Chapitre 01 - Mickaël

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Je regarde les gens aller et venir, on me dit de me mettre torse nu et j’obéis sans me poser de question car je ne suis plus en état. Les pleures d’un bébé me transperce le cœur, ma fille est née ! Je vais pour me lever mais une femme arrive avec un tissu où est emmitouflée un tout petit bout de nous.

- Voilà ton papa ma puce, je vais la mettre contre vous. Elle a besoin de beaucoup de réconfort, sa naissance a été très difficile.

- Elle va bien ?

- Oui, ça été très traumatisant et elle a beaucoup de chance d’être en vie mais elle n’a aucune séquelle.

Elle me pose sur mon torse ce tout petit corps qui me bouleverse. Ses yeux s’ancrent aux miens et tout explose en moi. J’ai l’impression de revivre ce que j’ai vécu avec Jennie. Putain je suis papa. Je l’emmitoufle dans mes bras et le drap qui la recouvre. Mon corps fabrique une chaleur que je ne connaissais pas et ses yeux ne me lâchent pas.

- Te voilà enfin alors. On va attendre ta maman. Excusez-moi mais vous auriez des nouvelles de ma femme s’il vous plait ? Dis-je à une femme qui passe.

- Le médecin va venir vous voir.

- Bon bah je crois qu’on va encore rester un peu tous les deux alors. Tu as l’air fatiguée, tu peux dormir tu sais, il ne peut rien t’arriver. Dis-je en effleurant sa joue

Sa tête cherche quelque chose jusqu’à trouver mon doigt qu’elle tête et ne lâche plus.

- Excusez-moi mais je crois qu’elle a faim, vous savez si ma femme va bientôt arriver ?

- On va vous amener un biberon.

Pourquoi on veut me filer un biberon, où est Marielle putain !

- Tenez, voilà. Me dit une femme en me donnant un biberon.

- Ma femme veut l’allaiter, elle est où ?

- Le médecin doit venir vous voir.

- Ça fait des heures qu’on me rabâche ça ! Où…est…ma...femme !

Elle a un air bizarre entre la compassion et je ne sais trop quoi. Je suis bloqué sur ce siège avec ma fille qui ne veut que sa mère. Putain mais qu’est ce qui se passe !

- Ça va aller…ça va aller. Dis-je comme pour me rassurer auprès de mon bébé.

Des heures que je suis sur ce putain de fauteuil. On m’a apporté un biberon de lait mais ça n’a pas l’air d’être celui de Marielle car la petite le refuse et je ne sais pas pourquoi mais j’ai une sensation flippante au fond de moi.

- Elle a l’air bien contre vous. Me dit la femme qui vient voir la petite.

- Où est ma femme ?

- Vous avez un prénom pour cette jolie petite fille, je dois lui mettre un bracelet.

- On…on n’a pas choisie encore de prénom, on n’était pas d’accord et…

- C’est pas grave Monsieur Parker, vous le choisirez un peu plus tard.

Elle me sourit comme si j’étais un môme qu’on devait consoler. Puis les portes s’ouvrent et je vois un mec dans une bouse blanche s’approcher de moi.

- Je suis le docteur Barbera, je suis le médecin qui s’est occupé de votre femme. Dit-il en prenant une chaise qu’il pose devant moi pour s’asseoir.

- Comment va-t-elle ?

- Nous avons du procéder à une césarienne en urgence. Votre bébé s’est mis en travers et s’est bloqué dans le bassin de votre femme. Avec les contractions, son utérus s’est déchiré et ça a causé une hémorragie très importante.

Les mots du médecin arrivent jusqu’à moi mais j’ai l’impression de m’enfoncer dans un trou noir.

- Nous avons réussi à stopper cette hémorragie après plusieurs heures et malgré les poches de sang et nos efforts, votre femme…a fait un arrêt cardiaque. Nous avons pu la réanimer cependant son corps étant très affaiblie, il ne supporte pas de rester éveillé.

- D’accord. Dis-je comme un automate.

- Nous avons du la mettre sous coma articificiel pour éviter un autre arrêt.

- D’accord.

- Monsieur Parker, est ce que vous comprenez ce que je vous dis ?

- D’accord.

- Si vous avez besoin d’aide, nous pouvons appeler quelqu’un.

- D’accord.

- On va vous mettre dans une chambre avec votre bébé.

- D’accord.

Il me sourit, je ne sais pas trop pourquoi.

- Docteur, vous pouvez demander à ma femme quel prénom on choisit s’il vous plait ? Dis-je

- Monsieur Parker, votre femme est dans le coma.

- Oui, mais quand elle se réveillera, vous pourrez lui demander.

Il me sourit encore une fois. Je suppose que c’est oui. Je serre fort notre fille et lui dis que tout va bien, que sa maman sera bientôt là, qu’il faut juste qu’elle dorme un peu.

- On va vous amener dans sa chambre, suivez-moi.

Je suis les pas et rentre dans la chambre où Marielle est allongée. Mon dieu qu’elle est belle malgré toutes ses machines.

Le médecin vient me voir de nouveau.

- Votre femme est sous sédatif et nous l’aidons à respirer avec cette machine.

- D’accord.

- Sa température est baissée volontairement le temps du coma artificiel.

- D’accord.

- Vous ne pouvez pas rester auprès d’elle, vous serez dans une chambre au service maternité.

- D’accord.

Je suis le personnel qui m’emmène dans une chambre d’hôpital alors que la petite tète mon doigt.

- Bonjour, je suis Elise, la puéricultrice, je viens voir comment se porte ce charmant bébé.

- D’accord.

- Je peux vous la prendre ?

- Non.

Elle s’accroupie devant moi et mon regard finit par décrocher.

- C’est difficile je sais, mais votre petite fille va avoir besoin de vous. Je veux juste voir comment elle va, je suis juste là sur la table à langer. Venez.

Je me lève et va jusqu’au meuble.

- Alors, voyons comment tu vas petite crevette. Oui, t’as faim, ça creuse le nouveau monde hein. Ton papa va te donner ton biberon. Voilà t’es toute propre. Tenez, je vous la redonne.

Elle me donne le biberon et me dit qu’elle va revenir me voir.

- D’accord.

Je suis ancré dans les yeux de ma fille quand je sens une main sur mon épaule.

- Eh mec, ça va aller. Dit Jack.

- D’accord

- Elle est magnifique. Me dit Julie.

La porte s’ouvre et mes parents rentrent.

- On est là Mick’ !

- D’accord.

La femme rentre de nouveau.

- Oh bah y a du monde ici.

- Ça dérange ? Demande ma mère

- Non du tout, plus il sera entouré et mieux ça sera.

- Mais ça va durer longtemps le coma de notre belle fille ?

- Aussi longtemps qu’il le faudra, ça peut prendre des jours, des semaines, des mois…je suis sincèrement désolée.

- Comment va la petite ? Demande mon père

- Elle a eu une naissance très compliquée, elle a beaucoup souffert car elle s’est coincée dans le bassin de sa maman, et c’est très traumatisant pour un bébé. Mais elle se porte comme un charme malgré que sa maman lui manque, elle ne boit pas pour l’instant mais on va lui laisser un peu de temps.

La femme s’assoit sur le lit et me regarde.

- Monsieur Parker, est ce que vous souhaitez rester ici ou mettre votre fille en pouponnière pour qu’on s’en occupe ?

- Quoi ? Non, Marielle va arriver, et elle voudra voir la petite.

- Monsieur Parker, votre femme ne viendra pas pour l’instant, vous allez devoir prendre certaines décisions tout seul.

- D’accord.

- Je repasserai plus tard. N’hésitez pas à sonner si vous avez besoin. Nous sommes là, sachez-le.

- Merci. Répond mon père.

Je caresse son petit visage et elle se jette sur mon doigt.

- Elle a faim. Dit Julie

- Retente de lui donner un peu de lait Mick’. Dit ma mère

- Elle n’en veut pas, elle veut sa mère. Dis-je alors qu’une larme coule sur ma joue.

- Ça va aller chéri. Dit ma mère.

On me demande ce que je désire manger mais je n’ai pas faim, c’est mon père qui choisit à ma place. Je dois aller pisser mais j’ai la petite dans les bras et Marielle n’est pas là. Je suis sensé faire quoi ?

- Je… je dois aller aux toilettes.

- Donne la moi Mick’. Me dit Julie qui me la prend des bras.

- Là Mick’. Dit Jack qui me montre une porte.

Je pisse, je me lave les mains, je regarde mon reflet et m’effondre.

- Mick’ !!! Mec ça va aller !!!

- J’ai besoin d’elle, j’ai besoin d’elle Jack.

- Je sais, je sais.

Il me prend dans ses bras alors que je suis par terre. Je suis perdu sans elle, je ne suis plus rien qu’une enveloppe de chair. Je suis désolé pour tout le mal que j’ai fais, pitié rendez-moi ma femme, rendez-moi ma vie.

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