Crush

2 minutes de lecture

Moi ? Peau de vache ? Non, mais là, je rêve ! Et c’est lui qui ose me dire ça ? Ce mec obsédé par le sexe ? Je pourrais même dire « libidineux » si je n’avais pas aimé ces moments intimes passés avec lui. Je ne suis pas du genre à tirer un trait sur les bons plans, à glisser sous une vieille lame de plancher ces ébats partagés, mais là, j’avoue, je n’ai qu’une envie : oublier cet enfoiré.

Deux ans. Ma relation la plus longue. Eh non, ne me parlez pas de ces hommes d’un soir qui ont froissé mes draps entre deux absences de Marc. Ils ne comptaient pas. Je les ai séduits par ennui, juste pour permettre à mes talents d’ensorceleuse de rester affutés. Peut-être était-ce pour me rassurer, ou bien pour m’assurer de remettre Marc entre mes cuisses dès son retour ? Ne tentez pas de me psychanalyser, je déteste ça ! Je ne suis pas névrosée : j’aime le sexe. Tous les sexes. Les droits, les mous, les tordus, tous genres confondus.

D’ailleurs, je crois que c’est mon penchant pour ces parties intimes qui a le plus séduit Marc. Il avait pourtant une sacrée expérience, ce qui n’était pas pour me déplaire. Je n’aime pas les lutins boutonneux qui arrivent, bave aux lèvres, persuadés que le streaming a fait leur éducation sexuelle. Bande d’ignorants ! Comment réduire à quelques images saccadées le plaisir d’un corps qui glisse contre un autre ? C’est un trésor qui ne peut se trouver sur un écran tactile : il faut jouer des phalanges, se mouiller, se donner, suer aussi parfois pour toucher du doigt ce moment d’extase.

Alors, quand cet énergumène qui profite de mon corps depuis deux ans, en me faisant profiter du sien, s’est ramené avec une rose rouge en bouton et un costume impeccable tandis que je l’attendais, telle une Ève sur mes draps de satin, forcément, j’ai flippé ! C’était quoi ce plan ? S’il avait eu envie qu’on se déguise, il aurait pu m’avertir ! J’aurais mis une jupe courte, des talons vertigineux, des bas en résille, et je lui aurais susurré « Oui, Monsieur le PDG » avant de lui faire une fellation qu’il n’aurait pas pu oublier avant longtemps…

Mais là, il s’agissait d’autre chose. Je le sentais au fond de mon utérus qui me chatouillait désagréablement. Exit les jolis papillons dont parlent tous les romans à l’eau de rose. J’avais un scarabée qui grinçait derrière mon nombril.

Alors, oui, je lui ai dit « non ».

Il n’a même pas eu le temps de se mettre à genoux. J’ai bondi du lit comme une chatte et sa dernière vision de moi a été ma croupe qui s’enfuyait au galop. Il n’avait donc rien compris ? Et moi ? Comment avais-je pu me laisser abuser par ses caresses expertes ? Je n’avais pas vu arriver ses sentiments, sinon j’aurais fui bien plus tôt ! Cela m’aurait peut-être évité de recevoir une bordée de désagréables SMS dont le dernier m’apprenait que l’orthographe n’était pas le fort de Marc. Allons, on pouvait être expert avec ses dix doigts et un tantinet analphabète quand on prenait son smartphone.

« Pot de vache ». Ouais, quand même…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Enricka Larive ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0