La vadrouilleuse

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CARGO L'INSONDABLE - Soute d'amarrage

Azavel traîne dans la soute, située sous le poste de pilotage du cargo. C'est là qu'est entreposée la petite navette qui permet aux membres de l'équipage de poser pied sur le plancher des banthas sans avoir à garer un vaisseau spatial au spatioport. Un gain de temps et d'argent, puisque la taille du véhicule est autrement inférieure à celle de l'Insondable.

Ce n'est pas très grand mais c'est vraiment noir de crasse et la petite sent que le nettoyage de cette zone va lui demander un certain temps. Entre tous les tuyaux, conduits et manettes, elle va devoir faire dans le détail et cela la décourage déjà. La fillette s'affale contre un mur, attrape une cassette et la bidouille d'un air désintéressé, préférant passer le temps en jouant avec les boutons du petit objet plutôt qu'en nettoyant encore une salle. Azavel soupire : en tant que fille du capitaine, elle devrait quand même être privilégiée. D'abord, elle ne fait que ça, travailler, elle ne sort jamais. Depuis quand n'a-t-elle plus posé le pied sur la terre ferme..? Mais c'est le lot d'un stellaire. Les grands lui ont déjà expliqué. Nous, on vit dans les étoiles. Pas sur une planète.

Soudain, des bruits de pas dans le couloir la sortent de sa rêverie. Elle reconnait les voix du capitaine et de ses deux acolytes, qui semblent se rapprocher. Ni une, ni deux, Azavel se cache dans le coffre de la navette ; Si Ailein la prend à rêvasser, elle va encore l'étaler comme une crêpe...

Le trio déboule dans la pièce avec un certain fracas, les garçons, comme de coutume, se prennent le bec :

- T'as pas autre chose à te mettre, non ? Sérieux, pour passer inaperçu, bonsoir hein !
- Moi au moins je suis pas vert caca.
- C'est tout ce que t'as en stock ? Parce que ça m'atteint pas, c'est vraiment moisi même, comme réponse...
- C'est p't'êt' moisi, mais c'est vrai, conclut Naakla, alors qu'ils s'installent dans leur véhicule.

Dans la soute, la gamine se tape le front dans la paume de la main. Quelle imbécile, elle aurait quand même dû se douter que si les trois ensemble descendaient dans la cale, ce n'était pas pour tailler le bout de gras ! Elle entend les portes s'ouvrir et la plateforme descend pour que l'engin prenne son envol. Les voilà partis pour Maha-Tent.

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MAHA-TENT - Pontons d'amarrage de Comète-Mouroir

Recroquevillée dans le coffre de la navette, Azavel attend. Elle ne bouge pas d'un pouce et ne fait pas un bruit. Si le bourdonnement des autres voyageurs n'était pas si présent tout autour de la navette amarrée, elle pourrait entendre battre son petit coeur. Elle peut bien rester là jusqu'au retour sur le cargo. Oui mais, et si on ne la retrouvait pas ? Si elle ne parvenait pas à rouvrir le coffre, pour sortir, une fois rentrée au vaisseau ? Et si elle finissait par manquer d'air ?

Voilà qu'elle s'agite et commence à paniquer. Ca y est : Elle manque d'air. Il fait tellement noir ici, qu'elle ne sait même pas comment ouvrir la porte pour respirer à l'air libre. Elle tatonne, de plus en plus inquiète, puis sa main accroche une petite poignée. C'est la trappe entre la soute et le cockpit de la navette. Au moins, en l'ouvrant, la lumière devrait reparaître. Elle se hisse dans la cabine, serpentant entre les sièges, et cherche sur le tableau de bord comment ouvrir le coffre. Bingo, voilà le bon bouton. Elle le presse, entend le système déverrouiller ledit coffre, re-serpente entre les sièges, se faufile dans la trappe et sort du coffre pour poser le pied sur le ponton, enfin, avec un sourire victorieux.

Soudain elle fronce les sourcils, interloquée, réalisant sa bêtise : Elle aurait aussi bien pu sortir par une porte latérale, moyen beaucoup plus conventionnel d'ailleurs, plutôt que de se compliquer la vie de la sorte...

- Pousse toi !

On ne lui laisse pas le temps de se pousser, on la pousse.

La fillette réalise, les yeux écarquillés, qu'elle est loin d'être toute seule. Il y a beaucoup de monde ici, et la plupart des voyageurs se déplace avec une certaine paresse, mais d'autres, pressés, ne font que peu de cas de la petite humaine, l'envoyant valser si elle traîne sur leur passage. Bien qu'elle essaie de ne pas s'éloigner de la navette, attendant le retour de son père et de ses compagnons, elle ne peut pas lutter contre la foule qui l'emporte et l'effraie. De drôles d'êtres, dont elle n'avait jusque là connaissance que par le biais de livres holographiques, se suivent sur les ponts et affluent vers l'ombre, au loin, d'un vaisseau écrasé sur le sable.

Chaque fois qu'un alien passe, Azavel reste bloquée, bouche bée, n'en croyant pas ses yeux. Elle essaie de se souvenir de ce qu'elle a appris et d'identifier chaque espèce. Elle, c'est une Twi'lek, c'est facile. Elle est belle et ses lekkus ne trompent personne. Le groupe un peu plus loin, ce sont des Mirialans. Leur peau verdâtre et les tatouages plus sombres aux formes géométriques sur leurs visages sont assez révélateurs. Quant à cet être effrayant, avec une bouche sur chaque côté de sa mâchoire courbée, surmontée de deux petits yeux, c'est un Ithorien.

L'enfant frissonne à sa vue, recule, et détourne le regard.

Prise dans ce cercle vicieux, elle ne se rend pas compte qu'elle est déjà loin de la navette.

- Attention tu vas tomber à l'eau !

On l'attrape par le col au niveau de la nuque, et elle se sent soudain quitter terre. Elle vole, bien au dessus d'ailleurs de la plupart des têtes des aliens qui fourmillent sur le ponton. On l'amène, surplombant ainsi la foule, jusque sur le sable.

Là, lâchée, elle chute, revenant sur terre. A genoux, Azavel se redresse aussi vite que possible pour voir ce qui a bien pu lui arriver.

- De rien, lui lance alors une Quermienne d'une voix douce, continuant sa route sans même se retourner.

Cette "sauveteuse" mesure plus de deux mètres de haut et se déplace avec grâce et lenteur, perchée sur ses longues et fines jambes. Elle possède deux paires de bras tout aussi longs et minces, et un cou démesuré lui aussi, au bout duquel une petite tête ronde dodeline paisiblement au rythme de ses pas.

Sa combinaison lui donne une classe folle et la gamine la regarde sans pouvoir en détacher le regard, jusqu'à la perdre de vue. Elle s'imagine, elle aussi, grande et élégante, vêtue d'une suite aussi seyante, dominant le monde... Et pour la seconde fois consécutive, la réalité la rappelle à l'ordre : La voilà perdue sur le sable, aux portes de Comète-Mouroir, du haut de son mètre quarante, dans sa combi taille adulte mille fois retroussée.

Lasse d'être bousculée, elle se décide à suivre le mouvement de foule. Bien sûr, les voyageurs vont et viennent dans tous les sens, mais en général, ils passent sous le portail de fortune percé dans les barricades. Alors, Azavel s'y engouffre elle aussi. Et là, dans l'allée principale, elle découvre les rues de Comète. Partout, des stands, des échoppes, des toiles de tentes, des tapis servent de boutiques légères et modulables aux revendeurs de toutes sortes. Dévorée de curiosité, elle laisse son regard se balader sur l'étal d'un Arcona dont les grands yeux sombres la surveillent religieusement.

Ayant remarqué sa méfiance, la gamine se recule, mains dans le dos, pour prouver sa bonne foi, et, l'air intimidé et alors que le marchand l'incite à s'éloigner, elle s'exécute et poursuit sa route.

Elle marche ainsi à en perdre la notion du temps, se laissant allègrement porter par le courant, redécouvrant le bonheur de marcher sur la terre ferme, appréciant de nouveaux paysages, se mêlant à la foule, et étant, surtout, très emballée par l'aperçu de ce marché géant qui regorge de mille trésors.

En parlant de trésors, Azavel s'arrête bientôt devant un Nautolan entouré d'un amas de fournitures poussiéreuses et collantes de saleté. Elle inspecte prudemment le bric à brac, et, imitant les clients qu'elle a suivis toute la journée au fil de sa déambulation, prend un objet dans ses mains, l'observe, le soupèse, jouant les connaisseuses. Dans tout ce fatras, il y a des holocommunicateurs de seconde main, des lecteurs, des batteries, des cartes, des cassettes... Il y en a d'ailleurs une qui attire l'attention de la fillette. Elle est plutôt petite et compatible, pense-t-elle, avec le lecteur holographique que lui a refilé son Twi'Lek de père. Une nouvelle histoire, ce serait quand même bien...

Elle fixe le Nautolan du regard. Il est tourné vers un client, pour le moment. Sans le lacher des yeux, la petite saisit la cassette, lentement, tel un félin qui avance vers sa proie. Le larcin est quasiment imperceptible, ses mouvements sont discrets et silencieux, et le moindre geste brusque pourrait attirer l'attention sur elle. Son regard balaie furtivement les alentours, pour s'assurer que personne ne la voit agir. Petit à petit, elle parvient à fourrer la cassette dans sa poche. De toute façon... C'est de la marchandise volée, alors, voler à un voleur, est-ce vraiment mal ?

Elle glapit de surprise lorsqu'une main, dans son dos, saisit son épaule.

- Ah te voilà, la fugitive ! Non mais qu'est-ce qui t'a pris de sortir du vaisseau ! Si je t'emmène pas c'est exactement pour ça !

- Pour quoi..? se risque-t-elle à demander, d'un air innocent.

- Pour pas que tu te perdes, pauvre saucisse ! Allez on s'arrache maintenant.

- Excuse moi Twi'Lek... répond-elle, penaude.

- Tu vas peut-être apprendre à m'appeler capitaine aussi, j'en ai marre que vous me preniez pour votre esclave, sérieux faudrait voir à pas inverser les rôles.

Esclave, esclave... Azavel ne répond rien mais sa mine se renfrogne. L'esclave, ici, c'est bien elle !

Aven'Za'Ash lui tient la nuque, protecteur, pour être certain de ne plus perdre la gamine en cours de route, adressant un salut désolé au Nautolan et s'excusant par ce geste qu'Azavel, par son cri d'étonnement, ait perturbé ses négociations.

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CARGO L'INSONDABLE - Soutes

Une fois les guids installés dans les compartiments prévus, chacun peut enfin revenir au calme. Azavel va chercher son lecteur holographiques et s'installe dans le couloir sombre des soutes, où elle sera à peu près tranquille. Elle sait que si quelqu'un s'approche, elle l'entendra forcément arriver et le temps qu'il ou elle descende, elle aura le temps de cacher son butin.

Elle met enfin la cassette dans le lecteur, excitée à la fois de découvrir se qui s'y cache, et en même temps, frissonnante, à l'idée d'être découverte et d'avoir fait quelque chose de mal. Elle déchante assez vite : Il ne s'agit pas d'un film, mais d'un journal écrit de garnison militaire. En tout cas, désormais c'est sûr, cet ouvrage a bel et bien été volé quelque part. N'ayant rien d'autre à faire, hormis briquer les grilles du sous-sol, Azavel se résoud à lire, même si lire n'est pas vraiment une activité qu'elle trouve transcendante.

Le journal parle de la vie d'un soldat impérial sur Belsavis. Belsavis... C'est la planète-prison. On y trouve des acklays, des rôdeurs, des varactyles, des terrentateki... Et des prisonniers, mais pas n'importe lesquels. Selon Aven, ce sont des déments, ou de grands criminels. Certains sont des assassins, des meurtriers, d'autres de grands voleurs, d'autres encore des sorciers qui manipulent ce qu'il appelle la Force. Les pouvoir surnaturels. Des êtres tous terrifiants et désaxés. Mais cette planète ayant subi de nombreux assauts beaucoup se promènent plus ou moins librement hors de leurs cellules souterraines, et seuls les points les plus importants, de débarquement ou de ravitaillement, ont été sauvegardés, pour être barricadés et défendus par les forces en présence.

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Azavel hausse les épaules, ouvre la première page. Ne trouvant rien qui l'intéresse, elle en choisit une autre, puis une autre, puis une autre, ignorant toujours plus de jours. Enfin, l'histoire commence à devenir intriguante...

[Jour 147]

Ce soir, on n'a pas eu de problème avec les détenus en fuite. C'est bizarre. D'habitude, on ne rentre pas au camp avant la nuit tant il y a de prisonniers à éloigner des réserves d'armes et de nourriture. En même temps, quelle idée d'avoir fichu ces réserves aussi loin de la pension impériale...

Avec les collègues, on a entendu un rugissement qu'on n'avait jamais entendu jusqu'à présent dans la jungle de Belsavis. Soit on a un cadavre dans les environs et un rôdeur Alpha l'a senti, soit on a une autre bestiole dans le coin, encore un problème, et pas plus de solutions... J'ai hâte qu'on vienne me remplacer.

Il n'en faut pas plus à la jeune fille pour avoir envie de savoir ce que peut être cet animal, même si elle essaie de le deviner, en se servant de ce qu'elle a appris en lisant les archives d'Aven'Za'Ash. Mais elle ne peut pas s'attarder et range à la hâte sa trouvaille dans sa poche, car elle entend que quelqu'un vient.

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