Qui a tué Bobby Smiley ? Meet the suspects

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Dans les rues de Oncupponatime, l’orage qui menaçait depuis le matin avait fini par éclater. Le tonnerre battait la charge, tandis que les éclairs, avec une rigueur toute scientifique, se voyaient détourner les uns après les autres pour alimenter en énergie les quelques huit cent laboratoires officiellement illégaux de la ville. La pluie, elle, rebondissait avec fracas sur le toit du studio de télévision.

Et étonnamment depuis l’intérieur, on ne percevait de tout ce vacarme qu’un faible chuchotement aux harmoniques diffuses. Ce qui était, selon les estimations de Dick entre son quatrième et son cinquième verre, extrêmement propice à la concentration. C’était donc la raison pour laquelle il se tenait maintenant sur la scène du Bobby Smiley Show, ses notes sur le crime entre les mains. Voilà. Il ferma les yeux un instant pour être sûr de retenir la phrase. Il l’avait déjà perdu deux fois en route, heureusement que ses immenses capacités de déduction l’avaient aidé à la retrouver.

Quelque part dans les gradins, Widjet éclusait sa troisième bouteille. D’après ce que Dick avait réussi à comprendre, le légume avait une discussion passionnée avec sa chaussure gauche. Hélas, l’heure était venue de l’interrompre. Le spectacle allait commencer.

- Come on, mon vieux, dit-il d’une voix forte en effectuant un demi-tour presque stable vers les sièges vides de l’avant scène. Brainstorming time.

Une partie de lui-même lui fit remarquer que vu son état ; Widjet n’était pas forcément le meilleur interlocuteur pour mener à bien un débat contradictoire. Une rasade supplémentaire d’alcool la fit taire. Un peu étonné, Dick contempla alors la bouteille qu’il venait de sortir de sa poche. Déjà aux deux quarts vides. Mais on ne la lui faisait pas, à lui. Il avait prévu du renfort. Il s’en occuperait dès qu’il aurait fini de faire fonctionner ses méninges.

A la réflexion, Dick s’octroya une nouvelle lampée avant de se jeter à l’eau. Il fallait voir à graisser la machine, aussi.

- Alors, j’expose le cas, old pal, lança-t-il en haussant encore la voix. Sois attentif ! Eye of the blind crow, spirit of the dead dodo ! Comme dans les movies !

Sans attendre la réponse de Widjet, Dick approcha ses notes suffisamment près de ses yeux pour que les mots restent dans son champ de vision malgré leurs tentatives répétées d'évasion par oscillations.

- Well. Let's see nos protagonistes. Déjà, I would like to introduce you miss Antonia « Lightning » Pierce. Aussi nommée la pépée non possible qui m'a embauchée, mais, by jove ! Y'a que moi qui l'appelle comme ça, dont on s'en fiche. D'abord personnage secondaire de comics dans les années cinquante. Elle a un rôle remarqué dans l'obtention de l'Evil Sport League par les Justicines, puis fait quelques apparitions dans l'héroïsme et le cinéma, mais sans véritablement avoir de success. Elle tombe ensuite dans l'oubli le plus total. Jusqu'à ce 1995, un manager de nightclub pseudo vintage la fasse redesigner pour orner les murs de son établissement. Miss Pierce y gagne une nouvelle jeunesse, une plastique... plastique et une notoriété certaine. Mais there again, elle ne reste pas on the beat, et disparaît au tournant des années deux mille. Elle refait de nouveau surface il y a deux ans, en tant que flirt de Bobby Smiley. Au moment du crime, elle était, selon ses dires, in la loge de Bobby, en train de discuter avec la maquilleuse. Notons que la porte du local de régie, d'où a été tiré le coup de feu fatal, a été fermée de l'intérieur with her key. Clé qu'elle dit avoir perdu deux heures avant l'heure du drame. Elle en aurait d'ailleurs parlé au vigile.

Dick s'offrit une nouvelle rasade de courage, et reprit.

- Now, la maquilleuse. Mademoiselle Pimprenelle Desnoix. A french. Son nom de scène était Pinky Pussy. Peu original quand on sait qu'elle vient d'un cartoon pour enfants appelé «Magnifiques animaux de sous les mers du monde épisode 5, The Octopussies », et que sa couleur de peau est effectivement le rose eyekiller. Deux théories sur ce surnom ont été proposées : soit elle aurait voulu que ses clients se souviennent facilement de sa forme, ce qui serait quand même curious, soit elle voulait rendre hommage à son grand frère, Johan « Red » Desnoix, qui fit brièvement carrière dans le super héroism avant de se retirer définitivement de la vie publique, puis de la vie tout court. A l’époque, son agence a regretté a tragic accident.

Le rêve de cette demoiselle est de devenir cabaret artist. Elle avait même essayé de monter un numéro de strip-tease il y a déjà quelques années. Sadly, il a été annulé dès la deuxième représentation car les clients s'endormaient avant qu'elle ait fini d'enlever ses bas. Il faut dire que eight, c'est un peu too much. On ne sait pas trop ce qu’elle a fait ensuite, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle travaille depuis trois ans comme maquilleuse pour le Bobby Smiley Show. Very appréciée. Ses collègues disent d’elle qu'elle arrive à faire un maquillage naturel qui ne coule pas quand les invités pleurent en un temps record. En plus, elle arrive à maquiller quatre personnes en même temps. Deux quand elle doit les empêcher de se taper dessus pendant qu'elle s'en occupe.

Dans les minutes précédant les faits, elle dit avoir coiffé les guests qui attendaient de monter sur scène, soit un tengu et un escargot. Elle déclare les avoir ensuite escortés jusqu'à l'escalier menant à la trappe de l'arrière scène, et être retournée sur ses pas. Elle a alors croisé le vigile à qui elle a proposé une cup of coffee, ce qui est important pour la suite de notre explication. Ledit vigile aurait volontiers accepté, mais, selon les dires de Miss Desnoix, aurait tenu à aller d'abord vérifier que la trapdoor était bien fermée. La lady affirme être ensuite directement entrée dans la loge de Smiley pour a little girly chat avec Antonia et avoir laissé la porte ouverte afin que le vigile les rejoigne ensuite, ce que Miss Pierce confirme. La détonation a éclaté à peine vingt secondes après que Miss Desnoix ait pénétré dans la pièce. Les deux dame se sont alors, toujours d’après leurs témoignages, précipitées dans le couloir, et ont vu le vigile passer devant elles et courir jusqu’à la porte de la régie. Il aurait alors essayé de l'ouvrir, mais elle était fermée from the inside. Nos deux ladies disent alors s'être jointes à lui, mais malgré leurs efforts combinés, ils n'avaient pas réussi à entrer dans la pièce quand la police a investi les lieux.

Dick s'arrêta un instant. Silencieusement, il fit jouer sa mâchoire pour s’assurer qu’elle lui obéissait toujours. Elle lui semblait bizarrement engourdie, depuis une ou deux minutes. De plus, les idées s'agitaient dans son crâne comme Alvin le mille-pattes hyperactif à la parade annuelle des Animaux Publicitaires et il devait se concentrer de plus en plus fort pour garder le fil de ses pensées. Peut-être à cause de ça, il commençait à douter du bien fondé de son plan. Pendant quelques secondes, il regretta même d'avoir impliqué Widjet. Mais cela dura seulement jusqu’à la gorgée d’alcool suivante. Après tout, se dit-il tandis que le liquide lui brûlait la gorge, le légume avait insisté pour venir.


- Allez, on se motive Widj, lança-t-il en direction des gradins, d'où s'exhalait désormais un ronflement diffus. Next is the last. Alfred « Almost God » Willis. A l'origine il vient d'un roman à prétentions historiquo-mystique où il occupe le rôle d'un homme de main maladroit au service de la mafia qui in fact le futur dieu d'un monde perdu. Malheureusement for him, il semblerait que l'auteur ait prévu de l'introniser dans sa véritable destinée à partir du third tome. Or ce livre n'a jamais été written, les ventes du tome 1 ayant été un bide terrible. Alfred Wilis est donc resté englué dans sa human condition. Et, maybe because of that, il n'a jamais réussi à se faire embaucher par l'antenne locale de notre syndicat du crime. Dans son dossier de official bad guy, il est marqué, je cite : « Se prend littéralement pour le futur dieu d'un monde perdu et refuse les ordres ». So, there came the end de sa carrière de grand criminel.

Il s’est alors reconvertit dans les petits larcins. Especially des vols à l'étalage et des tentatives de pickpocket, d'après les rapports de police. C'est à ce moment qu'il a gagné là son surnom de « Almost God », en référence à ce qu'il disait toujours aux cops qui l'arrêtait : « I'm almost a God, don’t you dare touch me ». Il disparaît ensuite des registres jusqu'aux années deux mille où, apparemment désormais honnête, il est recruté par la « Big Brother », une entreprise de surveillance en contrat avec la Oncupponatime Original Channel. Il se montre exemplaire dans les gardes qui lui sont confiées sur divers plateaux, et, quand la « Big Brother » fait faillite, la OOC l'engage aussitôt et l'affecte à la surveillance du Bobby Smiley Show.

A l'heure du crime, M. Willis venait, d'après son témoignage, de vérifier que la trapdoor de l'arrière scène était bien fermée et se dirigeait vers la loge de Mr. Smiley pour prendre le tea avec Mlle Desnoix et Mlle Pierce. Il dit avoir été à un mètre de la loge quand le tir a retentit et s'être aussitôt précipité vers son origine. As we know, il n'a pas réussi à ouvrir la porte pour appréhender le coupable.

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