Chapitre 13 - Partie 1

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— Déjà 8 jours et nous n’avons pas progressé. C’est frustrant. Nous ne savons toujours pas ce que nous devons accomplir.

Anedora tourne en rond dans la chambre de la jeune sorcière. Davia feuillette un énième grimoire de famille tentant de trouver un indice ou au moins un point de départ.

— Et on ne sait toujours pas quelles étaient les intentions d’Uriah en me faisant boire son sang, car de toute évidence, rien ne s’est produit.

Adelan acquiesce, mais ne dit rien, il réfléchit lui aussi.

— Tentons de rassembler ce que nous savons et quels sont nos atouts.

Anedora commence par l’anneau de vision qui leur sera certainement d’une grande aide le moment venu. Il y a ce bracelet que tenait dans sa main l’homme de la vision et qui doit sûrement avoir un sens.

« Olet osa minua », tu fais partie de moi, dit Davia.

— Je ne pense pas que ce soit utile, ce n’était qu’une note manuscrite, poursuit Anedora.

— Et moi je pense au contraire que ça l’est.

Julia vient d’entrer après avoir fait un tour dans la salle de bains de Davia.

— Julia, tout va bien ? demande Adelan avec qui elle était venue en se téléportant.

— Bon anniversaire, souffle doucement Anedora.

Julia sourit.

— Bon anniversaire Anedora.

Adelan et Davia entonnent un joyeux anniversaire pitoyablement interprété, mais qui leur fait chaud au cœur. Après quelques embrassades, c’est Julia qui coupe court.

— J’ai de nouveau fait un rêve étrange.

— Le loup-garou de nouveau ?

— Non. Pire encore.

— Raconte-nous tout.

***


Dans son rêve, Julia se trouvait au milieu d’une forêt, l’air frais de la nuit n’avait rien de rassurant, elle était seule, elle errait entre les arbres, écoutant chaque bruit suspect, chaque hululement, chaque battement d’ailes d’oiseaux nocturnes ou d’insectes rampants. Son cœur battant si vite qu’elle pouvait l’entendre, elle ne savait pas où elle était, elle avait beau regarder autour d’elle, elle ne reconnaissait rien, pourtant, elle marchait comme si elle savait exactement où elle devait aller. Elle commença à sentir l’odeur du soufre, elle se rapprochait. Quand elle vit la montagne se profiler devant elle, elle stoppa net. Elle devait entrer, elle avait beau lutter, elle voulait tellement s’enfuir, courir aussi vite qu’elle le pouvait, mais une force invisible, implacable la poussait à entrer. Elle retira alors son collier d’obsidienne que les sorcières lui avaient donné pour la protéger et l’abandonna sur le sol, de toute façon, là où elle allait elle n’en avait pas besoin. Elle stoppa un instant puis elle le vit. Il était là, à quelques mètres devant elle. Il lui souriait, franchement, sans magie. Il lui tendit la main.

— Viens. Tu n’as rien à craindre.

Sa voix était douce et chaleureuse. Son visage d’ordinaire torturé et froid avait laissé place à un faciès tendre et chaleureux. Bien que son expression restait impénétrable, lorsqu’il la gratifia d’un sourire aussi divin que sensuel, son sang ne fit qu’un tour et son cœur rata une pulsation tant elle était heureuse, elle n’avait plus peur, elle se savait en sécurité avec lui, rien ne lui arriverait de mal tant qu’il était à ses côtés.

Elle le rejoignit et prit sa main, entremêlant ses doigts aux siens. Ils entrèrent dans la grotte, il ne lui lâcha la main à aucun moment, quand elle avait du mal à franchir les obstacles, il l’aidait, l’encourageait, ne cessait de lui répéter que tout se passerait bien, il était parfait.

Quand ils arrivèrent au bout du chemin étroit, elle se retrouva dans une immense salle ronde avec plusieurs portes. Au centre, un symbole qu’elle ne connaissait pas dessiné sur une stèle. Autour de cet étrange monolithe, plusieurs personnes formaient un demi-cercle, démons, vampires, anges déchus, sorciers noirs. Ils portaient tous de longues tuniques noires et le même pendentif autour du cou. Elle remarqua qu’il était identique à celui qui était au-dessus de la stèle.

— Que font-ils ? demanda Julia.

— Ils t’attendent ma belle, ils sont là pour toi, ils sont là pour nous.

Il déposa un baiser sur sa main avant de la lâcher pour s’approcher de la stèle.

— Mes chers amis, commença-t-il, ce soir notre vie à tous va changer, ce soir notre destin va s’accomplir, ce soir mes amis, le Paradis va cesser d’exister.

Toutes les personnes présentes levèrent la tête vers Uriah. Attentifs, ils attendaient les ordres.

— Viens. Julia. Ma toute belle.

Il la fixa et lui sourit, ce sourire bienveillant elle ne le connaissait que trop bien, elle était complètement et totalement en confiance, elle n’avait pas le choix, elle devait le faire. Malgré la peur intense qui la submergeait, elle avança ne quittant pas l’Ange Déchu des yeux.

— Approche. Ton sacrifice est nécessaire, mais rassure-toi, nous serons réunis, très bientôt et nous règnerons sur le Ciel, la Terre et l’Enfer. Toi et moi.

Les démons commencèrent leur chant sacrificiel. Uriah se mit à parler dans une langue qu’elle ne connaissait pas, il s’approcha d’elle alors que la litanie devenait plus intense, il posa sa main sur la sienne, entremêla une nouvelle fois ses doigts aux siens. Julia était apaisée, elle n’avait plus peur, il était là, avec elle, elle ne craignait rien. Ils posèrent leurs mains entrelacées sur la stèle et les chants s’intensifièrent tandis qu’Uriah levait un poignard argenté de sa main libre.

— N’aie pas peur… chuchota-t-il à Julia.

Puis il abattit le poignard sur la stèle, transperçant leurs mains, elle hurla tant la douleur était intolérable.

— Que notre sang mêlé accomplisse son œuvre, que le Mal règne, que notre règne commence.

Elle souffrait, elle souffrait comme elle n’avait jamais souffert, car la douleur s’infiltrait par tous les pores de sa peau à chaque goutte de sang qui s’échappait de sa blessure. Elle tourna son visage noyé de larmes vers Uriah.

— Tu es mienne désormais, ta vie m’appartient et ma vie t’appartient, tu fais partie de moi.

— Et c’est là que je me suis réveillée.

La pauvre Julia les regarde, honteuse. Il lui était arrivé de faire des rêves étranges, mais de cette intensité, jamais. Si voir son petit ami se transformer en loup-garou l’a perturbée, ressentir tant d’amour pour cet Ange Déchu est plus que déroutant. Elle est partagée entre la honte et l’envie de replonger dans son rêve, car, il faut bien l’admettre, jamais elle n’avait ressenti quelque chose d’aussi fort pour quelqu’un, même en rêve. Adelan se met à réfléchir à voix haute, ce n’est certainement pas prémonitoire, ils doivent en revanche se pencher sur les détails, oublier l’aspect dérangeant de sa proximité avec Uriah et se concentrer sur les autres indices.

— Commençons par le début, la forêt, tu ne la connais vraiment pas ? lui demande Adelan.

Elle fait non de la tête.

— Tu as parlé d’une stèle, comment était-elle, il y avait-il des inscriptions dessus ? Pourrais-tu la reconnaître si tu la voyais ?

— Je pense oui.

Ils échangent tous un regard, c’était plutôt positif. Julia se détend un peu. Aucun d’eux n’a l’air de vouloir l’accabler ni la juger.

— Il y a aussi le symbole, finit-elle par dire.

Elle prend une feuille et un stylo sur le bureau de Davia et se met à dessiner ce qu’elle a vu. Elle s’en souvient parfaitement. Elle leur tend son esquisse. Adelan prend la feuille.

— On dirait… il hésite. La triplicité ressort bien regardez, ajoute-t-il en comptant les 3 branches bien visibles.

Le symbole consistait en un labyrinthe de plusieurs carrés imbriqués.

— Une triskèle… chuchote Anedora en se souvenant du jeune homme de la vision.

Mais personne ne l’entend, elle regarde le dessin de Julia, ce n’est de toute façon pas le même. Elle laisse donc cette information de côté pour le moment. Tout est déjà assez nébuleux sans rajouter des éléments qui pourraient être inutiles. Davia et Adelan admettent que ça ressemble beaucoup à ce symbole antique.

Davia leur précise que ce symbole est ancien et populaire, qu’il a beaucoup de signification selon les clans, les pays, les croyances. Généralement, c’est un symbole plutôt bénéfique, il représente toujours trois entités. La terre, le feu et l’eau, le passé, le présent et l’avenir ou encore les vivants, les morts et les esprits, il représente toujours un tout, un cycle. Il a très bien pu être détourné par les démons, c’est une piste à éclaircir, il faut faire des recherches plus approfondies sur le sujet. Continuant le fil de leur analyse, Julia s’interroge sur le fait que son sang a permis l’ouverture de la fameuse stèle.

— Alors vous pensez vraiment que je serai… enfin, mon sang serait ce qui permettrait de déchaîner l’Enfer sur Terre ?

— Pas ton sang, celui d’Uriah et le tien.

— Si tu voulais me rassurer, dit Julia à l’attention d’Anedora, c’est raté.

Anedora questionne alors Adelan au sujet d’Uriah. Elle voulait savoir si, d’après lui, l’Ange Déchu pouvait réellement tenir un rôle prépondérant dans la Prophétie.

— J’avoue que plus rien ne m’étonne venant de lui. Il a fait tellement d’horreurs que le voir provoquer l’Apocalypse pour régner sur le monde, ça ne me surprend même pas. Je vais en toucher deux mots à Gabriel, il saura peut-être quelque chose.

— Très bien.

Adelan a donc pour tâche d’aller trouver Gabriel afin de tenter d’en savoir plus sur Uriah, Anedora accompagnerait Julia au lycée avant de rejoindre Davia pour faire des recherches sur la stèle et le symbole. Tout le monde accepte son rôle avec entrain, c’est la première fois qu’ils ont un vrai indice.


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