DUNE : La naissance d'un rêve

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 Chapitre 1 : le planètologiste


“Aux yeux du nouvel arrivant, Arrakis apparaît comme une terre de désolation absolue. L’étranger pense immédiatement que rien ne peut y vivre ou y pousser, qu’il a devant lui une planète désertique qui n’a jamais connu la fertilité et ne la connaîtra jamais. Mais le planètologiste sait que tous les acteurs sont pourtant présents pour transformer ce nadir de la vie en une éblouissante apogée dédiée à la renaissance.”

Pardot Kynes
Premier planètologiste d’Arrakis.


    Décidément cet homme allait mourir ! 

    Hamaad ne voulait pas encore le tuer pour récupérer son eau, mais cet homme était, de toute évidence fou et complètement stupide. Deux bonnes raisons de mourir rapidement dans le désert. 

    Arrakis, la planète désertique la plus sèche et chaude de l’univers connu,  ne pardonne pas les erreurs. Même celles commises par les hommes les plus forts.

    Et cet homme-là,… cet étranger,… c’est sûr,… va mourir rapidement. 

En fait la seule chose qui empêche Hamaad d’abréger par avance les souffrances inévitables qui vont assaillir ce fou, c’est le fait qu’il porte un distille efficace et bien ajusté qui l’empêche de perdre son eau dans l’air du désert.

    Et surtout, c’est la nature de l’Harkonnen qui lui a confié cet homme…


    La conversation avait eu lieu dans le hangar de réparation principal du CHOM. Un vaste garage rempli de véhicules utilisés pour accompagner les moissonneuses dans le désert. Ornithoptères, Collecteurs d’Epice, Véhicules saute-dunes, Suspenseurs monoplaces et pièces détachées de véhicules de toutes tailles se comptent par centaines dans ce garage. Chaque véhicule est entouré de techniciens penchés sur leurs réparations. Le tout bourdonnant comme une immense ruche. Seules les moissonneuses et leurs porteurs aériens manquent à l’appel. A cause de leur taille monstrueuse il est plus facile de les réparer sur le tarmac de l’aéroport à l’extérieur.

    Les moissonneuses sont des usines mobiles géantes d’environ 120 mètres de long, montées sur chenilles qui extraient l’Epice du sable d’Arrakis. Trois fois plus grands, les porteurs sont des engins de transport aériens conçus pour acheminer les moissonneuses sur les lieux d’extraction de l’Epice. Ils sont indispensables pour évacuer les moissonneuses lors de l’inévitable arrivée des vers des sables. Car, là où  il y a de l’Epice il y a des Vers.

    Animal vermiforme géant, sillonnant les déserts d’Arrakis en nageant dans le sable, le Ver des sables abrite dans ses entrailles une véritable fournaise nucléaire, apte à digérer tout ce qu’il trouve sur son chemin. Les plus gros spécimens de son espèce peuvent avaler une usine de moissonnage d’Epice toute entière. C’est à cause de ces conditions de travail difficiles que tant de matériel se retrouve ici en réparation.

    L’Harkonnen qui, a envoyés deux gros bras pour “inviter” Hamaad à discuter avec lui c’est le “Maître des sables”, le responsable opérationnel de l’extraction d’Epice sur Arrakis.

    Arrakis est l’unique source d’Epice de l’Impérium. L’Epice est la ressource la plus précieuse de l’univers connu, son prix dépasse parfois 620000 solaris le décigramme sur le marché impérial. Utilisée principalement pour l’allongement de la vie et pour permettre le voyage hyperspatial, l’Epice est la raison qui justifie la présence de l’homme sur cette planète aux conditions climatiques si peu propices à la survie. 

    Pour ajouter à la dureté de la vie sur Arrakis, la concession de l’extraction de l’Epice a été confiée par l’Empereur aux Harkonnens. L’une des familles noble les plus tyranniques de l’Impérium. Sur Arrakis, la planète désertique, la ressource la plus rare c’est l’eau. Les Harkonnens pratiquent pour gouverner un despotisme hydraulique poussé au-delà du raisonnable. La méthode de gestion des Harkonnens c’est la pressurisation du peuple par la violence, la cruauté et la mort. Le peuple pressurisé étant principalement composés de Fremens, ils ne portent pas les Harkonnens dans leur coeur. 

    Le “Maître des sables” est l’Harkonnen le plus important que le jeune Fremen ait jamais rencontré. Un étranger gras et plein d’eau qui se prend pour un marcheur des dunes. Tout cela parce qu’il a violé puis épousé une Fremen de la ville et parle quelques mots de Chakobsa (la langue des Fremens). Hamaad l’aurait égorgé sur le champ avec son Krys, s’il n’avait pas su que cet homme serait facilement remplacé. Le sacrifice de sa vie ne servirait à rien et la tribu du jeune Fremen le maudirait d’avoir troqué son eau contre la vie d’un ennemi de si faible valeur stratégique. 

    Le “Maître des sables” est accompagné de loin par un homme grand, mince et desséché aux cheveux décolorés par l’âge qui se comporte comme un jeune “Wali” visitant Arrakeen pour la première fois. Les yeux écarquillés par l’émerveillement il observe ce qui l’entoure dans le hangar comme un enfant qui découvre des mystères de la vie et essaie de leur donner un sens. 

    Le Maître de sable se racle la gorge pour obtenir l’attention d’Hamaad et se met à parler : 

    — Tu dois conduire cet homme, où il le demandera ! Il veut aller étudier le désert. Il dit qu’une escorte militaire pourrait l’empêcher de travailler comme il veut. Ça tombe bien car je n’ai pas d’homme disponible pour l’accompagner.

    C’est un planètologiste impérial. Cela veut dire qu’il se trouve sous la protection de l’empereur. S’il lui arrive un malheur dans le désert et que l’on retrouve son cadavre, l’empereur te fera enfermer dans une boite d’induction de douleur jusqu’à ta mort. Une mort qui mettra longtemps à venir car les bourreaux de l’empereur sont assistés par des Docteurs Suk qui reçoivent pour instructions de te garder en vie jusqu’à un âge avancé…

    Hum… Ça, bien sûr,… c’est si on retrouve son cadavre. Car s’il n’y a pas de cadavre, ce qui arrive souvent avec les vers des sables, cela voudra dire qu’il a des chances d’être toujours en vie à vaquer à ses occupations dans le désert. Tu vois ce que je veux dire ?

    Devant l’acquiescement du jeune homme le Harkonnen continue : 

    — Ce planètologiste s’imagine qu’il y a des gens qui vivent dans le désert. Cet imbécile n’y a jamais mis les pieds et ne sait pas que seuls les vers et quelques parasites sont capables de survivre là-bas. Je n’ai pas l’intention de le faire accompagner par un des “hommes des dunes” que j’utilise pour guetter les signes du Ver pendant le moissonnage.

    On dit que tu es malin et que tu t’aventures souvent en bordure du désert. J’ai un demi-jolitre d’eau pour toi si tu l’accompagnes et un autre demi si tu reviens. Je pourrais même oublier le couteau que tu portes et tes petits trafics pendant quelques semaines en récompense. Cela même si par hasard tu es le…seul à revenir… 

    Après un nouvel acquiescement de Hamaad, l’Harkonnen continue en ricanant : 

    — Ce sera une compensation pour avoir pris bien soin d’un homme de l’Empereur jusqu’au bout.”

    L’Harkonnen s’arrête de rire brusquement et regarde Hamaad droit dans les yeux.

    — Tu sais ce qui t’attend si tu refuses de t’occuper de cet homme comme il le faut ! 

    Oh oui, Hamaad le savait. Il avait souvent vu les croix alignées à l’entrée de la ville face au désert sur lesquelles des hommes de son peuple étaient attachés, le distille arraché, ou fouettés avec un vinencre. Destinés à mourir lentement de soif avant de servir de nourriture aux charognards des environs. 

    Hamaad sait aussi que cet Harkonnen le fera tuer lorsqu’il reviendra réclamer le demi-jolitre d’eau qui lui a été promis. Le jeune homme n’est pas un grand bavard mais, pour rassurer le Maître des sables sur le fait qu’il a bien compris ce qu’il veut dire, il risque un…

    — Oui, j’ai compris. 

    — Bien, répond le Maître des sables en retrouvant le sourire. Je vous laisse vaquer à vos occupations !


    C’est clair, le “Maître de sable” Harkonnen, voulait avoir la peau de ce “planètologiste”. Mais il ne peut pas le tuer ouvertement. C’est la raison pour laquelle il s’est adressé au jeune Fremen. 

    Hamaad est  surtout connu pour revenir “seul” de ses expéditions dans le désert. C’est pour cette raison qu’il fait parfois des affaires avec les Harkonnens. Les ennemis des Harkonnens sont très rarement les amis des Fremens. Et même si ils semblent proches de la communauté du désert, Hamaad n’a aucune pitié. 

     Demande-t-on la pitié du soleil ? pense-t-il. 

    En vérité, ceux du Sietch du jeune guide n’ont pas une bonne réputation même auprès des Fremens.

    Néanmoins un homme qui a un ennemi aussi important dans la chaîne de commandement Harkonnen nécessite que la vérité soit faite sur la raison de cette condamnation. Ce qui le rend si dangereux pour les Harkonnens est, peut-être, une information qui pourrait se révéler cruciale pour son peuple.  

    En fait, le plus étrange dans cette conversation, c’est que cet homme, le “Planètologiste”, a assisté à leurs palabres. Il hochait parfois la tête en souriant. Il ne devait rien comprendre au pidgin moitié Galach et moitié Chakobsa que Hamaad et l’Harkonnen utilisaient. Cet homme devait trouver important de faire « bonne figure » à son nouveau guide. 

    Un homme beaucoup trop confiant qui offre son eau sans contrepartie à un Ghafla est un imbécile. pense le jeune Fremen. Un véritable fou qui ne connaît pas les lois universelles du “Kitab al-Ibar” ou même les bases de la discipline de l’eau. 

    Mais en fait… S’il savait tout cela, il ne s’aventurerait sûrement pas dans le désert avec Hamaad pour compagnon.


    Hamaad est, selon les critères de l’imperium un jeune adolescent de 17 ans, et selon les critères des Fremens bientôt un homme. Il va chevaucher Shaï-Hulud à la prochaine Mihna, la saison de l’épreuve pour les jeunes Fremens. 

    Chevaucher l’un des vers des sables géant sillonnant le désert n’est pas une épreuve facile, même pour un Fremen bien préparé. Il faut d’abord utiliser un marteleur pour appeler le Ver et le faire sortir du sable. Puis il faut monter sur son dos en évitant de se faire manger. Une fois hissé au sommet du ver, le “Cavalier des sables” dois fixer des crochets qui lui permettent de contrôler la direction que va prendre ce monstre tout en l’empêchant de s’enfoncer dans le sable. 

    Réaliser cette épreuve est extrêmement dangereux mais la récompense est à la hauteur de l’exploit. Hammad recevra son nom de guerrier et sera enfin reconnu comme un homme parmi les siens. 

    Pour la  “Sihaya”,  la fête religieuse de l’espoir et de la fécondité, lors du partage de “l’eau de la vie”, Hamaad pourra prendre une femme au sein de sa tribu pour  communier avec elle lors de l’Orgie du Tau. 

    Jeune Fremen à la peau pâle, aux yeux bleus de l’Ibad extrêmement sombres et au physique souple et puissant forgé par la dureté du désert, Hamaad n’aura peut-être pas besoin de se battre à mort avec un autre homme de sa tribu pour prendre une femme sous sa protection. Plusieurs jeunes filles de sa tribu ayant pris l’habitude de l’observer avec insistance depuis quelques mois.


    Après avoir récupéré le premier demi-jolitre promis par le Maître des sables auprès de l’intendance, le jeune guide accompagne le planètologiste dans les magasins de la ville basse pour l’aider à acquérir l’équipement et la nourriture indispensables à leur expédition. 

    Contrairement aux autres étrangers, l’homme respecte l’avis de Hamaad à la lettre. Par exemple, lorsque le jeune Fremen lui conseille d’acheter un vrai distille d’occasion, plutôt que ces distilles d’apparat faits pour les nantis, le planètologiste suit son conseil sans hésitation. Les distilles sont des vêtements créés pour recycler la transpiration et les autres fluides sécrétés par l’homme qui le porte en eau. Le voyageur du désert doit s’assurer de perdre le moins d’eau possible pour survivre sur Arrakis. 

    Lorsque le jeune guide lui conseille d’acheter un Fremkit avec son marteleur, il ne fait pas, non plus, les réflexions stupides habituelles des étrangers qui ne comprennent pas la nécessité d’attirer, dans certains cas, les vers des sables. Beaucoup refusent d’acheter ce marteleur en accusant Hamaad d’être payé par les commerçants pour les dépouiller. 

    C’est ennuyeux pour lui, car il est alors obligé d’acheter lui-même, à ses frais, un marteleur et de le cacher dans ses bagages. Comme l’a suggéré l’Harkonnen, il a souvent besoin de cet accessoire pour faire disparaître les preuves de ses forfaits dans le désert. 

    Le planètologiste va ensuite chercher chez lui l’équipement scientifique dont-il a besoin pour son étude. Il récupère également auprès de son majordome  de la nourriture pour une dizaine de jours et quatre jolitres d’eau. Ces quatre jolitres représentent une véritable petite fortune sur Arrakis. Encore une bonne raison pour Hamaad de faire passer le planètologiste de vie à trépas. 

    Dans le garage du CHOM, l’homme s’est laissé convaincre par Hamaad de prendre un véhicule monoplace sur suspenseur. Une sorte de cigare suspendu en survol à 50 centimètres du sol. À l’avant une demi-bulle de duraplast fait office de pare-brise et abrite un guidon permettant de diriger le véhicule. Au milieu une sorte de selle et des repose-pieds permettent au voyageur de se maintenir à califourchon sur l’engin. À l’arrière un large porte bagage permet le transport de l’équipement surplombé par un sac de vêtements, le Fremkit et sa tente distille.  Pour leur voyage, ce véhicule léger en suspension au-dessus du sable leur permettra de s’aventurer un peu plus loin dans le désert sans attirer sur eux l’attention des vers des sables. 

    Ce véhicule, à peine plus grand qu’un gros brilleur, voyageant à une vitesse maximum de 60 Km/heure, peut, grâce à son faible poids, utiliser un suspenseur à effet Holtzman pour une dépense d’énergie minimale. Différent de celui des boucliers, le champ de ce suspenseur n’attire pas les Vers des sables lointains. Par contre il faudra éviter ceux qui pourraient être proche de nos voyageurs. 

    Le jeune Fremen voyagera au-dessus des bagages à l’arrière du véhicule. Cette position élevée et acrobatique permettra à Hamaad de s’entraîner à chevaucher un moyen de transport à la stabilité précaire, tout en ayant un point de vue lui permettant de voir arriver un danger éventuel. Le voyage devrait traverser une région calme qui n’est pas habituellement peuplée par les vers. Mais les vers des sables ou les tempêtes de Coriolis ne sont pas toujours bien informés des limites que l’homme a définies comme un périmètre de sécurité dans le désert. 

    Le planètologiste a laissé son jeune guide s’approcher pour s’occuper de l’ajustement de son distille, malgré le danger que ce dernier représente pour lui. Il n’a pas desserré les sangles et filtres sous prétexte de confort. On pourrait croire que c’est une preuve d’intelligence. Mais en fait, l’homme semble trop occupé à observer son environnement et à poser des questions pour se rendre compte qu’il porte un distille. 

    Par contre le planètologiste a refusé fermement de ne pas porter son bouclier individuel par-dessus de son distille. Même lorsque Hamaad lui a expliqué que ce lourd accessoire ne lui servira à rien et peut l’empêcher de se déplacer sans bruit. 

    Se déplacer sans bruit est indispensable dans le désert pour ne pas attirer l’attention des vers des sables. Les Fremens arrivent à se déplacer de façon arythmique sans faire plus de bruit que ceux fait naturellement par le vent, les grains de sables, ou les petits animaux du désert. Faire du bruit ou marcher normalement un pied devant l’autre de façon rythmique est très dangereux pour ceux qui ne maîtrisent pas la technique des “marcheurs des sables” Fremens. Les vers sont attirés par les bruits mécaniques se répétant régulièrement, comme celui des marteleurs. Mais ce n’est pas la seule raison : 

    Le jeune Fremen sait que le champ Holtzman généré par l’utilisation d’un bouclier rend les vers des sables complètement fous et les attire plus rapidement que n’importe quel marteleur.  Les Fremens trouvent toujours amusant que les rares Harkonnens s’aventurant dans le désert non loin de leurs Sietchs se fassent dévorer en utilisant un instrument censé garantir leur sécurité. Pourtant ils auraient dû apprendre de leurs erreurs et ne plus s’aventurer dans le désert avec cet équipement. Si seulement ils étaient capables d’apprendre du désert une chose aussi simple. 

    Mais comme le dit le Kitab al-Ibar : « La peur vous fait faire des choses stupides et vous conduit inévitablement à la mort. C’est pour cela que le “Cavalier des sables” refuse d’écouter ses conseils. » Pense le jeune Fremen. 

    Ce planètologiste avait décidé d’écouter les conseils prodigués par sa peur et allait, comme les Harkonnens, payer cette erreur au prix de sa vie.


    Ils étaient partis de nuit lorsque la première des deux lunes qui éclaire Arrakis était à son zénith. Ils avaient fait une pause avant le petit matin pour monter leur tente distille dans le creux d’un rocher marquant la bordure du désert. Un emplacement qui resterait heureusement à l’ombre au plus chaud de la journée. 

    Hamaad bénissait la bonne idée qui l’avait forcé à voyager sur les bagages en faisant la vigie plutôt qu’à côté du planètologiste. Cet homme était littéralement un moulin à paroles. Curieux de tout il ne cessait de poser des questions. Une véritable torture pour le jeune guide qui préfère profiter des avantages du mutisme. 

    Des milliers de questions dont la majorité portant sur les Fremens et le désert ne peuvent recevoir de réponses. En effet, le jeune Fremen ne peut pas avouer que les intuitions du planètologiste concernant l’existence d’un peuple du désert sont bonnes. Tant que les étrangers de l’Impérium ignorent l’existence des tribus Fremens elles restent libres de vivre comme elles le font. 

    Malgré son air idiot et sa vue basse, cet homme est sûrement un espion envoyé par l’Empereur, pense Hamaad. Même si ce planètologiste est de bonne foi, le secret de notre existence est pour nous une question de vie ou de mort. 


    En se couchant au petit matin au côté d’Hamaad dans la tente avant de s’endormir le planètologiste lui montre la toile au-dessus de leur tête : 

    — Tu vois Hamaad ce qu’il se passe ? 

Le jeune guide regarde la toile  qui s’éclaire doucement à la lumière de l’Aube et ne voit rien. Le tissu de la tente ne lui inspire aucun commentaire. Il se tourne alors vers l’homme avec un regard interrogatif. 

    — Tu vois l’eau qui perle sur le tissu ? Ce n’est pas encore notre transpiration car nous venons de rentrer dans cette tente et n’avons pas retiré nos distilles. C’est la condensation. Le choc thermique créé par la fraîcheur de la nuit sur nôtre toile de tente fait passer l’eau contenue dans l’air d’un état gazeux à un état liquide. C’est ce que l’on appelle la rosée sur les planètes qui ne sont pas désertiques. 

    — Tu sais ce que cela veut dire ?

En pensant aux enfants qui au petit matin lèchent les rares plantes qui poussent dans le désert pour récupérer quelques gouttes d’eau le Fremen ne sait pas quoi répondre et poursuit son regard interrogateur. 

    — Cela veut dire, que malgré toutes les recherches faites pour trouver une eau qui semble complètement inexistante sur cette planète il y a quand même suffisamment d’eau dans l’air pour permettre à celle-ci d’apparaître devant nos yeux. 

    Ne sachant toujours pas quoi répondre, le jeune guide desserre légèrement les filtres nasals de son distille, se tourne sur le côté tournant le dos à son compagnon de voyage et dit :

    — Bonne nuit planètologiste Impérial ! 

    — Pardot, répond l’homme dans le jour qui se lève. Mon nom c’est Pardot Kynes…

    — Bonne nuit Hamaad, continue le planètologiste. Qu’Al-Lat adoucisse ses rayons et que l’ombre de la pierre accompagne et rafraîchisse ton sommeil. 

    Le jeune guide sombre doucement dans le sommeil lorsqu’il se rend compte brutalement que Pardot Kynes vient de lui souhaiter bonne nuit en Chakobsa !



Glossaire : 

(1) – Ghafla : s’abandonner à la distraction. Se dit d’une personne à laquelle on ne peut se fier.

(2) – Kitab al-Ibar : manuel religieux et pratique rédigé par les Fremen.

(3) Brilleur : dispositif d’éclairage autonome (généralement équipé de piles organiques) et muni de suspenseurs.

(4) Al-Lat : le soleil originel de l’humanité. Par extension : tout soleil d’un système.

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