C’était comme une danse. Des mouvements déliés, une sorte de chorégraphie, un enchaînement de gestes précis. Les deux protagonistes évoluaient face à face, dans un coin du décor gigantesque des plaines et bois. On aurait presque pu les qualifier de partenaires. L’un reculait, il faisait quelques pas ; l’autre avançait, elle bougeait vivement. Il était plus stable, patient. Elle virevoltait, s’enflammant. Tous deux calculaient chacun de leurs déplacements. Alors qu’elle tourbillonnait, toujours en action, il ne cessait de la modérer, l’invitant presque à musarder. Elle s’efforçait de mener le jeu, il ne lui cédait en rien. En compétition pourtant, ils formaient un ensemble d’une rare élégance. L’esthétisme qui maintenait l’équilibre entre eux avait été poussé jusqu’au choix de leurs armes. Jusqu’à ce qu’il soit brisé d’un grand coup d’estoc. Et que le sang aille se mêler à l’eau claire d’un proche ruisseau.