Le conseil

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Une grande porte qui s’ouvre, une grande salle, le conseil d’administration, le fameux, j’y suis. Je me fais toute petite derrière mon père, évidemment qui s’écarte, histoire de me mettre au premier plan : me présenter.

 

« Voici Zoé, ma fille. »

 

C’est le genre de situation où l’on aimerait être ailleurs, malheureusement pas d’échappatoire, se faufiler sous la moquette, c’est dans les dessins animés, pas ici à Tanger, d’autant qu’il n’y a pas de moquette, bref, revenons à nos moutons, gardons la tête haute ! j’ai les jambes qui flageolent, une dizaine de personnes, soit une vingtaine d’yeux qui me dévisagent, me scrutent, de bas en haut. Et non, je ne suis pas Zoé la rousse, heureusement, j’ai évité cette blague toute ma vie, mes cheveux sont noirs, noir corbeau même, et ce n’est pas une blague ce que je vis là. J’imagine que j’ai l’air de rien dans mon jean qui me moule les fesses et ma chemise un rien garçonne, un peu féminine. J’aurai dû mettre autre chose, sans doute que ma tenue ne leur convient pas, ils auraient préféré le petit tailleur, tout bien comme il le faut ! Je m’égare, un peu de concentration, tentative de prononcer quelques mots, histoire de dénouer la situation, juste pour  lever cette attente : une réaction ! Pas qu’ils se disent, elle est « cul-cul » la fille de Paul. Non, même pas « praline » d’ailleurs, juste un bout de bonne femme que l’on a arraché à sa petite vie parisienne bien réglée, trop bien réglée d’ailleurs, d’où le fameux « arrachage » au train train quotidien…

 

« Enchantée ! ».

 

Je crois que j’aurai pu faire mieux, mais bon, l’estomac dans les chaussettes, faut dire que le couscous ici, est bien plus épicé, que rue d’Alger, chez « Momo »…

C’est un début, courtois, sobre, histoire de poser ses marques, moi, là, c’est plutôt les fesses dans un fauteuil qu’il faudrait que je pose, car tous ses yeux qui me scrutent, et ses sourires, maintenant, je sens que je vais vaciller. Si je pouvais m’envoyer un bon whisky « on the rock ! » ; ouf, ce serait pour décompresser…

 

« Asseyons-nous mesdames, messieurs ! »

 

Yeah ! mon père me sauve la mise, j’avais l’impression idiote que tout reposait sur moi, pas tout de suite, laisser moi m’acclimater, m’adapter, l’avion, tout ça, c’est éprouvant.

 

Mon père est à ma droite, droit, sûr de lui, grand, président, quoi !

 

Bon, on va y aller, là, comme lors de présentations, autour de la table, de droite à gauche, chacun va prendre la parole…

 

Ouf, mon père commence, cela me laisse un peu de temps, toutes ces personnes-là, avant que ce soit mon tour…

 

Quelle angoisse, je souffle, je vais y arriver, cela va passer…

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