Scène 12 : jour 2 : Paris by Night

2 minutes de lecture

Je furetais dans les rues adjacentes à la recherche de Julien et du vieux portier. Les sens aux aguets, chaque ombre menaçait de se transformer en adversaire, chaque recoin pouvait dissimuler un dément.

Aucun élément concret ne me certifiait la présence de Julien ou d’un quelconque ouvrier. Ma raison me disait qu’il s’agissait probablement d’un clochard attiré par la lumière et la perspective d’un coup à boire. Mon instinct quant à lui me criait que c’était bien le jeune homme que j’avais aperçu.

Alors que j’allais abandonner mon exploration, j’aperçus des godillots à clou qui dépassaient derrière un amas de caisses. Je m’avançais prudemment. Dans l’éclairage vacillant d’un réverbère, je pouvais voir les semelles de ses chaussures, immobiles.

Je m’assurai de ne rien entendre, j’étais seul. Je m’approchai et découvris le corps du vieux portier.

Je fouillai les ténèbres à la recherche du moindre signe de danger, puis me saisis d’un pied de chaise qui reposait près des ordures. La mort ne datait que de quelques minutes, Julien pouvait me réserver le même sort.

La gorge du vieil homme présentait des traces d’étranglement. Des marques de griffes, ou d’ongle très longs couvraient son larynx défoncé. Je n’avais pas envie d’expliquer à mes anciens collègues les raisons de ma présence sur une scène de crime. Je ne souhaitais pas non plus rester dans la rue avec juste un bâton pour me défendre. Il était temps de rentrer.

Arrivé dans ma chambre de bonne, je verrouillai ma porte et me précipitai vers mon placard. Là, dans un sac en jute, je trouvai mon revolver. Un Chamelot-Delvigne, acquis lorsque j’appartenais à la police. Je n’aimais pas les armes, mais je n’avais pas eu envie de le revendre. Je ne voulais pas qu’il tombe entre de mauvaises mains.

J’introduisis six cartouches dans son barillet, mis le reste de la boîte dans ma poche puis m’assis dans mon vieux fauteuil racorni. Le pistolet pesait, même vide, il représentait une sacrée matraque. Je m’efforçais de réfléchir. Si Julien avait assassiné le portier, je constituais désormais une cible de choix.

J’avais dû m’endormir. Un bruit me réveilla. La lumière de la lune se dessinait sur la petite fenêtre de toit. Embrumé, je mis quelques secondes à remarquer une ombre qui se découpait dans l’encadrement.

Je repris mes esprits, il devait s’agir d’un chat ou d’un oiseau. Dans le doute, je pointai ma mire en direction de la lucarne. Dans le silence absolu, je pouvais entendre mon cœur battre, je maintenais ma respiration à un rythme calme et lent, comme au stand de tir.

Je patientais, canon dirigé vers une hypothétique menace, l’ombre bougea. Je perçus distinctement des pas s’éloigner sur le toit de zinc.

J’aurais pu me lancer à la poursuite du monte-en-l’air, mais l’histoire est remplie de policiers abattus en franchissant trop vite une porte. Je n’avais pas envie de finir comme eux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire GEO ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0