Chapitre 24 - Mickaël

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Je sais même plus comment je suis arrivé ici, ni depuis quand j’y suis. Mon corps tremble et j’ai encore les sursauts de mes sanglots. Je pensais que quand je suis parti en Angleterre, ça serait la pire douleur que je puisse vivre mais celle de la trahison est bien pire. Je renifle et mes yeux s’embrument de nouveau et je chiale comme un gamin. Bordel que j’ai mal.

- Mick’, chéri, tu devrais manger un petit peu.

Je ne réponds pas comme depuis que je suis venu chez mes parents en m’effondrant dans les bras de mon père. Je crois que c’est Julie qui m’a amené alors que je faisais une putain de crise de manque en sortant de l’hôpital.

- Allons fiston, faut manger un peu.

Mes yeux fixent la vidéo de notre mariage qui passe en boucle. Quand mon père veut prendre la télécommande je lui envoi un regard qui lui fait vite renoncer.

- Ça fait 4 jours qu’il ne mange pas George.

- Je sais. Allez bonhomme, faut boire un peu.

Mon père me colle le verre dans la bouche et me force à boire.

- On va aller prendre un bain, t’es très sale. Allez Mick’.

Mon père me lève et une sale odeur embaume la pièce. Il me fait descendre et me fout dans la baignoire. Il me lave alors que mes larmes rejoignent l’eau crade. Quand il me remonte dans ma chambre, une bonne odeur de propre a remplacé l’odeur infecte. Il me couche dans des draps propres et je me mets à trembler.

- Papa…

- Je suis là Mick’. Je suis là.

Je suis faible et mes paupières finissent par se fermer. Mais je me réveille en pleine nuit, hurlant ma rage.

- Mick’ !!! Je suis là !!! Fiston regarde moi !!! Je suis là, calme toi, je suis là !!!

- J’ai mal !!!! Papa arrête cette douleur !!!

- Oh Mick’ si seulement je pouvais. Ça va aller... ça va aller.

Elle me hante, elle s’insinue dans mes rêves. Parfois érotique parfois gore. Je la tue encore et encore et puis je regrette immédiatement mon geste. Hurlant la douleur de la perdre pour toujours.

- Je préfère te prévenir, ce n’est pas très joli à voir.

- C’est bon George ça va aller, merci.

Cette voix…

- Bon Parker, tu peux arrêter tes crises d’ado attardés et te conduire comme un homme ? Parce que tes gamines te réclament et moi tu me manques. Donc tu vas bouger ton cul de là.

Mon paradis…

- Je te préviens Parker, si tu ne te bouges pas, je te jure que je t’arrache les couilles.

C’est bien elle. Je la regarde et l’odeur immonde des draps me fait gerber par terre.

- Mick’, tu ne peux pas te rendre malade comme ça. M’abandonne pas, j’ai besoin de toi.

Je la regarde. Pourquoi elle pleure ?

- Pleure pas.

- Alors reviens.

- Je n’y arriverai pas.

- Pas tout seul non mais avec moi oui.

Je me redresse avec le goût de la gerbe dans la bouche et la gorge ultra sèche. Elle me tend un verre d’eau que j’avale.

- T’as sali ton lit, un vrai gosse.

Je hausse les épaules.

- Allez, à la douche beau goss.

Elle me fait descendre et je vois le sourire de ma mère.

- Tu pues vraiment beaucoup Parker. Dit-elle en frottant mon corps.

Je ne dis rien, juste je la laisse faire. Tel un pantin, elle me nettoie, m’envoyant un sourire tendre.

- Je ne te laisserai jamais tomber. Me dit-elle en me séchant

- Elle aussi disait ça.

- Je ne suis pas elle ! Me gronde-t-elle

Elle me met un tee-shirt puis me fait enfiler un pantalon de jogging.

- Et maintenant tu vas aller manger.

Je fais non de la tête.

- J’ai réussi à faire manger des épinards aux enfants alors ce n’est pas toi qui va me résister.

Chaque jour, elle vient me voir, m’amène à la douche, me fait manger, me fait vivre.

- Bon, alors comme tu ne veux pas sortir de ta tanière, on vient à toi. Dit-elle en posant ma fille sur mon torse.

- Sweety.

- Elle n’arrête pas de pleurer depuis que t’es parti. Et Jennie est partie au centre, elle supportait plus de ne plus te voir à la maison. Faut que tu reviennes Mick’.

- Laisse-moi Julie. Dis-je en lui redonnant la petite.

- Mick’ !!! Mais merde quoi !!! J’ai besoin de toi !!! On a besoin de toi !!!

Je l’entends pleurer mais je préfère fermer mes yeux en espérant que ça soit définitivement.

- Papa…papa réveille toi.

- Jennie ? Mais…

Je me redresse et voix Julie.

- Je te l’ai dis, je ne te lâcherai pas Parker.

- Tu m’as toujours dis que tu seras là pour moi. Pleure Jennie

- Princesse, pleure pas.

- Tu m’as menti papa.

- Non…mais papa a besoin de…de temps ma puce.

- J’ai plus ma maman ni mon papa, je veux mon papa et ma maman. Pleure-t-elle

Oh merde mais qu’est ce que je suis en train de faire !!!

De la merde. Elles ne méritent pas ça alors bouge toi.

J’efface les larmes de Jennie et je regarde Julie qui me sourit.

- Papa va se préparer et on rentre. Dis-je

Jennie me regarde comme si ce que je venais de dire était un truc incroyable.

- Pour de vrai ?

- Ouais princesse pour de vrai. Allez va voir papy et mamy, j’ai besoin de Julie pour la douche.

- D’accord.

Je regarde Julie qui me lance un sourire. J’ai encore du mal à tenir debout mais j’arrive à me foutre dans la voiture de Julie.

- Je ne veux pas qu’on rentre au centre. Dis-je

- Tu veux quoi alors ?

- Va au mobile home. Y a trop de souvenir au centre, moins au mobil home.

Ma lune de miel a tellement été merdique que ça ne risque pas de me donner envie de réparer ce qui est cassé entre Marielle et moi. Ici c’est chez moi…je veux repartir de zéro et fermer ce putain de livre.

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