Chapitre 12 - Partie 1

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Uriah commence à se demander si ce petit plan est vraiment une bonne idée, le garçon n’a peut-être pas les épaules pour assumer ce rôle. Pourtant dès qu’il l’avait vu devant ce lycée et sentit cette colère, il avait compris qu’il ferait un parfait loup-garou, d’ailleurs, il n’avait même pas eu besoin de se montrer à lui, le garçon l’avait vu. Cela signifie donc qu’il ne se s’est pas trompé. Il ne se trompait pour ainsi dire jamais quand il s’agissait de ramener des âmes au Très-Bas. Il balaye cette idée stupide et se dit que ce doit être mis sur le compte de sa transformation pour le moment inachevée, il verra au prochain cycle. Toujours est-il que tout avance comme il l’a prévu. Il est quasi certain que l’autre côté n’est pas plus avancé sur la manière d’empêcher la Prophétie, il a fait boire son sang à l’Élue histoire de brouiller un peu les pistes, bref tout se déroule parfaitement bien.

Caché dans l’angle de la maison qui se trouve en face de celle de Julia, il observe. Adelan est là, sur sa branche, à sa place habituelle, dans le grand chêne devant la maison de Julia. Il cherche Julia du regard, mais ne la voit pas d’où il se trouve. Il décide donc de bouger un peu, en silence pour que le Protecteur ne sente pas sa présence.

Adelan. Ils avaient été amis autrefois, mais c’était il y a tellement longtemps que ces moments avaient disparu de la mémoire d’Uriah. Seules quelques bribes revenaient parfois. Etait surtout présent le souvenir du jour où il avait décidé de tourner le dos au bien. Cela ne lui convenait tout simplement plus. Quand il était vivant, c’était un homme très apprécié, particulièrement de la gent féminine. Il était beau. Personne n’aurait pu dire le contraire, les grands bruns ténébreux aux yeux bleus si clairs qu’ils paraissaient gris ne couraient pas les rues de Manhattan. Il faisait du sport, beaucoup de sport, ce qui lui valut un corps de rêve et un succès fou. Pourtant, il était très réservé comme garçon. Il était jeune, une vingtaine d’années peut-être, il ne s’en rappelait plus vraiment, mais il se souvenait qu’il aimait les femmes plus qu’autre chose. Pas comme des objets, mais comme des déesses. Il sourit à ce souvenir. Des déesses, pour lui voilà ce que représentaient les femmes de son vivant. Aujourd’hui, elles ne lui servaient que de repas, ni plus, ni moins. Elles étaient si futiles, il n’avait parfois même pas besoin d’user de son charme maléfique sur elles, un simple sourire les faisait craquer. C’était sa force. Si de son vivant son sourire chaleureux lui valait toutes les attentions, depuis sa mort il était une arme sans pareil. C’était la seule chose « humaine » qu’il avait gardée. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’Adelan avait tenté pendant de nombreuses années de le ramener du « bon côté ». Le fait qu’Uriah ait gardé cette caractéristique humaine faisait penser au Protecteur que tout n’était pas perdu. Lassé de ses demandes et de ses assauts incessants, Uriah avait mis un terme à ces tentatives de la pire manière qu’il soit.

Perdu dans ses pensées, l’Ange Déchu n’a pas vu qu’Adelan est descendu de sa branche et se trouve à quelques mètres derrière lui. Il ne le sent qu’au moment où ce dernier s’apprête à lui assener un coup de poing.

— Pas deux fois !

Uriah est plus rapide et envoie voler à travers la ruelle son ancien ami.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Je me balade, répond-il innocemment.

— Qu’est-ce que tu cherches ?

— Mes ailes, dit-il en faignant de chercher autour de lui. Tu ne les aurais pas vues ?

— Tu es abject.

— Non, je suis moi. Enfin !

Uriah avance de quelques pas, Adelan ne cille pas. Il l’observe, plein de dégoût, comme à son habitude.

— Tu étais si remarquable, dit Adelan la voix remplie de désarroi.

— Je n’étais pas moi, déclare simplement Uriah qui n’avait qu’une envie, arracher la tête du Protecteur une bonne fois pour toutes.

— Je parlais de ton vivant.

— Tu ne me connaissais pas.

— Je l’ai vu.

— À quoi bon remuer les vieux souvenirs, Adelan.

Il se rapproche de plus en plus de lui.

— Ne lui fais pas de mal.

— Ce n’est pas dans mon intérêt et tu sais aussi bien que moi que si j’avais voulu la tuer, elle serait morte depuis bien longtemps et toi aussi, menace-t-il en pointant son doigt sur le torse d’Adelan.

— Laisse-la tranquille. Va-t-en.

Uriah l’observe.

— Sans un petit corps à corps ? Jamais.

Il lui envoie alors son poing dans le visage avec une telle violence que du sang gicle de sa lèvre entaillée. Adelan ne réfléchit pas plus et se jette sur lui. Les coups fusent, coups de poings, coups de pieds, Uriah sort ses griffes et lacère le dos d’Adelan, il le mord, le frappe, le griffe, ils se battent telles deux bêtes assoiffées de sang. Le Protecteur se défend, plutôt bien même pense Uriah alors qu’il l’a plaqué au sol.

— Arrêtez !

Uriah s’apprête à torturer Adelan quand la voix de la jeune fille le surprend.

— Arrêtez !

Elle court maintenant vers lui avec une batte de baseball à la main. Uriah fait volte-face, et stoppe Julia dans son élan. Il serre son poignet si fort qu’elle finit par laisser échapper la batte.

— Jeune fille. Quelle audace !

— Lâchez-moi. Adelan ? Adelan ? Relève-toi ! Je t’en prie.

Uriah a retourné le bras de Julia dans son dos collant son corps contre le sien.

— Qu’essaies-tu de faire ? lui chuchote-t-il à l’oreille.

Elle lui répond par un frisson qui fait sourire Uriah. Julia porte son pendentif, elle doit être prudente.

— Ne lui faites pas de mal.

— Ça commence à devenir ennuyeux cette manière que vous avez tous de me dire ce que je dois faire.

Ses yeux sont rivés dans les siens. Il a vraiment un regard envoûtant. Elle sent le collier agir, mais elle éprouve aussi une attirance incontrôlable.

— Que cherches-tu ?

— Rien.

Son regard se fait plus insistant, plus perçant, elle a l’impression qu’il sonde son âme, c’est déroutant, car elle n’a qu’une envie, le laisser faire.

— Ferme… les yeux… souffle Adelan avant de sombrer dans l’inconscience.

Elle tente de détourner le regard, mais n’y parvient pas, elle sent le pouvoir du collier décroître, Uriah est vraiment très puissant. Alors elle ferme les yeux, difficilement, douloureusement. Uriah ne fait rien pour l’en empêcher. Il desserre même légèrement sa prise. Elle a toujours les yeux fermés, haletante, elle commence à avoir peur.

— Que cherches-tu ? souffle-t-il dans son oreille.

Elle ne répond pas, sentant les larmes naître sous ses paupières closes.

— Que cherches-tu ? demande-t-il de nouveau.

Elle lutte pour garder les yeux clos, elle pose alors sa main libre sur le torse d’Uriah, sentant les courbes de ses muscles sous sa main. Elle a l’impression d’être de nouveau plonger dans son cauchemar, c’est un réel supplice. Elle tente de le repousser, mais n’y parvient pas, il continue de lui poser toujours et encore la même question, elle sent qu’elle flanche, il est trop fort, trop puissant. Elle sent son cœur s’emballer de plus en plus, la proximité de l’Ange Déchu lui faisant perdre tous ses moyens. Elle a envie de lâcher prise, de ne plus se battre contre cette sensation intense et profonde qui l’assaille à chaque fois qu’elle entend le son de sa voix.

— Que cherches-tu ?

Julia peut presque sentir son cœur exploser et son âme hurler ce qu’il veut entendre. Elle ouvre les yeux d’un coup, plongeant dans son regard jusqu’à perdre pied.

— Toi.

Un petit sourire en coin se dessine sur son visage parfait puis il disparaît.

Alors que Julia court vers Adelan pour le secourir, Anedora et Davia atterrissent près d’elle.

— Que s’est-il passé ? demande Anedora en s’agenouillant près du Protecteur.

— Je ne sais pas. Je suis sortie, car je ne voyais plus Adelan. Il se battait avec Uriah quand je suis arrivée.

— T’a-t-il fait du mal ? interroge alors Anedora.

— Non, ment Julia.

Si l’Ange se rend compte de son mensonge, elle ne laisse rien paraître. Adelan gigote légèrement et ouvre les yeux.

— Adelan. Tu m’as fait une peur bleue. Que faisais-tu là enfin ?

— J’ai senti Uriah rôder, je suis simplement allé lui parler.

— Simplement ?

— Oui.

La sonnerie du portable de Julia retentit, soulagée qu’Adelan n’ait rien, elle décroche sans même regarder qui l’appelle.

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