En finir

2 minutes de lecture

Qu'il me dise ce qu'il attend de moi, qu'il me tue, mais que l'on en finisse,  donner une fin....

Morbide conclusion...

J'ai renoncé à la vie, mes espoirs sont vains, je suis lessivée ; inexpressive, comme un poisson dans un bocal, qui semble attendre quelque chose, et ne plus rien espérer. Béate, sans couleur et sans odeur. Réduite à rien, si ce n'est, animée d'une expression de curiosité et de fatalité. Je suis plus dans l'acceptation que dans l'expectative ! J'aimerai me voir, ou reluquer mon reflet dans un miroir ;  ma figure porte sûrement l'expression de l'angoisse totale, totale incompréhension... je fus transportée dans ce pays, poussée par l'ambition, l'envie d'une vie nouvelle et le cœur ouvert à un père qui n'a jamais été là : que ce soit pour des événements heureux ou des tragédies.


Tragique : le plus beau rôle de ma vie : l'innocente prise en otage !

Pas de rachat, de rédemption : mais quelles fautes issues de ma petite existence il me faut invoquer ?

Mais, qu'il me dise "l'énergumène", ce qu'il l'a piqué à poser son dévolu sur une petite parisienne, étudiante en arts appliqués ?


Tant de questions, vide de réponses.


Je le regarde, mes yeux s'assombrissent et si je ne tenais pas à ma peau malgré mon abandon, mes ultimes résolutions à quitter cette terre, je lui cracherais à sa gueule de con : 


"C'est quoi ton blême, mec ?"


Le son de sa voix me sorti sèchement de mes songes, ou plutôt de l'afflux de mes angoisses :


- Ton père me révèle son invention, je dépose mon brevet, à moi la fortune...


Ou je te tue.


Balancée en pleine gueule, une histoire de pognon ! Bien sûr, une évidence  ; un thème récurant de film de gangsters !

Il sort son flingue et les deux coudes sur son bureau me vise entre les deux yeux.

Le temps s'arrête, j'entends un bourdonnement dans mes oreilles, je me raidis.

Stoïcisme absolu.

L'heure fatale, les derniers instants ! 

Puis comme si de rien n'était, Il détend ses bras, se met à rire, c'est glacial et hideux !

Sarcastique atmosphère !

Des larmes coulent sur mes joues, la tension me liquéfie.

Que cela finisse...

Il compose un numéro de téléphone me tend l'appareil !


- allô ? Papa !

- Zoé ! Tu vas bien ? Ils ne t'ont pas fait de mal ? Je vais leur donner ce qu ils veulent, on se retrouve bientôt, je t'aime...

Fin de la conversation. Légère trêve, de nouveau espoirs se fondent, mes épaules se relâchent,  mes muscles lâchent légèrement leur tension extrême. Je soupire intérieurement : je t'aime moi aussi papa.


Échaudée, amoindrie, je repris l'avion pour la France.

Je veux retrouver mes passions, mon domaine sécurisé et ma routine, mes amis, ma vie parisienne...

J'ai mûri, je me sens plus "carapacée", j'aime la vie et je compte la croquer, et de nouveau remplie d'espoir et d'ambition je me dis que :


 "Ce qui ne m'a pas tué, m'a rendu plus forte !"

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