive et variée. Un coup d’œil à l’ardoise leur suffit et ils commandèrent tous les deux le plat du jour, une déclinaison de colombo. Pour les faire patienter, Mimi déposa sur la table quelques accras et deux petites portions d’un blaff de thon relevé d’une sauce épicée.

Après une première gorgée de vin, Ange rapporta à Julie sa conversation avec Dupré, commençant par la perspective de promotion pour finir par l’annonce de ses congés « forcés ».

Après des félicitations méritées, Julie résuma son projet de reportage en Californie, ajoutant que si les dates pouvaient coller, ce pourrait être l’occasion de faire d’une pierre deux coups et passer un peu de bon temps à deux dans l’Ouest américain. Ange n’eut pas le temps de répondre car Mimi revenait avec les plats fumants. Les assiettes dégageaient une délicieuse odeur de curcuma, coriandre et quatre-épices.

Un sorbet coco fut tout ce qu’ils acceptèrent en guise de dessert et après avoir vidé les dernières gouttes de vin, ils étaient tous les deux impatients de retrouver leur appartement.

Julie et Ange s’étaient rencontrés quelques années plus tôt à l’occasion d’un reportage sur le travail d’investigation de la police judiciaire en région parisienne. Ange avait été choisi comme agent de liaison et son groupe s’était naturellement retrouvé au cœur du travail de la jeune femme. Après des débuts houleux du fait du caractère ombrageux de la journaliste, le respect mutuel s’était installé. Appréciant la qualité du travail effectué, Ange avait accepté le dîner proposé par Julie pour le remercier de sa collaboration. Celle-ci avait rapidement été conquise par le volet sombre du flic, qui de son côté appréciait l’indépendance et l’esprit aventurier de la journaliste.

Julie n’avait eu aucun mal à convaincre Ange de venir finir la soirée aux Buttes-Chaumont et l’intensité de cette première nuit avait fait le reste. Les deux partenaires avaient conclu un pacte garantissant à chacun un vaste jardin secret et une totale autonomie dans la vie professionnelle. Julie avait conservé son appartement qui lui servait maintenant surtout d’espace de travail mais passait la plupart de ses nuits chez Ange.

L’immeuble n’était qu’à deux rues de là, à proximité du Musée Roy Adzak. Le traitement de commandant n’aurait pas permis à Ange d’acheter un tel logement, mais il appartenait toujours à ses parents. Ils lui en avaient laissé la jouissance quand ils avaient décidé de quitter Paris pour rentrer en Corse quelques années plus tôt. Situé au dernier étage, il s’agissait d’un ancien atelier d’artiste, avec une grande verrière très lumineuse dans la journée. Le niveau principal était constitué d’un vaste espace de vie avec un coin cuisine et repas ainsi qu’un grand salon. L’espace « nuit » était installé sur une mezzanine. Deux petites chambres donnant sur l’arrière avaient été converties en bureau et en dressing. Charles Ségafredi et sa femme Chiara avaient meublé l’endroit avec goût, compensant le manque de place par le raffinement de la décoration. Un canapé et deux fauteuils en cuir fauve et bois vernis, d’inspiration Paquebot, entouraient une ancienne cheminée dans laquelle avait été installé un insert à gaz imitant un véritable foyer.

Ange referma la porte blindée qui claqua sèchement sur eux et se précipita pour débarrasser Julie de ses vêtements d’hiver. Il ne lui fallut que quelques instants pour faire glisser le long manteau, ôter l’écharpe et le bonnet de laine, libérant ainsi la splendide chevelure de sa belle. Cette fille des Iles n’appréciait que modérément le climat européen et ses périodes de froid et d’humidité. Julie s’empressa d’enlever ses bottes pour se retrouver comme elle aimait, dans son vieux jean et les pieds nus.

Ange déboutonna avec ardeur son corsage de soie. Julie dut le reprendre gentiment pour éviter qu’il ne déchire irrémédiablement la fine étoffe dans son empressement. Dès que la voie fut dégagée, Ange enfouit sa bouche entre les seins de sa compagne couvrant les portions de peau nue de ses baisers. Julie portait un élégant soutien-gorge corbeille noir rehaussé de parements blancs. Cette forme mettait en valeur sa silhouette élancée et la couleur se mariait à merveille avec sa carnation. Il lui fallut repousser avec délicatesse son amant trop pressé et lui demander de se débarrasser lui-même de sa tenue de travail. Dès que Ange eut enlevé son lourd blouson, elle le poussa sur le canapé et entreprit la tâche ardue consistant à déboucler sa large ceinture et ouvrir son jean ajusté. A ce moment seulement elle pût prendre la mesure de son potentiel érotique. Sous la braguette du pantalon, le boxer noir peinait à contenir l’érection grandissante et Julie dût batailler pour libérer le sexe tendu.

Se laissant glisser sur le sol entre les jambes de l’homme, elle prit en main l’objet de sa convoitise et fit avec lenteur coulisser ses doigts, faisant glisser la peau jusqu’à en dégager entièrement l’extrémité. Alors seulement, elle le prit avec délicatesse entre ses lèvres pour une longue fellation, faisant soupirer Ange de plaisir. Après quelques minutes de ce doux plaisir, Julie dégrafa son soutien-gorge, libérant deux seins joliment galbés. S’aidant de ses mains, elle cala le sexe dressé dans le sillon pour une voluptueuse caresse. Sur le point de succomber, Ange réagit et se dégagea promptement.

— Pas maintenant. Laisse-moi aussi te donner du plaisir.

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