NewHope

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Manoir de NewHope

Nord de l'Angleterre

22 décembre

Tout le manoir était en effervescence pour accueillir leurs invités. Une fois n'était pas coutume, ils avaient même dû recruter du personnel pour pourvoir à tous les besoins.

Sir Abraham recevait très peu de personnes dans ce manoir et Rachel qui le connaissait si bien savait que la fin devait être proche. Elle savait qu'il était gravement malade, elle l'avait appris par accident en ouvrant le courrier. Cela lui avait fait un choc, cet homme si bon et si bienveillant... Mais comme il l'aimait à le dire, il avait fait son temps...

Elle ne connaissait pas entièrement son histoire, il s'était toujours dévoilé petit à petit à travers les âmes blessées qu'il avait rencontrées au fil de sa vie et qu'il avait tenté de sauver.

Elle savait qu'il n'avait jamais perdu de vue ses protégés et n'avait donc pas été surprise lorsqu'il avait lancé son invitation.

Rachel était la gouvernante de Sir Abraham depuis tellement d'années qu'elle ne les comptait plus. Elle avait été elle aussi sauvée, avec son petit frère Joseph, devenu majordome, du camp d'extermination d'Auschwitz. Il les avait confiés à une famille aimante en France.

Puis bien des années plus tard, il leur proposa un poste à chacun au manoir. Sir Abraham était un homme simple, un patron indulgent et juste mais il avait juste une lubie que personne n'avait jamais comprise : il n'y avait qu'un seul miroir dans le manoir, qu'il gardait jalousement caché dans une pièce fermée à clé où personne n'avait le droit d'entrer, sous aucun prétexte.

Il avait toujours été seul et personne ne comprenait pourquoi. Il était plutôt bel homme avec une bonne situation, gentil et plaisant, un homme très cultivé. Elle n'avait jamais osé poser la question car après tout ce qu'il avait fait pour elle, elle n'avait pas à se montrer indiscrète.

Il fallait qu'elle arrête de rêvasser car les invités n'allaient pas tarder à arriver... Du moins elle l'espérait car le temps n'était vraiment pas clément. Une tempête de neige était annoncée à partir de demain, ce qui lui avait fait prendre des précautions au niveau des stocks de nourriture.

Car une fois que la tempête se déchainait, vous ne pouviez plus rien faire, à part rester cloitrés à l'intérieur au coin du feu...


Le bruit les prirent tous par surprise....

Comme une déchirure dans le ciel...

La nuit était tombée sur certains endroits sur Terre mais tous purent l'apercevoir...

Ou plutôt les apercevoir...

Le spectacle était grandiose, ahurissant et inquiétant.

Une panique, venant des tréfonds de notre mémoire, saisit les habitants, les forçant à se réfugier dans des caves, des souterrains, certains se mirent à prier leur Dieu de les épargner...

Les chaînes d'information relayèrent la nouvelle en boucle, ne cessant de montrer les images dans le ciel... et incriminant les scientifiques qui n'avaient rien vu, rien prédit...

En effet, comment croire que deux comètes, non pas une mais bien deux comètes jumelles aient ainsi frôlé la Terre, de si près, sans que quiconque dans les observatoires astronomiques, sur les satellites, les radars n'aient rien pu voir venir...

Il était quand même inconcevable qu'une telle chose se produise de nos jours avec toute la technologie mise à disposition des plus grands scientifiques.

Deux comètes ne pouvaient pas apparaître ainsi du jour au lendemain ?


Nathan s'arrêta au bord de la route, admirant le phénomène, tout en laissant la radio déverser les diatribes des journalistes...

Le spectacle était vraiment beau à voir.

Ces deux comètes, côte à côte, avec leur boule lumineuse et la longue traînée blanchâtre de leur queue. Il se rappela que les anciens considéraient les comètes comme des signes de malheur... Il fallait espérer que ce ne soit pas le cas pour celles-ci.

Entre ce que les scientifiques appelaient les « hallucinations collectives » d'il y a un mois, à défaut de comprendre ce phénomène, et les comètes aujourd'hui, la planète plongeait dans une folie douce...


NewHope, 23 Décembre


Comme annoncée, la tempête débuta dans la nuit et se renforça dans la journée. Ils étaient coupés du monde par un blizzard sans précédent. Mais les invités n'avaient pas le temps de s'ennuyer. Le manoir était en lui-même une attraction des plus curieuses.

La bâtisse était toute en pierres anciennes, recouvertes de lierre et d'étranges fleurs d'un rouge vif éclatant. Le jardin était bien entretenu, avec des chênes immenses et des saules pleureurs en bord de rivière. Une roseraie accolée au manoir présentait en son centre une fontaine, représentant une jeune femme triste, un petit moineau perché sur son épaule droite, vêtue d'une longue robe blanche et tenant dans sa main un lys blanc comme neige. Elle était assise sur une pierre, d'où sortait l'eau glaciale et limpide de la vieille source souterraine.

Alice adorait aller jouer là bas. C'était devenu son repère préféré. Les roses de toutes couleurs l'entouraient mais c'était la fontaine qui l'attirait plus que tout. Cette jeune femme si belle aux yeux si tristes...Tant de douleur sur son visage...

Miranda et Nathan avaient, quant à eux ,découvert par hasard la grande bibliothèque, qui n'avait, vu la quantité de poussière, pas été ouverte d'un bon moment. Ce que leur confirma Rachel, la gouvernante. Elle était étonnée mais ravie que Sir Abraham se soit enfin décidé à rouvrir cette merveille du manoir. La bibliothèque s'élevait sur trois étages, le nombre de livres anciens était incalculable. Certains étaient même des incunables, rarissimes et mis sous verre.

Sarah profitait de la piscine intérieure et du jacuzzi, heureuse d'avoir enfin un peu de temps pour elle. Joseph veillait sur Alice et elle pouvait enfin prendre un peu de repos bien mérité.

Le soir, ils étaient tous réunis dans la grande salle à manger, sous la voûte stellaire, comme disait Alice. En fait, ils avaient l'impression d'être sous une belle nuit étoilée. L'effet d'optique était bluffant.

Le principal sujet de conversation était bien entendu les mystérieux événements qui se produisaient sur Terre et qu'aucun scientifique ne pouvait expliquer de façon rationnelle.

Ils en étaient au dessert, un fondant au chocolat maison et sa crème anglaise, lorsque l'orage éclata dans toute sa splendeur. Le tonnerre était ahurissant et les éclairs fusaient de toute part. Alice, loin d'être effrayée, s'était postée près d'une des grandes fenêtres et observait avec émerveillement les éléments de la nature se déchaîner. Les lumières vacillèrent un peu mais tinrent bon.

Ce fut le bruit de coups portés à la grande porte centrale qui les firent tous sursauter.

Sir Abraham se leva, l'air surpris, il n'attendait personne d'autre.

Il décida d'aller lui-même ouvrir, se demandant qui pouvait avoir le courage de sortir par un temps pareil.

Alice le vit, bien avant qu'il n'ouvre la porte.

Une ombre...enveloppée dans une grande cape. Sur le coup, elle se dit que c'était la mort qui venait la chercher...

Puis elle vit le visage, ravagé par d'atroces cicatrices et un sourire étrange, comme figé.

La porte s'ouvrit et ils purent tous entendre le cri d'horreur de Sir Abraham.




- "Eh oui, c'est bien moi ! Moi aussi, très heureux de te revoir mon vieux...

- Tu n'as rien à faire ici. Tu n'as pas le droit de venir. Repars d'où tu viens.

- Quoi ? Tu me ferais repartir sous cette tempête ? Voyons, voyons... En souvenir du bon vieux temps, tu me dois bien ça."

Le ton du mystérieux visiteur était menaçant. Il s'avança alors, tandis que la porte se refermait derrière lui.


Tous restèrent figés...



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