Chapitre 6. La proposition

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Il avait tenté de faire bonne figure devant Alexis. Derrière la porte, Michel s'assit la tête entre les mains. Il voulut souffler un peu avant d'affronter la discussion avec Anaïs. Il avait décidé de lui dire la vérité, en espérant qu'elle ne le rejetterait pas. Il avait tant besoin d'elle, surtout en ce moment.

- Ça va mon coeur ? Demanda-t-elle en s'agenouillant près de lui.

Sans pouvoir dire un mot, Michel se mit à pleurer à chaude larme. Il avait mal. Tellement mal. Anaïs le prit dans ses bras et le réconforta jusqu'à ce qu'il se soit calmé.

- Parle moi, s'il te plaît, supplia Anaïs qui souffrait également de voir son mari dans cet état.

Michel lui raconta tout ! Qu'il avait eut une expérience homosexuelle à l'adolescence, ce qu'il avait ressentit en voyant Alexis pour la première fois, le besoin qu'il avait d'être près de lui, la discussion qu'ils avaient eu, le baiser, la manière dont ils s'étaient quittés.

- Je m'en doutais, dit Anaïs. Pourras-tu vivre sans lui ?

- Pour toi, oui ! Je te promets de ne plus jamais chercher à le revoir.

- Je pense qu'il y aura toujours une part de toi qui souffrira de cette séparation.

- Sûrement. Mais je ne peux pas vivre sans toi !

Les jours passèrent et Michel tenta de faire bonne figure. Rapidement, Anaïs comprit qu'il n'irait pas mieux. Du moins, pas tant qu'Alexis ne ferait pas partie de leur vie, définitivement. Un soir, elle décida d'en parler ouvertement à Michel. 

- J'ai beaucoup réfléchis.

- A quoi ?

- A toi. A lui. A nous...

- Mais je t'ai dit que je ne le verrai plus jamais. Tu me crois, non ?

- Oui, je te crois. Mais je crois aussi que tu ne seras jamais heureux tant qu'il ne sera pas là. Dans nos vies.

- Sûrement, avoua Michel. Mais une amitié est impossible. Je t'ai dit clairement que j'avais envie de lui. Il est préférable pour nous que je ne le revois plus jamais.

- Sauf si..., commença Anaïs.

- Sauf si quoi ?

La jeune femme inspira profondément. Elle s'apprétait à laisser le loup entrer dans la bergerie, elle en était bien consciente.

- Sauf si je vous y autorise, lâche-t-elle d'un coup.

Michel en fut abasourdi. 

- J'ai pas bien compris là ? Répète.

- Je pourrais accepter votre relation... Pour autant que je ne sois pas mise de côté. Que ça ne se fasse pas dans mon dos. 

Le couple discuta longuement de la proposition d'Anaïs, des règles d'une telle relation ou encore des risques pour leur mariage. Ce n'était pas le genre de décision à prendre à la légère. Il fallait prendre le temps de la réflexion, chacun de son côté, et faire le point le samedi suivant. 

***

Samedi arriva, ils n'avaient pas changé d'avis. Ils allaient faire entrer Alexis dans leur vie d'une drôle de manière, si celui-ci était d'accord. Anaïs l'appela pour lui faire part de la proposition. Le couple s'était demandé comment annoncer la nouvelle, ils avaient opté pour la méthode rapide et directe ! Elle résuma la situation au policier et lui fit part de leurs réflexions. Pour Alexis, c'était beaucoup d'information à digérer. Il lui faudrait un peu de temps également avant de donner sa décision.

Après cet appel, le couple ouvrit une bouteille de vin, soulagé de la réaction de leur complice. Anaïs s'était presque attendue à ce qu'il lui raccroche au nez. Il ne l'avait pas fait, cela devait être bon signe. Ils se prirent à imaginer comment cela se passerait si le policier acceptait. Au détour de la conversation, la jeune femme avoua à Michel le petit fantasme qu'elle avait eu lors du rallye.

- Cochonne ! Lui dit-il en riant.

- En parlant de fantasme... J'aimerai beaucoup que tu me racontes ton adolescence, dit-elle en lui caressant le visage.

- Toute mon adolescence ? Ça risque d'être long !

- Non, pas tout. Juste... Avec le garçon, dit-elle en rougissant.

Il lui raconta donc l'été de ses dix-sept ans où, pour un agriculteur, il avait cueillit des fruits. Lui et son collègue du même âge avaient développé une certaine complicité. Un soir, presque naturellement, ils s'étaient rapprochés. Il ne se souvenait plus de qui avait fait le premier pas. Ils s'étaient embrassés dans la grange du fermier, assis sur un ballot de paille qui leur piquait les fesses. Leurs gestes étaient maladroits, leurs baiser empressés. Michel se souvenait avoir pensé, en touchant le sexe de son compagnon, qu'il ne savait pas quoi en faire. Son ami lui avait montré comment s'occuper de lui, en le branlant fermement. Après avoir jouit dans sa main, il lui rendit la pareille. Après cela, tout les soirs jusqu'à la fin de l'été, ils les passaient à s'explorer mutuellement.

- C'est à ce moment là que tu as perdu ta virginité ?

- Oui et non. Disons que nous nous sommes fait énormément de bien chacun. Mais je n'ai jamais osé aller plus loin, tu sais... Me faire prendre par derrière, avoua-t-il.

- Non ?! Mais pourquoi ?

- J'avais peur. Les conditions n'étaient pas idéales non plus, dans le foin comme ça. On ne savait pas trop bien comment faire.

- Alexis sera alors ton premier ?

- S'il le veux, oui, dit Michel en souriant.

La jeune femme eut une idée. Si leur complice acceptait, elle se promettait de faire en sorte que Michel vive une première fois inoubliable. 



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