Chapitre 26 - Marielle

4 minutes de lecture

Mick’ ne vient plus et Julie non plus. Par contre les Gramont eux ne m’oublient pas. Ce matin j’ai le droit d’être traitée comme un vulgaire cobaye pour des étudiants.

- Alors que relevez-vous sur la patiente ? Demande le monstre.

- Ses urines sont foncées et abondantes.

- Oui et qu’en déduisez-vous avec les résultats de sa prise de sang.

- Un problème au foie à cause d’une hyperglycémie je dirais.

- Que préconisez-vous ?

- On devrait la mettre à un régime strict sans glucose et faire une biopsie pour voir l’état du foie.

- Bien. Maintenant vous, faites une auscultation vaginale de la patiente.

Je préfère quand se sont les étudiants qui me touchent, eux ne me font pas mal.

- Je vous écoute.

- Elle…elle est enceinte je dirais.

- Est-ce qu’une grossesse est compatible avec son état de santé ?

- Euh je dirais non.

- Pourquoi ?

- Les médicaments qu’elle a sont nocifs pour le fœtus.

- Donc nous avons deux problèmes, le foie qui est en mauvais état et une grossesse qu’on doit arrêter. Quelle intervention sera prioritaire ? Oui ?

- Le foie docteur car on pense d’abord à sauver la patiente avant de sauver un fœtus condamné dans tous les cas. Répond une jeune fille.

- Parfait. Préparez là.

Faites ce que vous voulez, de toute façon j’ai plus la force de me battre.

- Que voyez-vous ?

- Le foie est nécrosé.

- Et donc ?

- Faut retirer la nécrose.

- Vous attendez quoi ?

Moi, j’attends ma mort.

- Maintenant nous pouvons procéder à l’arrêt de cette grossesse. Injectez lui ce qu’il faut.

Tant mieux, je ne veux pas porter un autre enfant de son ordure de frère.

- Pourquoi nous ne procédons pas par aspiration ? Demande la voix d’une jeune étudiante.

- Parce que ça revient à monopoliser un bloc qui pourrait servir à d’autre. Pensez toujours qu’il y a des patients qui sont plus dans le besoin que celui dont vous vous occupez. Je vous rappel qu’en tant que médecin nous devons prioriser nos actes et faire attention aussi au budget qui chaque année est plus serré.

Je suis de retour dans cette maudite chambre, mon corps entier me fait mal mais tout ce que je veux c’est mourir.

- Alors, on souffre ? Tu sais tu peux tenter de faire comme ci tu ne ressentais rien mais ton rythme cardiaque s’emballe là et vu comment ton ventre se contracte, je pense que tu dois souffrir.

Oui je souffre mais la pire de mes douleurs c’est le dernier regard que m’a lancé Mick’. Je sais que je l’ai perdu.

- Je ne comprends vraiment pas pourquoi on la laisse perdre son bébé comme ça. Dit une infirmière pendant ma toilette.

- Tu ne devrais pas te poser de question.

- Mais regarde son état, ce n’est pas humain de faire ça alors qu’il y a des techniques moins…

- Ecoute si tu veux garder ton poste, il va falloir que tu arrêtes de te poser des questions.

La porte s’ouvre et son regard se pose sur moi puis sur les deux infirmières.

- Docteur, elle saigne depuis 4 jours et…je pense qu’on devrait envisager un autre moyen pour son IVG.

- Rappelez-moi votre nom ?

- Santinio Docteur.

- Melle Santinio, j’exerce depuis près de 20 ans et vous ?

- Mais docteur…

- Non. Je sais ce que je fais avec mes patients, vous n’êtes qu’une simple petite infirmière et moi un grand chirurgien alors merci de rester à votre place.

- Et alors ? Ça ne veut pas dire que vous avez toujours raison ! Se rebelle l’infirmière.

Il regarde l’autre infirmière et lui fait signe de sortir puis ferme la porte à clé. Quand il se retourne vers la petite infirmière, elle comprend qu’elle ne va pas sortir indemne de ma chambre.

- Qu’est…ce que…non faites pas ça.

- C’est mon boulot de t’apprendre ton métier et là tu es sur le mauvais chemin. On va régler ça.

- Si vous me touchez, je vous préviens je crie.

Il se met à ricaner.

- Les chambres sont isolées et de toute façon, tu ne pourras pas crier. Dit-il en lui fourrant des compresses dans la bouche.

Je vois son regard pétrifié alors qu’il sort un scalpel de sa poche et d’un geste rapide lui coupe le poignet qui se met à saigner.

- Et bien, t’es très maladroite.

Le sang coule beaucoup.

- Tu veux vivre ? Lui demande-t-il

Elle est paniquée et j’avoue que c’est impressionnant.

- Tu ne me feras plus de réflexion sur mon travail ? Demande-t-il.

Elle fait non de la tête. Il lui retire les compresses et elle reprend sa respiration.

- Comment tu t’es fais ça ? Lui demande-t-il

- Un…un accident. Bafouille-t-elle paniquée.

- Heureusement que je suis arrivé à temps alors. Dit-il en lui faisant un pansement.

La pauvre tremble de partout.

- Tu sais faut faire attention avec ce genre de blessure, tu pourrais vite te retrouver dans cet état. Dit-il en me regardant.

Je pense que le message est passé et ce n’est pas elle qui ira lutter contre le pouvoir de ce monstre. Si Gramont est un connard, son frère est pire. Je sais désormais comment il tient tout le monde au silence. Je ne peux pas leur en vouloir, la souffrance nous fait accepter n’importe quoi.

Annotations

Vous aimez lire Jessie Auryann ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0