La soudaine richesse de Mr Martin

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Depuis maintenant quelques jours déjà, quand j'ouvre ma fenêtre le matin, je trouve le quartier bien animé. Dès que je sors, à chaque coin de rue, trouvant deux personnes murmurer, je m'interroge sur la nature de ces paroles. Des mots, qui chuchotés, passant de personne en personne, virevoltent et s'échouent aux oreilles de chacun: "Mr Martin est riche !"

On entend des:

"Mr Martin s'est acheté une voiture de luxe !

- J'ai vu Mr Martin dîner au restaurant qui se trouve à deux pas, si vous aviez vu la longueur de sa commande !

- Et il a payé !"

Tout le monde parla de lui sitôt qu'il eût autant de sous, mais au-delà des paroles qui faisaient doûter les honnêtes gens, au-delà des commèrages incessants se trouvait la pensée de tout ceux qui étaient au courant, et par cette pensée, une question inéluctable se posait: "Quelle était la raison de sa soudaine richesse ?"

C'est alors qu'il y a à peine deux jours, j'ai croisé le bonhomme, joyeux et hilare dans sa richesse, dandinant du ventre dans l'immonde avarice qui noircissait son âme. Quand je lui demandai pour quelle obscure raison sa pauvreté d'autrefois avait pu se transformer en sa richesse d'aujourd'hui, il me répondit avec malice q'uil n'était pas riche et ne l'avait jamais été.

Je savais pourtant que cette phrase était aussi fausse que son ventre était gros, et je décidai de monter les villageois contre lui. J'en parlai alors à Mme Jospin, qui en parlai à Mr Guignard, qui lui même parla à Mr Dupont, et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout le mondesoit au courant.

Hier, chacun se munissant de son manteau et sortant dans la rue, nous nous rendîmes chez l'homme centre de notre attention.

Après une heure de véritable interrogatoire, l'homme commença, acculé, àfaire des révélations:

"Que la fortune vous sourit n'est-il pas une chose insensée, vous qui ne jurez que par la boisson, et qui vous soûlez en permanence jusqu'à n'en plu pouvoir ? assenait Mme Jospin.

- N'est-il pas ? approuvait la foule.

- Sans vulgarité possible, j'irai même jusq'à me risquer dire que vous ne marchez jamais droit, tant l'emprise de l'alcool est forte sur vous ! continua Mr Rondet.

- Il est né avec une bouteille dans la main !" ajouta Mme Mercy.

Hilare, la foule éclatait de rire, et le gros bonhomme - on ne sait si c'était sous l'effet de la honte ou de la boisson - devint tout rouge et dit d'un air maussade:

"Soit, c'est d'accord, je vais vous expliquer ma soudaine richesse..."

Chacun était rentré chez lui par la suite, et le lendemain matin, aujourd'hui même, croisant Mr Tussaud qui vivait à l'écart du village et réputé pour sa noblesse d'âme et sa noblesse matérielle, je ne pus m'empêcher de lui dire:

"Méfiez-vous des souris qui grattent chez vous le soir dans le grenier !"

Et lui répondant:

"Comment savez-vous pour les souris ?!?"


FIN !

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